Iran: plus de 477 pendaisons depuis le début de 2012

Par Solidarité socialiste avec les Travailleurs en Iran

Ce chiffre paraît hallucinant. Depuis le début de l’année, plus de 477 personnes ont été pendues en Iran. Selon le régime iranien la plupart auraient été condamnées pour des trafics de drogues. Mais des organisations soulignent que plusieurs exécutions au moins ont concerné des militants des droits de l’Homme. Ces chiffres sont mis en lumière par les organisations de la société civile

L’Iran est l’un des pays où se déroulent le plus grand nombre d’exécutions dans le monde. Le régime vient de battre un nouveau record dans sa violence effrénée en exécutant au moins 25 personnes en une semaine, avec au moins 6 pendaisons publiques.

L’Iran se classe deuxième derrière la Chine pour le nombre d’exécutions effectuées chaque année. Les autorités iraniennes ne fournissent aucune statistique concernant le nombre d’exécutions annuelles, ni aucune information sur les personnes condamnées à mort. Il semble qu’elles dissimulent délibérément les informations sur l’ampleur des exécutions.

Selon les statistiques établies par les enquêtes quotidiennes d’ABF (Abdorrahman Boroumand Foundation) [1], à partir de l’analyse de plus de 50 journaux, sites web et blogs, le nombre d’exécutions en Iran s’élevait en 2011 à 639, de janvier à novembre 2012 à 477, et à 78 pour le seul mois de novembre 2012. La majorité de ces exécutions ont été annoncées par les autorités elles-mêmes ou rapportées par des médias semi-officiels, à l’intérieur de l’Iran.

Il est toutefois difficile d’évaluer le nombre exact d’exécutions, car les rapports ne sont pas toujours systématiques et complets. D’ailleurs, les autorités iraniennes ne permettent pas la recherche et la surveillance indépendantes des cas dans lesquels la peine de mort est infligée.

Les chiffres mentionnés ci-dessus en incluent seulement des personnes exécutées après des démarches juridiques formelles. Ils n’intègrent pas celles qui sont mortes en détention ou celles qui sont assassinées ou tuées par les forces de sécurité.

En date du 16 novembre 2012, le mouvement Solidarité socialiste avec les Travailleurs (SSTI) en Iran nous a fait parvenir le communiqué suivant, intitulé «En Iran: la machine d’exécution s’accélère».

«Nous apprenons la mort, sous la torture, du prisonnier politique Jamil Soveidi, un ouvrier soudeur. Cette mort intervient après celle du blogueur Sattar Behechti.

Jamil Soveidi, originaire de la minorité arabe iranienne d’Ahwaz, a été arrêté il y a un mois et emmené vers un lieu inconnu. Durant tout ce temps, les services de renseignement du régime se sont abstenus de donner à sa famille la moindre information sur le sort du prisonnier. C’est par un pur hasard qu’une de ses connaissances a reconnu son corps à la morgue d’Ahwaz, corps qui jusqu’à présent n’a pas été restitué à la famille.

Six militants de la minorité arabe d’Ahwaz ont été tués sous la torture ces derniers mois: Gheiban Abidavi, Mohammad Cheldavi, Reza Meghasi, Mohammad Kabi, Naser Albosho et Alireza Ghabishavi.

Ces crimes témoignent de la montée de la répression, des actes de tortures et d’assassinats de prisonniers politiques chaque jour dans les prisons, les camps de la mort et les caches du Ministère du renseignement et de la sécurité nationale (Vevak: Vezarat-e Ettela’at va Amniyat Keshvar) et des Gardiens de la révolution. Une répression sanglante dont la réalité et l’ampleur restent largement sous-estimées et cachées. Et cela sans parler de l’augmentation sans précédent des exécutions officielles dans tout le pays.

Il s’agit, pour le régime, de contenir l’explosion de colère populaire qui s’est exacerbée ces derniers mois. Le vice-procureur de la ville de Qazvine [dans le nord-ouest] a récemment déclaré que «ces 20 derniers mois à Qazvine, il y a eu plus d’exécutions qu’en 20 ans».

Le régime dictatorial iranien n’arrivant plus à faire face a la montée de la colère sociale et populaire liée à la violence de la crise économique et à la dégringolade du Rial, multiplie les exécutions publiques et clandestines pour tenter de terroriser la population.

D’après les sources officielles iraniennes, 28 personnes ont été exécutées ces sept derniers jours (du 7 au 14 novembre 2012). Dix de ces exécutions ont eu lieu en public. Par ailleurs, nous avons reçu plusieurs informations concernant 47 exécutions officieuses et clandestines pendant la même période, ce qui conduit à 78 le nombre d’exécutions en Iran depuis le 1er novembre 2012 et à 477 depuis le début de l’année.

Nous demandons à la communauté internationale de réagir fermement à cette vague d’exécutions massives menées par les autorités iraniennes. La communauté internationale doit prendre des mesures sérieuses contre ces actes barbares.

Nous demandons aux syndicats, organisations ouvrières, défenseurs des droits de l’Homme et aux partis politiques de protester vivement auprès des autorités de la République.»

SSTI, 16 novembre 2012

 

Les messages de protestation doivent être adressés à l’ambassade de la République Islamique d’Iran en Suisse,
S. Exc. M. Alireza Salari, Thunstrasse 68, Postfach, 3000 Berne 6, e-mail: secretariat@iranembassy.ch

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[1] Abdorrahman Boroumand est né en 1927 à Ispahan. Il a fait ses études à l’Univesité de Téhéran et à l’Université de Genève, où il obtient un doctorat en 1956. Il a soutenu le gouvernement de Mossadegh entre 1951 et 1953. En 1979, il soutient Chapour Bakhtiar. Exilé à Paris, il fut assassiné par les services de la République islamique en avril 1991. (Réd. A l’Encontre)

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