Myanmar. Les militaires multiplient les tueries

Par la rédaction de Myanmar Now

Ce lundi 15 mars 2021, le nombre de civils tués par les forces du régime atteint désormais au moins 20, selon les dernières informations recueillies par Myanmar Now.

Cette semaine a commencé par une nouvelle flambée de violence meurtrière – suite au pire week-end, jusqu’à présent – exercée la junte pour écraser l’opposition au coup d’État du 1er février.

Des meurtres ont été signalés dans tout le pays, la plus forte concentration se situant à Yangon, où au moins 63 personnes sont mortes dimanche 14 mars après que des soldats ont ouvert le feu dans plusieurs districts [de la capitale économique du pays].

À Hlaing Tharyar [district ouest de Yangon], théâtre de certaines des violences les plus meurtrières du week-end, six personnes ont été assassinées, dont un homme d’une cinquantaine d’années qui ramassait des ordures près du pont Aung Zeya lorsqu’un soldat s’est approché de lui et lui a tiré une balle dans la tête.

Deux femmes d’une soixantaine d’années ont également été tuées lorsqu’elles ont été touchées par des balles tirées dans leur maison sur la route de Da Bin Shwe Htee.

Une nuit de terreur

Les tirs aveugles se sont poursuivis jusque tard dans la nuit, faisant au moins deux autres morts dans le district, selon les habitants.

La nuit de terreur a commencé vers 16h30, lorsque les militaires ont bouclé les routes principales entre le pont Aung Zeya et la caserne de pompiers, située à environ 2 km, et ont commencé à tirer.

«Ils étaient sur des camions et tiraient sur tout ce qui bougeait. Ils ont tiré sur tous ceux qu’ils voyaient», a déclaré un habitant, décrivant la scène de lundi soir, 15 mars.

«Il y avait deux vendeurs de crabes dans la zone cette nuit-là. Lorsque les camions sont passés, ils ont sorti la tête pour jeter un coup d’œil et ont été abattus. Ils sont morts tous les deux», a déclaré l’habitant.

De l’autre côté de Yangon, la répression d’une veillée pacifique en hommage à des manifestants décédés dans le district de Dawbon a fait deux morts et quatre blessés graves, lundi, a déclaré à Myanmar Now un membre d’un groupe d’aide basé dans ce district.

Il y a également eu un autre décès lundi à South Dagon, l’une des six districts de Yangon placées sous la loi martiale depuis le week-end, le régime cherchant à réprimer les protestations.

Les meurtres se sont poursuivis mardi à South Dagon [dans le sud-est de Yangon], où l’on rapporte qu’un homme d’une quarantaine d’années a été tué d’une balle dans la tête par les forces de la junte. Aucun autre détail n’était disponible.

Des tirs sur des ambulances

Le bilan de lundi s’est également alourdi en dehors de Yangon, alors que de nouveaux blessés sont décédés et que les chiffres précédents ont été révisés pour refléter les dernières informations disponibles.

À Myingyan, une ville de la région de Mandalay, la mort de six personnes, dont trois adolescents et une femme de 20 ans, a été confirmée, doublant ainsi le nombre de morts précédemment annoncé.

Au moins 17 autres personnes ont été blessées suite à la répression, dont cinq sont dans un état critique, selon un membre d’une équipe qui s’occupe des manifestants blessés.

«Nous avons dû cacher les cadavres parce que nous craignons que [les militaires] ne les emmènent», a déclaré un membre de l’équipe de soutien médical tard dans la soirée de lundi.

Il a ajouté que les soldats ont tiré sur les maisons des habitants qui cachaient les manifestants blessés, ainsi que sur les ambulances qui transportaient les morts et les blessés vers une clinique de fortune.

Deux décès ont également été confirmés à Chanmya Tharzi, un quartier du centre-ville de Mandalay, ainsi qu’au moins cinq autres dans des centres plus petits au nord de la ville.

Au total, quatre décès ont également été signalés à Aunglan, dans la région de Magway, à Gyobingauk, dans la région de Bago, et à Monywa, dans la région de Sagaing, selon les groupes d’aide locaux.

Selon l’Association d’assistance aux prisonniers politiques, l’armée du Myanmar a tué au moins 183 personnes au cours des six semaines qui ont suivi sa prise de pouvoir. (Article publié sur le site Myanmar Now, le 17 mars 2021; traduction rédaction A l’Encontre)

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