Chine. Après la pandémie, les travailleurs et travailleuses sont à nouveau touchés par les inondations

Par China Labour Bulletin

Des dizaines de millions de personnes ont été touchées par les inondations dévastatrices de cette année dans toute la Chine centrale, principalement dans les provinces relativement pauvres du Jiangxi et de l’Anhui, ainsi qu’autour de Wuhan, la région marquée par le départ de l’épidémie de Covid-19 survenue plus tôt dans l’année.

Comme pour la pandémie de Covid-19, ce sont les travailleurs chinois mal payés, en particulier les travailleurs migrants ruraux, qui ont été touchés de manière disproportionnée par les inondations. Jusqu’à présent, les efforts du gouvernement en matière d’aide aux victimes des inondations se sont concentrés sur les grandes villes, laissant souvent les petites villes et les zones rurales se débrouiller seules. Dans la célèbre ville de production de porcelaine de Jingdezhen, par exemple, des centaines d’ateliers, d’usines et de magasins ont été inondés par la crue qui a atteint deux mètres de haut à son apogée.

Une propriétaire d’usine a déclaré au South China Morning Post que son entreprise devrait probablement être fermée pendant un mois entier durant l’opération de nettoyage. Les propriétaires de magasins qui avaient été contraints de fermer pendant environ trois mois durant la pandémie et qui cherchaient désespérément de nouveaux clients pour augmenter leurs revenus ont vu leur stock anéanti par l’inondation.

De nombreux travailleurs migrants se sont précipités vers leur ville d’origine pour participer aux opérations de sauvetage, en raison du manque d’aide gouvernementale dans cette région. Trop souvent, les maisons construites par les travailleurs migrants, après des décennies d’économies sur leurs maigres revenus, ont été gravement endommagées ou détruites par les inondations, sans garantie de remboursement par les assurances.

Pendant ce temps, les travailleurs mal payés qui étaient en première ligne de la lutte contre la pandémie de Covid-19 ont une fois de plus été appelés à l’action. À Leping, près de Jingdezhen, 2000 agents sanitaires ont été déployés pour nettoyer les débris après les inondations et empêcher que les eaux stagnantes ne deviennent un terrain propice aux maladies. Il en a été de même dans le comté de She, dans l’Anhui, où 1600 travailleurs sanitaires ont fait des heures supplémentaires pour nettoyer les ordures et le limon de la rivière qui avait été déversé dans les rues de la ville. Et, faisant à nouveau écho à la pandémie, ce sont surtout des femmes qui ont travaillé en première ligne pour la prévention des inondations et les secours.

Les fonctionnaires des administrations locales et des syndicats ont eux aussi été détournés de leurs tâches habituelles pour se concentrer sur le travail de secours aux victimes des inondations. À Hangzhou, le syndicat municipal a mis en place un programme d’indemnisation des travailleurs qui ont perdu des biens ou ont été blessés pendant les inondations, offrant jusqu’à 20’000 yuans. Mais Hangzhou est l’exception. Très peu de travailleurs ont réellement bénéficié des mesures de secours du gouvernement ou du syndicat, et la pression sur les finances des ménages pour les travailleurs ordinaires se fait déjà sentir.

Les données officielles du gouvernement pour le premier semestre de l’année, publiées par le Bureau national des statistiques, le 16 juillet, montrent qu’en moyenne, le revenu par habitant a diminué de 1,3% en termes réels, tandis que les dépenses par habitant ont chuté de 9,3%. Les chiffres étaient encore plus élevés dans les zones urbaines de Chine, avec des baisses de 2,0% et 11,2% respectivement.

Les chiffres officiels confirment de nombreux témoignages montrant que même pour les cols blancs de la classe moyenne, les revenus ont été réduits, le paiement des salaires a été retardé et le personnel a été licencié ou mis en congé sans solde. Pour les travailleurs migrants faiblement rémunérés, l’impact a été encore plus sévère.

Une enquête récemment publiée suggère qu’au moins 30 à 50 millions de travailleurs migrants ont perdu leur emploi fin mars 2020, et qu’il est probable qu’à la mi-mai, au moins 20 millions d’entre eux n’étaient toujours pas en mesure de reprendre le travail. Ceux qui ont pu trouver du travail ont généralement gagné des salaires plus bas et ont enduré des conditions de travail beaucoup plus précaires. L’enquête a également souligné que seule une très petite minorité de travailleurs migrants sans emploi avait bénéficié d’allocations de chômage ou d’un soutien au revenu.

La résilience des travailleurs chinois face à l’adversité est remarquable. La carte de la grève du China Labour Bulletin indique en effet que les protestations sont à nouveau en hausse, les licenciements et les arriérés de salaires s’accumulant et la patience s’épuisant. (Article publié par le China Labour Bulletin, le 23 juillet 2020; traduction rédaction A l’Encontre)

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