Belgique. La grève du 15 décembre s’affirme avec force

Begiquegreve14decIl n’était même pas 10h ce matin, que les syndicats tiraient déjà un premier bilan de la journée de grève nationale. «Le mouvement d’aujourd’hui est une réussite», commentait Marie-Hélène Ska, secrétaire générale de la CSC (Confédération des syndicats chrétiens). «Partout où je me rends, je vois une grande détermination. Mais j’observe aussi une frustration croissante: les délégués et les travailleurs ont l’impression de ne pas être entendus. Il est grand temps que cela change.»

Après s’être rendue dans un hôpital à Montigny-le-Tilleul et avoir rendu visite aux grévistes dans le zoning [région aménagée pour des implantations de firmes] de Charleroi, elle s’est rendue à Liège, sur un piquet de grève installé devant l’école Sainte-Véronique.

Marie-Hélène Ska souligne que les grévistes veulent une plus juste répartition des revenus. «J’espère que les responsables politiques donneront des signaux d’inflexion», poursuit-elle. «Signaux que nous ne percevons toujours pas, même si l’idée qu’il faut générer des rentrées nouvelles progresse petit à petit. Mais on ne veut pas du symbolique. On veut relancer l’économie, et donner des signaux positifs pour les jeunes, qui sont trop souvent sans emploi.»

Aux patrons, la secrétaire fédérale de la CSC demande d’arrêter leur dogmatisme et de ne pas seulement parler de concertation sociale, mais de la mettre en œuvre. Elle réclame que le gouvernement fédéral cesse de  «répéter que l’accord de gouvernement est une bible mais prenne en compte la réalité des travailleurs». «Il n’y a jamais eu de grève aussi forte, en front commun, du nord au sud et de l’est à l’ouest. Une grève qui n’est pas corporatiste, mais qui est un signal fort», a-t-elle conclu, avant de se rendre à Eupen, puis de revenir à Bruxelles plus tard dans la journée.

«C’est une répétition du 8 en plus fort», a estimé Philippe Van Muylder, secrétaire général de la FGTB Bruxelles. «Il faudra voir si le gouvernement bouge ou s’il reste sur sa position qui est assez “glaciale”.»     

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Marc Goblet, secrétaire général de la FGTB (Fédération générale du travail de Belgique), était l’invité de Bel RTL ce matin. En ce jour de grève national, il a martelé le message de résistance aux mesures prises par le Gouvernement Michel à l’encontre des travailleurs et des allocataires sociaux.

Militants de la FGTB devant le siège de la N-VA à Bruxelles, siège défendu par la police.
Militants de la FGTB devant le siège de la N-VA à Bruxelles, siège défendu par la police.

Indispensable, cette grève, alors que le groupe de travail des 10 (partenaires sociaux) s’est réuni pour la première fois depuis des mois la semaine dernière? «Quelques pistes ont été esquissées pour relancer la concertation, mais jusqu’à présent, il n’y a pas eu d’ouverture, il faut bien le dire», s’est exclamé Marc Goblet.

Le syndicaliste ne veut pas fermer les portes, surtout pas maintenant, mais il répète qu’il n’y a pas de marge de négociation: «Il y a un préalable, il nous faut une feuille de route qui aborde la formation des salaires, pierre angulaire de la compétitivité, l’aménagement des fonds de carrière, le travail dans la fonction publique et une fiscalité plus juste. Si on peut avoir cette feuille de route, la concertation sera réelle.»

Et sans cela ? Si cette feuille de route reste lettre morte? «Notre objectif n’est pas de faire tomber le gouvernement mais de relancer la concertation. Il faut que nous ayons un premier ministre, un vice-premier ministre et ministre de l’emploi et la N-VA [Alliance néo-flamande] qui soient d’accord sur la suite à donner aux événements, relancer le dialogue, sans quoi ça va être difficile. Or, j’ai plutôt l’impression que Bart de Wever est le véritable premier ministre de ce gouvernement. Si on ne parvient pas à s’entendre, on redéfinira un plan d’action à partir du mois de janvier. La capacité de mobilisation est là.» (Source: le quotidien Le Soir, 15 décembre 2014)

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