Venezuela. Le processus bolivarien en temps de crise

Diosdado Cabello – en fait le numéro un portant le numéro deux sur le maillot du régime –, Nicolas Maduro et sa femme. Mercredi 16 décembre, le président sortant de l’Assemblée nationale, le «capitaine» Diosdado Cabello, a défendu la création d’un «Parlement communal», un organe parallèle qui siégera dans une salle voisine de l’Hémicycle. Selon lui: «Le Parlement communal est une subversion pacifique contre un parlement bourgeois, Ils croient qu’ils vont gouverner sur les décombres de notre patrie, mais ils ne vont ni gouverner ni voir ces ruines.»
Diosdado Cabello – en fait le numéro un portant le numéro deux sur
le maillot du régime –, Nicolas Maduro et sa femme. Mercredi 16 décembre, le président sortant de l’Assemblée nationale, le «capitaine» Diosdado Cabello, a défendu la création d’un «Parlement communal», un organe parallèle qui siégera dans une salle voisine de l’Hémicycle. Selon lui: «Le Parlement communal est une subversion pacifique
contre un parlement bourgeois, Ils croient qu’ils vont gouverner sur
les décombres de notre patrie, mais ils ne vont ni gouverner ni voir
ces ruines.»

Par Marea Socialista

L’éditorial numéro 11 de l’Equipo Operativo Nacional de Marea Socialista est parvenu à notre rédaction. Ce courant politique – qui était entré dans le Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV) et en est sorti en mai 2015, suite à un sévère «étouffement», prévisible, exercé par les sommets d’un PSUV où les militaires ont plus que leur mot à dire – y développe son appréciation sur ce qui s’est produit le 6 décembre ainsi que sur les perspectives dudit processus bolivarien. Ce document participe du débat organisé par la Coordinación Nacional de Marea Socialista, samedi 12 décembre, avec la participation de dirigeants des «Equipos Promotores» de l’ensemble du pays. En voici le texte dans son entier. Une réflexion critique qui vient de loin. (Réd. A l’Encontre)

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1° Introduction

Le 6 décembre 2015 [élections législatives] a été l’expression électorale d’un processus bien plus profond et plus ample. Un processus social et politique de rupture, dont le peuple bolivarien, chaviste et tout le peuple qui vit de son travail est l’acteur. Ce processus ne s’est pas arrêté avec les élections, bien au contraire: il prend actuellement son essor. Le vote sanction, l’abstention punitive et le vote nul n’ont été que l’instrument à la marge d’un processus souterrain, un processus qui a émergé à la surface et qui a pris la forme du «bouleversement» électoral [MUD, 65,27% des suffrages et 109 députés; PSUV, 32,93% et 55 députés; Re Indigena: 1,80 et 3 députés, sur un total de 167].

La MUD [Mesa de la Unidad Democratica, la coalition de droite qui a remporté les élections] tend à considérer que le résultat des élections législatives est un triomphe de son «modèle», elle fera directement face à ce mouvement social en gestation. Si la tête du gouvernement et le PSUV [Parti socialiste unifié du Venezuela] refuse d’interpréter ce qui s’est passé pour ce qu’il est: une expression de colère, de rage populaire, de rejet d’une direction arrogante, considérée comme la principale responsable des pénuries qui affectent le peuple vivant de son travail. Si elle maintient cette approche, elle prépare sa fin politique.

Une lecture correcte de ce qui s’est passé et de ce qui se passe dans le pays est indispensable pour éviter de jeter de l’essence sur le feu d’une crise sociale et économique qui pourrait se transformer en crise humanitaire. Une crise qui, entrant dans un scénario politique d’incertitude, s’approche avec force de l’éclatement. Jusqu’à maintenant elle a trouvé une voie de décompression grâce à la soupape électorale. En revanche, si on ne trouve pas de solution aux graves problèmes qui affectent le pays, si l’on entend aggraver la situation jusqu’au point de la transformer en conflit ouvert entre les pouvoirs institutionnels, si les deux directions politiques continuent de se diriger vers l’affrontement, nous entrerons sur un terrain très dangereux, un champ miné.

Le peuple a parlé. Il a dit bien plus de choses que ce qu’expriment les résultats électoraux. Il a affirmé qu’il rompait avec la discipline aveugle, imposée. Qu’il rejetait le clientélisme, la corruption et l’arrogance. Qu’il souhaite des solutions à la crise et non des menaces. Qu’il ne supporterait plus les mensonges et la manipulation. Le peuple a parlé, annonçant qu’il veut des solutions, participer et être un acteur.

2° Que se passe-t-il au sein du chavisme?

La nuit du 6 décembre, toutes les digues construites sur les mensonges ont été débordées. Les huit millions d’inscrits dans les 1×10 comandados par le maire [de Libertador, district fédéral de Caracas] Jorge Rodríguez se sont révélés n’être que cinq millions et demi devant la froide réalité du CNE [le Conseil national électoral].

Les 98 députés du PSUV-GPP [Gran Polo Patriótico Simón Bolívar] de 2010 sont passés à 55. L’effondrement électoral a été général dans l’ensemble du pays. Même là où le PSUV a gagné, il a perdu plusieurs dizaines de milliers de suffrages. Lors de ces élections de décembre 2015, plus de trois millions de chavistes qui, en avril 2013, ont élu président Nicolás Maduro se sont opposés, ont voté nul [le nombre de votes nuls est estimé à 1,5 million] ou se sont abstenus.

En outre, depuis plus d’une semaine, sur le seul moyen de presse qui n’est pas domestiqué par le chavisme, le site Aporrea.org, on pouvait lire des dizaines d’articles d’opinion appelant la direction à reconnaître ses responsabilités. Plusieurs dizaines d’autres articles, signalant les causes de la défaite, s’accordent à rendre responsable le gouvernement de la crise économique. Ou bien soulignent son incapacité à remporter la «guerre économique». Des dizaines d’autres ont demandé la démission ou le renvoi de tous les ministres et dirigeants du parti. D’autres encore exigent que l’on mette un terme à la corruption et que des mesures soient prises pour répondre à la crise. Enfin, certains rejettent la bureaucratie et réclament un progrès dans la mise en œuvre d’une nouvelle forme de gouvernement.

Marea socialista, «écarté» de l’élection des délégués du PSUV pour son troisième Congrès de 2014, réclame un audit public…
Marea Socialista, «écarté» de l’élection des délégués du PSUV pour son troisième Congrès de 2014, réclame un audit public…

Ce débat ne s’est cependant pas limité aux articles d’opinion puisqu’il s’est étendu avec force au sein de la base populaire. On compte par dizaines les assemblées, rencontres, réunions et discussions qui se déroulent entre les militant·e·s du processus bolivarien, dans l’ensemble du pays. Au-delà de son caractère spontané ou dirigé, on y entend la musique de la critique qui, après avoir été mise sous silence et pourchassée par le parti et le gouvernement, se fraie un chemin. On y interroge l’inefficacité, la corruption, les maltraitances. On y rejette la manière de diriger le parti et de choisir les candidats. On y dénonce la fuite des suffrages que provoque la candidature de dirigeants et de hauts fonctionnaires, on y exige des audits, des mesures contre la crise et un changement du modèle productif. On revendique une participation élargie du peuple, plus de démocratie et un rôle actif. On y dénonce la complicité des organismes de contrôle de l’Etat dans l’infâme inflation [entre autres des biens alimentaires] et les pénuries.

Les directions, engagées dans leurs conflits de factions au pouvoir, le couteau entre les dents, n’arrivent toujours pas à comprendre ce qui se passe au sein du chavisme profond. Ils parlent d’un pouvoir populaire dans lequel ils ne croient pas. Ils poursuivent leur politique clientéliste et brandissent des menaces. Ils continuent de croire que l’on peut tout manipuler depuis les sommets. Ils ne parviennent pas à identifier ce qui se passe réellement, parce qu’ils sont incapables de le faire.

Au sein du chavisme de base, autant dans celui qui exprima un vote sanction ou d’abstention comme parmi celui qui continue à soutenir le PSUV-GPP, souvent en se pinçant le nez, les vannes d’une rébellion contre les directions qui ont échoué se sont ouvertes.

3° Les dangers à brève échéance

A l’inertie propre d’une crise économique aux caractéristiques inédites pour le pays, avec un prix du pétrole au plus bas depuis une décennie, s’ajoute l’impact politique du nouveau scénario institutionnel qui a surgi de ces élections. Cette dynamique d’affrontement au sommet pour le contrôle total de l’Etat rentier, accélérera la profondeur de la détérioration du niveau de vie des populations les plus exposées, le peuple qui vit de son travail. La situation atteindra des niveaux intolérables.

Si, dans ce contexte, l’irresponsabilité des sommets conduit à des aventures. La césure entre la direction et la base du processus sera irréversible. Ces groupes dirigeants remettront [à l’opposition], sur un plateau d’argent, non seulement le résultat d’une élection, mais l’ensemble du processus.

De même que nous nous opposerons à toute tentative de la droite d’utiliser le nouveau rapport de forces au sein de l’Assemblée nationale pour s’en prendre aux droits acquis par le peuple, en violation de la Constitution; nous n’approuverons en aucune mesure qu’après avoir lancé un appel démagogique au «Pouvoir populaire», que nous défendons, on entende imposer un parallélisme artificiel, fonctionnel aux intérêts de la bureaucratie, lequel aggravera encore plus la crise grave que nous traversons. [Cette perspective a été confirmée par le président de l’Assemblée, Diosdado Cabllo, qui a affirmé la création d’un «pouvoir communal» parallèle qui «traduirait directement la volonté des bases»]

Marea socialista à l’époque de ses «fiançailles» avec le PSUV
Marea Socialista à l’époque de ses «fiançailles» avec le PSUV

Au sein de l’espace bolivarien, parmi ses bases et ses cadres véritablement préoccupés par le déroulement des événements, il est important de comprendre: qu’il y a, pour l’instant, un changement des rapports de forces; que la direction du parti et le gouvernement ont conduit le «processus» dans une impasse où il a reçu un coup dur; que, sans être mis en échec de manière définitive, dominent aujourd’hui la confusion et la nécessité de débattre d’un plan d’action qui aboutisse à un nettoyage complet des directions corrompues et autoritaires; que face à l’échec de l’actuelle direction, on s’oriente vers la reconstruction d’une direction alternative.

Il est indispensable de cesser la propagande vide. La fausse polarisation. Il est temps de revenir à la politique. Développer des initiatives de lutte qui ont un rapport avec les problèmes réels du peuple laborieux et qui permettent de gagner en force afin de limiter la crise et de renverser la situation présente.

4° Un front de lutte qui arrache aux directions un engagement pour affronter la crise. Cinq mesures urgentes

La cause principale à l’origine de ces résultats électoraux et du processus sous-jacent qui les a alimentés, réside dans l’incapacité flagrante, démontrée par le gouvernement, de résoudre la crise économique qui affecte le peuple travailleur, les masses populaires. La détérioration du niveau de vie de la population est alarmante. Elle menace de s’approfondir. Mais ce n’est pas cette préoccupation qui occupe l’esprit des directions politiques. Tandis que le gouvernement annonce que, cette fois-ci, la révolution économique se fera. Et alors que depuis la MUD se prépare à une attaque graduelle et masquée des conquêtes obtenues par le processus qui sont encore en vigueur, la crise détériore jour après jour la qualité de vie de nos gens.

Pour affronter la crise, nous appelons tous les mouvements sociaux, syndicats, mouvements de travailleurs, conseils communaux, «organisation» du pouvoir populaire, Comunas réellement existantes, organisations culturelles et de jeunesse, à construire un Front Uni de Lutte pour mettre sur pied un plan d’action qui arrache aux directions un engagement politique, dont la réalisation doit être contrôlée par la société, avec pour objectif l’application d’un programme d’urgence minimum pour limiter la crise. A notre avis, ce Front Uni de Lutte devrait exiger les cinq éléments suivants.

a) Limiter le pillage de la nation. Pour un audit public et citoyen

Divers acteurs du processus bolivarien ont démontré le pillage dont souffre la nation. L’ampleur de l’escroquerie met en cause un ensemble de hauts fonctionnaires de l’Etat, ainsi que d’importants entrepreneurs et banquiers. Sans que soit prise une décision tranchante en la matière, il devient impossible de mettre fin à cette pratique et trouver un point d’appui pour dépasser ce type de crise.

Cabello et sa femme, ministre du tourisme!
Cabello et sa femme, ministre du tourisme!

L’une des pratiques les plus communes de ces malversations réside dans le mécanisme de surfacturation des importations et d’entreprises factices importatrices [qui accumulent des dollars à un taux préférentiels]. Nous proposons comme première étape de cet audit public, avec participation citoyenne, une enquête immédiate des 100 firmes les plus importantes qui ont reçu des dollars lorsque était en vigueur le contrôle des changes. Afin de déterminer l’ensemble des responsabilités.

Un autre audit urgent: celui des revenus et la destination des dollars tirés de la vente du pétrole. Ainsi que sur la gestion économico-financière de PDVSA [l’entreprise étatique d’extraction pétrolière].

L’ampleur du vol, rendu public, donne froid dans le dos. Cela n’a jamais été démenti par les autorités. Au contraire, elles l’ont souvent acceptée. De son côté, la direction de l’opposition parle également de corruption mais, bien sûr, sans fournir de données ni de preuves. Nous pouvons considérer qu’elle relève d’une conduite commune qui s’ajuste à un schéma mafieux d’accumulation de capital.

Raison pour laquelle, en ce qui concerne les entreprises qui, ainsi que nous le proposons, doivent être soumises à enquête, il importe d’appliquer le principe juridique d’inversion de la charge de la preuve, lequel se fonde sur la présomption de culpabilité et oblige l’entreprise soumise à l’enquête à prouver son innocence. Le même principe doit être appliqué aux fonctionnaires de haut niveau, responsables de l’assignation de ces devises.

b) Impunité zéro pour la grande corruption

En parallèle des affaires obscures des banques et des entreprises, il est incontestable que des fonctionnaires du plus haut niveau du gouvernement sont impliqués dans les vols, les malversations Rafael Isea [ancien ministre des finances, gouverneur d’Arangua et, pour quelques mois en 2013, président de la banque de l’ALBA, accusé d’avoir détourné plusieurs millions de fonds publics], Alejandro Andrade [ancien garde du corps de Chavez, à la tête de diverses administrations publiques et banques, mis en cause par la publication des listes Falciani de la banque HSBC à Genève]… à peine deux noms qui mettent à nu l’infâme corruption qui saigne les ressources du pays.

Fonctionnaires du gouvernement, dont les preuves de leur corruption sont apparues après qu’ils ont abandonné le pays et joui de ce dont ils ont volé. Manifestement, cela suppose l’existence d’un accord de complicité et d’impunité, générant ainsi une matrice qui alimente, encourage et stimule les pratiques criminelles. Nous devons exiger une enquête immédiate de tous les fonctionnaires à la tête de charges importantes dans le domaine financier afin d’éviter ces fuites. Enquêter leurs biens, comptes, leurs fiduciaires, investissements, etc. ainsi que ceux de leur famille et amis proches. Les sanctions doivent être exemplaires.

c) Garantir la fourniture d’aliments et de médicaments

L’engagement national que nous exigeons des directions et en faveur duquel nous appelons à la lutte, doit avoir comme point prioritaire la fourniture de biens essentiels. Actuellement, le ravitaillement d’aliments et de médicaments doit être considéré comme la priorité numéro une, c’est-à-dire que cette composante du plan d’urgence doit primer sur le paiement de la dette externe ainsi que sur le reste des investissements de l’Etat comme FONDEN [Fondo Nacional para el Desarrollo Nacional] et des Accords internationaux. Cet engagement national doit être assumé publiquement par toutes les forces politiques ayant des élus, sous contrôle strict citoyen et social.

d) Un salaire qui correspond au coût du «panier de base», article 91 de la Constitution de la République bolivarienne du Venezuela [1]

Les habitants de San Felix, dans l'Etat de Bolivar, pille un supermarché... en août 2015, suite à la permanence de pénuries extrêmes
Les habitants de San Felix, dans l’Etat de Bolivar, pille un supermarché… en août 2015, suite à la permanence de pénuries extrêmes

Nous revendiquons en premier lieu que les institutions qui sont responsables de présenter les statistiques nationales se conforment à la Constitution et qu’elles publient à nouveau les indicateurs de notre économie [les données sur l’inflation, par exemple, ne sont plus publiées]. Aucun pays ne peut élaborer une réponse à une crise aussi grave en dissimulant les véritables chiffres.

Nous savons, comme l’indiquent de nombreuses sources officieuses en provenance de la Banque centrale du Venezuela, que l’inflation atteindra cette année 220% et que ce chiffre sera dépassé l’année prochaine. Des enquêtes particulières démontrent que le panier alimentaire approchait en octobre dernier les 70’000 bolivars vénézuéliens forts (Bs. F), alors que le salaire minimum intégral atteint à peine 15’000 Bs. F.

Au sein des familles laborieuses, cette situation est devenue insupportable. Par conséquent, l’un des points centraux de la lutte à laquelle nous appelons est de revendiquer qu’en partant d’une égalisation du salaire minimum avec le panier alimentaire, débute le chemin qui aboutira à un établissement d’un salaire minimum égal au panier de base, ainsi qu’y oblige l’article 91 de la Constitution.

e) Ferme défense des droits et des garanties démocratiques, sociales, politiques et économiques établies par la Constitution

Les chambres du commerce et les députés élus par l’opposition font entendre des messages inquiétants quant à une modification de droits acquis, tels que la LOTTT [Ley Orgánica del Trabajo, los Trabajadores y las Trabajadoras, en vigueur depuis 2012]. Il en va de même des sommets du gouvernement, dont les pratiques antidémocratiques et autoritaires menacent et violent, de fait, ces mêmes conquêtes, droits et garanties établis par notre Constitution.

Le Front Uni de Lutte que nous proposons doit également arracher un engagement minimum des directions en ce qui concerne l’ensemble de ces droits et garanties. Un élément fondamental est celui des droits démocratiques: liberté d’expression, de circulation, de réunion, d’organisation sociale et politique.

Il est impératif de garantir l’interdiction des détentions et des sanctions, de même en ce qui concerne la répression de prétendus délits d’opinion ainsi que pour motifs politiques. Sans que cela implique une impunité des crimes contre le peuple et le patrimoine public ainsi que pour tout ce qui relève des délits de lèse humanité. Les institutions policières et de renseignement qui ont obtenu une autonomie répugnante face aux habitant·e·s, qui les effrayent et les poursuivent, en dehors de la loi, doivent être placées sous contrôle public.

Ces mesures sont urgentes. Nous ne faisons pas confiance aux sommets – qui sont enfermés dans leur tendance à se disputer des éléments pouvoir afin de maintenir ou de conquérir les privilèges que leur offre l’Etat rentier ainsi que leurs amis – pour les concéder et les appliquer et les réaliser. C’est pour cela que notre appel consiste à lutter de manière unitaire pour les arracher, les surveiller et les conserver.

Il est, en outre, nécessaire d’ouvrir et d’approfondir, là où il a lieu, un grand débat national sur le modèle productif. Celui-ci ne peut rester uniquement aux mains des dirigeants ou desdits experts. Il faut mettre en œuvre tous les mécanismes constitutionnels ainsi que les instances de participation qui font partie de la tradition de notre peuple, afin de réaliser un tel débat.

Les différentes propositions qui surgissent de ce débat doivent être soumises à un référendum afin que le peuple, qui participe et qui discute également, décide sur l’ensemble de ces thèmes.

5° Il est temps de bâtir une alternative politique

L’effondrement électoral du PSUV-GPP démontre l’inutilité du sectarisme, liquide le mythe de l’infaillibilité des appareils et vide de substance l’exigence des sommets d’une fausse unité qui fonctionne sans démocratie, sans critique ni débat, sous les ordres des chefs qui ne se trompent jamais. Le mépris envers l’action créatrice du peuple dans ses activités démocratiques est l’une des raisons qui figure à l’origine de cet effondrement.

La bataille, en août 2015, de Marea Socialista pour être présente lors les élections de décembre 2015
La bataille, en août 2015, de Marea Socialista pour être présente lors les élections de décembre 2015

La volonté d’interdire ou d’exclure de représentation politique des courants du processus comme Marea Socialista a un seul nom: l’autoritarisme. Des courants de pensée et de propositions existent au sein de notre peuple. Que cela plaise ou non aux directions.

Pour cela, malgré les persécutions, la répression et les menaces ainsi que la violence exercée contre nos camarades, Marea Socialista a obtenu dans cette lutte inégale son droit à exister. Il l’exercera sans aucun doute. Nous ne nous rendons pas, nous ne trahissons pas nos idées et nous ne nous vendons pas.

Nous nous préparons actuellement à réaliser la décision de notre première conférence nationale ouverte réalisée à Parque Central, Caracas, en juillet 2014. Nous nous dirigeons vers un nouveau pas de notre processus constituant vers la fin du premier trimestre de l’année 2016, ce qui implique la tenue de dizaines d’assemblées constituantes régionales, au niveau de l’Etat, des municipalités et des quartiers ainsi qu’une grande Assemblée constituante nationale de Marea Socialista.

Nous savons que nous ne sommes pas seuls… Nous connaissons nos faiblesses et limites… Nous avons testé notre propre force et nous sommes conscients que nous devrons affronter de nombreuses épreuves. Mais c’est parce que nous en sommes convaincus que nous faisons partie de ce processus émergeant qui parcourt aujourd’hui le peuple vénézuélien qui vit de son travail: nous lançons un appel à parcourir ensemble ce chemin en direction de personnalités, de dirigeants, de collectifs et de groupes qui aspirent à construire, de concert, une alternative politique, autonome de la bureaucratie et du capital (Publié le 18 décembre 2015 sur le site mareasocialista.com.ve. Traduction A L’Encontre)

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[1] Article 91 de la Constitution: «tout travailleur ou travailleuse a droit à un salaire suffisant qui lui permette de vive dignement et de couvrir pour lui et sa famille les nécessités matérielles fondamentales, sociales et intellectuelles. Le principe d’un salaire égal pour un travail égal est garanti et la participation qui doit correspondre aux travailleurs et travailleuses aux bénéfices de l’entreprise sera déterminée. Le salaire ne peut être saisi et sera payé régulièrement et en temps voulu en monnaie au cours légal, à l’exception de l’obligation alimentaire, conformément à la loi. L’Etat garantira aux travailleurs et travailleuses du secteur public et privé un salaire minimum vital qui sera ajusté annuellement, en prenant en compte comme l’une des références le coût du panier de base. La loi établira la forme et la procédure.» (Rédaction A l’Encontre) 

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