La stratégie de Trump pour réaffirmer la domination américaine (IV)

Par Ashley Smith

La rivalité entre les Etats-Unis et la Chine englobe désormais le monde entier, du Groenland au Panama, en passant par l’Arctique, l’Antarctique et même l’espace (les différends entre la Chine et les Etats-Unis portent sur la présence militaire dans l’espace, entre autres l’armement antisatellite). Ils sont engagés dans une concurrence acharnée dans des théâtres conflictuels clés en Europe, au Moyen-Orient, en Afrique et en Amérique latine.

Escalade de la rivalité mondiale

En Europe, Trump avait espéré conclure un accord avec Vladimir Poutine pour le partage de l’Ukraine, peut-être dans le but de détacher la Russie de son alliance avec la Chine. Mais sa proposition a été rejetée par Moscou, qui semble déterminé à annexer autant de territoire que possible, quel qu’en soit le coût en vies humaines pour la Russie et l’Ukraine. [Un élément de constat devrait ressortir après la réunion bilatérale qui se tient à Anchorage, Alaska, ce 15 août – réd.]

La Chine reste attachée à son «amitié sans limites» avec la Russie, soutenant son économie contre le régime de sanctions. De son côté, Kiev est opposé à la partition de son pays, a refusé tout accord sans garanties de sécurité. L’Ukraine continue de défendre sa souveraineté face à l’agression incessante de la Russie et a réussi à lancer une attaque de drones en juin 2025 contre la flotte de chasseurs-bombardiers de Moscou.

Mais Trump a remporté quelques victoires, notamment en faisant pression sur ses alliés de l’OTAN pour qu’ils augmentent leurs dépenses de défense à hauteur de 5% de leur PIB et se réarment à un rythme effrayant [les pays de l’UE, par exemple, accroissent leurs achats d’armement aux grands groupes des Etats-Unis, ce qui est sous-jacent à l’objectif des 5% des Trump – réd.]. En conséquence, l’Ukraine continuera d’être une source de conflit interimpérialiste autour d’une lutte de libération nationale qui pourrait dégénérer en une guerre impliquant plusieurs grandes puissances.

Au Moyen-Orient, les Etats-Unis étaient jusqu’à présent l’hégémon incontesté, mais la Chine est une puissance montante. Comme Pékin dépend du pétrole et du gaz naturel de la région pour son énergie et son industrie pétrochimique, elle a établi des relations politiques et économiques avec tous les acteurs de la région, de l’Iran aux Etats du Golfe en passant par Israël.

Biden et maintenant Trump ont utilisé la guerre génocidaire d’Israël pour réaffirmer la puissance des Etats-Unis dans la région et affaiblir le soi-disant «axe de la résistance», décimant le Hezbollah, affaiblissant l’Iran et concluant des accords avec les rebelles qui ont renversé la dictature syrienne. Trump espérait consolider la domination états-unienne grâce à une «solution finale» à Gaza, à des accords économiques avec les Etats arabes, à l’extension des accords d’Abraham visant à normaliser leurs relations avec Israël et à un nouveau pacte nucléaire avec l’Iran, afin de pouvoir donner la priorité à la Chine.

Cependant, une résistance palestinienne demeure. De plus, l’adhésion des masses arabes de la région à la «cause palestinienne» et leur opposition à la normalisation impliquent leur hostilité à leurs dirigeants qui vivent dans le luxe alors qu’elles sombrent dans la pauvreté. Lorsque les négociations sur le nucléaire avec l’Iran ont achoppé, Israël a saisi l’occasion pour lancer une guerre éclair (le 13 juin), non seulement contre les installations nucléaires de Téhéran, mais aussi contre ses dirigeants, son armée et ses scientifiques.

Trump a alors décidé de soutenir l’attaque et a largué (les 21-22 juin) plusieurs des plus grosses bombes conventionnelles de l’armée américaine, les Massive Ordnance Penetrator (GBU-57), afin de détruire les installations nucléaires iraniennes, notamment celle de Fordow, enfouie profondément sous une montagne. Trump a toutefois limité son action à une attaque ponctuelle, au lieu de tenter un changement de régime, qui aurait entraîné Trump dans une guerre gigantesque et sapé le soutien de sa base MAGA isolationniste.

Trump s’est maintenant engagé à reprendre les négociations avec l’Iran, dans l’espoir de parvenir à un accord sur son programme nucléaire. Reste à voir si le régime iranien, divisé entre ceux qui veulent fabriquer une bombe et ceux qui préfèrent un accord, acceptera de mettre fin à son programme selon les conditions imposées par les Etats-Unis.

Si les Etats-Unis semblent avoir remporté des victoires majeures, la région reste le théâtre de conflits interétatiques et de résistances populaires. La Chine, qui est restée les bras croisés pendant que son allié iranien était malmené, profitera de tout revers subi par les Etats-Unis pour faire avancer ses propres intérêts dans la région, garantissant ainsi que les conflits interétatiques et les rébellions internes seront l’occasion d’une lutte entre les deux protagonistes impérialistes pour disposer l’un ou l’autre d’une position avantageuse.

L’Amérique latine est une autre zone de compétition croissante. Alors que les Etats-Unis ont été l’hégémon régional, la Chine a utilisé son initiative «Belt and Road» (Nouvelle route de la soie) pour devenir un investisseur majeur dans la région et le premier partenaire commercial de l’Amérique du Sud. Cela lui a permis d’attirer dans son orbite des puissances moyennes comme le Brésil grâce à l’alliance BRICS.

Les Etats-Unis ont réagi en réaffirmant leur puissance face à l’influence de Pékin. Trump a utilisé l’accusation selon laquelle la Chine contrôle secrètement le canal de Panama pour menacer de l’annexer, et a augmenté les droits de douane sur les pays qui dépendent des exportations vers le marché américain afin d’imposer les diktats de Washington. [Un consortium mené par BlackRock, le fonds d’investissement américain, a «repris» les actifs de la société hongkongaise Hutchinson, ce qui implique le contrôle sur deux ports placés sur le canal de Panama. – Réd.]

Les deux puissances sont également engagées dans rien de moins qu’une nouvelle ruée vers l’Afrique. La Chine est devenue le plus grand investisseur du continent, en se concentrant sur l’exploitation minière, en particulier des minéraux rares. Trump a réagi en utilisant les investissements, les droits de douane et la pression géopolitique pour intimider les Etats afin qu’ils se tournent vers les Etats-Unis.

Par exemple, lors des négociations de paix entre le Rwanda et le Congo, il a fait pression sur le Congo pour qu’il autorise les Etats-Unis à extraire des minéraux rares, au détriment de la Chine. Ce n’est là qu’un exemple parmi tant d’autres des conflits par procuration qui opposent Washington et Pékin en Afrique. Ceux-ci vont s’intensifier à mesure que la Chine cherchera à étendre son monopole extractiviste sur les terres rares et que les Etats-Unis chercheront à le briser.

Les points chauds de la lutte pour l’hégémonie en Asie

Cependant, la région la plus exposée aux conflits entre les Etats-Unis et la Chine est de loin l’Asie. Plusieurs points chauds pourraient déclencher une guerre malgré l’intention déclarée des deux pays de l’éviter.

Les Etats-Unis et la Chine se sont déjà engagés dans une guerre par quasi-proxy au Cachemire, Pékin soutenant le Pakistan et Washington soutenant l’Inde. Les deux grandes puissances ont soigneusement analysé les capacités de leurs avions, missiles et systèmes de défense respectifs.

La situation est encore plus inquiétante entre la Corée du Sud et la Corée du Nord. Les Etats-Unis, qui maintiennent d’importantes bases en Corée du Sud, ont tenté de bloquer tout accord de paix avec le Nord, de faire pression sur Séoul pour qu’il augmente ses dépenses militaires et conclue un pacte militaire avec le Japon contre la Chine. Cela ne fera qu’antagoniser Pyongyang et Pékin, exacerbant un conflit impliquant trois puissances nucléaires.

Le bras de fer entre la Chine et les Philippines au sujet des îles disputées en mer de Chine méridionale est tout aussi inquiétant. Trump a établi des relations amicales avec le nouveau gouvernement philippin de Ferdinand «Bong Bong» Marcos, le fils du dictateur notoire, et a envoyé Pete Hegseth les 21 juillet dans ce pays pour sa première mission diplomatique en Asie.

Hesgeth a promis de maintenir «l’alliance indéfectible» de Washington avec les Philippines «face à l’agression de la Chine communiste dans la région». Il a déclaré l’intention des Etats-Unis d’augmenter leur aide militaire, d’organiser davantage d’opérations conjointes et de prépositionner du matériel militaire états-unien pour des opérations dans la région Asie-Pacifique.

Le conflit le plus important et le plus explosif concerne Taïwan. Comme indiqué ci-dessus, les enjeux ne sont pas seulement géopolitiques, mais aussi économiques, en raison de l’industrie avancée de Taipei dans le domaine des puces électroniques [sur lequel Taïwan Semiconductor Manufacturing Company-TSMC dispose d’une position internationale dominante – réd.]. Xi [en mai 2024] a ordonné à son armée de se préparer à annexer le pays d’ici 2027, tandis que les Etats-Unis ont fait de la défense de l’île leur priorité absolue.

En conséquence, le conflit impérial et régional s’intensifie dans toute la région Asie-Pacifique, les Etats s’armant jusqu’aux dents.

Contre le nationalisme impérialiste

Dans cette conjoncture inquiétante, la gauche doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour empêcher que la rivalité interimpérialiste ne déclenche une nouvelle guerre mondiale. Aux Etats-Unis, notre première tâche est de nous opposer à notre propre Etat impérialiste, qui reste la puissance la plus dangereuse au monde.

Le lieu principal pour construire l’opposition est la large résistance au régime Trump. Le mouvement émergent comprend un large éventail de forces, allant d’ONG explicitement pro-Parti démocrate comme Indivisible [qui a pris forme en 2016], au mouvement de solidarité avec la Palestine, en passant par les syndicats regroupés autour de May Day Strong [coalition syndicale lancée en 2025 avec une première échéance le 1er mai]. La gauche doit plaider en faveur d’un mouvement indépendant de la classe laborieuse qui s’oppose à toutes les attaques de Trump visant à diviser et à régner sur les opprimé·e·s et qui s’oppose à l’impérialisme américain sous toutes ses formes – économique, géopolitique et militaire.

Nous devons avancer plusieurs arguments essentiels. La résistance doit s’opposer au chant des sirènes nationaliste et protectionniste de Trump et à ses attaques xénophobes contre les étudiants et chercheurs chinois aux Etats-Unis et les travailleurs chinois en Chine continentale, qu’il présente comme une menace. Sean O’Brien, du syndicat des camionneurs Teamsters, et Shawn Fain, du syndicat des travailleurs de l’automobile United Autoworkers, ont tous deux succombé à cette tentation en exprimant leur soutien aux droits de douane comme moyen de sauver des emplois.

Trump, un magnat de l’immobilier corrompu qui a tenu le rôle principal dans une émission de téléréalité dont le slogan était «You are fired» («Vous êtes viré»), se fiche des travailleurs et travailleuses. De plus, contrairement à ce qu’affirment les responsables syndicaux, la grande majorité des pertes d’emplois n’ont pas été causées par la mondialisation, mais par le fait que les entreprises ont imposé une production allégée et la délocalisation des usines au sein des Etats-Unis, du nord syndiqué vers le sud non syndiqué.

Blâmer la mondialisation permet aux patrons de s’en tirer à bon compte. Cela sème également des divisions racistes et anti-immigrés au sein de la classe laborieuse multiraciale et plurinationale des Etats-Unis, ainsi qu’entre les travailleurs et travailleuses des Etats-Unis et ceux d’autres pays, en particulier la Chine. Une telle attitude perturbera la solidarité nécessaire pour s’organiser contre le système capitaliste internationalisé de production, de transport et de vente.

Le nationalisme économique a eu des conséquences mortelles dans les années 1980, lorsque deux ouvriers automobiles licenciés, qui attribuaient leur chômage au Japon, ont tué un Américain d’origine chinoise, Vincent Chin, qu’ils avaient pris pour un Japonais. Il peut avoir des conséquences tout aussi mortelles aujourd’hui, Trump prenant pour cible les étudiants et chercheurs chinois et attisant le racisme anti-chinois et anti-asiatique en général.

Pire encore, le sectarisme nationaliste lie la classe ouvrière à l’impérialisme américain. Trump et les démocrates exploiteront cette allégeance pour nous pousser à accepter l’austérité afin de financer l’augmentation des budgets de l’ICE (United States Immigration and Customs Enforcement) et de l’armée, ainsi que pour tuer et mourir afin de préserver la domination des Etats-Unis sur la Chine et leurs autres rivaux, et non pour améliorer la vie des masses laborieuses.

Dans le même temps, nous devons nous opposer à la défense par les démocrates de l’ordre néolibéral actuel de mondialisation du libre-échange. Celui-ci a servi de véhicule à l’hégémonie impérialiste états-unienne sur le capitalisme mondial, au détriment des travailleurs et travailleuses contraints de se livrer à une course effrénée vers le bas pour le profit de nos dirigeants.

L’ennemi de mon ennemi n’est pas mon ami

Nous devons également nous opposer à ceux qui, à gauche, soutiennent les rivaux de Washington, comme la Chine ou la Russie, en les présentant comme une sorte d’alternative. Ils n’en sont pas une. Ce sont des Etats capitalistes et impérialistes. Pékin a prouvé sa nature prédatrice et brutale au Xinjiang et à Hong Kong, tandis que Moscou a fait de même en Ukraine.

L’ordre multipolaire auquel aspirent les rivaux de Washington n’est pas non plus une alternative. Bien sûr, l’unipolarité – l’hégémonie sans rivale de l’impérialisme américain – était épouvantable, comme l’a prouvé l’Irak, mais un ordre multipolaire de puissances impérialistes rivales ne sera pas meilleur et pourrait être bien plus meurtrier. Rappelons que le dernier ordre multipolaire s’est soldé par deux guerres mondiales.

Lorsque certaines fractions de la dite gauche soutiennent l’Etat chinois ou russe, elles trahissent inévitablement la solidarité internationale avec la lutte de libération des nations et des peuples opprimés par ces Etats et avec les travailleurs et travailleuses qu’ils exploitent. A leurs yeux, ces luttes menacent Pékin et Moscou et leur capacité à tenir tête aux Etats-Unis. Elles troquent l’internationalisme de la classe ouvrière contre le nationalisme des grandes puissances.

Pire encore, présenter ces Etats comme une sorte d’alternative ne fera que discréditer la gauche aux yeux de la plupart des salarié·e·s. Personne ne veut vivre dans des Etats policiers comme ceux de Chine et de Russie, tout comme personne ne veut vivre sous le régime de plus en plus autoritaire de Trump, ici, aux Etats-Unis.

Pour un anti-impérialisme internationaliste

L’alternative à l’impasse du nationalisme des grandes puissances est l’internationalisme. Il se présente sous deux formes. L’une d’elles, courante, qui semble à première vue attrayante et réaliste, est l’internationalisme par le haut. Souvent défendu par les pacifistes et les réformistes, il prône la coopération internationale entre rivaux impérialistes comme voie vers la coopération et la paix.

Au début du XXe siècle, Karl Kautsky a fait miroiter la promesse d’une telle «internationale dorée», mais ces espoirs ont été anéantis par la Première Guerre mondiale. Aujourd’hui, les militants de gauche tournés vers le Parti démocrate espèrent convaincre ou élire ses dirigeants afin qu’ils mènent une politique de collaboration entre grandes puissances.

Cette stratégie n’a pas plus de chances de réussir aujourd’hui qu’à l’époque de Kautsky. Pourquoi? Parce qu’elle ne comprend pas que les rivalités interimpérialistes ne sont pas le simple produit de la politique gouvernementale, mais de la concurrence intercapitaliste qui pousse les grandes puissances à s’affronter pour le partage du marché mondial.

De plus, le véhicule choisi pour réaliser ce fantasme de coopération, le Parti démocrate, s’est montré imperméable à l’influence de la gauche. N’oublions pas que malgré les tentatives de la gauche d’utiliser les démocrates à des fins anti-impérialistes, ce sont eux qui ont déclenché la plupart des guerres du XXe siècle, de la Première Guerre mondiale au génocide israélien à Gaza. Et, même si les démocrates ont pu grogner contre des guerres comme celle de l’Irak lancée par les républicains, ils les ont quand même soutenues, votant les budgets militaires nécessaires à leur conduite.

Au contraire, nous avons besoin d’un internationalisme anti-impérialiste venant d’en bas. Cela implique de s’opposer avant tout à notre propre Etat impérialiste, les Etats-Unis, sous toutes ses formes, de ses politiques économiques (qu’elles soient protectionnistes ou libérales) à ses intimidations géopolitiques et ses guerres.

Les partenaires impérialistes de Washington, tels que l’Union européenne, la Grande-Bretagne, le Canada, le Japon et l’Australie, n’offrent aucune option progressiste, comme le prouve leur histoire de colonialisme, de conquête et d’exploitation économique. Aujourd’hui, dans un contexte de décomposition de l’hégémonie américaine, ils ne recherchent que leur propre avantage capitaliste.

Dans le même temps, nous ne devons pas nous faire d’illusions sur les rivaux impérialistes des Etats-Unis, en premier lieu la Chine. Nous devons nous opposer à Pékin et défendre le droit à l’autodétermination des nations comme Taïwan et des minorités nationales comme les Ouïghours que Pékin opprime. Et, tout aussi important, nous devons nous opposer à l’utilisation cynique par Washington de ces luttes nationales et populaires à des fins impérialistes.

Les travailleurs contre la rivalité et la guerre

Notre projet principal doit être de construire la solidarité internationale entre les classes laborieuses de toutes les puissances impériales et régionales ainsi que des nations opprimées. Cela est aujourd’hui plus possible que jamais. La mondialisation a lié le destin des travailleurs et travailleuses du monde entier.

Cela n’est nulle part plus évident qu’aux Etats-Unis, au Canada et au Mexique, où la régionalisation de la production et les migrations ont lié le destin de la classe laborieuse du nord des Etats-Unis. Soit nous restons unis, soit nous serons divisés et vaincus séparément.

Il en va de même pour les travailleurs et travailleuses des Etats-Unis, de Chine et de Taïwan qui sont reliés entre eux par les chaînes mondiales de production, d’approvisionnement et de distribution. Par exemple, Apple conçoit ses produits en Californie, sous-traite leur fabrication à Foxconn, une entreprise taïwanaise, qui emploie à son tour des travailleurs et travailleuses migrants chinois pour fabriquer des iPhones et d’autres appareils en Chine, lesquels sont ensuite expédiés par les travailleurs de FedEx (entreprise de logistique mondialisée) aux Etats-Unis pour être vendus soit directement aux clients, soit par les employés des magasins de détail.

Ainsi, même dans le cas de Taïwan, le point chaud le plus dangereux au monde dans la rivalité entre les Etats-Unis et la Chine, la classe laborieuse internationale partage des intérêts communs contre les trois classes dirigeantes qui collaborent pour nous exploiter.

Compte tenu de notre pouvoir de mettre fin à leur système, nous avons le potentiel de nous unir et de nous opposer à leur rivalité et à leur dérive vers la guerre. La manière la plus importante dont le mouvement ouvrier peut y parvenir aujourd’hui est de s’opposer à la chasse aux sorcières menée par Trump contre les étudiants internationaux, les étudiants diplômés et les scientifiques chinois. Cela est essentiel pour construire une unité de lutte au sein de la classe laborieuse des Etats-Unis, dans laquelle les étudiants chinois de troisième cycle jouent un rôle important dans l’organisation des syndicats dans l’enseignement supérieur.

Si le mouvement ouvrier peut s’unir contre la sinophobie ici aux Etats-Unis, cela enverrait un signal fort aux travailleurs chinois que les travailleurs d’ici sont leurs alliés naturels. Et les étudiants internationaux, les étudiants diplômés et les scientifiques chinois peuvent aider à établir des liens au-delà des frontières, rendant ainsi concrète la solidarité internationale.

Nous avons la possibilité de forger une telle unité au milieu des luttes provoquées par la crise mondiale du capitalisme, l’autoritarisme croissant de nos dirigeants et les mesures d’austérité qu’ils nous imposent à tous. Au cours des quinze dernières années, nous avons assisté à une vague sans précédent de luttes de masse partout dans le monde, y compris aux Etats-Unis avec Occupy (2011), Black Lives Matter, la révolte des enseignants des Etats rouges et le mouvement de solidarité avec la Palestine.

Des luttes analogues ont éclaté en Chine. Les travailleurs migrants se sont mis en grève, les Hongkongais ont organisé un soulèvement démocratique de masse et le peuple chinois s’est soulevé dans des manifestations et des grèves massives contre les mesures brutales de confinement imposées par le régime pour lutter contre le Covid.

La rivalité entre Washington et Pékin provoquera encore plus de luttes ouvrières. La guerre de classe brutale menée par Trump dans son pays pour transférer la richesse des salariés vers les milliardaires et la machine de guerre du Pentagone a déjà déclenché une résistance nationale.

De même, Xi fera payer la classe ouvrière chinoise pour défier les Etats-Unis, la forçant, selon les termes d’un responsable lors du dernier mandat de Trump, à traverser la guerre commerciale «en mangeant de l’herbe pendant un an». Une telle austérité attisera les luttes en Chine.

Au milieu de la résistance dans les deux pays, notre tâche est de trouver tous les moyens possibles pour relier nos luttes communes. Nous pouvons et devons mettre en avant le slogan de Marx et Engels: «Prolétaires de tous les pays, unissez-vous… Les prolétaires n’ont rien à perdre que leurs chaînes». Aujourd’hui, ce n’est pas un slogan utopique, mais une possibilité réaliste et même une nécessité. (Fin de l’article publié sur le site Tempest le 24 juillet 2025;  traduction rédaction A l’Encontre)

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