Gaza. «Quand “l’aide humanitaire” risque d’être limitée à un dernier repas avant que la mort ne recommence à tomber du ciel»

Khan Younès, 28 novembre 2023.

Par Amira Hass

Alors que l’image de camions transportant de l’aide dite humanitaire vers la bande de Gaza devient monnaie courante, il est important de saisir les dimensions d’un désastre qui ne cesse de s’étendre. C’est difficile à faire pour quiconque se trouve en dehors de Gaza, même pour ceux qui restent en contact permanent avec les habitants, qui regardent les reportages sur les zones bombardées et qui reçoivent des informations quotidiennes sur les familles entières qui ont été tuées.

Lorsque chaque famille gazaouie s’affronte à la perspective qu’à tout moment une bombe israélienne peut tomber sur sa maison et la détruire ou provoquer parmi elle des blessé·e·s et des handicapé·e·s, les livraisons qui attendent au point de passage de Rafah sont considérées comme un dernier repas pour ceux qui sont condamnés à mort [1].

«Ce dont les habitants de Gaza ont besoin, ce n’est pas d’une trêve de quelques heures ou de quelques jours, mais d’un cessez-le-feu total», ont déclaré les représentants de plusieurs organisations humanitaires et de défense des droits de l’homme lors d’une conférence de presse en ligne du 23 novembre, précédant l’entrée en vigueur [24 novembre] de la «trêve» prévue pour quatre jours. Le désespoir, l’anxiété et la perte de toute trace de vitalité sont particulièrement ressentis par les enfants, qui paient un tribut particulièrement lourd, a déclaré un représentant de Save the Children. Il a déclaré: «Toutes les dix minutes, un enfant de Gaza est tué par une bombe et toutes les cinq minutes, un enfant est blessé, dans une situation de guerre asymétrique qui témoigne de l’échec du droit international, dont l’objectif est de protéger la vie des civils.»

Selon les chiffres des autorités de Gaza contrôlées par le Hamas, au moins 6000 enfants palestiniens et 4000 femmes ont été tués au cours des sept dernières semaines dans les bombardements israéliens (voir l’article d’Amira Hass sur Haaretz le 27 novembre). Les organisations internationales reconnaissent l’exactitude de ces données. Un nouveau phénomène se produit: des enfants errent seuls, leurs parents ayant été tués ou blessés lors des bombardements et/ou étant portés disparus. On sait que certains enfants ne mangent pas, même lorsqu’il y a de la nourriture, et que d’autres souffrent de déshydratation parce qu’ils refusent de boire, même lorsque de l’eau est disponible. Pourtant, un représentant d’une organisation humanitaire a déclaré: «Ne sous-estimez pas une bouteille d’eau propre qui arrive, car elle pourrait littéralement sauver une vie humaine.»

Cette situation est vécue par les habitants qui attendent néanmoins l’arrivée des camions chargés de biens essentiels à leur survie. «Nous, les femmes, n’avons pas de serviettes hygiéniques et nous utilisons toutes sortes de vêtements déchirés», a écrit à l’un de ses proches israéliens une personne déplacée du nord de Gaza et qui vit dans un abri à Khan Younès [2].

«Depuis un mois, je n’ai pas trouvé de médicaments pour mon arthrite et je peux à peine bouger à cause de la douleur», a déclaré une autre personne déplacée lors d’un appel téléphonique. Elle ajoute qu’il n’y a pas de matelas dans l’école transformée en refuge et que les gens dorment donc à même le sol. Une troisième personne déplacée a déclaré à Haaretz qu’elle et ses nombreux proches entassés dans la maison de son beau-frère à Rafah ne mangent qu’une fois par jour. Elle explique qu’il est devenu difficile de trouver des fagots de bois pour allumer un feu afin de cuire du pain ou de faire bouillir de l’eau pour le thé. Auteure de plusieurs livres de poésie et d’histoires, elle n’a pas écrit un mot depuis qu’elle a fui sa maison.

Elle dit avoir été absorbée par «des détails, des détails essentiels à la survie: faire la queue pour de l’eau potable, faire la queue pour du pain, calmer les enfants, recharger le téléphone dans un magasin qui a des panneaux solaires, chercher s’il y a des médicaments pour le fils qui a été opéré juste avant la guerre, chercher des couches pour l’oncle âgé qui a fait une attaque, acheter des vêtements d’occasion au marché».

Elle a fait remarquer que la semaine dernière, avant le début de la trêve: «Nous avons été dans la même situation que la semaine dernière. Cela fait 25 jours que nous portons les mêmes vêtements sans les laver depuis que nous avons quitté la maison avec seulement les vêtements que nous avions sur le dos. Il n’y a pas d’eau pour la lessive. En plus, il fait de plus en plus froid dehors et nous n’avons pas de vêtements chauds. La nuit, je ne peux pas écrire parce qu’il n’y a pas d’électricité et qu’il n’y a pas de diesel pour le générateur. Il fait terriblement sombre dans l’appartement. Nous dormons tous par terre, ensemble. Même quand il y a de l’eau, je ne bois pas avant de dormir, parce qu’il est impossible d’aller aux toilettes la nuit sans marcher sur quelqu’un en chemin.»

Des centaines de personnes, une seule toilette

Les camions qui entrent dans Gaza ne résolvent pas les problèmes pratiques auxquels s’affrontent ceux qui voudraient écrire. Toutefois, les cargaisons d’aide humanitaire contiennent – ou sont censées contenir – des boîtes de conserve comme le thon et les pois chiches, du lait en poudre pour bébé, des compléments alimentaires essentiels, des comprimés pour la purification de l’eau et des bouteilles d’eau, des couvertures et des matelas, des kits d’hygiène personnelle et des médicaments pour les maladies chroniques.

Les Nations unies et les organisations humanitaires disposent de plusieurs équipes, chacune surveillant et traitant les questions relevant d’un domaine particulier: la sécurité alimentaire, la santé, l’hygiène et les conditions de livraison. Chaque équipe prépare une liste d’articles, afin que les donateurs et les organisations qui collectent l’argent et les biens pour Gaza sachent ce qui est urgent et essentiel. «Si un donateur envoie, par exemple, des ours en peluche pour les enfants, il occupe une place cruciale dans la livraison, mais ce n’est pas exactement ce dont on a besoin en ce moment», souligne un humanitaire.

Rappelons qu’aucun carton déchargé d’un camion ou de l’eau d’un camion-citerne n’est une protection contre la mort violente par bombardement ou pilonnage de l’artillerie. Malgré cela, les quantités de produits de première nécessité acheminées – selon les conditions et sous le contrôle d’Israël – sont loin d’être suffisantes pour répondre aux besoins ordinaires de la population. Elles sont d’autant plus insuffisantes que la catastrophe se poursuit et que le nombre de blessés, de personnes souffrant de diarrhées et de maladies diverses ne cesse d’augmenter [avec le risque d’épidémies, déjà présent, souligné par MSF].

Le 21 octobre, pour la première fois depuis l’attaque du Hamas deux semaines plus tôt, 20 camions contenant des livraisons d’ordre humanitaire sont entrés à Gaza par le terminal de Rafah. Le 21 novembre au soir, 79 camions sont entrés. Au cours du mois écoulé, des cargaisons de provisions et d’aide, à l’exclusion du carburant, sont arrivées à Gaza à bord de 1399 camions.

Ce chiffre est dérisoire comparé à la moyenne mensuelle: durant les périodes «normales», près de 10 000 camions transportent à Gaza des marchandises commerciales et humanitaires (à l’exclusion du carburant). Or, chaque camion transporte une charge pesant entre 60 et 70 tonnes. Le déficit est énorme, même si environ 200 camions sont entrés dans Gaza chaque jour de la trêve.

Depuis le 21 octobre, les camions d’approvisionnement de Gaza partent d’Egypte pour se présenter à une inspection de sécurité au point de passage frontalier israélien de Nitzana, dans le Néguev. Ils y sont soumis à un contrôle et à un examen par une unité canine. Si l’inspection révèle qu’un camion contient des marchandises à double usage, c’est-à-dire des articles pouvant être utilisés à des fins civiles et militaires, l’ensemble du camion est rejeté.

Il peut s’agir d’un appareil à ultrasons, si le donateur n’a pas consulté les organisations d’aide pour savoir ce qu’Israël autorise et n’autorise pas. Haaretz a appris que certains camions ont été interdits parce que, selon Israël, les dons provenaient d’Iran. De Nitzana, les camions retournent du côté égyptien et, de là, parcourent environ 45 kilomètres jusqu’au point de passage de Rafah.

Les négociations entre les autorités israéliennes et les représentants palestiniens ou internationaux concernant l’entrée de divers produits à Gaza ainsi que le processus d’inspection de sécurité de chacun d’eux étaient déjà longues et fastidieuses avant la guerre. Aujourd’hui, elles sont beaucoup plus longues et fastidieuses. Outre les types de produits, trois nouveaux problèmes sont apparus lors des réunions quasi quotidiennes entre le Coordination of Activities Office of the Ministry of Defense (COGAT-Bureau de coordination des activités dans les territoires du ministère de la Défense) et le représentant du United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs (OCHA-Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies).

L’un des points abordés est la demande des organismes d’aide humanitaire de reprendre l’entrée des fournitures par le point de passage frontalier de Kerem Shalom [contrôlé par Israël et qui «habituellement» est bien plus utilisé que Rafah]. Selon les organisations, ce point de passage peut permettre les contrôles de sécurité et l’entrée de marchandises en quantités bien plus importantes que Nitzana, même avec deux équipes d’inspection travaillant en équipe et les week-ends. Jusqu’à maintenant, Israël a refusé.

Le deuxième problème a trait au transfert de fournitures vers le nord de Gaza, une zone qui a été intensivement bombardée et où, une fois la trêve terminée, l’on s’attend à ce que les combats au sol reprennent. Les organismes internationaux ne savent pas combien de personnes sont restées sur place.

Beaucoup sont des malades, des handicapés et des personnes âgées qui n’ont pas pu quitter leur maison, ont déclaré les représentants des organisations humanitaires lors de la conférence de presse en ligne [le 23 novembre]. Un certain nombre d’habitants sont retournés dans le nord, en particulier au cours des deux ou trois premières semaines de la guerre, a déclaré à Haaretz [3] un représentant de l’une des organisations de l’ONU.

Pour deux raisons principales ils ont préféré prendre le risque de retourner pour retrouver leur foyer, pour autant que les murs de leur maison soient encore debout. Premièrement, ils ont fait personnellement l’expérience, au sud, d’une surpopulation insupportable avec des milliers de personnes, avec une seule toilette disponible pour des centaines d’entre elles. Deuxièmement, ils se sont rendu compte que même dans le sud dit sûr, Israël bombardait des immeubles résidentiels avec tous leurs habitants à l’intérieur.

Lors de la conférence de presse en ligne, les porte-parole des organisations humanitaires ont souligné que l’accès à la nourriture, à l’eau, aux soins médicaux et aux médicaments dans le nord est encore plus limité que dans le sud, de sorte qu’il est impossible de parler d’«aide humanitaire» sans garantir l’accès à ces zones. Israël a d’abord rejeté cette exigence, mais semble avoir cédé. Les Nations unies ont fait état samedi 25 novembre de 61 camions transportant des fournitures humanitaires vers le nord, et 100 autres auraient atteint la zone dimanche 26.

La troisième requête des organisations humanitaires est de renouveler les approvisionnements au secteur privé et de ne pas se contenter des fournitures d’urgence données et livrées par leur intermédiaire. Car ces dernières atteignent principalement les centres d’hébergement surpeuplés et non les personnes qui ont trouvé refuge avec leurs proches dans des maisons privées.

Israël refuse également cette demande. L’un des représentants des organisations a déclaré à Haaretz: «Nous affirmons que nulle part dans le monde nous ne comptons sur la seule aide humanitaire dans les situations d’urgence. Il est impossible de distribuer de la nourriture à deux millions de personnes. Le système d’aide ne peut répondre à lui seul à tous les besoins. Il est impossible d’apporter une aide significative aux habitants sans permettre le fonctionnement des distributeurs du secteur privé.» En ce moment déjà, le sucre et la farine transportés à Gaza dans les camions d’aide sont achetés en Israël et arrivent directement à Rafah, ce qui indique que l’achat de marchandises, comme auparavant, peut se faire dans le cadre de transactions entre des commerçants de Gaza et d’Israël.

L’aide humanitaire à des fins diplomatiques

Au cours des sept dernières semaines, les denrées alimentaires et les produits de première nécessité stockés dans les entrepôts de Gaza ont été soit épuisés, soit gâchés par les bombardements. Des moutons et des poulets ont été tués lors des bombardements ou abattus parce que leurs propriétaires ne pouvaient pas les nourrir. Les cultures ont été gravement endommagées ou n’ont pas pu être récoltées.

La pénurie et les difficultés de transport de ce qui est encore disponible ont entraîné des hausses de prix records. Avec le peu d’argent qui leur reste, les gens doivent payer le triple du prix normal pour du riz, des lentilles ou des légumes. Le retour du secteur privé et la réouverture du point de passage de Kerem Shalom sont donc des conditions déterminantes pour quiconque prend l’aide humanitaire au sérieux et ne la considère pas comme un simple service de pure forme à des fins diplomatiques ou de communication.

Jusqu’à présent, les dons proviennent principalement de citoyens et d’organisations de pays arabes tels que l’Egypte, les Emirats du Golfe, le Qatar et la Jordanie. Le Croissant-Rouge égyptien a été le plus grand fournisseur, avec 651 camions qui sont entrés jusqu’au 21 novembre. L’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) est également responsable de l’acheminement d’une grande partie des cargaisons [4].

Selon les données recueillies jusqu’au 19 novembre, 519 camions de l’UNRWA ont transporté des denrées alimentaires, 217 des médicaments et du matériel médical, 186 de l’eau et divers produits d’assainissement et d’hygiène, et 167 du matériel pour les abris. Huit autres camions transportaient des compléments alimentaires, des vitamines et autres, sous le titre «nutrition», et 168 avaient une cargaison mixte.

Toutes les organisations humanitaires soulignent que le carburant est un élément essentiel de toute aide humanitaire. En effet, les pressions états-uniennes ont été nécessaires pour qu’Israël autorise l’entrée de carburant dans la bande de Gaza. Environ 350 000 litres de carburant sont entrés à Gaza entre le 15 et le 21 novembre, et 129 000 litres supplémentaires sont entrés chaque jour vendredi 24 et samedi 25 novembre.

L’UNRWA est responsable de la distribution du carburant entre les différentes installations vitales et les organisations d’aide. Sans carburant, les organisations humanitaires affirment qu’elles ne peuvent pas distribuer l’eau ou les denrées alimentaires qui sont arrivées, car les véhicules ont besoin de carburant pour fonctionner. Sans carburant, qui est censé alimenter les installations de communication de la firme palestinienne de télécommunications, Paltel, conformément aux accords, les groupes d’aide ne peuvent pas contacter les représentants de l’armée et le COGAT pour coordonner la livraison de fournitures ou le transport, vers l’Egypte, effectué par des ambulances avec à bord des bébés prématurés et des personnes blessées. Ils ne peuvent pas non plus assurer le passage des employés du terminal du côté égyptien au côté palestinien.

En raison de la pénurie de carburant et des coupures de communication, il est arrivé que des camions de ravitaillement soient bloqués du côté égyptien pendant de longues heures, craignant que l’armée israélienne ne leur tire dessus. Les installations de l’UNRWA comptent en moyenne une douche pour 4500 personnes, selon un rapport de l’agence. Il ne s’agit généralement pas de structures destinées à un usage résidentiel. Il a été impossible d’apporter des douches mobiles supplémentaires en raison du manque d’espace dans le bâtiment ou de l’absence de carburant pour le transport.

Il faut absolument plus de carburant, des médicaments pour les patients atteints de cancer et les nombreux blessés, des anesthésiants pour les opérations chirurgicales et des analgésiques pour les blessés, de l’eau, de l’eau et encore de l’eau, le renouvellement de l’approvisionnement régulier en nourriture par le biais du marché privé et l’accès des organisations d’aide aux habitants du nord de la bande de Gaza. Sans cela, l’aide humanitaire fournie aujourd’hui ne sera qu’une feuille de vigne pour un traumatisme sans précédent causé à environ deux millions de civils, dont près de la moitié sont des enfants. (Article publié par le quotidien israélien Haaretz le 28 novembre 2023; traduction rédaction A l’Encontre)

__________

[1] Au moment où nous allions mettre en ligne l’article d’Amira Hass, nous avons reçu un article de Gilbert Achcar du 29 novembre soulignant à juste titre les traits sans précédent de la guerre menée contre la population de Gaza. Nous en traduisons ici un extrait, nous y reviendrons: «La vérité est que l’agression actuelle contre Gaza constitue, de la manière la plus claire possible, une guerre génocidaire qui inclut des crimes de masse et un “nettoyage ethnique”, deux crimes contre l’humanité selon les définitions du droit international. Ces crimes dépassent qualitativement tout ce qui a été commis par les forces armées sionistes depuis 1949 jusqu’à aujourd’hui et sont comparables à ce qui s’est passé pendant la Nakba. Ils dépassent même cette dernière en termes d’intensité des massacres, des destructions et des déplacements. La Nakba de 1947-1949 était une guerre visant à s’emparer de la terre de Palestine et à y pratiquer un “nettoyage ethnique”, au cours duquel l’écrasante majorité de la population du territoire occupé a été transformée en réfugiés, tandis qu’un grand nombre d’entre eux, estimé à plus de 11 000, ont été tués, sur le quelque 1,3 million d’habitants arabes de la Palestine à l’époque.

»Quant à l’agression actuelle contre Gaza, elle a jusqu’à présent, en moins de sept semaines, causé environ 15 000 morts, au bas mot, sur environ 2,4 millions d’habitants de la bande de Gaza, dont plus de la moitié ont été déplacés du nord de la bande vers son sud, en préparation de leur déplacement hors de Palestine, comme le souhaitent les cercles sionistes d’extrême droite, ou au moins de leur rassemblement à la frontière égyptienne dans des camps de réfugiés qui serviraient de camps de concentration sous la supervision de l’armée israélienne. Et ce ne sont là que les résultats de la première phase de l’agression sioniste, qui a visé la partie nord de la bande de Gaza, et qui devrait être suivie d’une deuxième phase axée sur sa partie sud, ce qui aggraverait considérablement le nombre de victimes.» (Réd.)

[2] Des médecins de Gaza soulignent le nombre important de femmes contraintes d’accoucher seules dans des conditions sanitaires mortifères, l’appareil hospitalier étant pour l’essentiel détruit et le personnel médical dispersé, déplacé, sans mentionner ceux et celles qui ont été tués lors des bombardements. Selon l’Unicef, il y a 180 accouchements par jour dans l’enclave de Gaza et environ 50’000 femmes enceintes. Le porte-parole de l’Unicef, Jonathan Crickx, ce 29 novembre, affirme: «On estime que la moitié des femmes enceintes dans la bande de Gaza rencontrent des complications lors de l’accouchement. Elles ont besoin d’une aide médicale lors de l’accouchement, cette dernière est souvent absente. Il y a un manque de nourriture, d’eau potable, etc. Cela a un impact sur la croissance des enfants, mais avant même la croissance cela a un impact sur leur survie.» (Réd.)

[3] Dans un article de The Conversation du 29 novembre, Colleen Murrel, professeure de journalisme auprès de la Dublin City University, écrit: «Le gouvernement israélien fait pression sur le journal de gauche Haaretz pour qu’il soutienne le gouvernement dans sa conduite de la guerre à Gaza. Le ministre des Communications, Shlomo Karhi, a suggéré que des sanctions financières soient appliquées au journal, l’accusant de “mensonge, de propagande défaitiste” et de “saboter Israël en temps de guerre”. La proposition vise à annuler les abonnements de l’Etat à ce journal et à “interdire la publication d’avis officiels”.»

Cela a ouvert un débat parmi le syndicat des journalistes israéliens. Nous y reviendrons. (Réd.)

[4] Le 7 novembre 2023, le Suisse Phlippe Lazzarini, commissaire général de l’UNRWA, soulignait que «les habitants et habitantes du nord de la bande de Gaza vivent un “enfer sur Terre”»: bombardements incessants, manque d’eau et de nourriture. Il ajoutait: «Même les établissements de l’UNRWA, qui devraient pouvoir apporter une protection à ces personnes, sont visés. Nous avons eu plus de 50 installations touchées et des dizaines de morts et de blessés.» (Swissinfo, 7 novembre) Or, comme le rapporte Luis Lema dans Le Temps du 23 novembre 2023, p. 7, le conseiller fédéral Ignazio Cassis – qui ne semble pas indifférent aux opérations de NGO Monitor et de sa juriste Anne Herzberg, spécialisée dans la mise en cause d’ONG palestiniennes – a indiqué qu’aucun financement supplémentaire n’irait à l’UNRWA. Cela a conduit Luis Lema à conclure ainsi son article: «Selon les informations recueillies par Le Temps, plusieurs Etats, dont l’Allemagne et les Etats-Unis, se sont interrogés face à cette absence de contribution suisse. En Europe, seules l’Italie de Giorgia Meloni et la Suède, dont la coalition de droite affiche un soutien sans faille à Israël, sont sur la même ligne que la Suisse.» (Réd.)

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