Afrique du Sud: un massacre qui marque un tournant, dans une histoire

Par Chris Webb

Dans la foulée du massacre des mineurs de la firme Lonmin, à Marikana, le 16 août 2012, les médias ont présenté «cette violence» comme résultant, en dernière instance, d’un affrontement entre deux organisations syndicales rivales. De plus, ils inscrivaient ces «faits» dans une sorte de «violence naturelle» qui serait propre à l’Afrique du Sud, mettant entre parenthèses aussi bien les legs nombreux du régime d’apartheid («aboli» en 1994) que les terribles inégalités et conditions présentes d’exploitation. Les mineurs de fond – quelque 3000 – revendiquaient une augmentation de leur salaire: de 485 à 600 dollars actuellement à une somme mal définie (mais qui a souvent été exagérée par les médias dans le but de déconsidérer les grévistes). A ces revendications et à cette mobilisation s’opposait la direction officielle du National Union of Minewokers (NUM). Le NUM est directement lié au système de gouvernement de l’ANC (Congrès national africain). Il est important de remettre dans un contexte historique ce qui constitue l’arrière-fond historique de cette tuerie dans cette mine de platine, ce que fait Chris Webb dans l’article que nous publions ci-dessous. Ce massacre s’inscrit donc dans une longue durée: celle des formes d’exploitation et d’oppression des travailleurs des mines d’Afrique du Sud.

Devant le choc provoqué par la tuerie du 16 août – qui renvoyait à celles de l’époque de l’apartheid – le président Jacob Zuma a été contraint de déclarer un «deuil national». Les propriétaires de la mine (Lonmin) ont renoncé, dans l’immédiat, à l’injonction faite, de suite, aux mineurs, de reprendre le travail ou d’être licenciés. Frans Baleni, secrétaire général du NUM, le matin de la grève demandait aux mineurs de reprendre le travail. Et suite au massacre, le porte-parole du NUM, Lesib Seshoka, condamna «les violences», mais rendit hommage aux policiers qui mettaient de l’ordre «contre les éléments criminels et provocateurs»!

L’initiative de Zuma – «deuil national» d’une semaine – en mettant l’accent, après des hésitations, sur l’hommage à rendre aux «victimes» tente d’effacer une réalité: depuis cinq ans, les travailleurs des mines de platine mènent des luttes contre les compagnies minières de ce secteur: Angloplat, Implat et Lonmin. L’émergence du syndicat opposé au NUM – division que des firmes ont cherché à utiliser – l’Association of Minerworkers and Construction (AMCU) est le résultat du refus par les travailleurs des compromissions accentuées des appareils officiels avec les directions des firmes et le pouvoir. En effet, leurs conditions de travail étaient inacceptables et se péjoraient. La direction du NUM non seulement a dénoncé, depuis sa création, l’AMCU comme un organe patronal, mais, en ce mois d’août 2012, a même demandé l’arrestation des dirigeants de l’ACMU comme «fomenteurs de violences»! Diverses études indiquent aussi le déplacement de la base du NUM vers les «cols blanc», éloignés des mineurs et sa perte d’emprise sur les travailleurs-mineurs; d’où la violence des attaques du NUM contre l’ACMU.

Ces luttes et le massacre mettent en question la légitimité du pouvoir de l’ANC (Congrès national africain, au gouvernement depuis 1994) et la machinerie mise en place. La grève des travailleurs de Lonmin traduit l’émergence d’un secteur significatif de travailleurs qui ne sont pas (ou plus) intégrés, de fait, au régime de la triple alliance politico-syndicale qui a géré politiquement l’Afrique du Sud depuis 1994: celle de l’ANC, de la COSATU (Congress of South African Trade Unions) et du PC. Pour rappel, un des dirigeants historiques du syndicalisme de l’époque de l’apartheid, Cyril Ramaphosa, est l’un des actionnaires de Lonmin. Cela en tant que dirigeant du grand fonds d’investissement Shanduka. Il est aussi au conseil d’administration de Coca-Cola. Parmi les actionnaires de Lonmin on trouve aussi Mike Davis (ex-Eskom) de Xstrata, société sise à Zoug. Ils siègent aux côtés d’investisseurs majoritaires anglo-saxons. Sous forme résumée et extrême, il y a dans la trajectoire de Ramaphosa l’évolution socio-politique du régime de la «triple alliance». Cette dernière s’insère dans le réseau établi entre la «vieille élite» blanche et la «nouvelle élite» noire – configuration qualifiée de Black Economic Empowerment – dont la firme Lonmin est une sorte de synthèse. Les relations de Blade Nzimande, membre du PC et ministre, avec le «monde des affaires» sont tout sauf un secret. Voilà qui complète le tableau.

Les actuelles initiatives des dirigeants de l’ANC et de la COSATU traduisent la crainte – qui est nourrie par une montée de nombreuses «petites» luttes depuis 2009 – d’une rébellion sociale. Elle est qualifiée de «rébellion des pauvres» par des sociologues sud-africains. Ce «mécontentement actif» commence à mettre en question à la fois le régime de «partenariat social» syndical et de gestion politique de l’ANC, comme sa légitimité historique. Les déclarations des grandes firmes minières sur la nécessité d’une «stabilité sociale» pour assurer la poursuite des investissements internationaux sont un signal clair donné à Zuma et à ses complices comme «opposants» au sein du système. (Rédaction A l’Encontre)

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Le 4 août 1946, plus de mille mineurs se sont rassemblés sur le Market Square à Johannesburg en Afrique du Sud. Il n’y avait pas dans cette ville de salle suffisamment grande pour les accueillir. Et même s’il y avait eu, personne ne la leur aurait louée. Les mineurs étaient des membres du African Mine Workers’ Union (AMVVU), un syndicat des travailleurs des mines non-européens qui avait été créé cinq ans plus tôt pour gérer le problème de l’écart salarial de 12 à 1 entre les mineurs blancs et noirs. Le rassemblement a voté à l’unanimité une résolution: les mineurs africains revendiqueraient un salaire minimum de 10 shillings (environ 1 Rand) par jour. Si la Transvaal Chamber of Mines n’accédait pas à cette revendication, tous les travailleurs des mines africains se mettraient immédiatement en grève. Des travailleurs sont montés sur la tribune  les uns après les autres pour témoigner: «Quand je pense comment nous avons quitté nos foyers dans les réserves, nos enfants nus et affamés, nous n’avons plus rien à dire. Chaque homme doit accepter de se mettre en grève le 12 août. Il vaut mieux mourir que de rentrer chez nous les mains vides». Le journal progressiste Guardian a rapporté qu’un vieux mineur s’était levé et a dit à ses camarades: «Nous qui travaillons dans les mines sommes déjà des hommes morts!» [1]

Le massacre 34 mineurs [par la suite huit qui vont décéder de leurs blessures, parmi les 78 blessés graves), à Marikana, le 16 août 2012, dans la province du Nord-ouest, est le résultat inévitable d’un système de production et d’exploitation qui traite depuis toujours la vie humaine comme un produit bon marché et jetable. S’il y avait une origine fondamentale traversant l’histoire de l’Afrique du Sud, un tronc commun dont tous les autres événements seraient les branches, ce serait l’exigence de la main-d’œuvre à bon marché pour les mines sud-africaines. «Il n’y a aucune industrie de cette ampleur et de ce niveau de prospérité qui a réussi à conserver avec autant de succès sa politique de main-d’œuvre bon marché», écrivait Ruth First en se référant à la capacité de la Chamber of Mines de faire pression sur le gouvernement pour qu’il adopte des mesures afin de déplacer les Africains de leurs terres et les mettre sous la botte des patrons des mines. [2]

Maîtres et serviteurs

Des mécanismes tels que les impôts (cens), les « pass laws » [lois sur les laissez-passer qui limitaient strictement les déplacements de la population non blanche], le Masters et Servants Acts [lois réglant les rapports entre employeurs et employés, interdisant notamment la syndicalisation], ainsi que la misère rurale contribuaient, tous, à assurer un approvisionnement ininterrompu et à un prix dérisoire de travailleurs pour les mines. Les Pass Laws ont été créés afin de forger une société où la seule option d’emploi viable pour la population noire était le travail dans les fermes ou dans les mines. Pourtant, tout au long du XIXe et du XXe siècles les salaires de misère et les conditions de vie dangereuses ont tenu à l’écart beaucoup de travailleurs des populations locales, obligeant la Chamber of Mines à recruter des travailleurs issus de régions lointaines, comme le Malawi et même la Chine. Des marchandages sordides entre l’Afrique de l’Est portugaise et le régime d’apartheid sud-africain ont permis de recruter du travail forcé pour les mines. C’est ainsi qu’en 1929, 115’000 Mozambicains travaillaient sous-terre. Dans son étude sur les mineurs mozambicains migrants, First a écrit: «On a dit que la richesse des mines d’or du Reef tient non pas à la richesse du filon, mais aux coûts de production maintenus à un niveau bas par du travail bon marché». [3]

Lorsque le African Mine Workers Union (Syndicat des mineurs africains – AMWU) fut créé en 1941, les mineurs noirs gagnaient 70 Rand par année, alors que les travailleurs blancs recevaient 848 Rand. Les mineurs blancs étaient organisés depuis de longues années. Mais comme l’a montré la Rébellion du Rand de 1922 dirigée par les Syndicat des Travailleurs des Mines réservé aux Blancs, il n’y avait pas beaucoup de solidarité (pour le moins) entre les deux groupes. Des mineurs blancs se sont mis en grève contre la tentative par la direction d’affaiblir la pratique de discrimination raciale afin de faciliter l’accès de travailleurs noirs moins payés à des postes qualifiés. Soutenue par le Parti communiste d’Afrique du Sud avec le mot d’ordre «Unissez-vous et luttez pour une Afrique du Sud blanche!», la rébellion fut brutalement écrasée par l’Etat, faisant plus de 200 morts. La croissance des syndicats non-européens pendant les années 1940 a été très forte et, pour la toute première fois, il fut question des intérêts des mineurs africains. Mais leurs revendications menaçaient les fondements même du système de la main-d’œuvre à bon marché. C’est la raison pour laquelle le Premier ministre Jan Smuts a présenté, en 1944, le War Measure 1425, interdisant tout rassemblement de plus de 20 personnes sur la propriété de la mine. Malgré ces difficultés, le syndicat a continué sa progression et, en 1946, ses membres ont adressé à la Chamber of Mines leurs revendications d’augmentations salariales. Une lettre appelant à des négociations de dernière minute avec la Chamber of Mines a été, comme d’habitude, ignorée.

Le 12 août des dizaines de milliers de mineurs noirs étaient en grève depuis l’est jusqu’à l’ouest du Rand. L’Etat a fait preuve d’une brutalité inouïe, chassant des mineurs en bas des puits de la mine en tirant à balles réelles et en réprimant les grèves de soutien potentielles dans la ville de Johannesburg. Le 16 août, l’Etat avait réussi, à coups de matraque, à obliger 100’000 mineurs à reprendre le travail. Il y a eu 9 morts. Au cours de quatre jours de grève, des milliers de dirigeants syndicaux ont été arrêtés, et le comité central du Parti communiste et les dirigeants locaux de l’ANC (African National Congress) ont été arrêtés et jugés pour trahison et pour insurrection. La violence est arrivée à son comble pendant les élections de 1948 qui ont été suivies de nouvelles vagues de répression et par le début de l’hystérie anti-communiste du pays.

Quand le NUM rappelait 1946

Même si la grève n’a pas atteint ses objectifs immédiats, elle a marqué un moment décisif dans la politique de l’Afrique du Sud, et elle a changé pour toujours la conscience du mouvement des travailleurs. Trente ans plus tard, Monty Naicker, une des figures importantes du Congrès sud-africain indien, a déclaré au sujet de la grève: «Elle a transformé du jour au lendemain la politique sud-africaine. Elle a mis un terme à la tendance aux compromissions et aux demandes de concession qui avaient dominé la politique africaine. L’opportunisme timide et les demandes de faveurs ont disparu.» [4] Le Native Representative Council, formé par l’Etat en 1937 pour traiter de la «vieille histoire des autochtones», a été démantelé le 15 août et le Dr. A. B. Xuma, président de l’ANC, a réitéré la demande de «reconnaissance des syndicats africains et de salaires adéquats pour les travailleurs africains, y compris les travailleurs des mines.» [5]

En 1946, la grève des mineurs a été l’étincelle qui a enflammé le mouvement anti-apartheid. Le programme d’action de la Ligue des jeunes de l’ANC, tout comme la campagne de défi des années 1950 et l’émergence de l’aile armée de l’ANC Umkhonto we Sizwe (Lance de la nation) doivent beaucoup au militantisme de ces travailleurs. Il est trop tôt pour savoir quel sera l’impact de l’actuelle grève de Lonmin sur la politique sud-africaine, mais il semble peu probable qu’elle sera aussi riche de conséquences que celles du passé. Le Syndicat national des travailleurs des mines (NUM), qui peut être considéré comme l’héritier de la grève de 1946, est actuellement engagé dans une série de disputes territoriales avec l’Association of Mineworkers and Construction Union (AMCU), une branche dissidente. Pendant ce temps, la réaction mitigée de la COSATU (Congress of South African Trade Unions) fait écho à la position de l’ANC sur une culpabilité partagée et un deuil public. Le Parti communiste sud-africain, de plus en plus incohérent, a appelé à l’arrêt des dirigeants de l’AMCU, alors que certains de ses prétendus cadres défendent l’action de la police. L’appel de Julius Malema, l’ancien dirigeant de la Ligue des jeunes de l’ANC aux mineurs pour qu’ils tiennent bon et forment un syndicat plus militant pue l’opportunisme politique.

Toujours dépendants d’une main-d’œuvre à bon marché et flexible

Ce que personne – à part les mineurs eux-mêmes – n’a osé dire, c’est que l’industrie minière reste dépendante d’une main d’oeuvre bon marché et flexible, dont beaucoup continue à venir des pays voisins. Du point de vue historique, c’est ce qui a été la source de la plupart des doléances des mineurs. Une étude récente de la Fondation Bench Marks sur les mines de platine dans la province du Nord-ouest a divulgué un certain nombre de facteurs qui entraînent le mécontentement croissant des travailleurs de la région.

La mine de Lonmin s’est distinguée par son niveau élevé d’accidents mortels, les piètres conditions de vie des travailleurs et le fait qu’elle n’engage pas assez de mineurs de la région. Le fait peut-être le plus significatif est que presque un tiers de la force de travail de Lonmin est engagé par des entreprises sous-traitantes. [6] Cette forme d’emploi n’est pas nouvelle dans l’industrie minière. En effet, depuis la découverte de ces ressources minérales au XIXe siècle des recruteurs de main-d’œuvre ont sillonné la moitié sud du continent à la recherche de travailleurs. La présence continuelle de ces «courtiers de travail» sur les mines et la réticence de l’ANC à les bannir – optant au contraire pour un système de régulation croissante – est la vérité sanglante de la soit-disante «flexibilité régulée» en Afrique du Sud.

Cette même étude de Bench Marks livre bon nombre de conclusions qu’il vaut la peine de mentionner dans la mesure où elles éclairent certaines des critiques réelles qui se sont perdues au milieu des photos de machettes brandies. Le nombre d’accidents mortels à Lonmin a doublé depuis 2011 et la compagnie a systématiquement ignoré les demandes de recruter parmi les populations locales, favorisant les sous-traitants et les travailleurs migrants. Voici ce qu’a révélé une visite de l’équipe de recherche de la Fondation Bench Marks à Marikana:

«Une prolifération de cahutes et de bidonvilles, la détérioration rapide de l’infrastructure formelle et des logements à Marikana même, et le fait qu’un secteur du township construit par Lonmin n’a pas reçu du courant électrique pendant plus d’un mois au moment de notre dernière visite. Au Township RDP nous avons trouvé, dans trois emplacements différents, des systèmes d’égouts endommagés qui se déversaient directement dans le fleuve.» [7]

L’étude prédisait d’ailleurs qu’il y aurait d’autres protestations violentes à Marikana dans l’année à venir. Le licenciement de masse de 9’000 travailleurs, en mai de l’année passée, a exacerbé les rapports déjà tendus entre la population et la firme minière puisqu’en étant renvoyés les travailleurs perdaient également les logements fournis par la compagnie.

Encore une fois, ces faits ne sont pas du tout nouveaux dans le monde des mines sud-africaines. Derrière les bidonvilles sordides qui entourent les puits des mines d’énormes profits peuvent être faits. Au cours les récentes années, l’industrie des mines de platine a prospéré comme aucune autre grâce à la popularité croissante des bijoux en platine et à l’utilisation de ce métal dans les pots d’échappement catalytique des véhicules aux Etats-Unis et dans les pays européens. La production a augmenté de 60% entre 1980 et 1994, alors que les prix ont presque quintuplé. La valeur des ventes, presque toutes dans l’exportation, a ainsi augmenté pour atteindre presque 12% des ventes totales de l’industrie minière. Le prix du platine a augmenté de manière si forte dans les années 1990 qu’il est au même niveau que l’or en tant que ressource minérale d’exportation. [8] L’industrie sud-africaine de platine est la plus importante du monde. En 2011, elle a rapporté un revenu total de 13.3 milliards de dollars. On s’attend d’ailleurs à ce qu’il augmente encore de 15.8% au cours des cinq prochaines années. Lonmin est lui-même un des producteurs le plus important de platine au monde. Le gros de son tonnage provient de la mine de Marikana. La compagnie a enregistré des revenus de 1.9 milliards en 2011, représentant une augmentation de 25.7%, dont la plus grande partie proviendrait des puits de Marikana. [9]

Les travailleurs de fond de Marikana ne gagnent que 4000 Rand par mois, soit 480 dollars, alors qu’ils risquent quotidiennement la mutilation et la mort. Comme l’a expliqué un mineur au journal sud-africain Mail and Guardian: «Il vaut mieux mourir que travailler pour cette merde… Je ne vais pas arrêter de faire la grève. Nous allons protester jusqu’à ce que nous obtenions ce que nous voulons. Ils ne nous ont rien dit. La police peut bien essayer de nous tuer, mais nous ne bougerons pas.» Des expressions de frustration et de colère comme celle-ci pouvaient s’entendre aussi bien en 1922 ou en 1946 qu’aujourd’hui. Elles constituent une mise en cause cinglante d’une industrie qui continue à traiter ses travailleurs comme s’ils étaient jetables et d’un Etat que maintient la politique du travail à bon marché de l’apartheid. (article écrit 21 août 2012, Traduction A l’Encontre)

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Chris Webb est un étudiant post-gradué à l’Université de York, à Toronto, où il fait des recherches sur la restructuration du travail dans l’agriculture sud-africaine.

Notes

[1] 1. Monty Naicker, “The African Miners Strike of 1946,” 1976.

[2] 2. Ruth First, “The Gold of Migrant Labour,” Spearhead, 1962.

[3] 3. Ruth First, “The Gold of Migrant Labour,” Spearhead, 1962.

[4] 4. Monty Naicker, “The African Miners Strike of 1946,” 1976.

[5] 5. Dr A.B. Xuma cité dans Monty Naicker, “The African Miners Strike of 1946.”

[6] 6. The Bench Marks Foundation, “Communities in the Platinum Minefields,” 2012.

[7] 7. The Bench Marks Foundation, “Communities in the Platinum Minefields,” 2012.

[8] 8. Charles Feinstein, An Economic History of South Africa, Cambridge: Cambridge University Press, 2005, 211.

[9] 9. Marketline Advantage Reports on South Africa’s Platinum Group Metals, 2011.

 

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