Etat espagnol. Izquierda anticapitalista [IA] deviendra une «association» de Podemos

Teresa Rodriguez
Teresa Rodriguez

Par Miguel Muñoz

Podemos est en plein dans une campagne pour adapter ses structures municipales (en prévision des élections municipales, le 24 mai 2015). Ce qui n’empêche pas de réfléchir déjà aux processus qui vont se dérouler dans les régions autonomes (au nombre de 17). Jeudi 18 décembre, l’eurodéputée Teresa Rodriguez a annoncé publiquement dans un communiqué son intention de postuler à un poste de direction dans Podemos en Andalousie. Jusqu’à maintenant, le fait d’être militante de IA (Izquierda anticapitalista) l’a empêchée de pouvoir briguer un poste dans les organes à ce niveau à cause de l’interdiction du double militantisme qui figure dans le «document éthique» rédigé par Pablo Iglesias [le dirigeant médiatique de Podemos dont l’autorité à quelques similitudes, au-delà du «modernisme» internet, à celui d’un secrétaire général d’un PC de la belle époque – Réd.] . Cette situation pourrait bientôt changer puisqu’une des propositions fermes pour le Congrès organisé à la mi-janvier par IA est de modifier son statut juridique et de se transformer en association.

La direction de la IA a déjà mis cette question à l’ordre du jour, même si elle doit encore être débattue et approuvée par les militants lors de Congrès, qui aura lieu les 17 et 18 janvier. C’est ce que confirme Raul Camargo, porte-parole et membre de la direction en parlant au journaliste decuartopoder.es: «Nous voulons nous transformer en un mouvement pour nous adapter au cadre organisationnel qui a été approuvé à Podemos, tout en restant regroupés» explique-t-il. La forme juridique serait celle d’une association, dont il faudra encore définir les détails concrets, et il est proposé de l’appeler Anticapitalistas.

«Nous prenons cette décision parce que nous estimons que le contexte politique que nous connaissons actuellement nous y pousse», ajoute Camargo. Il estime que son parti doit participer à la fondation de Podemos et note qu’il est son référent politique [donc d’IA]. «Nous devons continuer à y [à Podemos] participer loyalement, comme nous l’avons toujours fait. Même si nous ne partageons pas le choix d’interdire le double militantisme, nous pensons que les tâches que nous nous fixons restent liées à la participation a Podemos et que nous devons la faciliter et montrer à tout le monde que nous voulons continuer à travailler et à construire ce mouvement depuis en bas comme nous l’avons fait depuis le début», explique-t-il.

De son côté, Jaime Pastor, un des membres fondateurs de IA bien qu’il ne fasse pas partie de sa direction, explique au journaliste de cuartopoder.es qu’il existe à son avis une «volonté majoritaire de travailler de manière constructive à l’intérieur de Podemos». En tout cas, il affirme que le débat sera «tranquille».

«Il faudra voir comment seront formulés les statuts, mais l’idée est de montrer clairement que nous ne prétendons pas être un parti ayant une vocation électorale, et qu’il s’agit plutôt de s’adapter à cette réalité qui a fait surgir un nouveau type de parti comme Podemos. Nous avons participé à sa fondation et à sa construction et il s’agira d’y travailler loyalement sans pour autant renoncer à notre propre identité.»

Des soutiens pour l’eurodéputée

Le processus constituant pour la configuration des organes des régions autonomes de Podemos débutera officiellement le 7 janvier 2015 avec la présentation des candidatures au Secrétariat général et aux Conseils citoyens. La condition fondamentale est que les candidats présentent un projet politico-organisationnel pour l’organisation dans la Comunidad Autonoma (Communauté autonome). Cette phase durera jusqu’au 25 janvier, date qui coïncide avec la tenue du Congrès de IA. La campagne électorale se déroulera du 26 janvier au 8 février et les résultats des élections seront connus le 14 février, après les votations.

Lola Sanchez, eurodéputée
Lola Sanchez, eurodéputée

Une question qui est dans l’air c’est de savoir de quel soutien disposera la candidature de Teresa Rodriguez [membre d’IA et arrivée au deuxième rang dans les élections européennes]. En effet, compte tenu des divergences exprimées par l’eurodéputée ainsi que par Pablo Echenique [eurodéputé] ou Lola Sanchez (eurodéputée de Podemos) au sujet de l’Assemblée citoyenne Si se puede, on peut douter que l’équipe de Iglesias va avaliser sa proposition.

Des sources proches de Claro que Podemos ont expliqué à cuartopoder.es que ce thème n’avait pas encore été abordé dans le noyau de la direction de l’Etat. Néanmoins Pablo Iglesias a lancé un tweet hier après-midi (le 20 décembre) indiquant qu’il «demandait à Rodriguez et à Sergio Pascual (membre de l’équipe et du Conseil citoyen) d’explorer ensemble la possibilité de construire la candidature la plus solide possible pour l’Andalousie». Cela tendrait à indiquer que Claro que Podemos va chercher le consensus plutôt que de concurrencer directement l’eurodéputée (Teresa Rodriguez qui dispose d’une forte audience en Andalousie).

A ce sujet, Jaime Pastor explique: «J’espère qu’on peut compter sur une attitude ouverte de la part du secteur majoritaire de Iglesias, qu’il reconnaîtra qu’elle [Rodriguez] peut compter sur un plus large soutien que toute autre personne qui pourrait postuler avec son appui.» Dans ce sens il ajoute qu’elle «cherchera l’accord le plus large possible pour que soit promue une candidature d’une équipe qui soit plurielle». C’est ce qu’affirmait Rodriguez elle-même dans le texte remis aux médias. «L’intention est de lancer un processus qui soit le plus participatif et le plus inclusif possible. Des intellectuels, la société civile organisée par Podemos et les organismes de bases de Podemos: voilà la formule pour gagner l’Andalousie», expliquait-elle.

Les camarades militants de Rodriguez n’hésitent pas à qualifier de bonne nouvelle le pas en avant de l’actuelle eurodéputée. Miguel Urban, militant de IA, numéro sept dans les primaires en vue des élections européennes et une des cartes de visite de la formation explique IA affirme: «D’après ce que je sais, elle serait la meilleure candidate de Podemos pour l’Andalousie». En ce qui concerne ses appréciations concernant le soutien avec lequel elle pourra compter de la part de Iglesias, Urban ne se mouille pas et répond qu’il «espère qu’elle obtiendra le plus large soutien des inscrits en Andalousie, car ce sont eux qui vont déterminer qui est la secrétaire générale et – dans une certaine mesure – qui va disputer la région à Susana Diaz» [membre du PSOE et présidente de la Junte d’Andalousie depuis septembre 2013]. Il faut rappeler que les élections dans la Communauté autonome (dans cette région) ne sont pas prévues avant 2016, raison pour laquelle la période est plus calme que dans d’autres territoires [les régions autonomes incluent des provinces].

Par ailleurs, les membres de cette formation [IA] espèrent contribuer au débat de manière constructive sur différentes questions. Une des plus évidentes est le programme économique. «Le programme des élections européennes nous paraissait adéquat et a donné de bons résultats», a affirmé Camargo. Pour le porte-parole de IA, le document de Torres et Navarro [proposition de programme gouvernemental de Podemos] est «une proposition». «Nous pensons qu’il devrait y avoir d’autres contributions pour qu’il y ait un débat et que des décisions puissent être prises» ajoute-t-il.

Pastor, pour sa part, se réfère au fait que dans le Cercle d’économie de Podemos ils peuvent défendre des positions aux côtés de celles de ces économistes et d’autres, par exemple de Daniel Alabarracin, qui est aussi économiste et militant de IA. «Dans Podemos nous ne voulons pas apparaître comme une fraction organisée et disciplinée, nous voulons plutôt avoir un fonctionnement ouvert, nous montrer prêts aux mélanges, aux accords avec d’autres secteurs en fonction des questions débattues», a conclu Jaime Pastor. (Traduction A l’Encontre; article publié dans Cuartopoder, le 21 décembre 2014. Miguel Muñoz a été durant trois ans – après des études universitaires et de nombreux engagements journalistiques dans l’Etat espagnol et en dehors – un des auteurs du Rapport annuel de la profession des journalistes que publie l’Association de la presse de Madrid.)

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*