Etats-Unis. Une nouvelle route s’ouvre devant le Parti Vert

Jill Stein et Ajamu Baraka à Houston le 6 août 2016
Jill Stein et Ajamu Baraka à Houston le 6 août 2016

Par Charles Holm et Chase Newton

Le Parti Vert a tenu sa convention nationale du 4 au 7 août à Houston, où le Dr Jill Stein et Ajamu Baraka ont été désignés comme candidats du parti à la présidence et la vice-présidence des Etats-Unis [voir aussi l’article publié sur ce site en date du 9 août 2016: «En novembre 2016, voter pour qui, dans quel contexte et quelle perspective»].

• Bien que Jill Stein n’ait été qu’une des nombreuses candidates à cette nomination, elle avait été la candidate du Parti Vert à la présidence aux élections de 2012 quand elle avait obtenu 470’000 voix. Elle était de loin la favorite à être désignée à nouveau. Elle et les Verts ont déjà réussi à attirer une attention nationale dans la couverture par les médias de la campagne pour les élections présidentielles, d’autant plus après que la campagne de Bernie Sanders comme outsider pour la nomination démocrate a tourné court et que ses millions de partisans reconsidèrent leur choix en novembre.

Pour des raisons évidentes, la campagne de Jill Stein pour la présidence a occupé le devant de la scène à la convention de Houston, mais cette convention a vu d’autres développements réjouissants pour le Parti Vert.

• L’énergie et l’enthousiasme amenés dans la convention par des partisans de Bernie Sanders se sentaient dans la convention. On estime que plus de 100, voire plus, se sont inscrits après la convention démocrate de la fin juillet qui a désigné Hillary Clinton. Ils ont fait le voyage de Houston pour assister à la convention des Verts. Un membre de toujours du Parti Vert a déclaré que cette année: «c’était la convention des Verts la plus grande et la plus jeune».

La convention a aussi vu le vote d’un amendement à la plateforme du parti faisant des Verts pour la première fois un parti explicitement anticapitaliste ainsi que l’apport de mouvements comme Black Lives Matter qui a mis au centre la question de la suprématie blanche et de la lutte contre le racisme.

• Dans son discours de la soirée d’ouverture de la convention, YahNé Ndgo a souligné la signification que les anciens partisans de Bernie Sanders apportent au Parti Vert énergie et perspective nouvelles.

Ndgo, écrivaine, chanteuse et mère de Philadelphie, s’est fait connaître nationalement quand elle a été interviewée sur CNN pour parler du sentiment «Bernie ou Rien» (Bernie or Bust) parmi les partisans de Bernie Sanders.

A Houston, elle a raconté comment après s’être considérée comme une électrice démocrate durant près de 20 ans, elle ne va désormais plus rester «loyale à un seul parti». En tant que femme noire, Ndgo expliqua que le Parti démocrate considère son vote comme acquis.

La campagne Sanders, a-t-elle dit, a inspiré des gens comme elle à participer à un mouvement contre l’inégalité, mais elle a réalisé après la convention démocrate qu’un tel mouvement ne viendrait pas de l’intérieur du Parti démocrate. Elle pose la question: «Vous avez un parti plein de milliardaires qui essaient de trouver des solutions à la pauvreté? Comment vont-ils faire cela?»

• De tels sentiments venant d’anciens partisans de Bernie Sanders se sont exprimés tout au long de la convention. Tina Michel, une résidente de l’agglomération du grand Houston et partisane de longue date des démocrates, déclara «qu’elle regrettait Bernie», mais qu’il était «temps d’aller de l’avant. J’en ai marre de voter pour le moindre de deux maux.»

Les membres du Parti Vert à travers le pays ont vu que leur organisation a connu une contribution propre au soutien et à l’intérêt d’anciens partisans de Bernie Sanders. Shane Heyden, un délégué de Seattle, a dit que les réunions du Parti Vert «ont passé d’une ou deux personnes à près de 30» après la convention démocrate; ce qui indique que des anciens partisans de Bernie Sanders sont prêts à appuyer une alternative à la politique du moindre mal.

Pareillement, Charles Ostdiek, un délégué de Omaha (Nebraska), a décrit «un grand afflux de volontaires et de membres» provenant des partisans de Bernie Sanders qui voulaient être sûrs que Jill Stein aurait accès à l’élection dans le Nebraska. Grâce à ces volontaires, a affirmé Ostdiek, les Verts ont pu déposer trois fois plus que le nombre exigé de signatures pour que Jill Stein soit inscrite dans cet Etat.

• Beaucoup de membres du Parti Vert ont également célébré la convention de cette année pour avoir adopté l’amendement 835 à la plateforme du parti qui rend cette plateforme explicitement anticapitaliste en remplaçant le vieux langage proposant «un capitalisme responsable de participants impliqués» (stakeholders) par un texte qui revendique «un système économique alternatif» basé sur «la démocratie à la place de travail et dans la communauté».

Ursula Rozum, coprésidente des Jeunes Verts et secrétaire du Parti Vert à New York, a dit que l’amendement avait été parrainé par les Partis Verts et assemblées de plusieurs Etats et reflétait la réalité «que vous ne pouvez pas avoir une économie verte basée sur l’exploitation».

Rozum a dit que plusieurs développements ont rendu possible le vote de cet amendement. D’une part, la campagne de Bernie Sanders a placé le «socialisme» dans le débat dominant. D’autre part, cela a probablement fait changer d’opinion certains dirigeants du parti qui auparavant craignaient qu’une position franchement anticapitaliste marginaliserait le parti.

Mais de manière plus importante, a dit Rozum, la participation de membres du Parti Vert dans des coalitions comme System Change Not Climate Change (Changement de système et non pas Changement climatique) a contribué à renforcer la confiance et la volonté politique parmi les membres de base des Verts afin d’appuyer cet amendement.

Un autre jeune à la convention a confirmé le sentiment que le socialisme était et devait figurer à l’agenda politique des Verts.

«En tant que jeune travailleur, parent, et gay, je suis très enthousiasmé que la Parti Vert des Etats-Unis est aujourd’hui le plus grand parti anticapitaliste dans le pays», a dit Sean Friend, un délégué du Colorado. «Les Verts ont toujours été pour la justice économique dans nos valeurs de base. Cela le rend explicite et nous permet de construire des coalitions parmi la gauche.»

• En général, les participants jeunes à la convention n’ont pas seulement exprimé leur appui au socialisme comme l’alternative qui vaut la peine qu’on lutte pour elle, mais ont apporté un flux important d’énergie et d’enthousiasme aux débats de la convention. Bien que nombreux d’entre eux soient nouveaux dans le parti – l’assemblée des Jeunes Verts ne s’est constituée qu’en 2012. Cela est prometteur.

Rozum a déclaré que pour construire sur le succès de cette convention, les Jeunes Verts allaient prioriser la formation politique de cette nouvelle couche de militants et de membres afin de les préparer pour occuper des postes de direction dans le parti, pour réussir dans les futures campagnes électorales, et pour continuer de construire le parti en travaillant avec la gauche plus largement.

Il est permis d’espérer que la convention du Parti Vert pourra aider l’organisation à renforcer les activités de la campagne pour Jill Stein dans ces élections qui verront la candidate Verte être la principale alternative de gauche indépendante des Démocrates. Comme YahNé Ndgo l’a dit dans son discours d’ouverture: «Tout ce que nous pouvons imaginer est possible… Nous devons penser stratégiquement pour gagner!» (Article publié par socialistworker.org le 9 août 2016; traduction A l’Encontre)

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