Par Margaret Poydock et Jennifer Sherer
L’année dernière a vu une relance de l’action collective parmi les travailleurs et travailleuses. Plus de 16,2 millions d’entre eux et elles étaient représentés par des syndicats en 2023, soit 191 000 de plus qu’en 2022. Les travailleurs ont déposé des pétitions et votes pour établir des sections syndicales en nombre record. Ils ont obtenu des gains salariaux significatifs grâce à des débrayages, grèves et arrêts de travail et grâce à des négociations contractuelles. En outre, les efforts de syndicalisation se sont poursuivis dans divers secteurs, notamment les soins de santé, les organisations à but non lucratif, l’enseignement supérieur, les musées, le commerce de détail et l’industrie manufacturière (Shierholz et al. 2024).
Les grèves ont été l’une des principales formes d’action collective en 2023. On parle de grève lorsque des travailleurs refusent de travailler pour leur employeur dans le cadre d’un conflit du travail. En refusant leur travail – travail dont les employeurs dépendent pour produire des biens et fournir des services – les travailleurs et travailleuses peuvent contrecarrer l’asymétrie de rapports de pouvoir existant entre eux et leur employeur. Les grèves constituent un moyen de pression essentiel pour les travailleurs lorsqu’ils négocient avec leurs employeurs des salaires et des conditions de travail correctes, lorsque les employeurs enfreignent le droit du travail ou lorsqu’ils refusent de reconnaître volontairement les syndicats.
Les données du Bureau of Labor Statistics (BLS) montrent que 458 900 travailleurs et travailleuses ont été impliqués dans des «arrêts de travail significatifs» en 2023. Le nombre de travailleurs impliqués dans des arrêts de travail significatifs a augmenté de 280% en 2023, retrouvant les niveaux observés avant la pandémie de Covid-19. Ces grèves ont touché des salarié·e·s de tout le pays, des ouvriers de l’automobile aux scénaristes et acteurs d’Hollywood, en passant par les infirmières et les enseignants des écoles publiques.
Un thème commun aux grèves de 2023 était la revendication d’une augmentation des salaires dans un contexte de chocs inflationnistes résultant de la relance après la pandémie, de crises mondiales, de bénéfices records pour de nombreuses entreprises et de rémunérations stratosphériques pour les PDG. Parmi les autres motifs de grève, citons des décennies de stagnation des salaires, l’érosion des soins de santé et des prestations de retraite [les deux liés à l’emploi], les longues heures de travail et les conditions de travail dangereuses (Bivens et al. 2023; Dickler 2023). Il n’est pas surprenant que les travailleurs et travailleuses entreprennent des actions collectives pour améliorer leurs salaires et leurs conditions de travail, mais nous devrions nous demander pourquoi cela se produit maintenant. Depuis plusieurs décennies, l’économie des Etats-Unis se caractérise par une croissance inégale des revenus et une stagnation des salaires. Les recherches montrent que les syndicats et la négociation collective sont des outils essentiels pour lutter contre l’inégalité des revenus et améliorer les salaires, les avantages et les conditions de travail des travailleurs syndiqués et non syndiqués (Bivens et al. 2023). Toutefois, l’augmentation continue de l’action collective n’est pas susceptible d’accroître sensiblement le taux de syndicalisation, à moins que des changements politiques significatifs ne soient adoptés pour garantir à tous les travailleurs et travailleuses le droit de former des syndicats, de négocier collectivement et de faire grève.
Dans cette note, nous mettons en évidence les arrêts de travail survenus en 2023 et discutons des politiques nécessaires pour renforcer le droit de grève aux Etats-Unis.
Données sur les arrêts de travail «majeurs»
Le Bureau of Labor Statistics (BLS) définit les «arrêts de travail majeurs» comme ceux qui impliquent au moins 1000 travailleurs et durent un quart de durée de travail complète entre le lundi et le vendredi, à l’exclusion des jours fériés fédéraux. Les données du BLS montrent que 458 900 travailleurs ont été impliqués dans 33 arrêts de travail majeurs qui ont débuté et pris fin en 2023 (BLS 2024c). Il s’agit d’une augmentation de plus de 280% par rapport au nombre de travailleurs impliqués dans des arrêts de travail majeurs en 2022, qui était de 120 600. En outre, elle est comparable à l’augmentation observée dans les niveaux prépandémiques en 2018 et 2019, comme le montre le graphique A.
Graphique A. Nombre de travailleurs impliqués dans des arrêts de travail «majeurs», 1973-2023
Notes: Le Bureau of Labor Statistics ne fait pas de distinction entre les grèves et les lock-out dans ses données sur les arrêts de travail. Toutefois, les lock-out (qui sont lancés par l’employeur) sont rares par rapport aux grèves, de sorte qu’il est raisonnable de considérer les données sur les arrêts de travail majeurs comme une approximation des données sur les grèves significatives. Les données concernent les travailleurs des secteurs public et privé.
Source: Bureau of Labor Statistics: Bureau of Labor Statistics, «Work Stoppages Summary» (communiqué de presse), 21 février 2024, et tableau connexe, «Annual Work Stoppages Involving 1,000 or More Workers, 1947-Present».
Environ 75% des arrêts de travail majeurs en 2023 (25) ont eu lieu dans le secteur privé, dont plus de la moitié (14) dans le secteur de la santé. Les administrations publiques ont été à l’origine de cinq arrêts de travail majeurs, la majorité d’entre eux concernant des collèges et des universités publics. Les collectivités locales ont été à l’origine de trois arrêts de travail importants, qui concernaient des écoles primaires publiques.
Exemples d’arrêts de travail importants (majeurs) en 2023
Les données sur les arrêts de travail du Bureau of Labor Statistics comprennent une ventilation des organisations dans lesquelles se sont produits les principaux arrêts de travail. Ces données, combinées à un examen par l’EPI (Economic Policy Institute) des sources accessibles au public, suggèrent un éventail d’activités de grève en 2023. Les thèmes récurrents des principaux arrêts de travail survenus en 2023 sont les suivants: les travailleurs et travailleuses citent des décennies de stagnation des salaires réels (corrigés de l’inflation), l’érosion de l’assurance maladie ou des prestations de retraite, les longues heures de travail et les conditions de travail dangereuses ou stressantes comme motivation pour obtenir des améliorations significatives des salaires, des prestations et des conditions de travail. Voici quelques exemples d’arrêts de travail importants couverts par les données du BLS.
Grève «Debout» des United Auto Workers (UAW)
Le 15 septembre 2023, plus de 12 000 travailleurs se sont mis en grève chez General Motors, Ford et Stellantis après l’expiration de leur contrat [par grève debout, «Stand Up», on entend le choix des secteurs entrant en grève, à l’opposé de grèves mobilisant tous les travailleurs d’une entreprise]. Les travailleurs, représentés par le syndicat United Auto Workers, se sont mis en grève pour obtenir de meilleurs salaires et avantages sociaux après les concessions contractuelles accordées à la suite de la grande récession. Entre 2013 et 2023, les trois constructeurs automobiles ont vu leurs bénéfices augmenter de 250 milliards de dollars, alors que les membres de l’UAW n’ont pas bénéficié d’un ajustement du coût de la vie depuis 2009 (Hersh 2023).
Pendant l’arrêt de travail, l’UAW a appliqué une stratégie de «grève debout». Au lieu de mettre les 150 000 membres en grève en même temps, ils ont choisi des sites spécifiques pour faire grève, d’autres sites étant prêts à «se lever» et à rejoindre la grève à mesure que les négociations se poursuivaient avec les trois constructeurs automobiles (UAW 2024). Au total, environ 53 000 travailleurs ont participé aux arrêts de travail. C’était la première fois que l’UAW se mettait en grève simultanément chez les trois constructeurs automobiles.
La grève a pris fin au bout de deux mois, lorsque les United Auto Workers et General Motors, Ford et Stellantis ont conclu des accords prévoyant des augmentations d’au moins 33% pour tous les travailleurs, l’élimination d’un système salarial à deux vitesses [avec des salaires d’entrée pouvant durer plus bas que la moyenne], la réouverture d’une usine Stellantis précédemment fermée, un engagement en faveur d’une transition équitable avec les véhicules électriques et des primes annuelles pour les retraités (UAW 2023). En outre, les travailleurs non syndiqués ont bénéficié des retombées des avancées de l’UAW. Par exemple, Toyota, Honda, Hyundai et Tesla ont augmenté les salaires de leurs travailleurs et travailleuses aux Etats-Unis (dont aucun n’est syndiqué) peu après que l’UAW a conclu un accord de principe avec General Motors, Ford et Stellantis (Brooks 2023; Kolodny 2024).
Grève des travailleurs de la santé de Kaiser Permanente
En octobre 2023, plus de 75 000 travailleurs de la santé de Kaiser Permanente, représentés par une coalition de plusieurs syndicats, ont entamé la plus grande grève de l’histoire des Etats-Unis dans le secteur de la santé (Isidore et Delouya 2023). La grève de trois jours a concerné des infirmières, des techniciens médicaux et du personnel de soutien dans des centaines d’établissements Kaiser dans sept Etats et dans le district de Columbia, les plus grands groupes de salarié·e·s (agents de santé) de Kaiser étant en grève en Californie (Reuters 2023).
Comme de nombreuses grèves dans le secteur de la santé ces dernières années, la grève des employé·e·s de Kaiser a attiré l’attention sur les propositions syndicales visant à remédier aux retards de salaires et à la crise du personnel. A l’issue de la grève de trois jours, les salarié·e·s ont conclu avec Kaiser un accord de principe prévoyant une augmentation générale des salaires de 21% sur quatre ans, des primes supplémentaires et une rétribution collective des objectifs fixés, ainsi que de nouvelles initiatives en matière de formation, d’éducation et d’embauche afin d’accroître les niveaux de personnel. L’accord qui en a résulté, ratifié par plus de 98% des membres en novembre 2023, a également fixé un nouveau salaire minimum pour les salarié·e·s de la santé de Kaiser à 23 dollars (qui sera fixé à 25 dollars d’ici 2026) en Californie et à 21 dollars (qui sera fixé à 23 dollars d’ici 2026) dans tous les autres Etats couverts par le contrat (Coalition of Kaiser Permanente Unions 2023).
Grève des employés diplômés de l’Université du Michigan
En mars 2023, environ 2200 employé·e·s de l’Université du Michigan se sont mis en grève. Représentés par la section locale 3550 de la Graduate Employees’ Organization (GEO), ils comprennent des étudiants assistants et des assistants de troisième cycle répartis sur trois campus. Les employés ont voté en faveur de la grève afin d’améliorer leurs salaires et leurs avantages sociaux et d’obtenir des protections contre le harcèlement et des conditions de travail plus sûres (P. Lucas 2023).
La grève a été controversée, ce qui a conduit le GEO et l’Université du Michigan à porter plainte l’un contre l’autre pour pratiques déloyales de travail. Les accusations ont finalement été réglées entre les deux parties (Anderson 2023).
La grève de cinq mois a pris fin lorsque la Graduate Employees’ Organization (GEO) et l’Université du Michigan ont convenu d’un nouveau contrat de trois ans qui prévoyait d’importantes augmentations de salaire sur les trois campus, des mesures de protection contre le harcèlement, un congé maternité rémunéré, une couverture d’assurance maladie pour les soins liés à l’affirmation du genre et une prime de 1000 dollars à l’embauche (Bruckner, 2023; Mackay, 2023). La grève a été le plus long arrêt de travail majeur en 2023 et la plus longue grève dans l’histoire du syndicat et de l’université (Bruckner, 2023). La grève de l’Université du Michigan est un exemple de la vague croissante d’actions syndicales parmi les étudiants diplômés ces dernières années (Bivens et al. 2023).
Grèves des travailleurs de Starbucks United lors de la «Journée de la tasse rouge» (Starbucks Workers United Red Cup Day)
Le 16 novembre 2023, plus de 5000 travailleurs de Starbucks se sont mis en grève pour protester contre le refus de l’entreprise de négocier de bonne foi un premier contrat. Cette grève d’une journée a été organisée pour coïncider avec la promotion «Red Cup Day» de Starbucks, qui est historiquement l’une des journées les plus chargées de l’entreprise. La grève du Red Cup Day de 2023 a été le plus grand arrêt de travail de Starbucks Workers United à ce jour, impliquant plus de 5000 salarié·e·s dans 200 magasins (Durbin 2023).
Depuis décembre 2021, les travailleurs de 43 Etats, dans 391 des magasins appartenant à Starbucks aux Etats-Unis, ont voté en faveur de la syndicalisation (More Perfect Union 2024). Depuis plus de deux ans, Starbucks refuse de négocier de bonne foi et n’a signé aucun contrat collectif avec ses magasins syndiqués. Au cours de cette période, les fonctionnaires du National Labor Relations Board ont déposé 105 plaintes alléguant que l’entreprise avait violé le droit du travail, y compris une procédure nationale accusant Starbucks de ne pas avoir négocié avec les travailleurs syndiqués dans les magasins à travers le pays (Saxena 2023). Peu après la grève du Red Cup Day de 2023, Starbucks a annoncé qu’elle souhaitait reprendre les négociations avec Starbucks Workers United afin de conclure un premier contrat en 2024 (A. Lucas, 2023).
Les arrêts de travail qui n’apparaissent pas dans les données du BLS
Les données du Bureau of Labor Statistics sur les arrêts de travail, bien qu’utiles, présentent une limitation majeure. Elles ne comprennent que des informations sur les arrêts de travail (grèves et lock-out) impliquant au moins 1000 travailleurs et durant une durée de travail complète entre le lundi et le vendredi, à l’exclusion des jours fériés fédéraux. En restreignant ainsi les données, on passe à côté d’une énorme quantité d’informations. Selon les données du BLS sur la taille des entreprises, près des trois cinquièmes (58%) des travailleurs du secteur privé sont employés par des entreprises de moins de 1000 salariés (BLS 2024b). Pourtant, toute activité de grève de ces travailleurs ne serait pas prise en compte dans les données du Bureau of Labor Statistics sur les arrêts de travail. Par exemple, une grève de six semaines impliquant 750 étudiants diplômés de l’Université Temple (située à Philadelphie en Pennsylvanie) n’a pas été prise en compte dans les données de 2023, car elle ne répondait pas aux limites de taille du BLS (AP 2023).
Ces limites de taille et de durée signifient que les données du Bureau of Labor Statistics ne tiennent pas compte des nombreux salarié·e·s qui ont débrayé en 2023 pour réclamer des salaires équitables et des conditions de travail sûres. Alors que les données du BLS font état de 33 arrêts de travail majeurs en 2023, l’ILR Labor Action Tracker de Cornell University montre que 470 arrêts de travail – 466 grèves et 4 lock-out – ont eu lieu en 2023 (Ritchie, Kallas, Iyer 2024).
Conclusion. Une action du pouvoir fédéral et des Etats est nécessaire pour garantir le droit de grève
Les données du BLS de 2023 sur les principaux arrêts de travail montrent que plus de 450 000 travailleurs ont exercé leur droit de grève pour obtenir des augmentations de salaire, de meilleurs avantages et des conditions de travail plus sûres. Il n’en reste pas moins que le droit du travail actuel ne protège pas de manière adéquate le droit fondamental de grève des travailleurs et travailleuses. Les politiques fédérales suivantes renforceraient le droit des travailleurs à se syndiquer et à négocier collectivement.
- La loi Richard L. Trumka sur la protection du droit d’organisation (PRO) comprend des réformes essentielles qui renforceraient le droit de grève des salarié·e·s du secteur privé. La loi PRO élargirait le champ d’application des grèves en supprimant l’interdiction des grèves de solidarité et en autorisant le recours aux grèves intermittentes [elles sont sans protection légale]. Elle renforcerait également le droit de grève des salarié·e·s en interdisant aux employeurs de remplacer de manière permanente les salarié·e·s en grève.
- La loi sur la protection des soins de santé des salarié·e·s en grève et subissant un lock-out empêcherait les employeurs d’interrompre la couverture médicale des travailleurs et des membres de leur famille en guise de représailles contre les grévistes.
- La loi sur la sécurité alimentaire des grévistes (Food Secure Strikers Act) permettrait aux grévistes de bénéficier des prestations du programme d’aide à l’alimentation (Supplemental Nutrition Assistance Program – SNAP).
- Le Congrès devrait également mettre en œuvre des politiques visant à étendre un droit de grève pleinement protégé aux salarié·e·s des chemins de fer, des compagnies aériennes, du secteur public, de l’agriculture et de l’économie domestique. Aucun de ces travailleurs n’a le droit fondamental de faire grève en vertu de la législation fédérale actuelle.
L’exclusion des salarié·e·s du secteur public, des employé·e·s de maison et des agriculteurs de la couverture du droit du travail fédéral signifie que les droits syndicaux fondamentaux de millions de travailleurs de ces professions sont laissés à l’appréciation des Etats. Pour remédier à une grande partie de ces exclusions, le Congrès devrait, dans un premier temps, adopter la loi sur la liberté de négociation dans la fonction publique (Public Service Freedom to Negotiate Act), établissant une norme minimale en matière de droits de négociation collective que tous les Etats et toutes les localités doivent accorder aux employés du secteur public.
En l’absence d’action du Congrès, les Etats devraient garantir les droits de négociation collective et protéger le droit de grève pour tous les travailleurs et travailleuses du secteur public, de l’agriculture et de l’économie domestique. A l’heure actuelle, seule une douzaine d’Etats accordent des droits de grève limités à certains travailleurs du secteur public. Les Etats devraient également rejoindre l’Etat de New York et du New Jersey en rendant les travailleurs et travailleuses en grève éligibles aux allocations de chômage (Perez 2024). (Article publié sur le site Economic Policy Institute le 21 février 2024; traduction rédaction A l’Encontre)
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