Suisse. Pour un syndicalisme d’action et pas de déclarations! Des actes concrets doivent suivre. Est-ce le cas?

Genève, 1er juin 213
Genève, 1er juin 2013

Texte distribué par le MPS lors de la manifestation du 1er juin à Genève

La mobilisation et l’activité propres des salarié·e·s devraient être l’élément de base de l’activité syndicale. De plus, en s’appuyant sur l’intelligence des travailleuses et des travailleurs – qu’ils démontrent tous les jours sur leur lieu de travail – une organisation syndicale se doit de faciliter à ses membres la compréhension des conflits de plus en plus durs que le patronat engage.

Le patronat lance sans cesse de nouvelles offensives, en utilisant la crainte que provoquent le chômage ainsi que les effets d’une fausse «libre circulation».

Fausse pourquoi?

Parce qu’elle n’est pas accompagnée de mesures de défense des salaires, du temps effectif de travail, de conditions de travail plus dignes, des droits syndicaux de chacun·e sur le lieu de travail, etc. Tous les salarié·e·s, qu’ils aient un passeport suisse ou portugais, ou espagnol ou de n’importe quel pays, en souffrent.

Fausse, parce qu’elle laisse la voie complètement libre aux patrons pour organiser la concurrence entre les travailleurs: «Si vous n’êtes pas content, 100 attendent devant la porte; alors vous acceptez, ou vous retournez librement chez vous.»

Fausse, parce les patrons et le gouvernement ont multiplié toutes sortes de permis de travail et de séjour, à tel point que dans cette jungle le pouvoir patronal et de l’administration exerce un chantage permanent.

La sous-traitance se multiplie dans tous les secteurs et plus personne n’est responsable… d’un accident, d’un versement patronal qui manque à la caisse de pension, du travail sous la pluie, ce qui est contraire à la convention collective, etc.

Pour combattre ce dumping social et salarial – cette course vers le bas des salaires et des conditions de travail, mesurée à l’effort quotidien accru exigé par les patrons – il faut exiger des mesures concrètes. Cela d’autant plus que tout le monde reconnaît le dumping salarial… qui était nié il y a encore 7 ou 8 ans.

Dès lors:

Dans toutes les entreprises de plus de 10 employés, les inspecteurs du travail doivent avoir accès aux locaux et aux pièces justificatives en tout temps et sans préavis. Un objectif de 1000 inspecteurs indépendants et formés est un minimum.

Les employeurs doivent avoir l’obligation d’annoncer automatiquement – avec publication dans la Feuille fédérale électronique – les salaires et les qualifications de toute personne nouvellement engagée.

Dans les branches sans convention collective (CCT), un contrat type de travail contraignant, prévoyant des salaires minimaux et des horaires astreignants, doit être rendu obligatoire à titre préventif et en lien avec l’exigence de 4200 francs réels, au minimum.

L’extension du champ d’application des CCT – c’est-à-dire lorsque l’Etat confère force de loi à la CCT – doit pouvoir être exigée par les seuls travailleurs organisés dans un syndicat.

Une véritable protection contre le licenciement des représentants des salarié·e·s, de tous les syndicalistes et, plus généralement, des salarié·e·s doit être mise en place de façon urgente.

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De plus, il est inadmissible de parler d’un salaire minimum national dans une initiative populaire d’Unia/USS (dont les immigré·e·s sont exclus au plan du vote) et de signer, en même temps, des conventions collectives (CCT) avec des salaires nettement plus bas.

Un exemple: dans la restauration – qui concerne 200’000 salartié·e·s – la CCT prévoit des salaires de 3400 francs par mois. Selon la CCT de l’horlogerie – une branche qui a vu ses profits exploser – les salarié·e·s non qualifié·e·s, selon la région, touchent un salaire oscillant entre 3000 et 3500 francs par mois, avec un horaire de 40 heures, souvent dépassé dans les faits (sans parler des heures de transport pour se rendre au travail). Ces CCT ont été signées ou renouvelées ces dernières années.

L’initiative d’Unia/USS sur le salaire minimum prévoit officiellement: 22 francs à l’heure pour 42 heures par semaine. Et cette initiative est vendue comme une initiative pour un salaire minimum de 4000 francs.

Faisons un calcul simple: 22 x 42 x 52 (semaines) / 13 mois = 3696 par mois! On est loin des 4000.

Or, les salaires diminuent dans des secteurs comme l’a indiqué en février 2013 Unia-Vaud, en prenant l’exemple du secteur des machines et de la métallurgie. Les salaires réels ont déjà diminué depuis 2008 à 2010. Et la tendance vers le bas s’accélère.

Il y a donc un fossé entre ce qui est dit et ce qui est fait. La priorité doit être mise: sur la défense pratique des salaires et contre une répartition totalement faussée de la richesse produite par les travailleurs en faveur des actionnaires; sur la mobilisation directe sur le lieu de travail, avec un long travail de préparation; sur la défense des droits syndicaux.

L’adoption en Suisse d’une nouvelle réglementation européenne (UE de Bruxelles) concernant le «marché du travail» va encore créer des problèmes que la direction d’Unia n’envisage pas, pratiquement.

Elle avait aussi été borgne, pour ne pas dire aveugle, lors de la «libre circulation». Elle l’est une fois de plus. Nous l’expliquerons largement. Et cela dans le respect des travailleurs et des travailleuses et des syndicalistes qui mettent en pratique leurs convictions de lutte contre un patronat sans aucune vergogne, un patronat que l’on qualifie encore de «partenaire social». L’unité ne peut se faire que dans la lutte et les échanges démocratiques entre militant·e·s. Les travailleurs ne sont pas présents aux manifestations pour siffler et mettre une casquette. Ils/ elles savent réfléchir et peuvent prendre leurs affaires en main. (31 mai 2013)

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