La police iranienne, le 1er février 2018, a arrêté 29 femmes dans la capitale, Téhéran, pour avoir protesté contre une loi qui rend le port du hijab (voile) obligatoire.
Partout dans le pays, des femmes ont protesté en montant sur des armoires électriques, en enlevant leur voile et en les agitant en l’air, sur des bâtons. Ce mouvement de protestation des femmes iraniennes est partie d’une action menée le 27 décembre dernier par Vida Movahed. Cette Téhéranaise était montée sur un coffret électrique à un croisement d’avenue et avait retiré son voile, restant quelques instants tête nue. Arrêtée sur-le-champ, elle avait été incarcérée et relâchée quinze jours plus tard.
La loi islamique iranienne, imposée après la révolution de 1979, impose aux femmes de se couvrir les cheveux et de porter des vêtements longs et amples en public. Six autres femmes auraient également été arrêtées cette semaine.
Plusieurs images et vidéos des démonstrations sont devenues virales sur les médias sociaux.
Ces actions ont coïncidé avec des manifestations contre les conditions économiques dans l’est de l’Iran. Certains ont demandé au dirigeant suprême du pays, l’ayatollah Ali Khamenei, de démissionner.
Bien que des femmes en Iran luttent contre l’obligation de porter le hijab depuis près de quatre décennies, la nouvelle vague de protestations a attiré plus d’attention et suscité un débat rarement vu auparavant sur les libertés individuelles.
La police de Téhéran a déclaré jeudi que la campagne avait été déclenchée de l’extérieur de l’Iran par des canaux satellites illégaux.
«Suite aux appels des chaînes satellitaires dans le cadre d’une campagne appelée les mercredis blancs, 29 de celles qui avaient été trompées pour enlever leur hijab ont été arrêtées par la police», a rapporté jeudi le journal semi-officiel Tasnim News, qui a des liens des Gardes révolutionnaires.
Le journal dit réformiste Shargh a couvert les manifestations avec le titre «Réactions à la suppression du foulard dans les rues».
Ces discussions ont rarement eu lieu dans les journaux nationaux, qui font l’objet d’une forte censure, mais les commentaires des magistrats ont permis à Shargh d’écrire sur la question.
Soheila Jolodarzadeh, une femme membre du parlement iranien, a déclaré que les manifestations étaient le résultat des restrictions imposées de longue date. «Elles se produisent à cause de notre approche erronée», a-t-elle affirmé, selon l’agence de presse semi-officielle Ilna. «Nous avons imposé des restrictions aux femmes et les avons placées sous des contraintes inutiles. C’est pour cela que les filles d’Enghelab Street mettent leur foulard sur un bâton.»
Le président iranien Hassan Rohani n’a pas encore pris la parole, mais il a déclaré que le gouvernement devait mieux écouter la population.
«Nous ne pouvons rien faire si nous n’avons pas les gens derrière nous et ignorons leurs critiques», a déclaré Rohani. La remise en cause de l’obligation du port du voile par quelques femmes en Iran est «puérile», a déclaré, mercredi 31 janvier, le procureur général de la République islamique, Mohammad Jafar Montazeri, en minimisant l’importance de cette contestation. «Il s’agit d’une affaire insignifiante qui n’a rien de préoccupant», a-t-il déclaré en ajoutant que les manifestantes avaient «agi par ignorance» et qu’«elles pourraient avoir été influencées à partir de l’étranger».
L’avocate et militante des droits humains Nassrin Sotoudeh a fait savoir que la justice avait fixé à près de 90 000 euros la caution pour la libération d’une autre contestatrice arrêtée cette semaine, estimant que cela montrait «l’intention» des autorités de la maintenir en détention. (3 février 2018)
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