Iran. Répression contre les chauffeurs de bus de Téhéran

Selon les nouvelles parvenues d’Iran, le dimanche 4 décembre 2016, un rassemblement pacifique des travailleurs – chauffeurs de bus de Téhéran et sa banlieue – tenu devant l’Hôtel de ville de la capitale Iranienne a été violemment attaqué par les forces répressives et la police antiémeute de Téhéran.

Le rassemblement avait été organisé par le Syndicat des travailleurs chauffeurs de bus de Téhéran et sa banlieue connu aussi sous le nom de Vahed Syndicate. L’objectif: protester contre des retards de salaires, des refus de leurs demandes d’aide au logement et d’accès à des logements sociaux. Ce qui leur avait été promis de longue date, après l’approbation de leurs demandes légitimes auprès du Conseil municipal du logement de la ville de Téhéran.

Ces travailleurs comptaient également exprimer leur mécontentement face aux Coopératives du logement qui interrompent la construction de logements sociaux. Ils dénonçaient aussi la corruption rampante et endémique entretenue avec complaisance par certains hauts cadres de la Mairie de Téhéran.

C’est le maire de Téhéran, corrompu notoire, l’ultraconservateur général Mohammad Bagher Ghalibafun ancien officier et ex-chef de la police iranienne qui fut aussi candidat lors de la dernière élection présidentielle iranienne du mois de juin 2013 –, qui a donné l’ordre aux forces antiémeutes d’encercler et de faire matraquer tous les manifestants qui étaient tous des chauffeurs de bus. Il s’en est suivi une charge policière très violente au cours de laquelle des représentants du Syndicat Vahed, tels qu’Hasan Saeedi, Naser Moharamzadeh et Iraj Fadayee, ont été gravement battus, tandis que trois autres de leurs camarades étaient grièvement blessés.

On déplore également les arrestations d’autres travailleurs chauffeurs de bus dont les noms sont les suivants: Vahid Fereydoni, Alireza Tavasoli, Amir Takhiri, Atta Babakhani, Mohammad Ali Aslaghi et Amir Abbas Hosseini.

En dépit de la brutalité policière et des ordres de dispersion des forces répressives, ces travailleurs ont continué leur manifestation en scandant des slogans demandant la libération de leurs collègues, ce qui a finalement obligé la police à céder à leurs demandes. Cependant à ce stade, on ne sait pas si les syndicalistes arrêtés lors de cette attaque policière subiront un procès, probablement suivi de peines d’emprisonnement dans les semaines à venir.

Les protestations contre cette attaque brutale des forces antiémeutes, ordonnée par Mohammad Bagher Ghalibaf le maire de Téhéran, ont continué le lendemain, lors de la journée du lundi 5 décembre 2016. Les membres du Syndicat des travailleurs chauffeurs de bus de Téhéran et de sa banlieue ont demandé à leurs membres, en geste de protestation, de garder leurs phares allumés et de ne rouler qu’à 30 km/heure durant toute cette journée de protestation. Cette consigne a été suivie par une majorité des travailleurs de la Vahed qui gère une grande partie des transports dans la capitale Iranienne.

La réponse méprisante de la direction ne s’est hélas pas fait attendre. Les forces antiémeutes ont aussitôt investi les dépôts de bus de l’entreprise, en obligeant les protestataires à éteindre leurs phares, tout en filmant ceux qui refusaient d’obéir à leurs ordres. Ces agents des forces de sécurité ont aussi menacé d’autres travailleurs présents dans les dépôts de licenciement, de représailles et de poursuites judiciaires s’ils envisageaient de poursuivre leurs actions de protestation.

Il est impératif de souligner et de rappeler que les salariés du Syndicat des travailleurs chauffeurs de bus de Téhéran et de sa banlieue (Vahed) sont soumis depuis des années à des violences, des pressions et à une répression constante. Et que certains de leurs dirigeants et délégués, comme son vice-président  Ebrahim Madadi, son trésorier Reza Shahabi et son porte-parole et membre fondateur Davood Razavi, sont toujours emprisonnés pour de longues années après avoir été condamnés pour des accusations délirantes de: «Troubles à l’Ordre public» et «Organisation collective d’actions Illégales en vue de porter atteinte à la Sécurité nationale». (Article publié dans Echo d’Iran, Bulletin d’information sur le mouvement ouvrier en Iran, janvier 2017)

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