Par Franco Turigliatto
Le deuxième gouvernement Giuseppe Conte, annoncé par le Président Sergio Mattarella le 4 septembre 2019, s’est institué après la crise du mois d’août dernier[1], composé du Parti démocrate (PD)[2] et du Mouvement 5 étoiles (M5S)[3], a survécu tous ces derniers mois malgré ses constantes dissensions internes et instabilité permanente. On peut considérer ici comme quantité négligeable la faible composante réformiste subalterne du gouvernement constituée par Liberi e Uguali [LeU, Libres et égaux, un amalgame de groupes analogues: Movimento democratico e progressista, issu du PD, Sinistra italiana, issue des cendres de la banqueroute social-démocrate et du PD, et Possibile, issu du PD]. Le gouvernement a également dû faire face aux assauts politiques des partis de la droite, qui orientent et mobilisent d’importants secteurs de la société, sur les thématiques racistes, xénophobes et sécuritaires. Il a enfin affronté deux dangereux écueils politiques, la promulgation de la loi sur le budget, en décembre 2019, et les élections dans deux importantes régions, l’Émilie-Romagne et la Calabre, fin janvier 2020.
Quatre éléments ont permis au gouvernement de se maintenir. Tout d’abord, la volonté des deux partis qui le composent d’éviter à tout prix de nouvelles et trop risquées élections politiques, alors que les sondages donnent la droite dure à plus de 50% des voix. Ensuite, l’attitude favorable des bourgeoisies italienne et plus généralement européennes, par le biais des institutions de Bruxelles. En outre, le soutien ouvert des trois grandes centrales syndicales, y compris la CGIL[4]. Et enfin, la véritable crainte d’importants secteurs de la société de voir arriver au gouvernement la Lega de Matteo Salvini[5] et son frère ennemi Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni[6].
Il n’en reste pas moins que la poussée réactionnaire des partis de cette droite n’a pas faibli et que la société reste empoisonnée par les venins xénophobes, racistes et antisémites, du fait de l’absence d’un fort mouvement social des classes laborieuses. Les actes antisémites se sont démultipliés ces dernières semaines. Le Rapport Italie, de l’institut privé de recherche Eurispes, fournit des données glaçantes sur le nombre de personnes croyant que la Shoah n’a pas existé, celles-ci ayant passé de 2.7% en 2004 à 15.6% aujourd’hui[7].
La loi sur les finances publiques (budget) et l’impossible discontinuité
L’écueil de la loi budgétaire a été surmonté grâce à des mesures significatives, d’un montant de 30 milliards d’euros, un «débordement» rendu possible par ladite flexibilité dont a bien voulu faire preuve la Commission européenne. Cela représente un déficit budgétaire supérieur à 2%, ce qui a permis de geler les augmentations de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), qui auraient dû être enclenchées en 2020, par automatismes découlant de lois et règlements déjà adoptés au cours des années passées. Ce montage a également été rendu possible grâce à un assemblage de modestes interventions sociales très ciblées et de toutes aussi modestes augmentations fiscales savamment distribuées. Soulignons d’emblée que le gouvernement jaune-rose (M5S et PD) s’est abstenu de toucher aux énièmes et énormes cadeaux pour le capital et les entreprises octroyés au moyen des dégrèvements fiscaux adoptés par les gouvernements précédents. Il n’a pas non plus remis en question les normes répressives visant les migrant·e·s et les ONG qui leur portent secours en mer. Pas plus que celles qui criminalisent les luttes ouvrières et sociales.
Le PD voudrait présenter l’actuel gouvernement comme marquant une forte discontinuité par rapport au précédent, dominé par la figure de Matteo Salvini. Mais c’est là mission impossible, vu les positions économiques et politiques exprimées par ses deux principales composantes, le M5S et le PD, ainsi que par la nouvelle née Italia Viva (IV) de Matteo Renzi[8]. Bref, les lois anti-populaires adoptées par le passé dans les domaines sociaux, économiques, civil, sont restées en vigueur, tout comme les législations étayant l’offensive des employeurs contre les conditions de vie des classes laborieuses, celles-là même qui ont provoqué démoralisation, désespérance et rage parmi les salarié·e·s et qui ont servi de rampe de lancement pour les tristes figures de Salvini et Meloni et leurs partis.
La première chose à faire pour un gouvernement qui affirmerait une discontinuité effective aurait été d’abroger les lois de la contre-révolution libérale et patronale, que ce soit les plus infâmes de Salvini, votées par la Lega comme par le M5S, ou celles adoptées auparavant par les gouvernements de centre-gauche, inscrites dans le marbre de l’austérité. Ici un exercice de mémoire s’impose [voir l’encadré ci-après] pour saisir l’ampleur de ces attaques.
En ce qui concerne la politique internationale, l’Italie défend ses intérêts impérialistes à partir de son ex-colonie, la Libye, où elle est solidement représentée par la multinationale de l’énergie et de l’extraction, L’Ente nazionale idrocarburi (ENI, Agence national des hydrocarbures). Par ailleurs quelque 8000 militaires italiens sont répartis dans plus de 40 pays, pour des missions coûtant près de 1.5 milliards d’euros annuels à l’État. Pire encore, le 2 février 2020 l’accord conclu avec la Libye a été renouvelé automatiquement et pour trois ans, sans que le gouvernement ne fasse quoi que ce soit pour le bloquer ou ne serait-ce que pour le modifier, mis à part quelques déclarations dans le vide, pro forma. Il assurait ainsi le financement des garde-côtes et des camps de concentration où sont enfermés ceux et celles qui tentent d’atteindre les rives de l’Europe.
Les élections régionales de Calabre et Émilie-Romagne
Dans ce contexte se sont déroulées, le 26 janvier 2020, les élections des Conseils régionaux et des Présidences de Calabre et Émilie-Romagne, consultations ayant valeur de test d’envergure nationale. Matteo Salvini en avait fait son cheval de bataille, dans le but non seulement de conquérir les deux gouvernements régionaux, mais aussi de provoquer, par là même, la chute du gouvernement en place et de susciter ainsi des élections politiques nationales.
• En Calabre, la coalition de droite a remporté un succès, avec 55% des voix, lui permettant de conquérir une région de plus. [Le M5S s’y présentait séparément du PD, recueillant 6,27% des suffrages (7,35% avec Calabria Civica), le PD a atteint presque 14%, la Lega et Forza Italia ont eu un score respectif de près de 12%,]. La coalition de centre-gauche passe de 61% des voix en 2014 à 30% en 2020, payant ainsi le prix de sa gestion politique calamiteuse. [Les partis de la coalition de centre-droite totalisaient 33% des voix en 2014 et 67% en 2020 et le M5S a légèrement augmenté, de 4,96% à 6,27%. Il faut toutefois relativiser ces scores, ou du moins les resituer dans une continuité en dents de scie, si l’on sait qu’en 2010 la droite atteignait 58%, le PD 32%, et qu’en 2005 le centre-gauche totalisait 59%, la droite 41%]. Avec 14% des voix, le PD est le parti le plus élu de la région, mais cela ne devrait pas amener Nicola Zingaretti, président de la région Latium et secrétaire du PD, à crier victoire: l’abstention a atteint des sommets [56% selon les sondages], exprimant une défiance et un repli de secteurs entiers de la population. Ce qui a laissé la voie libre aux traditionnelles confréries de pouvoir liées à la vieille Forza Italia[9], parvenue à rester en tête notamment grâce à deux listes satellites.
• Quant à l’affrontement électoral en Émilie-Romagne[10], il a focalisé toute l’attention. Depuis le lendemain de la seconde Guerre mondiale, c’est le territoire d’un enracinement profond du Parti communiste italien (PCI). Ce dernier l’administre de 1970 (année de mise en place des conseils régionaux) jusqu’en 1995 et, de 1995 à 2020, à travers les successives mutations du PCI, d’abord le Partito democratico della sinistra (PDS), puis les Democratici di sinistra (DS) et enfin le Partito democratico (PD). Les anciennes administrations régionales du PCI avaient déployé d’efficaces politiques social-démocrates, garantissant des services efficients à travers un pacte politique et social qui tenait ensemble les administrations locales, les salarié·e·s, les commerçants, les artisans, les coopératives, certaines étant devenues de véritables transnationales, ainsi que nombre de grandes et petites entreprises. La crise économique larvée, les politiques d’austérité et les privatisations (notamment dans la santé, les transports, sans mentionner le bétonnage du territoire), gérées par l’administration régionale, ont exacerbé les contradictions sociales, fragilisé d’importants secteurs sociaux et ont fini par avoir raison de ce pacte social[11].
Si, durant de longues années, la Lega – et ses prédécesseurs – n’ont pas pu traverser le fleuve Pô, qui sépare la Lombardie et la Vénétie de l’Emilie, les choses ont changé ces dernières années.
Lors des élections nationales de 2018, puis des européennes de 2019, le M5S mais aussi la Lega de Matteo Salvini ont atteint des scores supérieurs à 30%. Le scrutin régional de 2014 avait donné la victoire au candidat du PD, Stefano Bonaccini [49% des voix], avec une faible participation [38%], mettant en évidence la désaffection croissante de larges secteurs populaires à l’égard du centre-gauche. Par contre, les élections de janvier 2020 ont connu une participation nettement supérieure [68%].
Matteo Salvini pensait pouvoir donner l’estocade au PD, conquérir le fortin historique de la gauche, en obtenant une victoire à la fois politique et historique. Il y a mis les moyens, avec une campagne médiatique forte, martelant propos xénophobes et racistes. Sa machinerie électorale était dirigée par son conseiller en communication Luca Morisi, à la tête d’un staff de 35 personnes qui couvrait les faits et gestes du leader 24 heures sur 24 heures, activant un vaste réseau permanent d’interventions et contacts de tout type, des plus classiques aux réseaux sociaux que la Lega a nommé « La Bête » [reprenant le nom de la machinerie électorale de Barack Obama, certes différente].
Finalement son échec a soulagé nombre d’Italiens, le PD et même le gouvernement. Mais les chiffres sont inquiétants et démontrent combien la menace de la Lega est loin d’être dépassée. Ses résultats, dans l’ancien bastion « rouge », en valeurs absolues comme en pourcentages, sont impressionnants, de même que sa capacité à orienter, désorienter et mobiliser d’importants secteurs de la société.
Le candidat à la présidence régionale, Stefano Bonaccini (PD), a obtenu 51.4% des voix contre 43.6% pour la candidate des droites [Lucia Borgonzoni]. Le regroupement des partis, dit de centre-gauche, dépasse de peu le 48% tandis que les forces de droite obtiennent un inquiétant 46%, dont 31.9% pour la Lega et 8.6% pour l’extrême-droite de Fratelli d’Italia, qui a doublé ses voix, tandis que Forza Italia, de Silvio Berlusconi, obtient un score négligeable.
Le candidat Bonaccini est parvenu à ses fins en captant le 65% des électeurs qui lui avaient donné leurs suffrages lors de la précédente consultation, le 17.7% des électeurs qui s’étaient abstenus, le 9% des électeurs du M5S et le 6.1% des électeurs du centre-droite[12]. Il a également appuyé sa campagne sur un réseau dense d’administrateurs locaux, de coopératives, de syndicats, mais aussi du monde entrepreneurial et, last but not least, il a reçu un coup de main essentiel du «mouvement des sardines».
Les sardines
Les sardines sont un mouvement né, et ce n’est point un hasard, dans le chef-lieu de l’Émilie-Romagne, Bologne, en novembre 2019. Son but explicite visait à contrer la campagne de haine et de racisme du chef de la Lega. En un mois les sardines ont multiplié les rencontres dans toutes les villes de la région, organisant de grands rassemblements comptant des dizaines de milliers de personnes, avec une forte présence de jeunes, mais aussi un public plus âgé. Il exprime l’inquiétude, présente dans de larges secteurs, de voir s’affirmer un sens commun raciste et violent contre les plus vulnérables, alimenté par les droites les plus réactionnaires.
Les sardines sont parvenues à interpréter mais aussi à réveiller les sensibilités antifascistes, antiracistes et démocratiques, en construisant un type de mobilisation correspondant à leur niveau de politisation. C’est un mouvement d’opinion publique, point encore abouti et n’ayant pas encore fait l’expérience de larges débats sur les thématiques sociales.
Ses dirigeants se présentent comme voulant effacer de la politique le langage de la haine et du racisme, ramenant le débat à des normes de correction politique, voire à de l’angélisme. Mais au-delà de cette orientation politique, il ne fait pas de doute qu’ils ont été capables d’inciter nombre de jeunes et moins jeunes à aller voter, construisant une contre-tendance visible et de masse aux positions de Salvini et de la Lega.
Les jeunes dirigeants de ce mouvement ont des relations avec les milieux habituellement touchés par le PD, mais aussi avec des secteurs catholiques, qui se sont engagés afin de faire obstacle à la montée des droites «dures» et qui ont, comme référence, le cardinal de Bologne Matteo Zuppi. Des quotidiens comme La Repubblica, lié au PD, ont soutenu inconditionnellement cette initiative en lui offrant une tribune avec, en ligne de mire, la relance et le renouveau du PD. À l’heure actuelle, de nombreuses initiatives se déroulent, destinées à orienter une partie de ses dirigeants vers la reconstruction d’un nouveau centre-gauche.
La crise du M5S
Le M5S traverse une grave crise politique et organisationnelle qui se solde par une chute de ses appuis électoraux. Aux élections nationales de 2018, il avait obtenu 32% des voix, avec 10 millions de votes, et la constitution de larges fractions parlementaires à la Chambre et au Sénat. Aux européennes de 2019, il était tombé à 17.1% des voix, surclassé par la Lega (34.3%) et même par le PD (22.7%). Dans les deux dernières consultations électorales de Calabre et d’Émilie-Romagne, il a connu une vraie catastrophe. Dans le premier cas, il est passé de 43.4% à 7.3%, dans le second de 27.5% à 3.5%. Le chef politique du M5S, Luigi Di Maio, a anticipé cette situation en démissionnant la veille du vote. Aujourd’hui le parti se cherche une nouvelle direction, dans une grande confusion.
On en revient ainsi à une inévitable parabole politique. Nous avons toujours affirmé que son succès était le fruit des politiques d’austérité et de la crise profonde et concomitante du mouvement des salarié·e·s, dans un contexte de persistance d’une opposition générique à la société en place, que le M5S avait su drainer électoralement.
Cette organisation, de nature politique petite bourgeoise, n’a pas résisté à l’épreuve du gouvernement, ayant gouverné une année avec la Lega, puis ayant tenté d’échapper au baiser mortel de Salvini en donnant vie à un nouveau gouvernement et à une nouvelle majorité parlementaire avec le PD. À travers ces vicissitudes les faiblesses politiques de ses dirigeants ont émergé, de même que celles du parti dans son ensemble. Il a commencé à voler en éclats face à la réalité des contradictions de classe. Nous avons qualifié le M5S de force petite bourgeoise dont les succès politiques et électoraux reposent sur la démoralisation des travailleurs et sur l’absence de réponses crédibles alternatives de la gauche. Ainsi le parti «ni de droite ni de gauche», démuni d’un programme socio-économique un tant soit peu cohérent, privé de réels rapports sociaux structurants (les réseaux sociaux ne suffisent pas…), confronté aux dynamiques et aux contradictions de classe, ne pouvait que fondre comme neige au soleil.
Dès lors, la droite récolte les fruits du désespoir et de l’aquabonisme [dont l’étymologie renvoie à la question: «à quoi bon?» donc à une sorte d’attentisme] politique de vastes secteurs populaires qui s’étaient adressés auparavant au M5S. En Émilie-Romagne, une partie de son électorat s’est tournée vers le vote utile en faveur du PD. Les 5 étoiles sont alors déchirées entre leurs diverses composantes, l’une qui regrette l’alliance avec la Lega, l’autre qui désire retrouver son autonomie originelle, une autre encore qui vise une alliance consolidée et durable avec le PD. Le Mouvement a déjà perdu un grand nombre de députés et sénateurs, mais il reste le groupe parlementaire le plus nombreux sans que cela ne corresponde plus à un consensus électoral équivalent dans le pays réel. Ce qui ne peut que susciter davantage de contradictions au sein du parti et du gouvernement[13].
Un cadre économique et social incertain
L’économie italienne a connu, en 2018, une croissance très modeste: un 0.8% qui, en d’autres temps, aurait été considéré comme relevant d’une récession. Les estimations pour le dernier trimestre 2019 sont négatives (-0.3%), et vraisemblablement une stagnation générale pour 2019. Ce qui n’a pas empêché, lors du dividend day [la distribution des dividendes aux actionnaires dans les majeures entreprises], habituellement au mois de mai en Italie, qu’une pluie de dividendes se produise (26 milliards d’euros au bas mot). Et tout laisse à penser que cette année encore les actionnaires pourront fêter, comme le feront les membres de la famille Agnelli qui, l’an dernier, se sont réparti des milliards d’euros et qui cette année recueilleront la pluie d’or de la fusion Fiat-Chrysler Automobile (FCA) avec Peugeot SA (PSA)[14].
L’année passée les exportations ont encore tiré le Produit intérieur brut (PIB) de l’Italie. Mais le ralentissement de l’économie mondiale et, en particulier, de celle allemande, dont l’Italie est fortement dépendante, laisse entrevoir d’importantes difficultés sur les plans productifs comme de l’emploi, notamment pour l’industrie automobile et les activités qui lui sont liées. Ainsi, selon les dernières données de l’Istat (Institut de statistique), la production industrielle a connu une contraction de -1,3% en 2019, la plus marquée depuis 2013, avec une chute très prononcée dans le secteur de l’automobile : – 13,9%.
En 2019, les emplois fixes ont reculé de manière sensible (-75’000), et ne sont pas compensés par «l’augmentation» des emplois à durée déterminée (+17’000). Les chiffres officiels indiquent 3’123’000 chômeurs/chômeuses et une diminution des travailleurs indépendants actifs qui ont atteint leur plus bas niveau depuis 1977. Le chômage se situe à 9.8%, celui des jeunes à 28.9%, scores fort médiocres comparativement aux moyennes européennes, respectivement 7.4% et 15.3%. Au chômage officiel, il convient d’ajouter quelque 3 millions de salarié·e·s qui, ayant renoncé à chercher du travail, n’émargent pas aux statistiques de l’emploi.
Le travail se fait rare et de plus en plus précaire. La combinaison du blocage des salaires dans le secteur public, des augmentations dérisoires dans le secteur privé, des restructurations et des changements de main des entreprises qui génèrent ainsi la précarité professionnelle et les bas salaires, tout cela induit une répartition de la richesse nationale qui favorise les rentes et les profits au détriment du travail. Ce qui n’empêche pas la grande presse bourgeoise de dénoncer en première page les méfaits dus aux insupportables inégalités sociales, tout en défendant sans nuance les mesures conservatrices qui les génèrent.
Le récent rapport de l’ONG Oxfam indique qu’en 2019 le 1% des Italiens les plus nantis détenait, en termes de fortune, plus que le 70% des Italiens les plus pauvres. Au cours des deux dernières décennies de ralentissement ou de crise, la fortune détenue par ce 1% a même crû de 7.6%, tandis que celle des 50% les plus démunis a diminué de 36.6%. Les choses sont similaires si l’on considère les revenus, comme l’explique l’Institut italien de statistique (Istat): pour 7.4 millions de familles italiennes, plus de ¾ du revenu familial total provient de la retraite – inférieure à 1000 € mensuels – de l’un de ses membres[15]. De quoi survivre en échappant de justesse à la misère noire. Et, comme si cela ne suffisait pas, une nouvelle offensive patronale se prépare contre le niveau des retraites. Cela dans un pays où la population, selon les données de 2018 publiées ces derniers jours par l’Istat, diminue et où l’écart entre décès et naissance a atteint un record historique: pour 100 personnes décédées, les nouveau-nés sont au nombre de 67, alors qu’ils étaient 96 il y a 10 ans,
Les grandes crises industrielles ouvertes
Dans le contexte de cette crise économique latente, quelque 300’000 postes de travail sont actuellement menacés. Sur la table du Ministère de l’économie et du développement (MISE) se trouvent «160 situations conflictuelles» (licenciements, restructurations, fermetures ou délocalisations), certaines relativement récentes, d’autres traînant depuis quelques années déjà. Des dizaines de milliers de salarié·e·s sont au chômage partiel. Pour certains leur revenu est des plus bas, d’autres se retrouvent sans revenu, et tous voient l’échéance du chômage complet approcher. Ce sont des crises qui touchent pratiquement tous les secteurs, l’industrie, le commerce, les transports, des services, y compris l’informatique. On trouve les noms de Whirpool, Ilva, Embraco, Bekaert, Mercatone Uno, Conad, Unicredit, Alitalia et, en arrière-fond, un grand nombre de petites entreprises sous-traitantes ou liées à ces groupes.
La crise de l’Alitalia, la compagnie d’aviation nationale, est interminable, allant de processus de privatisation en interventions publiques dont les travailleurs font à chaque fois les frais.
L’Ilva (autrefois Italsider) la grande industrie sidérurgique publique, l’un des piliers de l’industrie et du capitalisme italien d’après-guerre, a été mise en mains privées au début des années 1990. Ses vicissitudes l’ont rendue emblématique du fonctionnement chaotique du système capitaliste et des désastres de la propriété privée. A Taranto, dans les Pouilles, où se trouve le siège du complexe industriel, seul l’Etat serait à même d’intervenir en urgence: réorienter totalement la production, assainir un environnement dévasté par les pollutions, garantir les revenus, voire la reconversion-formation, des salariés, bref requalifier l’entièreté d’un territoire à travers une lourde et indispensable transition[16].
Des considérations similaires valent pour Whirpool, la transnationale étasunienne qui, l’an dernier, a annoncé la fermeture de l’usine de Naples et donc la perte de centaines d’emplois dans une province déjà martyrisée par les suppressions d’emplois. Le scénario de Whirpool est similaire à tant d’autres. La transnationale débarque, se sert des infrastructures publiques et bénéficie de diverses formes de soutiens institutionnels locaux et nationaux. Elle exploite tranquillement les salarié·e·s pendant quelques années, engrangeant des profits consistants, pour enfin dégotter un lieu encore plus profitable vers lequel se délocaliser. Au printemps dernier, la lutte des travailleurs de cette fabrique et la rage populaire qui a gagné la ville ont été si virulentes, qu’on a pu croire le gouvernement serait acculé à devoir racheter l’entreprise. La direction a aussitôt annoncé la suspension des licenciements, la tension a baissé et, six mois plus tard, l’entreprise a reconfirmé la fermeture à brève échéance! Les syndicats ont composé avec la direction, à la sortie des négociations les travailleurs/travailleuses ont agressé les syndicalistes, les accusant de les avoir trompés et trahis.
La cerise sur le gâteau de ces malversations revient à la grande banque Unicredit, une banque dite italienne avec un actionnariat mondialisé, un chiffre d’affaires de près de 19 milliards d’euros en 2019. Elle a fait la démonstration de combien elle se trouve hors de tout contrôle social et politique, en annonçant qu’elle distribuera 8 milliards d’euros, sous forme de dividendes et de rachats d’actions, tout en annonçant le licenciement de 8000 salarié·e·s d’ici 2023. On attend toujours la réponse des bureaucraties syndicales, ainsi que celle du gouvernement du « changement ».
Mentionnons enfin la crise de ce qui fut autrefois le grand domaine de l’industrie automobile à Turin, ou 10’000 emplois sont menacés outre les 10’000 perdus ces 10 dernières années. Mais le pire est à venir, avec les conséquences de la fusion Fiat Chrysler Automobile (FCA) et Peugeot SA (PSA)[17]. (Article envoyé par son auteur; traduction de Dario Lopreno; édition par rédaction de A l’Encontre)
____________________
Inventaire presque à la Prévert sur les lois d’austérité
Voici la liste des principales mesures d’attaque aux salaires direct et indirect, afin de mieux comprendre combien la situation s’est détériorée ces dernières années.
• Premièrement, il y a les lois de précarisation des conditions de travail, depuis les années 1990 jusqu’aux tant décriées – mais aujourd’hui tombées dans l’oubli – lois de 2003 (décret-loi n° 30 et décret législatif n° 276) de Silvio Berlusconi, à la tête du mouvement néoconservateur Forza Italia et alors président du Conseil des ministres. Le gouvernement successif de Romano Prodi, dit indépendant de centre-gauche, ayant intégré dans son gouvernement le Parti de la refondation communiste et le Parti des communistes italiens, a conservé à 99.99% ces lois. Puis, en 2014, est promulgué l’infâme Jobs Act de Matteo Renzi, alors secrétaire du Parti démocratique, dit du centre gauche, et président du conseil des ministres,, qui efface définitivement l’article 18 de la loi sur le travail [Statuto dei lavoratori, article qui protégeait les travailleurs contre le licenciement abusif dans les entreprises de 15 personnes ou plus] et la législation sur le chômage partiel.
C’est une véritable jungle capitaliste de la déréglementation qui est ainsi promulguée, laissant les mains libres à toutes les entreprises, des plus petites aux plus grandes, pour restructurer, délocaliser, fermer, sans devoir rendre le moindre compte aux salarié·e·s désormais sans protection «sur le marché libre». Ils ne se voient accorder que la très légère couverture de la Naspi – la Nouvelle assurance sociale pour l’emploi, qui ne couvre que 75% d’un revenu maximal fixé à 1226 € –, une indemnité chômage qui s’éteint après deux ans, pour autant que le salarié ait disposé d’un ou de plusieurs emplois de manière continue dans les quatre années précédentes.
• Deuxièmement, il y a les mesures instituant des dégrèvements fiscaux et des diminutions de contributions sociales pour les entreprises, des cadeaux de dizaines de milliards d’euros au patronat, en particulier avec les baisses de l’impôt sur le revenu des sociétés (imposta sul reddito delle società, IRES), qui est passé de 33% en 2006 à 24% en 2015. Ces mesures ont été mises en œuvre par des gouvernements de centre-droite comme de centre-gauche, au motif qu’il était juste de faire gagner de l’argent aux capitalistes (tant le leader de droite Silvio Berlusconi que le leader de centre-gauche Matteo Renzi se sont distingués sur ce terrain). Et ceci dans le but proclamé, bien qu’illusoire, d’encourager la création de postes de travail et, par là même, de combattre le chômage…
Même un enfant serait capable de comprendre que l’on creuse ainsi le trou de la dette publique. Faisant d’une pierre deux coups, ce cadeau aux entreprises a porté un coup à la dépense publique et à la politique sociale, frappant lourdement l’aide sociale, l’école et le système de santé, accroissant la pression pour les privatisations.
• Troisièmement, sur le plan des négociations salariales, l’échelle mobile des salaires, qui avait introduit une augmentation automatique des salaires adaptée à l’inflation, suite à une série de pactes sociaux tripartites – gouvernement-patronat-bureaucraties syndicales – a été érodée graduellement avec les effets escomptés sur les salaires, transférant de plus en plus de richesses «vers le haut». Le démantèlement de l’échelle mobile avait effectué, de manière progressive, entre 1982 et 1992.
• À travers ces diverses contre-réformes, la distribution de la richesse produite s’est profondément modifiée en faveur des capitalistes, les salaires et les retraites passant de 70% à 58% du total.
Ces attaques ont frappé non seulement le salaire direct, mais également celui dit indirect. À ce titre mentionnons les assauts constants visant les retraites du secteur public qui, étant garanties depuis la réforme de la fin des années 1960, fondée sur le système rétributif [voir note au bas de cet encadré], préservaient le pacte entre générations. Il y a eu d’abord la Loi Dini de 1995, président du Conseil des ministres de janvier 1995 à mai 1996, d’abord indépendant, puis de centre-gauche, puis de droite, qui initie la marche du système de retraites rétributif vers le système contributif (cf note ci dessous)].
Puis les mesures de Roberto Maroni en 2004, membre de la Lega, ministre du Travail et des Affaires sociales de 2001 à 2006, qui augmente l’âge de la retraite de 3 ans.
Et enfin la contre-réforme Fornero de 2012, du nom d’Elsa Fornero, ministre du Travail et des affaires sociales de 2011 à 2013. Elle a définitivement assis le système contributif (cf note ci-dessous), adoptée sous le gouvernement dit indépendant de Mario Monti, soutenu par le centre-gauche, réforme passée notamment grâce à la passivité des syndicats sauf de la CGIL qui a décrété une grève symbolique de 3 heures…
• Ajoutons à ce palmarès, les lois anti-immigré·e·s destinées à contrer “l’invasion africaine”:
– La loi Martelli de 1990, du «socialiste» Claudio Martelli, vice-président du Conseil des ministres de 1989 à 1992;
– La loi Turco-Napolitano de 1998 promulguée par Livia Turco, ministre de la Solidarité sociale de 1996 à 2001, et de Giorgio Napolitano, ministre de l’intérieur de 1996 à 1998, tous deux issus de l’ancien Parti communiste;
– La loi Bossi-Fini de 2002, impulsée par Umberto Bossi et Gianfranco Fini. Le premier était ministre des Réformes institutionnelles & de la Décentralisation de 2001 à 2004 et vice-président du Conseil des ministres de 2001 à 2006, il fut de fondateur de la Lega lombarda, de la Lega Nord et, plus tard, de la Lega. Le second était à l’époque dirigeant d’Alleanza nazionale issue du parti néo-fasciste Movimento sociale italiano, alors vice-président du Conseil des ministres;
– Le décret Minniti datant de 2017. Marco Minniti est alors ministre de l’Intérieur de 2016 à 2018. Il est membre du Parti démocratique (PD) et ancien membre du Parti communiste;
– Les décrets 1 et 2 de Matteo Salvini, qui s’inscrivent dans un crescendo d’injustice, d’hypocrisie et de violence, un vrai calvaire pour ceux et celles qui tentent de fuir la faim, l’asservissement et la guerre.
Notre seul «espoir» est qu’un jour les responsables, italiens et européens, de ce massacre et de cette barbarie qui se déroulent dans le « Mare Nostrum », comparaîtront devant le tribunal de l’histoire mais aussi devant la justice.
Précisons également que les décrets Salvini, en particulier le second, constituent une attaque directe non seulement contre les migrant·e·s, mais aussi contre tous les salarié·e·s du pays et contre tous les mouvements sociaux. En effet, ils instituent des mesures répressives et des sanctions, y compris carcérales, très lourdes, à l’encontre de ceux qui résistent aux injustices ou qui défendent des droits fondamentaux. C’est aussi un vrai cadeau pour le patronat qui les met à l’abri des grèves, des manifestations, des blocus d’entreprises, sans mentionner les occupations.
Note. La Loi Fornero, entrée en vigueur en janvier 2012, a fait passer le versement des retraites du système rétributif au système contributif. Système rétributif, nommé aussi primauté des prestations en Suisse: les rentes sont octroyées en fonction du dernier salaire ou de la moyenne des «x» derniers salaires, tout en tenant compte du nombre d’années de cotisations; l’institution de prévoyance veille à ce que les cotisations des employeurs et des employés, auxquelles s’ajoutent les revenus des placements, financent les prestations versées aux assuré·e·s.
Système contributif, nommé aussi primauté des cotisations en Suisse: les prestations versées aux assuré·e·s sont calculées sur la base du capital épargné – cotisations plus intérêts – auprès de l’institution de prévoyance; lors de la retraite, le capital-épargne accumulé est converti en rente de vieillesse au moyen d’un taux de conversion. Le système contributif italien calcule la rente selon le total des cotisations versées au cours de la vie professionnelle, indexé selon les variations quinquennales du Produit intérieur brut multiplié par un taux de conversion (en %) redéfini tous les 2 ou 3 ans en fonction de l’âge du salarié au moment de l’arrivée à la retraite. Les personnes déjà à la retraite avant 2012 restent toutefois dans l’ancien système (primauté des prestations). Celles qui sont arrivées à la retraite après 2012 sont à cheval sur les deux systèmes, au prorata des années de cotisations avant ou après 2012.
____________________
[1] Cf Italie-Débat. «Pour une gauche d’opposition», déclaration de Sinistra anticapitalista, 24 septembre 2019, sur ce même site, http://alencontre.org/europe/italie/italie-debat-pour-une-gauche-dopposition.html
[2] Le Parti démocratique (Partito democratico, PD) est un parti bourgeois – souvent qualifié de gauche par les médias – issu de morceaux des gauches stalinienne et social-démocrate ainsi que des droites démocrate chrétienne et libérale. Plusieurs présidents du Conseil des ministres (1er ministre) en sont issus, entre avril 2013 et juin 2018. Il participe, depuis septembre, à la nouvelle coalition gouvernementale avec le M5S (cf. note suivante). [ndt]
[3] Le Mouvement 5 étoiles (Movimento 5 Stelle, M5S) est né en 2009, centré au départ sur l’humoriste Beppe Grillo et sur l’entrepreneur Gianroberto Casaleggio, dépourvu de tout programme économique et social cohérent, très centralisé par ses fondateurs. Sa principale caractéristique est d’être hétéroclite. Il se veut web-parti mais il est très attaché aux traditions nationales, il se positionne sur le modernisme mais il compte une forte tendance xénophobe et anti-immigrée, il s’affiche anti-mafieux et anti-clientéliste mais il pratique le clientélisme là où il remporte les élections, il a développé une rhétorique anti-pouvoir mais il l’a oubliée dès lors qu’il a accédé au gouvernement, il se déclare anti-institutionnel mais il a adhéré aux institutions politiques gouvernementales, régionales et municipales, il se proclame anti-Union européenne, avec ses premiers alliés gouvernementaux de la Lega (qui sont anti-UE en tout cas verbalement), mais il se plie à l’Union européenne, avec ses deuxièmes alliés gouvernementaux du PD. Le M5S a fait partie d’une coalition gouvernementale avec le parti national-souverainiste la Lega (juin 2018 à septembre 2019, gouvernement M5S-Lega dit jaune-vert). Il a tourné sa veste (qui a tellement de côtés que même Jacques Dutronc s’y perdrait), depuis septembre 2019, en faisant partie d’un gouvernement dit du centre, avec le Parti démocratique (gouvernement M5S-PD dit jaune-rouge ou jaune-rose). Aux dernières élections nationales (2018), le M5S obtenu 33% des voix aux deux Chambres, au élections européennes (2019) il en a obtenu 17%, aujourd’hui il obtiendrait probablement nettement moins. [ndt]
[4] Les trois grandes centrales syndicales italiennes sont la La Confédération générale italienne du travail (CGIL), le plus grand syndicat de salariés d’Italie, dont des scissions au lendemain de la seconde guerre mondiale ont donné naissance à la Confédération italienne des syndicats de travailleurs (Confederazione italiana sindacati lavoratori, CISL) et à l’Union italienne du travail (Unione italiana del lavoro, UIL). [ndt]
[5] La Lega est fondée en 1991, sous le nom de Lega Nord, sur la base de mouvements régionalistes lombards et des régions de l’Italie du Nord. Avec le M5S, elle a formé le gouvernement, de juin 2018 à septembre 2019. Maintenant ce sont deux frères ennemis. Son dirigeant, le secrétaire fédéral Matteo Salvini, était à la fois ministre de l’Intérieur et dirigeant du gouvernement de facto. Le président officiel du Conseil des ministres était toutefois Giuseppe Conte, le même qui dirige le gouvernement actuel, mais avec le PD, grand rival de la Lega. Avant les élection nationales de mars 2018, la Lega Nord a abandonné l’attribut «Nord» et son attachement à la nation padanienne (la Plaine du Pô, érigée en nation, devenue rhétoriquement la Padanie), pour se nommer Lega tout court. Tour de magie qui a fait du parti nordiste anti-méridional un parti italien national-souverainiste. C’est une transformation qui se heurte encore à bien des résistances internes. La Lega est un parti de la droite parlementaire dite dure avec une orientation qui ne dément pas ses traits d’extrême droite. Elle a atteint 17% des voix aux élections nationales de 2018, 34% aux européennes de 2019. [ndt]
[6] Fratelli d’Italia (FdI) est une organisation politique d’extrême droite, née en 2012. Sa présidente et leader incontestée est Giorgia Meloni. Elle s’inscrit dans la continuité d’Alleanza nazionale (AN), elle-même issue du Movimento sociale italiano (MSI), dans lequel avaient conflué les forces fascistes de l’après-guerre. Ces références et son idéologie fasciste s’expriment notamment par le symbole de FdI, la flamme tricolore, aux couleurs du drapeau italien, qui était déjà le symbole du MSI. C’est une organisation en forte croissance électorale, approchant 10% dans les sondages, et sa dirigeante, Giorgia Meloni, tente de ravir le leadership des forces de droite au dirigeant de la Lega, Matteo Salvini.
[7] Le rapport de synthèse du Rapporto Italia est disponible à cette adresse: https://eurispes.eu/wp-content/uploads/2020/01/eurispes-sintesi-ri2020.pdf [ndt]
[8] Matteo Renzi, dont le point de référence est le leader anglais Tony Blair, a été secrétaire du Parti démocratique (PD) de décembre 2013 à mars 2018 et président du Conseil des ministres de février 2014 à décembre 2016. C’est sous son gouvernement que le Job Acts a été adopté, une loi de libéralisation totale du marché du travail qui a effacé les normes protectrices fondamentales de la loi sur le travail (Statuto des lavoratori) de 1970. Au cours de la crise gouvernementale de l’été dernier, après avoir impulsé l’alliance entre le M5S et le PD, il a fait scission, créant son propre groupe parlementaire, Italia Viva, noyau d’un nouveau parti politique.
[9] Forza Italia (FI, Forza Italia jusqu’en 2009, Popolo della Libertà de 2009 à 2013, à nouveau Forza Italia dès 2013) est la troisième formation politique du Parlement italien, dirigée dès ses début par Silvio Berlusconi (président du Conseil des ministres en 1994-1995, de 2001 à 2006 et de 2008 à 2011), la 7ème fortune d’Italie avec environ 7 milliards d’euros. Dès la fondation de FI «les ressources financières, humaines, organisationnelles, toutes choses nécessaires à la construction d’un mouvement politique, étaient fournies par le holding Fininvest [de Berlusconi], à commencer par son groupe dirigeant » directement transféré dans le champ politique, écrit Diego Giachetti (Les vingt années de Silvio Berlusconi, 30 janvier 2014, http://alencontre.org/europe/italie/italie-les-vingt-annees-de-silvio-berlusconi.html). Berlusconi a érigé sa richesse notamment avec l’aide du Parti socialiste qui fit faillite, financièrement et politiquement, en 1994. [ndt]
[10] Ayant 4.5 millions d’habitants dont 3.5 millions d’électeurs, l’Émilie-Romagne est l’une des régions les plus riches d’Italie. Elle représente le 7.3% de la population italienne, le 9% du Produit intérieur brut (PIB), le 13.6% des exportations] La crise économique latente, qui frappe plusieurs parties du pays, y a eu moins d’impact .[ndt]
[11] Le président de l’Émilie-Romagne, Stefano Bonaccini, a même demandé au gouvernement central, de concert avec les présidents de Lombardie et de Vénétie, l’autonomie différenciée, autrement dit des normes légales permettant de concentrer davantage encore de richesses du pays dans les régions le plus prospères, au détriment des régions méridionales. Cf. http://alencontre.org/europe/italie-ue-lautonomie-differenciee-comme-instrument-du-developpement-inegal-et-de-la-deregulation.html
[12] Cf. Il Fatto Quotidiano, 27/01/2020, Elezioni regionali 2020. Flussi di voto Swg, Bonaccini fa il pieno tra ex astenuti e M5S. [ndt]
[13] Dire qu’il y a peu de temps encore, nombreux étaient ceux qui, à gauche, pensaient avoir trouvé, dans le M5S, une alternative valable dans laquelle engager leurs propres forces…
[14] Cf. Franco Turigliatto, PSA/FCA, un mariage qu’il fallait conclure… pour les capitalistes, http://alencontre.org/economie/psa-fca-un-mariage-quil-fallait-conclure-pour-les-capitalistes.html
[15] Cf. Raffaele Ricciardi, Pensionati, più di uno su tre vive con meno di mille euro lordi al mese, quotidien La Repubblica, Milan, 15/01/2020.
[16] Cf. Eliana Como, Italie. Vingt-cinq ans d’Ilva. Le prix de la privatisation pour l’emploi et l’environnement http://alencontre.org/europe/italie/italie-vingt-cinq-ans-dilva-le-prix-de-la-privatisation-pour-lemploi-et-lenvironnement.html.
[17] Cf. Franco Turigliatto, PSA/FCA, un mariage qu’il fallait conclure… pour les capitalistes, sur http://alencontre.org/economie/psa-fca-un-mariage-quil-fallait-conclure-pour-les-capitalistes.html. [ndt]
Soyez le premier à commenter