Perrier dégaze: Nestlé, entreprise qui engrange les bénéfices, décide de licencier dans sa filiale Perrier

20120807-150528.jpg L’entreprise Perrier, à Vergèze (Gard), est avec 1 650 salariés (1 200 de moins en douze ans), la principale boîte du privé dans le département. Elle appartient à Nestlé Waters France (Contrex, Perrier, Vittel, 4 100 personnes), filiale de Nestlé, multinationale qui, avec 57 milliards d’euros de chiffre d’affaires, est largement bénéficiaire. Cela n’a pas empêché Nestlé de concocter pour cette entreprise un plan social de 360 suppressions d’emplois (1 000 à l’horizon 2007). Ce plan accepté par la CFTC et la CFDT a été repoussé par la CGT-Perrier, majoritaire, qui a fait valoir son droit d’opposition. Le patron du géant alimentaire déclarait en janvier 2004, dans Le Monde: « Pour produire un milliard de litres d’eau, je suis obligé, ici, d’avoir 4 800 personnes. Pour produire la même quantité en Italie, je n’en ai que 1 800. Et je parle de l’Europe, pas de la Chine ou de l’Inde. » Cette même direction a annoncé, mercredi 15 septembre, en comité central d’entreprise, la filialisation de Perrier et sa vente, « afin de permettre à chacun de trouver l’autonomie nécessaire au développement de leur programme d’organisation et de productivité » (Midi libre, 16 septembre), ajoutant: « Vous avez refusé 360 départs à la retraite, si nous vendons à des fonds de pension, vous devrez accepter beaucoup plus de licenciements secs. » La CGT, qui n’aurait pas su saisir une solution de moindre mal, serait donc responsable de licenciements décidés pour augmenter la productivité. Cette campagne relayée par la presse économique permet à Sarkozy, qui fustige le « jusqu’au-boutisme » des syndicats, de convoquer Nestlé Waters la semaine prochaine pour débattre de « la sauvegarde de l’emploi industriel ». Pour peu que la CGT fasse preuve d’un peu de souplesse et… accepte les départs anticipés en retraite. Ainsi, en plein débat sur les délocalisations, après l’échec des luttes contre la réforme des retraites ou contre la privatisation d’EDF, le défi est difficile à relever pour les salariés de Perrier face au chantage à l’emploi dont ils sont victimes, comme Bosch à Vénissieux. Selon un secrétaire de la CGT-Perrier, contacté le 12 septembre, soit deux jours avant le conseil central d’entreprise, la réaction des salariés est semblable à ce qui est vécu dans toutes les entreprises subissant les mêmes attaques: « On ne croit pas plus à la vente qu’à la délocalisation. Quant à la filialisation, elle fait partie des choses possibles, on en saura plus le 15 septembre. » Les personnels éprouvent donc un sentiment de lassitude. Rien ne semble prévu en termes d’action. Les salariés attendent les réponses de la direction qui peuvent soit calmer le jeu, soit mettre le feu aux poudres. Selon la CGT, la mobilisation est possible rapidement, « dans les deux semaines qui suivent si la situation l’exige ». Le syndicat CGT aurait même pris des contacts pour se lier au collectif Résistances 2004, formé à Rennes avec STMicroélectronics et Thomson: « Il y a des initiatives à imaginer. Ici nous n’avons rien prévu pour l’immédiat. Cependant, une démarche dans ce sens pourrait aller très vite. » Les salariés demandent de l’aide, d’abord pour contrer la désinformation organisée contre eux. Beaucoup veulent les rendre responsables de la situation. Mais il semblerait que quelques responsables politiques locaux commencent à bouger. Les salariés et les syndicalistes souhaitent un changement réel dans la façon dont les médias relatent leurs actions et décisions. « La présence médiatique est importante durant les manifestations, mais l’information rendue est incomplète », explique la CGT. Lors de la dernière manifestation à Vergèze, « la retransmission a été aussi brève que le succès a été grand. Si nous avions eu moins de succès, on peut être sûr que le reportage aurait eu plus de place dans les journaux ». L’usine Perrier est le plus gros employeur de la région. Tout le monde se pose la même question qui suscite la même angoisse: le groupe Nestlé va-t-il aller jusqu’au démantèlement des usines de Vergèze ? (« Rouge » jeudi 23 septembre 2004)

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PERRIER: Un chantage au plus haut niveau

Après avoir subi les pressions de Sarkozy, de Nestlé, de la presse, voire peut-être de la confédération, la CGT-Perrier a accepté de lever son opposition au « plan social ». Sarkozy a foncé. Contactant directement Nestlé et Bernard Thibault, il annonce lui-même que Nestlé préservera l’entreprise si la CGT accepte le plan social se traduisant par 1 047 départs en préretraites sur 4 100 emplois. Dans le Gard, tout le monde a un voisin, un ami qui travaille à Perrier ou à la verrerie, principales entreprises du département. Beaucoup rappellent que les projets de démantèlement ont commencé avec l’OPA de Nestlé sur Perrier, il y a dix ans: « Il s’agissait avant tout d’éliminer, en l’absorbant, le principal concurrent au développement du marché de l’eau en bouteille. » D’autres insistent sur les liens de M. Girardot, PDG de Nestlé Waters France et ancien directeur de la source de Vergèze: « Il a des amis personnels au gouvernement. » Un retraité, qui avait d’importantes responsabilités syndicales, insiste sur le fait que, contrairement à l’opinion entretenue par les médias, ce n’est pas simplement le plan social qui a été refusé par la CGT, mais un ensemble de mesures, « le projet Globe », qui remettait en cause le statut avancé que les salariés avaient conquis depuis des décennies. Ce projet comprenait l’externalisation de services, la délocalisation du centre administratif à Francfort. Le plan social actuel ne serait qu’un début. Le personnel employé sur ces activités passerait alors sous la responsabilité des entreprises sous-traitantes. Il perdrait son statut et la convention collective Perrier. L’enjeu est donc énorme dans le bras de fer entre Nestlé et la CGT, très majoritaire (55% sur le groupe). Certains ont dit que la CGT, si elle accepte de lever son opposition en échange d’un investissement, « s’en sortira la tête haute ». Mais c’est surtout Sarkozy qui redore son blason dans cette affaire, alors que Nestlé se contente de vagues promesses. La confédération CGT, après avoir mis en garde ses syndicats sur les dangers d’utiliser son droit d’opposition (car cela rejette à la fois ce qui est négatif et ce qui est… positif), n’a lancé aucune campagne nationale, ni sur Perrier, ni sur les licenciements. Son syndicat est donc isolé. Dans la région, des comités de soutien très larges, dans chaque ville ou village, « contre les licenciements dans un groupe qui fait des profits » sont possibles, afin de soutenir la mobilisation. (« Rouge » jeudi 30 septembre 2004)

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La résolution concernant Nestlé et ses salarié·e·s du forum «L’empire Nestlé: Une transnationale, des enjeux de société», organisé le samedi 12 juin 2004 par attac avec la Déclaration de Berne et Greenpeace.

Résolution concernant Nestlé et ses salarié·e·s

Informé·e·s:

De la grève tournante menée depuis plus de deux mois par les salarié·e·s du groupe Perrier-Vittel. Ce mouvement a été déclenché par la décision de la direction du groupe Nestlé Waters France de procéder à plus de 1047 suppressions de postes dans l’ensemble du groupe, en prétendant procéder à des pré-retraites dont la direction ne veut pas communiquer les conditions. Cette décision vise à augmenter la productivité des sites de production. Dans l’usine Perrier-Vittel, la direction a planifié de faire augmenter la production de 850 millions de bouteilles l’an dernier à 1,2 milliard de bouteilles en 2010. Les mesures de suppressions de postes visent donc à produire plus avec moins de salarié·e·s, c’est-à-dire à augmenter la rentabilité des capitaux investis et les bénéfices du groupe, donc, finalement, à opérer un transfert des richesses vers les actionnaires au détriment des salariés. En réponse à ce mouvement, la direction de Nestlé a menacé de vendre la source, puis a procédé aux licenciements des CDD engagé·e·s dans l’usine. Malgré cette répression et ces intimidations, la grève se poursuit aujourd’hui.

De la fermeture annoncée par la direction de Nestlé de l’usine de production de tablettes de chocolat et de café en poudre de Saint-Menet à Marseille, provoquant le licenciement des 480 salarié·e·s de l’entreprise. La fermeture est prévue pour le printemps 2005. Les salarié·e·s ont engagé, ces derniers jours, un mouvement large de protestations contre cette fermeture et la perte de leur emploi, faisant appel à la solidarité des habitants de Marseille et tentant de construire une solidarité concrète avec les autres salarié·e·s du groupe en France et à l’étranger.
Les participant·e·s au Forum l’empire « Nestlé: Une transnationale, des enjeux de société », réuni·e·s à Vevey ce samedi 12 juin 2004

se déclarent pleinement solidaires de la lutte des salarié·e·s de ces deux sites français,
soutiennent politiquement toutes les mesures qui seront décidées et engagées par les salarié·e·s en vue de sauver leurs emplois et d’obtenir satisfaction de leurs revendications.
soutiennent la grande marche pour la défense de l’emploi dans la vallée de l’Huveaunne organisée à Marseille le 26 juin prochain.

Vevey, le 12 juin 2004

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