C’est dans un contexte de crise sanitaire mondiale aiguë que les millions de travailleuses et de travailleurs s’apprêtent à commémorer la journée mondiale de la lutte des travailleurs. C’est pour la première fois dans l’histoire moderne que nous n’allons pas exprimer massivement notre colère dans la rue contre le système capitaliste qui continue à nous exploiter, à provoquer des guerres interminables et à polluer notre écosystème.
Ce même système capitalise, dans sa phase néolibérale, a cassé nos systèmes de santé par ses politiques d’austérité et de marchandisation du monde. Depuis des décennies, le grand capital a imposé à nos gouvernements de réduire drastiquement les budgets alloués aux services publics.
En ce moment crucial, des millions de travailleurs et travailleuses ont été licencié·e·s ou mis·e·s au chômage partiel avec perte de salaire. Des contrats précaires et temporaires n’ont pas été renouvelés. Des millions d’indépendants qui n’ont pas le statut de salarié se sont retrouvés sans activité et sans revenu.
En Algérie où l’allocation chômage n’existe pas, les travailleurs et travailleuses subissent aussi le même sort: des millions de personnes sont en ce moment sans emploi et d’autres sont forcées de prendre des congés sans solde. Si on en croit les statistiques officielles, quelque 3,5 millions de salarié·e·s devraient être touché·e·s par cette mise en congé exceptionnelle auxquels il faut ajouter quelque 2 millions d’indépendants, c’est-à-dire les journaliers, les artisans, les commerçants, les coiffeurs et autres petits métiers dont l’activité est tout simplement suspendue.
Avec la misérable allocation d’«aide exceptionnelle» de l’ordre dix mille dinars (70 euros) proposée par le gouvernement aux millions d’indépendants chefs de famille qui ont suspendu leurs activités et sont restés sans revenus pendant toute la durée de la prévention, on a une idée de la compensation que l’Etat compte apporter aux victimes sociales de cette crise sanitaire.
Du côté du FCE (Forum des chefs d’entreprise), la question des rémunérations est secondaire devant le risque de faillite. Des plans dits «sociaux» sont déjà en cours d’élaboration, comme c’est le cas à l’usine de montage TMC appartenant au richissime Tahkout. Le patronat ne veut pas contribuer pour faire à face la crise, il continue à envoyer les salarié·e·s à travailler sans protection efficace et dans des secteurs non essentiels. D’autres, sans scrupule, se sont investis dans le caritatif pour redorer leur blason et se repositionner politiquement à l’échelle locale et nationale. De la charité faite avec de l’argent du peuple et défalqué de l’impôt annuel.
Non au confinement de nos libertés démocratiques et de nos acquis sociaux!
La crise sanitaire en cours a été une autre occasion pour le régime de montrer son agressivité vis-à-vis du peuple en lutte. Sous couvert de confinement et de lutte contre la pandémie, le pouvoir s’attaque à nos droits démocratiques et à nos libertés. En effet, des arrestations sont enregistrées dans diverses wilayas et plusieurs condamnations prononcées par la justice, des sites électroniques sont censurés et des amendements liberticides du code pénal adoptés. Le pouvoir a profité de ce confinement pour accentuer la répression et imposer son agenda politique au peuple qui lutte pour la reconquête de sa souveraineté.
Pour le PST (Parti socialiste des travailleurs), cette dérive autoritaire a un seul objectif: mettre un terme à la formidable mobilisation populaire qui s’est généralisée dans toutes les régions, et poursuivre les politiques économiques libérales au profit des patrons, des oligarques et des multinationales. Ces mêmes politiques libérales qui ont produit un désastre social, dont le chômage massif et chronique des jeunes, la généralisation de la précarité de l’emploi ainsi que l’effondrement des salaires et du pouvoir d’achat n’en sont que les conséquences les plus criantes.
Construisons notre mouvement ouvrier unitaire et indépendant!
A l’occasion de ce 1er Mai, le PST réitère son appel à promouvoir toutes les pistes et toutes les possibilités pouvant réunir en une seule force de frappe les énergies combatives au niveau syndical pour réaliser l’indispensable unité d’action. Face à cette guerre sociale rampante, le PST appelle aussi à s’atteler à la construction d’un mouvement ouvrier unitaire et indépendant pouvant réaliser un nouveau pôle politique et une convergence démocratique, anti-libérale et anti-impérialiste!
Face à ces multiples remises en cause de nos acquis, nous devons reconstruire notre Hirak populaire sur une base démocratique, sociale et combative. Les masses populaires devront s’auto-organiser solidement et construire avec les travailleurs/travailleuses et les étudiant·e·s un front de lutte sociale et politique sur une vaste échelle. Une organisation à la hauteur du défi que le virus du profit capitaliste lance aux masses populaires du monde dont l’Algérie est un des chaînons faibles.
- Pour la défense des libertés démocratiques: libertés d’expression, d’organisation et de manifestation!
- Pour le respect des libertés syndicales et le droit de grève!
- Pour la défense du pouvoir d’achat!
- Pour la défense de l’emploi! Non à la précarité et à l’austérité!
- Pour la défense du secteur public! Non au bradage des richesses nationales!
- Pour l’indépendance de classe et vive l’unité internationale des travailleurs!
- Vive la lutte des peuples pour leur souveraineté et contre l’impérialisme!
Secrétariat national du PST, Alger le 1er mai 2020
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