Le MAS (Movimiento al Socialismo) qui est au pouvoir à La Paz depuis 2008, a reconfiguré la Bolivie, qui a subi de profondes transformations socioculturelles. Grâce à une gestion attentive de la macroéconomie, des taux de croissance élevés, un niveau de réserves en devises record et des améliorations dans les taux de pauvreté et d’inégalité, il a réussi à désarticuler l’opposition libérale-conservatrice.
«D’abord ils disaient “cet Indien ne va pas durer plus de six mois”; maintenant ils disent “cet Indien va rester au pouvoir pendant 50 ans”», c’est ainsi qu’Evo Morales [d’origine uru-aymara, venant de la région minière d’Oruro, il s’établira par la suite dans le Chapare, région de Cochabamba, où il sera un des leaders des cocaleros; il revendique son origine] résume souvent la situation politique bolivienne.
Cette conception découle, d’une part, de celle qu’ont de lui les veilles élites et, d’autre part, des transformations dans les rapports de forces politiques qui se sont opérés durant les sept dernières années, depuis qu’il a été élu avec 54% des suffrages et a assumé le 22 janvier 2006 sa charge en tant que premier président indigène de Bolivie.
Depuis lors, beaucoup d’eau a coulé sous le pont. A force d’élections et de référendums, d’une nouvelle Constitution de «refondation» et de plusieurs nationalisations (dont la dernière en date concernait des entreprises électriques à capital espagnol), le président bolivien a consolidé sa position au pouvoir. Soutenu par une coalition sociale urbaine et rurale qui est une première depuis la révolution nationale de 1952, il a réussi à affronter avec succès la réaction des élites autonomistes de l’Orient bolivien.
Une économie solide
«Après presque un siècle, la Bolivie est revenue sur les marchés financiers mondiaux, en plaçant des bons souverains [émissions d’obligations] pour 500 millions de dollars et d’une durée de dix ans ; cette opération a démontré la confiance des investisseurs dans le pays le plus pauvre d’Amérique du Sud» [1]. Par elle-même, cette information montre combien il est difficile de cataloguer le modèle bolivien dans une sorte d’«axe anticapitaliste» et «anti-moderne» radical [2]. La confiance que dénote l’article cité fait référence au taux d’intérêt prometteur obtenu par le gouvernement bolivien, à partir de la notation par la Bank of America Merrill Lynch et par Goldman Sachs: 4,8% annuels. Par ailleurs, les agences de notation ont augmenté cette année la notation de la Bolivie, en citant ses solides réserves, sa capacité à gérer la dette et le déficit budgétaire bas ou nul [3].
Au cours de ces sept années, Evo Morales a expérimenté beaucoup de choses – surtout en ce qui concerne la conception institutionnelle du pays – mais il ne s’est jamais écarté d’une politique macroéconomique attentive à l’équilibre budgétaire et il a maintenu le même ministre de l’Economie depuis 2006. Luis Arce Catacora, un technicien modéré aussi bien en ce qui concerne la politique qu’il pratique que dans son style personnel, est jusqu’à maintenant, avec le ministre des Affaires étrangères David Choquehuanca, un des intouchables de son gouvernement. «L’opération montre que les investisseurs ne font pas attention à la rhétorique, mais plutôt aux chiffres macroéconomiques», a analysé Horst Grebe, directeur de l’Institut Prisma [4]. Dans ce type de commentaires, il y a habituellement un taux de «raison ironique»: en fin de compte l’anticapitalisme de Evo ne serait qu’un conte pour épater le bourgeois. Mais il ouvre aussi la voie à une reconnaissance implicite du fait que les fantasmes sur les violations de la sécurité juridique et d’autres critiques initiales étaient exagérées.
Finalement, même le FMI a félicité dans ses derniers rapports «le solide engagement économique» bolivien. Et Morales ne laisse passer aucune occasion de revendiquer avec fierté ces chiffres et de signaler qu’il a réussi là où les néolibéraux avaient échoué. Le mélange entre le traumatisme de l’hyperinflation des années 1980 et une psychologie (paysanne) hostile à l’endettement explique peut-être cette vision du monde économique, très éloignée de certaines images stéréotypées du leader «cocalero» [planteur et cueilleur de feuille de coca] et des Indigènes [«indios»| en général.
Dans les années 1990 et au début des années 2000 les gouvernements boliviens faisaient des merveilles pour payer les étrennes (de Noël) en utilisant le Trésor public devenu de plus en plus rachitique sous les effets de la conjoncture internationale et les politiques néolibérales appliquées à l’échelle nationale. Par contre, sous Morales, le PIB a doublé. Il a passé de 11’500 à 24’600 millions de dollars, avec un bond du PIB annuel par tête d’habitant de 1200 à 2200 dollars [5]. En outre, les réserves en devises internationales – une variable qui explique sans doute la prudence budgétaire – ont atteint des niveaux records dans l’histoire bolivienne: 13’000 millions de dollars. L’inflation est inférieure à 5% et, dans un pays bi-monétaire comme la Bolivie (dollar et boliviano), la «bolivianisation» des dépôts bancaires a atteint un record de 69%, notamment à cause de l’amélioration des anticipations des épargnants en ce qui concerne la stabilité en termes de taux de change [6].
Morales a souvent exposé clairement son imaginaire modernisateur, comme lorsqu’il a dit: «Je veux que les paysans puissent discuter sur leurs téléphones mobiles avec leurs proches en Espagne ou en Argentine [qui envoient des devises à leur famille] lorsqu’ils mènent paître leurs lamas.» Et il a étendu la couverture du réseau de téléphonie mobile à l’ensemble du pays. Néanmoins, l’image la plus emblématique du pari de Morales pour les «grands bonds» dans le domaine des communications est la décision de commander à la Chine la construction du satellite Tupac Katari [leader de la révolte indienne en Bolivie contre l’occupation coloniale espagnole en 1781] pour un prix de 300 millions de dollars.
Soixante-quatre boursiers ont fait le concours d’entrée à l’Académie chinoise de l’Espace pour se former au contrôle du satellite et avec l’espoir d’arriver un jour à le contrôler depuis l’Agence spatiale bolivienne créée en 2010. En outre, pour renouveler sa séduction auprès de la population de La Paz avec de grands ouvrages, Morales a déjà annoncé la construction d’un téléphérique de transport public entre La Paz et la ville d’El Alto, une agglomération urbaine indigène, populaire [auto-construite en grande partie] d’un million d’habitants, relativement proche du siège du gouvernement.
En parallèle, les politiques sociales, qui s’ajoutent au contexte macroéconomique favorable ayant facilité la réduction du chômage, ont entraîné des améliorations dans les taux de pauvreté et d’inégalité. Entre 2005 et 2010, la pauvreté [sous le seuil de 2 dollars par jour, selon les critères de la Banque mondiale] au niveau national a baissé de 60,6% à 49,9% et l’extrême pauvreté [personnes vivant avec moins de 1,25 dollar par jour, selon les critères de la BM] de 38,2% à 28,4%. Ces améliorations se sont produites dans le cadre d’une croissance notable de l’investissement public qui a été multiplié par trois au cours de ces dernières années [7]
Des élites émergentes
Ces données montrent des avancées et mettent en évidence les énormes défis qui restent à affronter. On peut prendre un autre indicateur des changements: ce sont le type de plaintes que l’on peut entendre ces temps-ci dans la coquette zone sud de La Paz [quartiers aisés, au bas de la ville, c’est-à-dire à une hauteur plus supportable], où l’on déplore par exemple la pénurie d’employées domestiques logeant à domicile. Certaines de ces femmes, migrantes de la campagne, préfèrent travailler aujourd’hui dans la construction, qui connaît un boom dans les grandes villes boliviennes.
Dans cette même zone sud de La Paz on pouvait de même, il y a quelque temps, entendre une série de commentaires sur des voisins cossus qui vendaient leurs maisons à des «cholos» (terme utilisé par les Créoles espagnols, dès le début XVIe siècle, pour désigner les indigènes ou les métis) en ascension sociale qui leur avaient fait des offres irrésistibles. Même s’il y a beaucoup de mythes urbains sous forme de rumeurs et commérages qui circulent et prennent de l’ampleur, l’ascension sociale que vivent depuis quelques années des couches d’origine aymara [peuple qui vivait dans la région du lac Titicaca et se trouve – se trouvait – au carrefour de la Bolivie, du Pérou et y compris de l’Argentine et du Chili] actives dans le commerce constitue une évidence à toute épreuve. Cela peut ou non prendre la forme d’une «chola» qui achète une maison et la paie en liquide avec des liasses de dollars qu’elle sort d’une valise, comme le montre le film Zona Sur de Juan Carlos Valdivia, 2009. Mais il n’y a aucun doute sur le fait que l’ascension sociale d’une proto-bourgeoisie commerciale aymara entraîne de profondes transformations socioculturelles.
La versatilité que montrent ces groupes ethnico-culturels pour fonctionner dans un monde globalisé – comme le montrent leurs rapports avec la Chine – est très bien illustrée par l’histoire de Mercedes Quispe. Tous les jeudis et dimanches cette commerçante aymara vend des automobiles d’occasion – qu’elle importe de la zone franche de Iquique [dans le Nord du Chili] où elle les achète à des revendeurs pakistanais – dans le marché du 16 de Julio de El Alto [donc au-dessus de La Paz, sur l’altiplano]. Les autres jours de la semaine, elle fait le commerce de téléphones mobiles en gros – importés de Chine par son frère – dans de petits villages du nord et de l’est de la Bolivie [8].
Aujourd’hui beaucoup d’enfants de commerçants aymaras étudient dans des universités privées de bon niveau, comme la Catolica à La Paz. Certains vont même apprendre le chinois mandarin dans un institut situé dans le Prado de La Paz [qui se situe sur la principale avenue de La Paz]. D’ailleurs, dans les débats sur la réforme de l’éducation, un groupe de commerçants a demandé que cette langue asiatique soit incluse dans le curriculum scolaire [9]. «On observe un processus de mobilité sociale impressionnant, produit de la combinaison du boom économique et des changements politiques. Ces secteurs se conduisent de plus en plus comme une nouvelle élite», a déclaré à au Monde Diplomatique [édition «amérique-latine»] Andrés Torrez, ex-secrétaire exécutif de la Confédération d’Entrepreneurs privés de Bolivie.
Il est cependant évident que, malgré ces bons résultats, l’économie bolivienne continue à dépendre des matières premières, et surtout du gaz et des produits des mines. Si au Venezuela Hugo Chavez a parlé d’un «socialisme pétrolier très différent de ce qu’avait imaginé Marx» [10], en Bolivie on pourrait parler d’un socialisme du gaz ou, pour utiliser les termes de Fernando Molina, d’un nationalisme archéologique rentier [11] avec une énorme capacité d’évocation politique. Depuis l’époque coloniale, les entrailles de la Bolivie sont pleines de ces métaux du diable [étain, argent, etc.] sur lesquels a écrit le célèbre écrivain nationaliste Augusto Cespedes [1904-1997, journaliste, écrivain, homme politique, une figure de la révolution de 1952, il écrivit des romans dans lesquels il dénonçait, entre autres, l’oligarchie minière] et que l’on considère maintenant comme le nouvel Eldorado du bien-être et du développement national. Par ailleurs, ces secteurs émergents ont une position ambivalente à l’égard de l’Etat: ils soutiennent du côté face l’Etat providence, mais s’opposent au côté pile: celui de d’Etat régulateur et de percepteur d’impôts.
Des «tensions créatives»
Au cours de ces dernières années, la configuration politique bolivienne a été radicalement transformée. Le pouvoir de ce qu’on avait appelé la «Demi-lune autonomiste» [à l’est du pays, les régions de: Santa Cruz, Beni, Pando et Tarija] est resté très affaibli suite à l’échec de ses tentatives de déstabiliser le gouvernement central en 2008, et après la destitution ou la suspension des gouverneurs de Pando, du Beni et de Tarija. Le premier, Leopoldo Fernandez, est en prison à La Paz, inculpé pour le massacre de paysans du Porvenir en septembre 2008. Mario Cossio, de Tarija, s’est auto-exilé au Paraguay, accusé de corruption. La situation est un peu différente en ce qui concerne le Beni: le démissionnaire, Ernesto Juarez, a réussi à faire élire son candidat, le politicien et juriste Carmelo Lens Fredricksen, le 20 janvier 2013, réparant en partie le recul de la droite dans l’Orient bolivien.
L’«effet de célébrité» de la candidate du MAS, l’ex-Miss Bolivie, Jessica Jordan et les politiques étatiques destinées à «construire l’Etat» dans l’Amazonie n’ont pas réussi à vaincre la candidature unique de la droite à Beni. Mais ils ont pu consolider une base officialiste [pro-Morales] de 40% dans une zone d’élevage historiquement hostile à la gauche et à l’indigénisme. Le triomphe de Lens Fredricksen redonne un peu d’air au gouverneur de Santa Cruz, Rubén Costas. Jusque-là il avait résisté en solitaire, mais pour le moment il est loin de bouleverser la configuration politique nationale. En même temps, le gouvernement s’est rapproché pragmatiquement du patronat de la région de Santa Cruz. Ce dernier a même participé avec des délégués à des réunions comme la «Rencontre plurinationale pour renforcer le changement» de décembre 2011, aux côtés des mouvements sociaux officialistes.
Dans ce contexte, un autre type d’opposition s’est modelée, surgie des entrailles même de l’officialisme ou de ses alliés. C’est le cas des ex-vice-ministres de l’Agriculture, Alejandro Almaraz [un des initiateurs du MAS, dans le premier gouvernement il stimula la distribution de la terre aux paysans et aux indigènes: la Loi 3545] ou de la Planification stratégique, Raul Prada [vice-ministre de février à septembre 2010, dans le cadre du ministère de l’Economie]. Malgré la tentative de créer une Coordination plurinationale de reconduction du processus de changement, celle-ci n’a pas prospéré. Ces ex-fonctionnaires expriment la position de ceux qui sont déçus par l’évolution du gouvernement vers des positions plus clairement néo-développementistes et nationales-populistes. Même si cette dérive paraissait inscrite dès le début, ces secteurs critiques pensaient que le gouvernement était un «territoire en dispute» et ils s’y sont démenés pour imposer un programme qui prendrait plus au sérieux le caractère plurinational du nouvel Etat.
Mais ces illusions ont été enterrées par la décision d’avancer contre vents et marées dans le tracé de la route qui traversera le Territoire indigène-Parc national Isiboro Sécure (TIPNIS), qui devrait relier Cochabamba à l’Amazonie bolivienne, dans un pays qui s’est historiquement caractérisé par sa désintégration territoriale. Là, ils se sont heurtés aux arguments de géopolitique interne – exposés par le vice-président Alvaro Linera [12] – avec les conceptions eco-indigénistes de ceux qui veulent éviter qu’une route ne coupe en deux cette région isolée de Bolivie, déclarée Parc national dans les années 1960 et territoire indigène dans les années 1990.
La récente consultation des indigènes n’a pas réussi à résoudre le conflit. Pour le gouvernement, ceux-ci ont accepté la route contre des dirigeants «manipulés par la droite et par les groupes de pouvoir de l’Orient bolivien», mais pour les opposants la consultation a été dénaturée par les autorités moyennant des opérations de clientélisme politique. Ont été incluses dans la consultation des communautés indigènes qui ne devaient pas disposer du droit de vote sur la question posée [13]. En résumé: le vice-président considère les ambivalences entre développementisme et éco-indigénisme plurinational comme étant des «tensions créatrices» [14], il considère toutefois que les critiques ne sont que des rancuniers «rousseauistes» ayant une conception romantique des indigènes; ces derniers accusent le gouvernement de s’écarter de la voie initiale.
En parallèle, une autre «nouvelle» opposition cherche à se positionner dans le champ politique: il s’agit du Mouvement Sin Miedo-MSM [Mouvement sans crainte], dirigé par l’ex-maire de La Paz [15], Juan del Granado [de 1999 à 2009, en rupture avec Morales au début 2010]. Avec un programme de centre-gauche, le MSM critique les dérives autoritaires du gouvernement. Autrement dit, le fait qu’il s’écarte des règles institutionnelles et le peu d’empressement qu’il met à appliquer la nouvelle Constitution, en particulier en ce qui concerne les autonomies régionales et les indigènes, ce qui contrarie le visage centralisateur-jacobin que présente l’«évisme» [de Evo]. Issu de la gauche des années 1980, del Granado a à son actif une gestion réussie du gouvernement de La Paz. Morales lui-même disait, lorsqu’ils étaient alliés, qu’il fallait «cloner» celui qui était alors le maire de La Paz. En outre, «Juan sans peur» a été l’artisan – en tant qu’avocat – de la condamnation historique de 30 ans contre le narco-dictateur Luis Garcia Meza [au pouvoir, après un coup d’Etat, de juillet 1980 à août 1981], qui continue à purger sa peine dans une prison de El Alto. Même s’il lui reste à construire une force à échelle nationale, del Granado est perçu comme une menace plus sérieuse pour Morales, qui accuse son ex-allié d’être «néolibéral».
Outre une opposition libérale-conservatrice affaiblie et une opposition de gauche modérée émergente mais encore faible, la configuration politique est complétée par le secteur nationaliste radical où l’ex-ministre Andrés Solis [ministre des Hydrocarbures, nommé par Morales] rassemble des forces même si celles-ci ne s’expriment pas politiquement dans un parti. Solis accuse le gouvernement d’avoir abandonné l’orientation de développement national et cédé aux chants de sirène du pachamamisme [de pachamama: Terre-Mère, en lien avec la notion de fertilité dans la cosmogonie andine] multiculturaliste attisé par les ONG – pour affaiblir la souveraineté nationale, surtout face aux intérêts du «sous-impérialisme» brésilien [16].
500 ans
Morales espère être réélu à la fin 2014. Bien que la nouvelle Constitution comprenne un article transitoire établissant que le premier mandat compte et que le président n’a droit qu’à une seule réélection, le gouvernement a trouvé un argument qui a surpris même l’opposition. Il a argumenté que le premier mandat ne comptait que s’il était mené à terme. Or, du fait que Morales a appelé à des élections anticipées en 2009 – pour mettre en vigueur la nouvelle Carta Magna – cette période a été éliminée. Pour Garcia Linera il s’agissait en l’occurrence d’une «stratégie militaire enveloppante» (puisque la politique consiste à mener a guerre par d’autres moyens) déployée par l’officialisme afin de bloquer les aspirations de la droite qui cherche à empêcher une nouvelle réélection de Morales en 2014.
Le président bolivien cherche donc à gagner dans les urnes. Ce sont les urnes qui ont débloqué le «ballottage catastrophique» avec l’Orient autonomiste (grâce à la ratification, avec 67% des suffrages, de la proposition gouvernementale lors du référendum de 2008). Ce sont encore les urnes qui ont consolidé son hégémonie politique et institutionnelle avec sa réélection avec un score de 64% des suffrages exprimés, en 2009, lors des votations dans lesquelles il a, en outre, obtenu les deux tiers du Congrès. «[Les indigènes] nous sommes venus pour rester pendant 500 ans», répète celui qui est encore le chef des Fédérations de paysans cultivateurs de coca des tropiques boliviens: Evo. L’opposition s’enthousiasme avec l’idée que l’usure du pouvoir et le cours gouvernemental pourraient lui ouvrir de nouvelles possibilités. (Traduction A l’Encontre)
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Cet article a été publié en espagnol dans Le Monde diplomatique, Cono Sur, en février 2013, pages 10-11. Pablo Stefanoni est journaliste, chef de rédaction de Nueva Sociedad.
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Notes bibliographiques
[1] Ambito Financiero, Buenos Aires, 22-10-12.
[2] Le gouvernement lui-même encourage ces visions avec des prononcés comme le “Manifiesto de la Isla del Sol. Diez mandatos para enfrentar al capitalismo y construir el Vivir Bien”, 21.12.12.
[3] Fitch Ratings y Standard & Poor’s ont récemment élevé la notation de la Bolivie de “B-” à “BB-” , alors que Moody’s l’a fait passer de “B3” à “Ba3”.
[4] Ambito Financiero, 22.10.12.
[5] “FMI destaca crecimiento economico de Bolivia”, agencia ABI y Pagina 7, La Paz, 16.6.12.
[6] Miguel Lazcano, “Bolivianizacioon del sistema financiero ya alcanza al 69%”, La Razon, La Paz, 2.10.2.
[7] Source: Unidad de Analisis de Politicas Sociales y Economicas (UDAPE), en Alvaro Garcia Linera: El “oenegismo”, enfermedad infantil del derechismo (O como la “reconduccion” del Proceso de Cambio es la restauracion neoliberal), Vicepresidencia del Estado, La Paz, 2011. Sur les politiques sociale, voir Pablo Stefanoni, «Posneoliberalismo cuesta arriba. Los modelos de Venezuela, Bolivia y Ecuador en debate», Nueva Sociedad, No 239, Buenos Aires, mai-juin 2012.
[8] Nico Tassi, Juan Manuel Arbona , Giovanna Ferrufino y Antonio Rodriguez-Carmona, “El desborde economico popular en Bolivia. Comerciantes aymaras en el mundo global”, Nueva Sociedad, No 241, Buenos Aires, septembre-octobre 2012.
[9] “El idioma chino mandarin ayuda a los comerciantes”, Cambio, La Paz, 1.1.12.
[10] “Chavez: Estamos construyendo un socialismo petrolero muy diferente del que imagino Marx”, Aporrea, 29.7.07, www.aporrea.org/energia/n98719.html
[11] Fernando Molina, El pensamiento boliviano sobre los recursos naturales, Fundacion Vicente Pazos Kanki, La Paz, 2009.
[12] Alvaro Garcia Linera, Geopolitica de la Amazoni?a, poder hacendal-patrimonial y acumulacioon capitalista, Vicepresidencia del Estado, 2012.
[13] Voir par exemple, Silvia Rivera Cusicanqui, “Del MNR a Evo Morales: disyunciones del Estado colonial”, in Bolpress, 31-12-12.
[14] Alvaro Garcia Linera, “Las tensiones creativas de la revolucion. La quinta fase del Proceso de Cambio”, Vicepresidencia del Estado, 2011.
[15] Le MSM a été l’allié du MAS jusqu’en 2010, lorsque ce parti a réussi à garder dans les mains une mairie comme celle de La Paz et gagner à l’officialisme un territoire où Evo Morales conserve une grande popularité.
[16] Sur le rôle du Brésil dans la region, Rauul Zibechi, Brasil potencia. Entre la integracioon regional y un nuevo imperialismo, Bajo tierra ediciones/Jovenes en resistencia alternativa, Mexico, 2012.
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