Communiqué de la Ligue de la gauche ouvrière
Nous publions ci-dessous le communiqué, datant du mercredi 6 février 2013, portant sur l’assassinat de Chokri Belaïd, le mercredi matin. Une véritable exécution: trois balles tirées à bout portant. De suite une foule a accompagné l’ambulance et a crié sa colère.Les manifestants se sont arrêtés symboliquement, avenue Bourguiba, devant le ministère de l’Intérieur, symbole de répression pour les opposants au régime. Ils-elles scandaient les mots d’ordre : «Le peuple veut la chute du régime!», «Le peuple veut une révolution de nouveau», «Ennahda tortionnaire du peuple».
Dans son communiqué, l’UGTT (Union générale tunisienne du travail) a lancé un appel à la grève générale nationale pour le vendredi 8 février 2013, jour des funérailles de Chokri Belaïd. Les principales revendications sont : 1° demande faite au gouvernement d’assurer la sécurité; 2° dissolution des «ligues de protection de la révolution»; 3° l’arrestation des criminels. La journée du 6 février sera désormais une journée nationale contre la violence politique. L’enterrement de Chokri Belaïd aura lieu le vendredi 8 février 2013 à midi. (Rédaction A l’Encontre)
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A bas le gouvernement des assassinats!
La main traîtresse et obscurantiste a sévi ce matin (6 février 2013) pour assassiner le militant et dirigeant de gauche, le camarade Chokri Belaïd, secrétaire général du Parti des patriotes démocrates unifié et un des dirigeants du Front populaire [voir à ce sujet, sur ce site, l’article en date du 11 octobre 2012 : http://alencontre.org/moyenorient/tunisie/tunisie-naissance-dun-pole-le-front-populaire.html]. Cet assassinat fait suite à l’avertissement donné par Chokri Belaïd avec sa haute voix et son audace révolutionnaire de la gravité de la situation politique et de l’escalade de la violence politique dans laquelle d’aucuns savent clairement l’implication du mouvement Ennahda [le parti islamiste au pouvoir] et ses lâches sbires, ses milices terroristes et ses dirigeants criminels. Situation marquée par l’agitation politique et l’excommunication à travers les chaires des mosquées, les médias, les réunions des partis et les déclarations politiques contre tous les opposants, et notamment contre les dirigeants du Front populaire avec toutes ses composantes.
Que ce crime soit planifié par les criminels salafistes ou par les milices dites «ligues de protection de la révolution», il représente un message clair pour terrifier le peuple et l’ensemble de l’opposition radicale, capable encore de proposer des alternatives. Mais aussi pour étouffer les voix libres qui lèvent le voile sur le processus de détournement de la révolution, de trahison du peuple et de placer sous hypothèque le pays face aux cercles du Golfe et des impérialistes; un processus de conspiration contre le processus révolutionnaire arabe qui profite au mouvement criminel d’Ennahda et au gouvernement traître, les seuls à avoir intérêt à étouffer cette voix haute.
Ce crime politique, qui a touché l’un des symboles du mouvement de gauche en Tunisie – ainsi que le Front populaire – est connu pour son militantisme politique et juridique contre la dictature depuis les années quatre-vingt, représente un tournant dangereux dans le processus de contournement et de liquidation de la révolution. Il nous rappelle l’assassinat du leader Farhat Hached [syndicaliste, né en 1914 et assassiné le 5 décembre 1952, par la Main rouge, une organisation favorable à la perpétuation de la colonisation française], mais en même temps annonce la fin du règne d’Ennahda dans la poubelle de l’histoire.
Après avoir enfoncé le pays dans une crise aiguë et une impasse politique, le gouvernement tire le pays vers le chaos; il n’a aucune légitimité politique après s’être impliqué dans le terrorisme politique et avoir montré son incapacité à garantir la sécurité des citoyens. Pire encore, le gouvernement incite à liquider les militants et les abattre de sang-froid; il n’a aucun salut après avoir réprimé, torturé et utilisé la chevrotine contre des citoyens désarmés; ses scandales ont marqué les esprits.
Que le sang du camarade Chokri Belaïd nous unisse pour renverser ce gouvernement dans les régions, dans les centres de souveraineté, dans toutes les institutions de l’Etat, en particulier l’institution de l’Intérieur et l’Assemblée constituante!
• Dégageons les gouverneurs et les délégués, et élisons des compétences locales militantes pour créer une situation de dualité de pouvoir !
• Appelons ensemble à la désobéissance civile et à la grève générale dans la seule perspective de faire chuter le régime! (Ligue de la Gauche Ouvrière – LGO – Tunis, 6 février 2013)
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