Par FemmeS pour la Démocratie
Le 15 avril 2017, l’explosion d’une voiture piégée dans la région d’Al-Rachidine à l’ouest d’Alep, qui est sous contrôle de l’opposition, a conduit à la mort de plus de 125 personnes, dont plus de 60 enfants, parmi les habitant·e·s des deux localités chiites de la région d’Idleb, Kafraya et Al-Fouaa, en déplacement forcé vers les régions du régime.
Ce déplacement, forcé, se faisait en contrepartie du déplacement forcé des habitants de deux localités soulevées de la région de Damas, Madaya et Al-Zabadani, qui devaient eux rejoindre Idleb, région sous contrôle de l’opposition. Les deux convois devaient obligatoirement passer par la région Al-Rachidine. Plusieurs journalistes libres, activistes et combattants de l’opposition étaient dès lors présents lors de l’explosion et les témoignages sur les détails sont nombreux. Les civils blessés ont été soignés par les équipes médicales présentes dans les régions libérées du régime syrien. Le régime a d’emblée accusé le groupe armé d’Ahrar Al-Cham qui a démenti aussitôt.
Certains sites web avancent que Hai’at Tahrir Al-Cham (Jabhat al-Nosra) serait à l’origine de l’explosion. On notera toutefois que plusieurs membres de ce groupe extrémiste étaient présents à l’endroit de l’explosion et que certains y ont perdu la vie. Zamane al-Wassel (un site d’information de l’opposition) a de son côté publié des témoignages [en langue arabe] des survivants de l’explosion de ces deux localités (Kafraya et Al-Fouaa) qui concordent avec les informations des journalistes et activistes présents. Selon ces informations, la voiture piégée serait l’une des voitures du convoi humanitaire qui a été organisé en collaboration avec le Croissant-Rouge à Alep (région sous contrôle du régime). Sur les réseaux sociaux, l’émoi des journalistes et des activistes présents est visible et les photos montrent leur implication pour secourir les blessés. Un entretien a paru avec l’un d’eux sur le site de CNN. De même, les combattants de l’opposition présents sur les lieux ont largement participé aux opérations de sauvetage.
Plus étonnant est le comportement des membres du Croissant-Rouge. On se serait attendu à ce qu’ils restent sur les lieux et participent au sauvetage, mais pas du tout. Selon un activiste de terrain, ils auraient fui les lieux juste avant l’explosion et ils auraient attendu 30 minutes avant de quitter leur abri (témoignage en arabe de l’activiste Fead Abo Rass).
S’y ajoute le fait que les pages officielles du régime sur la Toile avaient annoncé l’envoi de convois en collaboration avec le Croissant-Rouge pour acheminer de l’aide humanitaire aux civils de Kafraya et Al-Foua en route pour leur destination finale, comme pour attirer le chaland. Bizarrement, ces annonces ont disparu immédiatement après l’explosion. Cela ne peut qu’inciter à la réflexion: le régime serait-il la main invisible de l’explosion, pour remettre en avant le prétendu «terrorisme» dans les régions libérées?
Remarquons que depuis le début de la révolution, le régime syrien ne cesse de multiplier les mensonges et les manipulations pour tenter de faire avorter la révolution syrienne.
Cet événement jette aussi un nouveau doute sur la neutralité de certaines sections du Croissant-Rouge Arabe Syrien (CRAS). Nous invitons le lecteur intéressé à consulter l’article traduit par FSD à ce sujet (Le Croissant Rouge et le régime Assad). (19 avril 2017)
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