Syrie. «Après le bombardement états-unien en Syrie»

Déclaration de Philippe Poutou

Pour la première fois depuis 6 ans, l’armée du criminel de guerre El Assad a été la cible de frappes aériennes. 59 missiles américains ont détruit la base aérienne de Shayrat, d’où auraient décollé les appareils responsables de l’attaque de mardi aux armes chimiques contre les populations civiles de Khan Sheikhoun, qui a fait au moins 86 morts, dont 27 enfants.

Pour nous qui sommes solidaires du peuple syrien insurgé, cette opération surprise de Trump laisse un sentiment d’écœurement. Il y a à peine une semaine, son équipe amplifiait ses positionnements précédents en indiquant qu’une entente avec Bachar Al-Assad était envisagée dans le cadre de la «guerre contre le terrorisme», comme étaient confortés d’autres pouvoirs oppresseurs comme ceux de Poutine, Sissi ou Nethanyahou. Ces signaux ont été clairement interprétés par le régime syrien comme un encouragement à poursuivre ses turpitudes, et après Obama, Trump a donc sa part de responsabilité dans l’atroce attaque chimique et les morts de Khan Cheikhoun.

Le boucher El Assad avec les armées iranienne et russe ont tué des centaines de milliers de Syriens, bombardant sans cesse les populations civiles et les forces de la résistance à son pouvoir sanguinaire. Ils ont pu se justifier devant une partie de l’opinion en s’appuyant sur la prétendue «lutte contre le terrorisme» et les bombardements des puissances occidentales et régionales au Moyen-Orient.

Le NPA est opposé à toutes les interventions militaires étrangères en Syrie. Elles ont aidé El Assad à se maintenir en place. Nous avons par contre toujours exigé la levée de l’embargo sur les ventes d’armes a la résistance non confessionnelle, embargo qui l’a laissée sans moyens réels de défense, seuls les djihadistes intégristes réussissant à se fournir – et pas en armes antiaériennes – auprès des pays de Golfe et de la Turquie.

Les militants de la révolution syrienne auraient tort d’espérer que le président américain se soit rangé de leur côté. Nous craignons fort que le «coup d’éclat» militaire de Trump serve de couverture à de prochaines manœuvres diplomatiques opportunistes en alliance avec d’autres puissances oppressives, serve à de nouvelles opérations militaires aventuristes dans le monde – le plus souvent contre-productives –, et à des offensives économiques toutes au détriment des peuples opprimés et du peuple américain lui-même.

Donc, sans apporter le moindre soutien ni entretenir la moindre espérance envers les frappes de l’armée américaine, nous ne rejoindrons pas les protestations des partis en France qui, pour prôner une paix «raisonnable» avec El Assad et ses sbires, ferment les yeux sur les centaines de milliers de morts tués par le dictateur et les millions de déplacé·e·s et réfugié·e·s. (Montreuil, le 7 avril 2017)

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«Remis en selle par les grandes puissances, Assad gaze le peuple syrien. Assez d’impunité et de bombardements!»

Déclaration de Philippe Poutou

A l’aube du mercredi 4 avril 2007, les habitants de la ville syrienne de Khan Cheikhoun ont subi un bombardement aérien intégrant des gaz toxiques qui a fait plus de 100 mort et plusieurs centaines de blessés graves, les frappes aériennes s’acharnant sur les hôpitaux. Comme tant d’autres localités qui s’étaient libérées de l’emprise du régime sanguinaire de Bachar Al Assad, ils ont été victimes de la détermination meurtrière de ce pouvoir qui utilise tous les moyens à sa disposition pour écraser un soulèvement populaire irrépressible depuis 6 ans.

En 2013, un bombardement chimique au sud de Damas faisant 1400 morts dans une zone rebelle, avait débouché sur un accord USA-Russie censé démanteler l’arsenal chimique du régime. Cet accord a en fait renforcé son impunité, lui et ses alliés ont multiplié massacres et bombardements en combinant tout type d’armements, y compris l’utilisation limitée de munitions au chlore. La montée du monstre Daesh que le régime Assad a favorisée, l’aide massive de la Russie et de l’Iran qu’il a obtenue, et la concentration des puissances mondiales et régionales sur «la guerre contre le terrorisme», où chaque bombardement au Moyen Orient conforte l’autre, ont marqué l’abandon croissant des populations de Syrie à leurs différents bourreaux.

Alep reprise fin 2016, le régime s’emploie maintenant à briser toutes les poches de résistance encore nombreuses, tandis que Poutine et Trump, Erdogan et Khamenei, les monarques du Golfe et Hollande, font croire qu’ils cherchent des négociations permettant la fin du conflit alors qu’ils défendent par les guerres leurs propres intérêts. Mais ce qu’on voit se renouveler, c’est la triste farce des «négociations de paix» entre l’Etat israélien et les forces palestiniennes, dans lesquelles toute la pression est mise pour que les peuples en lutte se soumettent, pendant que les terroristes d’Etat peuvent en toute impunité perpétuer leurs crimes, dont certains sont des crimes contre l’Humanité.

Avec mes camarades du NPA, j’appelle donc à rejoindre les rassemblements de protestation contre le martyre de Khan Cheikhoun, et à soutenir les collectifs de solidarité avec le peuple syrien qui exigent:

Arrêt immédiat de tous les bombardements en Syrie!

Levée immédiate de tous les sièges, départ de Syrie de toutes les forces armées étrangères!

Libération immédiate de tous les prisonniers politiques!

Mobilisation internationale pour l’aide humanitaire et l’accueil des réfugié·e·s!

Ni Assad, ni Daech! C’est au peuple syrien – et à lui seul – de décider de son avenir, et d’obtenir le jugement des responsables criminels! (5 avril 2017)

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Rassemblement à Genève devant l’ONU

• FemmeS pour la Démocratie organise un rassemblement à Genève, place des Nations, samedi 8 avril 2017 de 16h30 à 17h30.

• Le groupe d’Amnesty International de l’UNIGE organise la projection du film «Bachar: Moi ou le chaos», lundi 10 avril 2017, à Genève, UniMail, salle M R060

Référence à la prise de position d’Amnesty International: https://www.amnesty.ch/fr/pays/moyen-orient-afrique-du-nord/syrie/docs/2017/attaques-chimiques-idlib-le-conseil-de-securite-onu-doit-prendre-des-mesures-decisives

 

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