Par rédaction A l’Encontre
Ce mercredi 15 mars, le mouvement de grèves au Royaume-Uni s’étend aux chemins de fer, au métro de Londres, parmi les enseignant·e·s et les médecins (les internes, les médecins en formation). C’est la plus importante journée de grèves qu’ait connue le Royaume-Uni depuis plus d’une décennie. Selon le Trades Union Congress (TUC), plus de 500’000 salarié·e·s devraient participer à ces débrayages. D’un certain point de vue, ce mouvement est proche d’une «grève générale» qui mettrait en question l’ensemble de la législation anti-grève et anti-syndicale. En effet, le TUC, étant donné cette législation, ne peut pas appeler – indépendamment de son intention – à une «grève générale». Il faut avoir à l’esprit que la législation en vigueur empêche des salarié·e·s, individuellement, qui ne sont pas protégés par une décision officielle de leur syndicat – qui implique une procédure de consultation des salarié·e·s fortement encadrée – de se joindre légalement à une grève.
Une manifestation commune est appelée à Londres en début d’après-midi du 15 mars. Après les débrayages qui ont commencé en début de journée, elle est appelée par le National Education Union (NEU), par les deux syndicats des médecins, le BMA (British Medical Association) et le HCSA (Hospital Consultants and Specialists Association), ainsi que par l’UCU (University and College Union) et le RMT (National Union of Rail, Maritime and Transport Workers) – dont les membres sont en grève dans le métro de Londres, aussi bien les conducteurs que l’ensemble des services, ainsi que dans les gares. A cela s’ajoute le ralliement des employé·e·s de l’administration organisés dans le PCS (Public and Commercial Services Union) et dans Prospect, ainsi que celui des journalistes de la radio BBC locale organisés par le NUJ (National Union of Journalists). Cette journée du 15 mars au même titre que la marche commune mettent en relief la nécessité d’une coordination des multiples initiatives de grève qui occupent la scène socio-politique depuis des mois.
La simultanéité dans le temps de grèves dans différents secteurs révèle l’ampleur du mouvement, mais aussi le manque d’une jonction coordonnée apte à modifier le rapport de force face à un gouvernement conservateur déterminé à diviser et à casser une mobilisation sociale et syndicale qui s’exprime avec un degré d’indépendance par rapport au Parti travailliste, ce qui est une nouvelle donne. Depuis dix ans, l’attitude d’indépendance du RMT indiquait cette tendance dans les rapports entre les syndicats et le Labour.
Au plan local, par le biais des Trades Councils locaux et des comités de grève parfois conjoints, se dessinent la nécessité et le potentiel d’une coordination effective du mouvement de grève. Le 11 mars, la manifestation en soutien aux revendications des salarié·e·s de la santé (National Health Service) et en faveur de la renationalisation et reconstruction du NHS n’a pas eu l’ampleur espérée. En effet, bien que parrainée par divers syndicats, ces derniers n’ont pas mobilisé leurs ressources organisationnelles et matérielles pour en faire un moment social et politique apte à modifier les rapports de force sur un thème qui est au centre de la crise sociale et de l’histoire des conquêtes des salarié·e·s dans le Royaume-Uni.
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Une grève de 24 heures dans le métro de Londres
Par Gwyn Topham
Cette septième grève, en un peu plus d’un an, le 15 mars, afin d’arrêter le métro intervient le jour de la présentation du budget par le chancelier de l’Echiquier Jeremy Hunt, alors qu’un grand nombre de syndicats manifestent contre les politiques menées par le gouvernement qui pourraient de même affecter les retraites des salarié·e·s et entraîner des suppressions d’emplois.
Les membres des syndicats Aslef [syndicat réunissant quelque 20’000 conducteurs de train en Angleterre, Ecosse et Pays de Galles, et aussi du métro de Londres] et RMT (National Union of Rail, Maritime and Transport Workers) feront grève pendant 24 heures dans le cadre d’un conflit portant sur les retraites et les changements prévus dans la dotation en personnel du réseau de métro.
La direction des Transports pour Londres (TfL) a déclaré qu’aucune réduction des pensions n’était prévue. Toutefois, elle a commencé à réviser le régime des retraites comme condition pour passer un accord de financement avec le gouvernement central, après que la pandémie a creusé les finances de la ville de Londres. Les premières annonces concernant ce réexamen sont attendues vendredi 17 mars.
La grève des conducteurs est la première organisée par l’Aslef sur l’ensemble du réseau du métro depuis huit ans. Finn Brennan, responsable de l’Aslef pour le métro de Londres, a déclaré que la grève ne concernait pas les salaires, mais qu’elle visait à garantir que toute modification des conditions de travail et des pensions soit passée en accord avec les syndicats. Cela parce que le gouvernement cherche à faire en sorte que «le personnel comble le trou qu’il a creusé dans le budget de TfL».
Environ 10’000 membres du RMT dans les gares organisent une grève parallèle, la septième dans la capitale en un peu plus d’un an. Le secrétaire général du RMT, Mick Lynch, a exhorté le maire Sadiq Khan [membre du Parti travailliste depuis l’âge de 15 ans, maire depuis 2016 et réélu en 2021] à annuler la révision des pensions et à mettre un terme au gel des recrutements, qui se traduira à terme par une réduction de 600 postes de travail dans les gares.
Mick Lynch a déclaré que Sadiq Khan et TfL étaient devenus «dépendants des accords conclus avec une administration centrale vindicative» et qu’ils devraient «changer de cap et se joindre au RMT pour faire campagne en faveur du financement dont TfL a besoin».
Sadiq Khan a déclaré qu’il avait clairement fait savoir au gouvernement que les termes de l’accord «risquaient de conduire à des actions syndicales, mettant ainsi en péril la reprise économique de Londres».
Les perturbations se poursuivront sur le réseau de métro jusqu’à jeudi matin, date à laquelle une grève nationale du RMT chez les principaux opérateurs ferroviaires affectera également d’autres services ferroviaires à Londres, y compris les tronçons extérieurs de la ligne Elizabeth [une ligne type RER, mise en service en mai 2022, qui traverse Londres d’est en ouest; elle s’étend sur 100 km de Reading – à 60 km à l’ouest du centre de Londres – à l’aéroport Heathrow]. (Article publié par le Guardian, le 15 mars 2023; traduction rédaction A l’Encontre)
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Les grèves suivantes sont annoncées:
• Du 13 au 17 mars, les travailleurs du dépôt d’Amazon à Coventry organisés par le GMB
• Le 16 mars, les travailleurs des principales lignes des Train Operating Companies (RMT)
• Depuis le 20 mars, grève reconductible par les conducteurs de bus: National Express West Midlands (Unite)
• 16-17 mars et 20-22 mars, les salarié·e·s de l’éducation supérieure dans 150 universités (UCU)
• 18 mars, les travailleurs des principales lignes des Train Operating Companies (RMT)
• 30 mars: les travailleurs des principales lignes des Train Operating Companies (RMT)
• 1er avril: les travailleurs des principales lignes des Train Operating Companies (RMT)
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