Par Sotiris Martalis,
introduction de C.-A. Udry
Le mercredi 4 avril 2012, un peu avant 9 heures, sur la place Syntagma (Place de la Constitution) – face au Parlement hellénique – un pharmacien à la retraite, Dimitris Christoulas, s’est suicidé. Dans sa poche un message: «Le gouvernement […] a réduit littéralement à néant mes possibilités de survie, qui étaient fondées sur une retraite honorable pour laquelle j’ai payé seul (sans contribution de l’Etat) toute ma vie. Etant parvenu à un âge qui ne me donne pas la possibilité d’une réaction dynamique (sans pour autant exclure que si un Grec attrapait une kalachnikov je n’aurais pas été le second), je ne trouve pas d’autre solution qu’une fin digne, avant que je ne commence à chercher dans les poubelles pour me nourrir. Je pense qu’un jour les jeunes sans avenir prendront les armes et qu’ils pendront les traîtres sur la place Syntagma, comme les Italiens ont fait avec Mussolini en 1945 (sur la place Loreto de Milan).» [Mussolini avait déjà été fusillé à proximité du village de Dongo.]
Ce mercredi soir, des centaines de personnes se sont recueillies autour de l’arbre où cet homme s’est donné la mort. Au-delà du symbole, ce geste est politique. Selon Giorgios Delastik, politologue: «Cet homme n’est pas fou. Il a décidé de se tuer devant tout le monde, sur cette place où il y a quelques mois encore il manifestait avec les Indignés. Les retraités se retrouvent avec une pension misérable et sont étouffés par l’austérité, mais n’ont pas la force de crier leur colère.» (Le Figaro 6 avril 2012) La lettre de Dimitris Christoulas assimile le gouvernement actuel au «gouvernement Tsolakoglou», le premier ministre collaborationniste pendant l’occupation allemande. Une affichette, épinglée à l’arbre, clame: «La Junte des prêteurs l’a assassiné» (Le Monde, 7 avril 2012). Le lien est établi ici entre, d’une part, les créanciers et l’armée de fonctionnaires comme de «spécialistes des finances» qui imposent la loi de ceux qu’ils représentent (au-delà du système d’autodéfense personnel que certains peuvent se construire) et, d’autre part, la Junte militaire au pouvoir entre 1967 et 1984. Un plombier, âgé de 48 ans, Haris Anastasiadis, venu déposer des fleurs, pointe le doigt vers le Parlement: «Ce sont ceux qui sont là-dedans qui l’ont tué. Et ils sont en train de tous nous tuer.» (International Herald Tribune, 6 avril 2012) Il y a certes beaucoup d’autres cris de colère, différents, dans le pays. Rage, détermination d’agir et, parfois, désespoir peuvent s’emparer de la même personne.
Un fait est certain: la guerre de classes qui est conduite sous l’étendard de «l’aide à la Grèce» – en fait une aide aux banques, aux fonds de placement financier, aux sociétés d’assurance et un test pour la croisade des classes dominantes en Europe dont les traits se font tous les jours plus nets au Portugal, en Espagne, en Italie et ailleurs – fait, comme toutes les guerres, des blessés graves, des traumatisés, des handicapés à vie, des morts. Le ministère grec de la Santé évoque une augmentation de 40% des suicides lors des cinq premiers mois de 2011, par rapport à la même période de 2010. En 2011, 450 personnes se sont donné la mort; un chiffre inhabituel. Selon la police, les suicides ou tentatives avérées de suicide de 2009 à la fin de 2011 sont au nombre de 1730. Or le taux de suicide en Grèce était l’un des plus bas d’Europe. Même un épidémiologiste de piètre qualité suspecterait une corrélation entre la brutale et multiforme destruction sociale à l’œuvre et ces actes individuels de «destruction». Les retraité·e·s avec une rente moyenne de 550 euros par mois (660 CHF) et des dépenses de santé de 150 euros – ce qu’une personne à la retraite souffrant d’une maladie chronique doit dépenser, alors qu’a disparu la prise en charge des achats de médicaments – ne disposent par d’un «revenu disponible» très élastique. Un exemple: pour, par exemple, un litre de lait qui coûte 1,5 euro (soit 1,80 CHF) contre 1,15 CHF en Suisse (El Pais,6 avril 2012). La TVA sur des biens de base s’élève à 18% et va augmenter. Un enseignant du secondaire qui avait un salaire de 1200 euros en 2010, l’a vu être réduit à 850 en 2011 et en mai 2012 il se situera à «hauteur» de 600 euros. Or son loyer et ses dépenses les plus élémentaires exigent 400 euros (The Guardian, 5 avril 2012).
La purge imposée à la population grecque au nom du paiement de la dette publique – qui n’est d’ailleurs pas publique mais est le produit: de la défiscalisation des hauts revenus, de l’évasion fiscale [1], des dépenses d’armement et de police, de celles liées à des opérations grandioses source de corruption monumentale (Jeux olympiques en 2004), des manipulations légales des investisseurs grecs et européens sur le «marché de la dette» grecque, etc. – ne suscite pas l’enthousiasme chez certains financiers. Du moins ceux les moins enclins à vouloir faire de «l’exemple grec» le modèle économique à suivre de manière pointilleuse, exception faite de sa dimension incontestable de test socio-politique portant sur le «degré d’acceptabilité sociale d’une population». Ainsi, le Britannique Chris Probyn, chef économiste et directeur du fonds américain State Street Global Advisors – 1400 milliards d’actifs institutionnels à l’échelle mondiale, le PIB (prix du marché) de la Grèce était de 230 milliards d’euros en 2010 – manifeste un peu de scepticisme. Il est vrai qu’il avait, par le passé, une fonction similaire à l’UBS de New York. A la question, posée par la journaliste du mensuel français Enjeux les Echos d’avril 2012, «La Grèce va-t-elle rester dans la zone euro?» il répond: «Pour 2012 cela devrait passer, mais compte tenu du poids de sa dette, d’une croissance très faible et de son manque de compétitivité rien ne dit qu’elle pourra rester à plus long terme. Les réformes structurelles – privatisations et réduction du périmètre du service public – sont de bonnes idées, mais leurs effets tardent à se faire sentir et commencent d’abord par aggraver les choses avant de les améliorer. C’est un peu comme si l’on disait à un malade déjà à l’agonie qu’on allait encore aggraver son cas avant qu’il se porte mieux. Mourir guéri, est-ce bien raisonnable?» A cette réplique, la journaliste réagit de la sorte: «Il s’agit pourtant de la plus importante restructuration [taux de décote de la valeur nominale des obligations] de la dette publique de l’histoire. Pourquoi n’est-ce pas suffisant?» Et Chris Probyn d’objecter: «La Grèce se voit en quelque sorte offrir une dernière chance de rester dans la zone euro, mais les conditions posées et l’austérité imposée sont telles qu’elles peuvent compromettre ses chances de réussite. En fait, il faudrait que quelqu’un signe un chèque à la Grèce lui permettant de réduire sa dette le plus rapidement possible à un niveau soutenable, soit 90% du PIB – au lieu de 120% à l’horizon de 2020 selon le plan actuel – afin de maximiser ses chances de rester dans la zone euro, puisque c’est ce que tout le monde semble souhaiter […]. Donc quelqu’un, quelque part, doit lui faire ce chèque. […] Pour que cela marche, il faudrait que les Allemands, les Italiens, les Belges, les Français, etc. cessent de penser d’abord à eux et à l’Europe ensuite, mais qu’ils pensent en Européens qui pour les uns viennent de la région Allemagne, les autres de la région France, etc.» Autrement dit, ce financier pose, de fait, les questions d’un budget commun élevé de l’UE, d’une certaine mutualisation des dettes, de transferts budgétaires d’importance, d’une Banque centrale européenne (BCE) qui joue le rôle de prêteur en dernier ressort, c’est-à-dire qui monétise la dette, qui fasse donc comme la FED, la banque centrale des Etats-Unis. Un cheminement qui implique un mariage de contre-réformes sociales et légales avec des chamboulements institutionnels que certains, à «gauche», proposent. Ceux qui acceptent que la dette publique soit publique, qu’il ne faut pas la dénoncer et que son paiement nécessite des cures d’austérité – qu’il faut certes amortir – afin de sauver le «système financier» et «muscler la compétitivité» des pays de l’Union européenne dans cette grande et longue bataille qui est le propre du réalignement des rapports de forces entre les «centres d’accumulation» à l’échelle mondiale.
Les privatisations constituent une pièce maîtresse du mécano bâti par la troïka. Pour ce faire, a été mis en place le Fonds hellénique de développement des actifs. Il est placé sous la direction d’un ancien banquier, Costas Mitropoulos. L’objectif fixé par l’UE: amasser quelque 50 milliards d’euros en vendant à des investisseurs privés des propriétés, des concessions ou des participations dans des entreprises. Costas Mitropoulos confie au quotidien helvétique Le Temps, le 7 avril 2012, une partie de son curriculum vitae: «Je dirigeais pour ma part la banque d’investissement Eurobank EFG Equities, propriété du groupe Latsis basé à Genève.» Le patron du groupe Latsis, Spiro J. Latsis, est le fils du très grand armateur grec John Latsis, qui avait choisi Genève comme résidence principale. Les liens entre Spiro Latsis et José Manuel Barroso sont connus, même si, dans l’échelle sociale, Barroso s’accroche à un échelon inférieur, après une brève carrière de maoïste au Portugal. L’essentiel est ailleurs. Costas Mitropoulos travaille étroitement avec la troïka. Ce qui indique la liaison étroite entre «restructuration de la dette», politique d’austérité et privatisations. Le processus de privatisations n’est qu’à sa première étape. Costas Mitropoulos confie au journaliste du Temps: «Une nouvelle tranche de cessions est déjà dans le tuyau. Nous sommes prêts à mettre six biens sur le marché: l’ancien aéroport d’Hellinikon, à Athènes; une licence pour la loterie nationale; un centre commercial de première classe, d’importants terrains, des golfs et des casinos sur les îles de Rhodes et Corfou; la compagnie nationale du gaz et 35% de la plus importante raffinerie pétrolière du pays. Nous préparons aussi la mise en vente de 29% de la Société grecque des jeux, de 49% de la société nationale des chemins de fer, de 39% de la poste hellénique… Le reste de la liste est, croyez-moi, impressionnant et devrait générer un grand intérêt. Dans plein de domaines clés, la participation de l’Etat sera plafonnée à 34%. Nous allons vendre des concessions autoroutières, la compagnie des eaux de Thessalonique (la seconde ville du pays), des aéroports, une douzaine de ports commerciaux, capables d’accueillir des ferries; 850 ports régionaux; une quinzaine de marinas, Larco Nickel, la plus importante mine de nickel d’Europe, avec un port adjacent; des opérateurs de croisières maritimes, des compagnies de traitement des déchets. Je m’attends à une forte demande pour ces actifs.» Il souligne aussi l’intérêt des concessions face aux réserves que la situation socio-politique suscite chez les investisseurs. Ainsi, Costas Mitropoulos souligne: «L’avantage des concessions [pour ce qui est des infrastructures] est qu’elles limitent l’investissement pour les acquéreurs. Ils ne devront payer que le droit de gérer les infrastructures, dans le cadre de contrats à long terme qui garantiront la rentabilité.» En espérant que la page «des difficultés politiques grecques est tournée», Mitropoulos se réjouit de la vente de la «participation [de l’Etat] dans la Société grecque des jeux [qui]constituera l’une des plus importantes opérations au monde dans ce secteur». Il ajoute: «Deux autres illustrations: l’ancien aéroport d’Hellenikon, au cœur de la ville d’Athènes, en bordure de la mer Egée, représente le plus grand ensemble foncier en vente dans une capitale européenne. Quant à la loterie nationale, qui était une division du Ministère des finances depuis 1865, deux compagnies, l’une italienne et l’autre américaine, nous ont déjà approchés.» Pour rassurer les acquéreurs, Mitropoulos vante les mérites de l’UBS et de Credit Suisse. La première s’occupe de la cession de la compagnie grecque du gaz, la seconde est en charge de la compagnie d’électricité. Le banquier d’affaires conforte ses clients futurs en soulignant que «nous sommes un fonds indépendant chargé des privatisations, désormais propriétaire de 3% du territoire grec. Nous avons un mandat de trois ans. Nous sommes protégés contre les interférences politiques.» On ne peut qu’espérer que la mobilisation sociale contre les multiples dénis de la démocratie infligés à la majorité de la population grecque par l’alliance entre la troïka, le capital financier international et des secteurs influents de la bourgeoisie grecque pourra battre en brèche ces plans. Et administrer ainsi la preuve que la démocratie ne peut exister et s’étendre quand elle est placée sous la férule de la propriété privée stratégique et des instruments de pouvoir qui en assurent le maintien et l’extension.
La grève des marins (ceux qui assurent les transports de type ferries entre les multiples îles et des villes comme Athènes ou Thessalonique) les 10 et 11 avril 2012, comme la lutte des salariés du secteur du transport ou de l’électricité devraient rabattre, espérons-le, l’arrogance des nombreux Mitropoulos qui s’abattent sur la Grèce, depuis la Chine ou la Suisse, en passant par l’Inde ou la Turquie. L’article de Sotiris Martalis éclaire le cadre des batailles sociales et politiques en cours en Grèce et les épreuves que doit affronter la gauche radicale.
(C.-A. Udry)
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Selon les déclarations du gouvernement, suite au nouvel accord de prêt et à la décote sur la valeur nominale des obligations de l’Etat grec [2], la Grèce a été «sauvée» pour la troisième fois. La première fut lorsque le Protocole (mémorandum) a été signé en mai 2010, la deuxième en juin 2011 et, bien entendu, nous sommes prêts à faire face à beaucoup d’autres «sauvetages» à l’avenir, après celui de mars 2012. A cette occasion, le directeur de l’Institute of International Finance (IFI), qui représente les intérêts des banques et fonds d’investissement, Charles Dallara, a lancé une mise en garde: «Je déconseillerais fortement à d’autres gouvernements, d’autres peuples en Europe, de prendre cette voie (de la décote).» Dans la foulée, la BCE a proposé de mettre un «conseiller résident permanent», une sorte proconsul financier, dans les pays de l’Union européenne qui rencontreraient des «difficultés financières». En Grèce, des représentants de la troïka (BCE, UE, FMI) voyagent déjà entre les suites du Hilton (ou d’autres hôtels 5 étoiles) et les ministères – sous étroite surveillance policière – pour surveiller l’application des coupes sombres et aider au sauvetage des banques. Le dispositif de surveillance – aux tâches multiples – pousse quelques dessinateurs grecs à le présenter comme le voyage de «Bismarck chez Socrate». En effet, Matthias Horst est le représentant de la Commission de l’UE au sein de la troïka (BCE, UE, FMI) et Horst Reichenbach est le patron de la «task force» qui doit «réorganiser l’Etat grec», en toute démocratie et dans l’opacité! Les patrons de la troïka sont: Olli Rehn, commissaire européen aux affaires économiques (Finlande); Jörg Asmussen, membre du directoire de la BCE (Allemand), et Poul Thomsen, chef de la mission du Fonds monétaire internationale (FMI) à Athènes (Danois).
Les conséquences de ce «sauvetage» sont déjà manifestes: les salaires ont été diminués une nouvelle fois de 22%, et même de 32% pour les jeunes salarié·e·s de moins de 25 ans. Le salaire minimum a par conséquent été abaissé à 586,08 euros (487 euros constituent le salaire direct réel «reçu», donc net, une fois que les cotisations de retraites et autres ont été déduites) et à 510,95 euros pour les jeunes de moins de 25 ans (435 euros net); ces derniers constituent une part significative de la force de travail. Ce n’est pas tout. L’abolition des négociations collectives et des contrats collectifs de travail implique que les salaires de tous les travailleurs et de toutes les travailleuses seront poussés vers le bas. Les hausses de salaires liées au nombre d’années passées dans un emploi, avec l’expérience qui en découle, sont gelées. Les syndicats ont calculé que les travailleurs vont perdre, à très brève échéance, 40% de leurs salaires actuels. Le chômage, sans pareil par rapport au passé, va être un bras de levier supplémentaire pour tasser les salaires. Les retraites ont, en outre, été sabrées pour la quatrième fois.
Le nombre de chômeurs a atteint le million. D’ici à la fin de l’année, selon les études des syndicats, ils seront 1’400’000, ce qui signifie un taux de chômage de 24%. Suite à «l’accord» de mars 2012, 290’000 chômeurs et chômeuses vont recevoir une allocation de chômage mensuel de 359 euros et cela pour 12 mois au maximum; à cette date ils s’ajouteront à la file de ceux et celles qui ne touchent plus rien.
Au cours des trois années de la crise (2009-2011), le PIB a reculé de 14,5% et de 17% depuis 2007: soit cinq années consécutives de récession. La contraction du PIB est estimée à 4,8% pour 2012. Un tel déclin ne peut être comparé qu’à l’effondrement des pays du «bloc de l’Est» et au désastre social qui s’en est suivi au plan économique, lequel a, y compris, conduit à une réduction de l’espérance de vie de la population.
Suite à la conclusion d’un accord entre la «troïka» et le Ministère de la santé, les dépenses de l’Etat dans le domaine de la santé seront réduites immédiatement de 320 millions d’euros. Les hôpitaux publics souffrent déjà de graves pénuries de personnel soignant, mais également de matériel médical élémentaire: des bandes de gaze, des pansements et des seringues. L’année scolaire a débuté, dans les écoles publiques, sans livres (auparavant ils étaient distribués gratuitement) et en ce moment, vers la fin de mars 2012, sept mois après le commencement de l’année scolaire, la distribution des livres est incomplète. Dans les écoles publiques de certaines régions, il a été relevé que de nombreux élèves perdaient connaissances, lors des cours, suite à des carences de nutrition, à de la sous-alimentation.
La classe dominante a demandé, en mars 2010, 80 milliards d’euros des autres pays de l’Eurozone et 30 milliards au Fonds monétaire international (FMI). Lorsque la Grèce a eu recours au FMI, la dette publique atteignait 127,1% du PIB. Aujourd’hui, après deux années de mise en œuvre de leurs mesures, la dette publique a atteint 367,98 milliards d’euros, ce qui correspond à 170% du PIB. «Ils» affirment qu’en 2020 la dette publique atteindra 120% du PIB et cela uniquement s’ils parviennent à restaurer la croissance. Cela signifie simplement: au cas où se concrétise le «meilleur scénario possible» – selon lequel le capitalisme grec parviendra à surmonter sa crise et que la croissance aura repris – qu’après douze années de sacrifices cruels, «ils» nous ramèneront au point de départ! Autrement dit, à une dette publique qui était alors considérée comme étant ingérable.
Il convient de souligner que sur les 130 milliards d’euros qui ont été «accordés» à la Grèce en vertu du nouvel accord de prêt, 30 milliards seront directement remis aux créanciers; 5,5 milliards d’euros seront utilisés pour rembourser les intérêts et 50 milliards seront directement utilisés pour la recapitalisation des banques ainsi que pour, prétendument, compenser toutes les pertes que ces dernières pourraient connaître du fait de la décote, de la restructuration de la dette. L’accord de prêt, à l’inverse, ne prévoit aucune compensation pour les 12 milliards d’euros que les fonds de pension publics perdent à la suite de cette décote, avec les effets qui en découlent pour les retraites.
Au nombre des autres conséquences de cette restructuration se trouvent la soumission de la dette au droit britannique, la création d’un «compte spécial» qui donne la priorité au remboursement des créanciers sur toutes les autres dépenses de l’Etat ainsi que le transfert progressif des obligations grecques issues du secteur privé au secteur public.
De tout cela ressort un élément important: la restructuration de la dette grecque est une fois de plus organisée de telle sorte qu’elle favorise au mieux les intérêts du capital, qu’elle apporte des garanties aux créanciers et qu’elle place le fardeau de la «facture» une fois encore sur les épaules de la classe laborieuse ainsi que sur celles des autres couches populaires.
Toutefois, le principal problème auquel fait face la classe dominante est la résistance sociale et, du fait même de cette résistance, la crise politique qu’elle doit affronter.
Au moment où cet article est écrit [fin mars 2012], la grève héroïque des travailleurs de la Elliniki Halyvourgia (une usine sidérurgique de la région de l’Attique) en est à son 145e jour et va se poursuivre [voir à ce sujet l’article paru en date du 20 février 2012: http://alencontre.org/europe/grece/grece-les-siderurgistes-en-greve-depuis-octobre.html]. Les salarié·e·s du journal quotidien «haut de gamme» Eleftherotypia sont en grève depuis maintenant trois mois. Ils ont publié durant cette période, par leurs propres moyens, deux «éditions de grève» qui ont été très bien diffusées. La station télévisée Alter – qui émet au niveau national – est occupée par ses employé·e·s. L’usine d’aluminium Loukisa et l’imprimerie «3E» sont également occupées par leurs travailleurs. Les travailleurs de toutes les usines Coca-Cola ont décrété une grève coordonnée et longue qui a abouti à une victoire [3], alors que les travailleurs de l’Alapis Association (qui s’occupe, entre autres, de production d’instruments médicaux) ont de même engagé une grève de longue durée. Dans un hôpital important d’Athènes, Sotiria, depuis longtemps en sous-effectif, le personnel soignant s’oppose à toute fermeture de lit, exige la fourniture de médicaments et de matériels nécessaires pour les soins. Il occupe les bureaux de l’administration et fait des arrêts de travail. Il exige le paiement des jours d’astreinte qui ne sont plus payés depuis la fin de 2011. En réalité, une bataille d’envergure s’annonce pour faire face à une restructuration brutale du système hospitalier qui passe par des fusions d’hôpitaux, des licenciements conjointement à un système d’évaluation individualisée (à la mode dans divers pays).
Ces quelques exemples ne sont qu’un aperçu du mouvement de résistance sociale qui s’exprime au cours de ces deux dernières années. La classe laborieuse résiste contre les tentatives des capitalistes de faire peser sur leurs épaules le fardeau de la crise du système. Entre février 2010 et mars 2012, le pays a connu 19 grèves générales [au sens d’une journée de grève], dont trois se prolongèrent durant deux jours. Au cours de cette période, nous avons assisté à une semaine durant laquelle des dizaines d’édifices de l’Etat ont été occupés avant que ne soit adopté le premier Mémorandum (protocole pour un plan d’austérité) de mai 2010.
Ces luttes des travailleurs ont, en parallèle, galvanisé un large éventail de mouvements de résistance: le mouvement Je ne paie pas ! [den plirono] qui refuse de payer l’augmentation d’impôts immobiliers [impôt adjoint aux factures d’électricité avec la possibilité de se voir couper l’électricité si l’impôt n’est pas payé]; le mouvement de ceux qui refusent également de payer les péages des autoroutes privatisées. Il faut ajouter aussi les occupations, en juin 2011, de places publiques par le mouvement aganaktismenoi (terme grec qui équivaut au terme espagnol d’indignados).
Une vague de dénonciations publiques contre le personnel politique de la classe dominante s’ajoute à tout cela. Chaque fois que les ministres et les députés appartenant aux partis bourgeois se présentent en public, ils font face aux huées et aux slogans contre eux, quelques fois même des yaourts, tomates, œufs sont jetés sur eux. De ce fait, les politiciens bourgeois sont effrayés et limitent leurs apparitions publiques exclusivement à des endroits «sécurisés» et gardés. Cela est apparu clairement à l’échelle nationale au cours des célébrations et des parades «nationales» des 28 octobre 2011 et 25 mars 2012 [le 28 octobre commémore le refus du dictateur Metaxas, en 1940, de laisser les troupes de l’Italie fasciste pénétrer en Grèce; le 25 mars commémore le début de l’insurrection grecque contre le pouvoir ottoman, en 1821].
En novembre 2011, le gouvernement du PASOK [Mouvement socialiste panhellénique, le parti social-démocrate grec] s’est effondré sous la pression des journées de grève et de la colère populaire. Ce gouvernement avait obtenu un mandat de quatre ans lors des élections d’octobre 2009, recueillant 43,92% des suffrages et obtenant 160 députés sur les 300 que compte le Parlement grec.
Ce gouvernement a été remplacé par un gouvernement d’union nationale incluant trois partis bourgeois: le PASOK, l’aide droite de la Nouvelle Démocratie et le parti d’extrême-droite, le LAOS [4]. Le gouvernement est placé sous la direction d’un «technocrate», Lucas Papadémos [gouverneur de la Banque de Grèce de 1994 à 2002, puis vice-président de la Banque centrale européenne jusqu’en 2012]. En février 2012, 22 députés du PASOK et 22 députés de la Nouvelle Démocratie ont voté contre l’accord de prêt. Ils ont été exclus de leurs partis. Aujourd’hui, à la place du tout-puissant système des «deux partis de l’establishment» – qui conduisait à une alternance stable, à tour de rôle, entre les deux principaux partis, soit le PASOK et la Nouvelle Démocratie – des scissions se développent. Elles ont conduit à la formation de trois nouveaux partis issus de la Nouvelle Démocratie et trois autres issus du PASOK. Pourtant, tous ces partis pris ensemble n’atteignent même pas le pourcentage des votes qu’obtenait soit le PASOK, soit la Nouvelle Démocratie. Au lieu de cela, ils observent, avec anxiété, la montée d’influence dont jouissent, au cours de la dernière période, les différentes forces se situant à gauche.
Un récent sondage, réalisé le 15 mars 2012, donne les résultats suivants: 17% des intentions de vote pour la Nouvelle Démocratie; 10% pour le PASOK; 9,5% pour SYRIZA (Coalition de la gauche radicale, réunissant un éventail allant de forces qui seraient proches, politiquement, de Die Linke en Allemagne, à des forces nettement plus marquées à gauche) [5]; 9,5% également pour le KKE (Parti communiste); 8% pour la Gauche démocratique [force issue de Synaspismos – Coalition de la Gauche, des mouvements et de l’Ecologie – qui s’est constituée en juin 2010]; 5% pour les Grecs indépendants (une scission de la Nouvelle Démocratie); 3,5% pour l’Aurore dorée [Chryssi Avyi, néonazie, qui sème la terreur contre les migrants]; 3% pour le LAOS; 2% pour les Verts et 2% pour l’Alliance démocratique (une scission de la Nouvelle Démocratie) et le Char du citoyen (une scission du PASOK). ANTARSYA (Alliance de la gauche anticapitaliste) [6] recueille 1% des intentions. Ce sont là des chiffres qui ne tiennent pas compte du comportement électoral possible des sondés qui se sont déclarés indécis. Et ces intentions de vote fluctuent, par définition. La date des élections est fixée au 6 mai 2012, ce que le gouvernement doit confirmer le mercredi 11 avril [7].
Nous assistons depuis peu à une attaque systématique contre les forces de gauche qui refusent la politique d’austérité de la part des partis qui soutiennent les plans de «rigueur», les Mémorandums. Cela reflète les craintes de la classe dominante. Cela ne traduit pas seulement l’appréhension face au mouvement de résistance, mais également la crainte due au fait que les forces de gauche sont devenues des rivaux politiques sérieux qui bénéficient de taux d’intentions de vote qu’elles n’avaient jamais eus depuis 1958. Dans les jours et les semaines qui viennent, la pression sur cette gauche va s’intensifier. Les chantages et les annonces de «catastrophes» – telles que la banqueroute du pays, la sortie de la zone euro, la crainte d’une impossible «gouvernabilité» – sont et seront utilisés pour pousser les partis de gauche vers des positions politiques plus «responsables».
Une partie de l’éventail de la gauche s’est déjà alignée sur cette position: la Gauche démocratique [voir plus haut] a accepté de respecter les «obligations internationales» contenues dans les accords de prêts et les Mémorandums. Elle a ajusté son orientation au «réalisme» des choix de la classe dominante. Le noyau de la gauche radicale (SYRIZA, le KKE et ANTARSYA) se dresse contre les choix de la classe dominante, mais il n’est pas parvenu à constituer une réponse politique alternative unifiée.
Le KKE (un parti de gauche, réformiste, stalinien, qui diffuse, avec énergie, les «Œuvres de Staline») n’accepte aucune forme de coopération avec le reste des forces de gauche, autant sur le terrain des luttes sociales que sur la base de certains objectifs politiques. Il organise des manifestations séparées [entre autres avec son «bras syndical», le PAME] de celles des syndicats et du reste de la gauche. Il tourne en rond et repousse toutes les réponses et solutions unitaires jusqu’au moment où ledit «pouvoir populaire» adviendra. D’ici à ce que ce moment arrive, tout ce que la gauche puisse faire pour le peuple est de… voter pour le KKE.
ANTARSYA (une alliance de certaines organisations de la gauche anticapitaliste) s’engage avec le mouvement de résistance en acceptant – jusqu’à un certain point – la nécessité de l’unité dans l’action. Il existe ainsi une coordination élémentaire de même que des actions conjointes entre SYRIZA et ANTARSYA dans les quartiers, dans les comités Je ne paie pas!, dans les sections syndicales, dans les manifestations, etc. L’essor de la résistance socio-politique rend nécessaire toutefois un niveau plus élevé autour d’un programme partagé sur des points essentiels et autour d’une «organisation» commune. Cela commanderait d’avancer vers des engagements plus serrés. La nécessité de former un front politique de la gauche émerge des expériences réelles de luttes concrètes.
Mais les camarades d’ANTARSYA insistent sur la question du «programme» et particulièrement sur la revendication d’une sortie de la zone euro [voir à ce propos l’article publié sur ce site en date du 13 janvier 2012: http://alencontre.org/europe/grece/grece-euro-ou-drachme.html] ainsi que de l’Union européenne (UE). Ces deux options font obstacle à la possibilité d’aller de l’avant. Faire de ces deux exigences – présentées comme des revendications immédiates, et en quelque sorte une clé de voûte programmatique – constitue une «ligne de séparation» entre forces de la gauche radicale qui fonctionne soit comme une excuse, soit tend à être une erreur sectaire. D’autant plus que les camarades d’ANTARSYA, afin de se distancier des secteurs de la classe capitaliste qui préfèrent une sortie de la zone euro [sans mentionner la possibilité que la Grèce soit «mise dehors» par des forces dominantes au sein de l’UE, suivant les développements de la crise au sein de cette zone], parlent, dès lors, d’une sorte de «sortie anticapitaliste» de l’euro et de l’UE, ce qui constitue plutôt une voie «non orthodoxe» du cours d’une révolution socialiste en Grèce.
Au moment où la riposte aux attaques de la classe dominante et le renversement du gouvernement de l’austérité – celui de Papadémos – sont des questions cruciales et d’ampleur, les camarades d’ANTARSYA devraient accepter l’invitation de SYRIZA en vue de constituer un front politique et électoral. Cela d’autant plus que cette invitation est combinée avec une assurance quant à l’indépendance politique, au caractère spécifique affirmé des forces politiques et à une représentation pluraliste de chaque force participant à un tel front.
Un accord sur une telle perspective ferait croître la pression sur le KKE et créerait des conditions plus favorables pour l’élaboration d’un «plan alternatif» de la gauche, ce qui aurait des effets positifs évidents pour le mouvement socio-politique de résistance. La situation serait d’autant plus épineuse pour la classe dominante.
SYRIZA est une coalition réunissant des partis et des organisations de la gauche réformiste et révolutionnaire. Elle possède un programme radical. Elle participe activement au mouvement de la classe laborieuse ainsi qu’aux mouvements sociaux larges. Elle invite constamment toutes les forces de la gauche à des actions conjointes ainsi qu’à la création d’un front unifié de la gauche. Les caractéristiques de cette alliance font d’elle un «instrument» politique utile pour le mouvement de résistance tout en créant, simultanément, une place ainsi qu’une possibilité pour les révolutionnaires d’appliquer la tactique d’un front unique dans l’action et de faciliter ainsi l’engagement dans une intervention directe de larges secteurs militants, aussi bien dans des combats démocratiques (contre la montée xénophobe et raciste, contre la résurgence de l’extrême droite néonazie) que sur les terrains qui les jouxtent et où s’entremêlent le social, l’économique et le politique.
SYRIZA a adopté un programme de revendications radicales: le renversement des Mémorandums signés avec la Commission européenne, le FMI et la BCE; l’annulation de l’accord de prêt ainsi que de toutes les politiques et mesures qui y sont liées; l’abandon des programmes d’austérité lié à la revendication qu’il appartient aux capitalistes de payer leur crise; l’annulation (ou la dénonciation) unilatérale de la majeure partie de la dette publique. Au sujet de la zone euro, SYRIZA a adopté le slogan «pas un seul sacrifice pour l’euro». Il a pour fonction d’être un «cri de guerre» contre les dirigeants de l’UE ainsi que de défier les chantages de Bruxelles et de la BCE. Ce mot d’ordre a aussi pour fonction, dans le même temps, de prendre en compte le fait qu’un retour à la drachme pourrait être mis en œuvre par la classe dominante de la manière la plus réactionnaire et la plus nationaliste et aussi de s’inscrire dans une bataille anticapitaliste à dimension européenne, entre autres partant de divers pays du «sud de l’Europe».
La définition de ces politiques et de ces tactiques est toujours le résultat de débats politiques passionnés parmi les différentes forces qui composent la coalition, particulièrement entre son aile la plus «modérée» et ses forces les plus radicales (parmi lesquelles la Gauche ouvrière internationaliste, DEA). Aujourd’hui encore des débats enflammés ont lieu au sujet de la zone euro, sur la question de la meilleure façon de s’opposer à la dette ou encore sur l’attitude que doit adopter SYRIZA vis-à-vis des groupements qui se détachent actuellement du PASOK.
La présence active de révolutionnaires conjointement à un haut niveau de la lutte a néanmoins permis jusqu’à maintenant de maintenir la coalition sur des positions de gauche. Cette coalition est dès lors devenue un point de référence pour beaucoup de personnes, de militant·e·s des luttes des années 1970 qui s’étaient retirés au cours des années passées et qui trouvent un «nouvel espoir» dans ces efforts radicaux et unitaires, entre autres en direction de secteurs de travailleurs liés par le passé – sous une forme ou une autre – au PASOK, mais qui ne se reconnaissent plus dans ce parti. De même, elle répond à des attentes de jeunes activistes qui entrent en contact avec une politique effectivement de gauche pour la première fois de leur vie.
La consolidation de SYRIZA, la défense de son caractère radical contre toutes les pressions provenant de l’establishment bourgeois pour l’adoption de positions plus «modérées», la création d’un front unifié de toutes les forces de la gauche, ainsi que la consolidation des courants révolutionnaires au sein de ce front sont cruciales dans la perspective de la construction d’une force anticapitaliste authentique, ayant une audience de masse; ce qui est si nécessaire aujourd’hui. (Traduction A l’Encontre)
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[1] Les Grecs fortunés, depuis longtemps, ont fait sortir du pays des sommes très importantes, évoluées à quelque 100 milliards d’euros. On ne mentionne pas ici les armateurs qui ont leur siège social à Chypre, à Malte ou dans un autre paradis fiscal. Toutefois, les Grecs fortunés, après avoir séjourné dans le paradis fiscal helvétique, se méfient. Selon Athens News, du 6 avril 2012, les détenteurs de capitaux planqués en Suisse seraient en train de les retirer, pour trouver un autre hâvre de paix. C’est ce que confirme le ministre grec des Finances, Filippos Sachinidis, sur la base de la chute du montant versé par Berne à Athènes au titre de l’impôt anticipé: 12 millions de francs en 2009 et 7 millions en 2010 (Le Matin Dimanche, 8 avril 2012). Les interrogations de l’Union européenne ayant trait au «secret bancaire» suisse ne vont pas encourager les professionnels de l’évasion fiscale à maintenir leur «résidence secondaire» en Suisse. Encore un effort, Madame Widmer-Schlumpf! (Réd.)
[2] Le 24 février 2012 le gouvernement grec a annoncé aux détenteurs privés – banques, fonds d’investissement, compagnies d’assurance – d’obligations de l’Etat grec les conditions d’échange de ces obligations contre de nouvelles obligations ainsi que le programme de l’Eurogroupe l’avait adopté le mardi 21 février; la référence au Private Sector Involvment (PSI) indique que la loi grecque valide les décisions prises à Bruxelles sur la base des avis émis par des firmes de conseil – comme la banque Lazard – qui ont encaissé quelque 40 millions d’euros, c’est-à-dire 0,015 de la valeur nominale des titres qui feront l’objet d’échange, pour leur «travail». L’urgence était grande de trouver une «voie de sortie», car le défaut de paiement se profilait à la date du 20 mars 2012. Réd.
[3] Le 15 mars 2012, l’entreprise qui s’occupe de l’embouteillage de Coca-Cola a accepté de remettre en marche l’usine de Thessalonique en réintégrant tous les salariés et, donc, de ne plus importer des produits en provenance de Bulgarie. Elle a dû renoncer à réduire les salaires, en ne faisant plus appel pour ce faire à la nouvelle législation en vigueur. En outre, la direction de l’entreprise ne peut plus prendre de décision préalablement à une négociation directe avec les travailleurs. Enfin, les travailleurs ont imposé que cet accord soit porté à la connaissance du public en étant diffusé dans les médias et aussi auprès des autorités. (Réd.)
[4] Le LAOS, Alerte populaire orthodoxe, est un parti d’extrême droite qui a été formé en 2000 et qui est dirigé par le journaliste, ancien membre, exclu, de la Nouvelle Démocratie (ND), Georgios Karatzaferis. Le LAOS compte 16 députés. Le 10 février 2012, 4 ministres du LAOS ont présenté leur démission, deux jours avant la présentation du plan gouvernemental devant le Parlement. Le dirigeant du LAOS affirmait: «Je ne suis pas convaincu que les sacrifices qui nous sont imposés auront un résultat»… accusant les créanciers de «vouloir priver de souveraineté nationale» la Grèce. Cette attaque vise surtout l’Allemagne qui se montre intransigeante envers les Grecs. Selon le leader du LAOS, la Grèce «doit sortir de sous la botte allemande» (Le Figaro, 10 février 2012). A ces démissions s’ajoutent celles de deux ministres du PASOK: la ministre adjointe aux Affaires européennes, Mariliza Xenoyannakopoulou; le jeudi 9 février 2012, le secrétaire d’Etat au Travail, Iannis Koutsoukos, avait aussi rendu son tablier. (Réd.)
[5] Dans la coalition SYRIZA, qui a obtenu 4,9% des suffrages en 2009, se retrouvent – outre Synaspismos qui a des élus au parlement – des organisations telles que le KOE (d’origine mao-stalinienne); la Gauche rénovatrice et écologique, AKOA, issue du PC de l’intérieur; DEA, la Gauche ouvrière internationaliste (proche de l’ISO des Etats-Unis), etc. (Réd.)
[6] ANTARSYA, Coalition anticapitaliste qui regroupe, entre autres, le SEK (Parti socialiste ouvrier), organisation liée au courant IST (International Socialist Tendency) animé par le SWP de Grande-Bretagne; l’OKDE (Organisation des communistes internationalistes de Grèce) qui se rattache à la IVe Internationale (SI); l’APO (Groupe politique anti-capitaliste); la Gauche unitaire anti-capitaliste (Enantia), etc. (Réd.)
[7] Un des derniers sondages, début avril – ils sont nombreux, avec des différences parfois marquées –, indique les intentions de vote suivantes:
Nouvelle Démocratie: 20.8%
PASOK: 15%
SYRIZA: 11.5%
Grecs indépendants (scission de la Nouvelle Démocratie): 10.6%
Parti communiste grec (KKE): 10.5%
Gauche démocratique (scission de Syriza): 9%
Aube (ou Aurore) dorée (parti néonazi: Chrisi Avgi): 5.5%
Verts: 4.6%
LAOS (extrême droite): 3%
Autres: 5.4%
A noter la hausse du parti néonazi au cours des 8 derniers mois. (Réd.)
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Sotiris Martalis est membre du Comité central du syndicat du secteur public (Adedy) et membre de DEA.
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