Algérie, 32e mardi: «Les étudiants entretiennent la flamme»

Par Madjid Makedhi

La foule des étudiants, rejoints comme d’habitude par des citoyens et des enseignants universitaires, a fait vibrer la capitale, placée sous haute surveillance policière qui s’est contentée cette fois-ci de l’encadrement de la marche. 

Les étudiants refusent à nouveau le «fait accompli» du régime en place. «Pas d’élection, le rendez-vous n’aura pas lieu et advienne que pourra!», lancent les milliers d’étudiant·e·s qui ont participé à la 32e marche d’appui au mouvement populaire, réclamant le départ du système en place, organisée hier à Alger.

Toujours déterminée à poursuivre la lutte pour une «Algérie démocratique, loin de toute tutelle des gardiens du système en place depuis l’indépendance du pays», la communauté universitaire était, en effet, au rendez-vous hier pour faire passer son message aux tenants du pouvoir.

Un message qui consiste à rejeter l’agenda électoral du régime qui s’affaire à préparer le scrutin présidentiel du 12 décembre prochain. La foule des étudiants, rejoints comme d’habitude par des citoyens et des enseignants universitaires, a fait vibrer la capitale, placée sous haute surveillance policière qui s’est contentée cette fois-ci de l’encadrement de la marche.

La procession des manifestants s’est ébranlée à partir la place des Martyrs, peu avant 11h, pour sillonner plusieurs rues et boulevards de la capitale, avant de prendre fin vers 13h devant la Grande-Poste. Brandissant des banderoles et des pancartes portant des slogans phares du hirak, les marcheurs, dont les rangs grossissaient à mesure que la marche avançait vers Alger-Centre, expriment leur «rejet d’un 5e mandat en préparation sans le président déchu, Abdelaziz Bouteflika».

«Makench El Khamsa ya Boualita!» (Pas de 5e mandat) et «Pas d’élections avec les bandes», lancent-ils, en adressant aussi des réponses aux «mouches électroniques qui pullulent sur les réseaux sociaux et qui mènent une véritable contre-révolution en tentant de diviser le mouvement populaire». «Esma3i y a doubaba, hakda wessani Baba, ma nvotich 3la el 3issaba!» (Ecoute bien espèce de mouche électronique, je ne vote pas pour la bande), affirment-ils.

«Pour une Algérie libre et démocratique»

Les manifestant·e·s font le serment aussi de faire échouer le rendez-vous du 12 décembre prochain, comme ce fut le cas pour les précédents (la présidentielle du 18 avril et celle du 4 juillet derniers).

Ils s’en prennent ainsi au chef de l’Etat intérimaire, Abdelkader Bensalah, et aux décideurs de l’armée, dont son premier responsable, Ahmed Gaïd Salah, en leur demandant de partir. «Hada echaab la yourid houkm el 3askar men djadid» (Ce peuple ne veut pas d’un retour au pouvoir militaire), «Daoula madania, machi 3askaria» (Pour un Etat civil et non militaire) et «Indépendance!», clament-ils.

Les manifestants renouvellent aussi leurs aspirations à une «Algérie libre et démocratique». Toujours collés à l’actualité, les étudiants adressent aussi des messages aux services de sécurité pour les exhorter à cesser le harcèlement du mouvement populaire. «Surveillez Tliba [vice-président de l’Assemblée nationale] (annoncé en fuite), pas les talaba (les étudiants)», demandent-ils, en passant devant une file de policiers postés devant le commissariat central, situé au boulevard Amirouche.

Ils n’ont pas également oublié les détenus d’opinion et les prisonniers politiques, dont ils exigent la libération inconditionnelle. «Ettalqou wladna, ma ba3ouche la cocaïne!» (Libérez nos enfants, ils ne sont pas des vendeurs de cocaïne) et «Karim Tabbou, echaab ihabou!» (Karim Tabbou – Union démocratique et sociale – est aimé par le peuple), clament-ils. (Article publié dans El Watan, le 2 octobre 2019)

 

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