Par VISA
Le Front national (FN), à l’occasion du premier tour des élections régionales du 6 décembre 2015, a progressé. Cette tendance s’est manifestée lors de divers scrutins au cours des derniers trois ans: à l’occasion de l’élection présidentielle, le FN était à 18% en 2012; il se situait à hauteur de 24,86% dans les élections européennes, en mai 2014; lors des élections départementales, le 22 mars 2015 : 25,24 % au premier tour; le 6 décembre 2015, il obtenait 27,93% (chaque fois les pourcentages sont pour la France entière).
Ce 6 décembre 2015 le taux d’abstention fut de 50,3%. Les listes de l’Union de la droite (Les Républicains, l’UDI-Union des démocrates et Indépendants et le Modem de François Bayrou) font 26,85%; celle de l’Union de la gauche (en fait le PS): 23,30%. Le FN est en tête dans six des treize nouvelles régions: Nord-Pas-de-Calais-Picardie (40,64%), Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA avec 40,6%), Alsace-Lorraine-Champagne-Ardennes (36,06%), Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon, Bourgogne-Franche-Comté, Centre-Val de Loire. Le regain relatif de participation semble avoir profité au FN, entre autres dans les trois régions où le FN est nettement en tête: Nord-Pas-de-Calais-Picardie (Marine Le Pen); PACA (Marion Maréchal-Le Pen), Alsace-Lorraine-Champagne-Ardennes (Florian Philippot).
Le but de la contribution publiée ci-dessous ne réside pas dans l’analyse des résultats et des possibilités respectives du Parti socialiste et des LR (Les Républicains) de «gagner» des positions dans les régions au second tour, ou de s’y «maintenir». Encore moins d’établir les relations – ce qui serait plus intéressant – entre les diverses facettes de la situation sociale en France, les résultats électoraux, la «gouvernance» de Hollande-Valls-Macron et les formes d’expression sociales et politiques dans cette séquence fort importante d’un «où va la France?».
La contribution de VISA (Vigilance Initiatives Syndicales Antifascistes) – qui est une association intersyndicale composée de nombreuses structures syndicales, allant de fédérations de la CGT à l’Union Syndicale Solidaire en passant par la FSU, la CNT et le Syndicat de la Magistrature – illustre le travail d’analyse, d’explication et de dénonciation des «incursions de l’extrême-droite et en particulier du Front national sur le terrain social». VISA existe depuis 1996. Peu de temps avant les élections régionales du 6 décembre, VISA a publié un nouvel ouvrage intitulé: Lumière sur des mairies brunes. Nous portons à connaissance de nos lectrices et lecteurs un article fouillé, publié le 3 décembre 2015, sur la FN dans la région PACA. (Rédaction A l’Encontre)
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En campagne pour les élections régionales en PACA, Marion Maréchale Le Pen (MMLP) fait feu de tout bois et instrumentalise sans scrupule les attentats du 13 novembre 2015 pour alimenter les peurs et justifier une politique antisociale mêlant austérité, violences et préférence nationale. Ces politiques, si elles étaient appliquées, auraient des conséquences dramatiques sur les populations les plus fragilisées (précaires, chômeurs, travailleurs pauvres, femmes…) et annihileraient complètement le tissu social indispensable à la construction d’une société basée sur la solidarité, le progrès social et le vivre ensemble.
1.- Un programme raciste, réactionnaire, manipulateur
et au service du patronat!
Un double discours
Le FN, une fois encore multiplie les propositions contradictoires dans ses propres écrits! En effet, alors que la campagne des Régionales «bat son plein» et que MMLP clame haut et fort son slogan «Une nouvelle chance pour notre région», il semble surprenant que le projet national du FN, disponible sur son site internet, discrédite ces mêmes régions, en les qualifiant de «féodalités locales».
De même, le FN est si peu convaincu de l’utilité de ces Régions qu’il revendique dans son projet national une «Baisse de 2% des dotations de l’Etat aux conseils généraux et conseils régionaux» ainsi que le «Transfert progressif à l’Etat des compétences relatives aux transports régionaux…». Il envisage en prime d’ôter du pouvoir aux régions par le «Transfert progressif à l’Etat des compétences relatives aux transports régionaux et à l’action économique ». Il ajoute, plus loin, «L’Etat reprendra progressivement la compétence du transport, largement abandonnée aux régions dans le cadre d’une décentralisation non maîtrisée.».
Outre le fait que le projet présidentiel du FN prévoit de retirer cette compétence aux régions, ce même projet précis : «Le rapprochement entre la SNCF et RFF (Réseau ferré de France créé en 1997) permettra de mettre progressivement fin à l’absurde séparation entre ces deux entités complémentaires. Cette séparation a été imposée par l’Union européenne au nom d’une “concurrence libre et non faussé” ». Donc un retour au service public de la totalité de l’activité ferroviaire ? Mais, côté MMLP, c’est un autre discours puisque son projet régional prévoit quant à lui un «Nouveau contrat limité dans le temps (3 ans) pour une réévaluation rapide et la prise en compte de l’ouverture prochaine à la concurrence.»
Autre contradiction: alors que le projet présidentiel prévoit «une complémentarité entre les lignes à grande vitesse et les réseaux régionaux », MMLP, quant à elle, se prononce pour «L’abandon du projet extravagant de LGV PACA». (LGV:Ligne à grande vitesse)
Le FN avance aussi que «Les collectivités territoriales devront maîtriser leurs effectifs et présenter chaque année au préfet de leur département […] un plan impératif de réduction ou de stabilisation de leurs effectifs.»
Donc, dans son projet présidentiel, le FN souhaite retirer deux des principales compétences des Régions (transports et action économique), revendique une baisse des dotations de l’Etat et une réduction des fonctionnaires territoriaux! Comment dans ces conditions prendre au sérieux l’ensemble des promesses des candidat·e·s FN dans les Régions ?
La réalité est que le FN, comme à son habitude, développe un opportunisme sans complexe et s’adresse différemment à la population en fonction des élections, de la période, du lieu etc. N’a-t-il pas préconisé au soir des attentats du 13 novembre, une suspension de la campagne des régionales? Effet d’annonces… Ces propositions étant balayées les jours qui suivirent.
L’action économique
Le développement économique est, pour MMLP, «une compétence territoriale de la Région. Pour autant, elle n’est pas la priorité. 100 millions d’euros sont actuellement réservés aux entreprises. C’est moins que l’aide aux associations. Nous, nous prévoyons de débloquer 500 millions d’euros d’ici à la fin de notre mandat». MMLP prévoit donc de débloquer 500 millions d’euros de la région pour venir en aide aux TPE et PME. Multiplier par cinq ce budget va forcément nécessiter des coupes dans d’autres secteurs. Au vu de la référence aux associations qui est faite dans la citation ci-dessus, il est à craindre qu’elles en fassent les frais! Associations culturelles? Sociales? De solidarité? Acteurs de l’économie sociale et solidaire? Lesquelles seront sacrifiées au profit d’une aide aux entreprises?
Parce que la volonté de MMLP est bien de favoriser le patronat: «Nous voulons placer la Région aux côtés des entrepreneurs. Nous pensons qu’à une forme de fatalisme économique (“C’est la crise!”) doit répondre un véritable volontarisme politique (“Ensemble, retroussons-nous les manches!”) ». Encore une belle phrase incantatoire… et surtout encore des aides aux intérêts du grand patronat, sans un mot sur les salarié·e·s! En la matière cela ne représente pas du tout une alternative car cette orientation est totalement dans la continuité des politiques actuelles ou précédentes. D’autant que le FN prétend ici favoriser avant tout les TPE/PME, mais développe immédiatement après l’idée d’une «politique audacieuse et volontariste de réindustrialisation de PACA », autrement dit des entreprises qui dépassent le cadre des TPE/PME.
Or, que retrouvons-nous comme dispositif d’aide à cette «politique audacieuse de réindustrialisation» ? : L’«augmentation de l’intervention régionale en matière de financement de la Recherche et de l’enseignement supérieur», ainsi que la «Multiplication des partenariats entre recherche publique et recherche privée».
MMLP propose donc pour favoriser la réindustrialisation de la région… une logique déjà à l’œuvre, à savoir un asservissement de plus en plus grand de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche au secteur privé! Là encore elle ne se distingue en rien des actuels tenants du pouvoir, comme de leurs prédécesseurs.
Puis c’est par un «patriotisme régional» que MMLP compte résoudre bon nombre de problèmes : «favoriser les entreprises locales, par exemple pour les 15 millions de repas servis chaque année aux lycéens de la région». Avec un «objectif 50% minimum de produits locaux dans les cantines de nos lycées en nous appuyant sur les normes environnementales (bilan carbone) et sociales (réduction du nombre d’intermédiaires) dans les appels d’offres.» Ici nous voyons très bien que les arguments mis en avant sont d’ordre «écologiques» et «de proximité». Mais MMLP ne propose nullement de le faire dans le cadre d’un service public de la restauration scolaire, et préfère l’offrir en cadeau aux entreprises privées aux travers «d’appels d’offres»!
Concernant la formation professionnelle, MMLP déplore une «situation inacceptable, traduisant le fossé existant trop souvent entre l’offre de formation et les possibilités de débouchés professionnels. » et son projet régional vise à « Faire face au chômage en réorganisant la formation professionnelle en fonction de la demande réelle des entreprises et du monde du travail. ».
Ici MMLP ne met nullement en cause les entrepreneurs eux-mêmes, les entreprises qui licencient, les CDD non reconduits. etc… Mais il propose que ce soit la formation professionnelle s’adapte à la réalité économique. Une formation professionnelle donc aux ordres des entreprises et de leurs besoins, d’autant plus si, comme le propose MMLP, des « conventions de partenariat public/privé » sont passées !
Les transports
Sur la question des transports en PACA, et notamment sur le transport ferroviaire, MMLP critique beaucoup certes, mais que propose-t-elle? Dans un des prospectus de MMLP nous pouvons lire que: «tout ce que nous proposons dans notre projet est réaliste et réalisable». Faux !
Tout d’abord, avec un des fers de lance du FN: les questions sécuritaires. Elle propose la création d’une «Police régionale des transports telle qu’il en existe en Ile-de-France»…. sauf que la sous-direction régionale de la police des transports, anciennement police régionale des transports, est une des composantes de la préfecture de police de Paris. Ce n’est donc pas à la Région que revient la création d’une telle police, mais à la préfecture. Une belle preuve d’incompétence et de promesse qu’elle ne pourra de toute façon pas tenir en tant que présidente de Région et sans l’action du préfet de Région.
Mais MMLP n’en est pas à une incohérence prés: elle arrive même à se contredire dans son propre programme: au tout début de la partie relative aux transports, dans son projet régional, elle explique que «Notre région cumule l’autoroute la plus chère et la plus saturée de France». Cela ne l’empêche pas, plus loin, de revendiquer le développement des lignes de bus comme une des solutions alternatives au train! Sur cette même autoroute?
Alors qu’elle critique énormément le fonctionnement défaillant de la SNCF, le long projet régional de MMLP ne précise, à aucun moment, les raisons de ces défaillances, qui sont évidemment dues à un politique de privatisation de la SNCF, à un manque de moyens et de personnels. Pour MMLP la solution réside dans le type de gouvernance de la région: «Nous incarnerons une Région qui pilote et dirige, une Région qui ne se laisse pas imposer ses conditions par la SNCF… ou la CGT!». Elle s’en prend au passage au syndicalisme cheminot, en essayant de faire croire que ce dernier serait complice et responsable de la dégradation du service public de la SNCF et des TER (Transport express régional)! Qui peut sérieusement le croire! En revanche, en dehors du recrutement de contrôleur pour lutter contre la fraude et l’insécurité (MMLP a une belle et réductrice vision du métier!), nulle part elle ne propose l’embauche de personnels supplémentaires dans les gares, pour la maintenance, des conducteurs etc.
Enfin, nous aurions aimé savoir ce que pensait MMLP du coût du transport ! Rien à ce sujet! Ah si, dans un des prospectus nous trouvons une dénonciation de la proposition de Christian Estrosi (LR) des transports à 1€ (sic!). Et que propose-t-elle en retour? Rien ! Pour un parti qui se soucie des pauvres, ne rien dire sur le coût des transports est pour le moins étonnant!
L’action culturelle. Une culture à la solde du FN !
Quand on sait que, pour MMLP, «La vérité c’est que les sociétés multiculturelles sont des sociétés multiconflictuelles», on est en droit d’avoir peur sur le devenir de la culture en région PACA.
Si elle précise que «Contrairement à ce qu’on a pu entendre, nous n’avons pas pour ambition de baisser le budget de la culture», elle rajoute tout de même: «En revanche, nous souhaitons une culture populaire pour mettre en valeur notre patrimoine». Puis, MMLP s’en prend aussi violemment à l’art contemporain: «dix bobos qui font semblant de s’émerveiller devant deux points rouges sur une toile, car le marché de la spéculation a décrété que cet artiste avait de la valeur, n’est pas franchement ma conception d’une politique culturelle digne de ce nom». Comme elle le dit, ce n’est pas SA conception d’une politique culturelle digne de ce nom. Au FN, la culture doit correspondre à leurs goûts! Autrement dit, une culture ou les notions de diversité, de liberté, de solidarité, de multiculturalisme… disparaîtront pour être remplacées par une culture unique, ethnocentrée et régionaliste !
S’il y a bien un domaine dans la société qui ne doit pas souffrir de censure c’est bien la culture. Le FN ne l’entend pas de la même oreille, montrant ainsi son véritable visage.
Mais la culture au FN c’est aussi l’exemple de Fréjus, où le maire FN David Rachline a fait jouer dans les arènes de sa ville, en juillet 2015, le groupe de rock identitaire et d’extrême droite In Memoriam. Fondé en 1996 par de jeunes étudiants nationalistes, In Memoriam fut l’une des formations les plus influentes de la scène rock d’extrême droite durant ses six années d’existence (1996-2002). Elle a bâti l’essentiel de sa réputation sur le terrain de l’activisme ultra nationaliste ou le combat en faveur de la Serbie de Milosevic, en pleine guerre du Kosovo.
Fidèle à ses «racines catholiques», MMLP propose un grand projet de spectacle historique régional inspiré du parc du Puy-du-Fou»! [spectacle monté en Vendée, en 1978, par Philippe de Villiers]. Et a une conception toute relative de la laïcité: «Affirmation de nos traditions populaires et de notre héritage civilisationnel notamment en installant des crèches dans l’ensemble des bâtiments de la Région en période de Noël.»
Pas étonnant que les propositions racistes ressortent: «Suppression des subventions versées aux associations communautaristes ou aux organismes d’aide à l’immigration clandestine». Outre le fait qu’ici sont mises dans le même panier les «associations communautaristes» (?) et les « organismes d’aide à l’immigration clandestine », MMLP développe ici un rejet clair de toute forme de solidarité envers des populations en difficulté et définit par l’appellation «associations communautaristes» toute association qui sortira du champ de la «culture du patrimoine» de PACA!
Puis, elle en rajoute une couche avec le «refus des exigences religieuses dans les cantines» [plat sans porc, par exemple]….allant même jusqu’à dire que «Ces revendications dans nos cantines témoignent surtout d’une réalité bien criante dans de nombreux secteurs de notre région:la substitution de population!». Ici le thème du «grand remplacement» est clairement identifié.
C’est bel et bien une «croisade» que compte mener MMLP, un délire raciste qui essaie de nous faire croire à une invasion du «vieux monde catholique» par des «hordes d’étrangers» !
Enfin, n’oublions pas que début septembre 2015, Stéphane Ravier [qui siège au bureau politique du FN et est conseiller régional en PACA] a organisé une manifestation devant l’Hôtel de Région pour protester contre une subvention régionale accordée à deux artistes. S’attaquer à la culture, c’est ainsi que s’amorce la montée du fascisme !
Mais Marion Maréchal Le Pen c’est aussi …
Une politique raciste:
Dans le projet régional de MMLP il est indiqué: « À Marseille, l’Association d’aide aux populations immigrées perçoit 24’000 € de la Région. A Toulon, c’est l’Association de défense, assistance juridique et éducative des travailleurs immigrés qui est subventionnée à hauteur de 25’000 €. Dans le Var toujours, à Fréjus, l’Association de solidarité avec les travailleurs immigrés touche 60’000 €, auxquels on peut rajouter les 6000 € de son antenne aixoise ou les 1500 € de celle de Martigues. […] Les centaines de milliers d’euros qui sont alloués à ces associations ne le sont pas à d’autres.» C’est clair, la Région sous MMLP c’est la fin des subventions aux associations de solidarité avec les immigré·e·s !
… et islamophobe :
«si des Français peuvent être musulmans et exercer leur foi, il faut qu’ils acceptent de le faire sur une terre qui est culturellement chrétienne. Ça implique aujourd’hui qu’ils ne peuvent pas avoir exactement le même rang que la religion catholique.» Pour MMLP, il y a des citoyens de seconde zone: les musulmans !
Une politique homophobe :
«Il n’est pas question de leur verser un sou demain à la Région!» en parlant des associations LGBT.
Une politique de régression des droits des femmes:
MMLP, lors d’un meeting, en novembre 2015, a promis de supprimer les subventions aux plannings familiaux. Et d’ajouter « je considère qu’aujourd’hui, ce sont des associations politisées, on le sait bien, et elles véhiculent une banalisation de l’avortement.»
2.- Les candidats en PACA : un laboratoire d’unification des extrêmes droites
La campagne des élections régionales PACA 2015 de MMLP est axée sur les thématiques identitaires. Les départements de PACA sont, avec ces élections régionales 2015, un vaste laboratoire d’unification des extrêmes droites françaises.
La désignation controversée de Philippe Vardon, ancien responsable du Bloc Identitaire, comme colistier sur la liste FN des Alpes Maritimes est un choix qui vient contredire les volontés de MMLP depuis le début de l’entreprise de dédiabolisation du FN. JMLP (Jean-Marie Le Pen) et sa fille MLP (Marine Le Pen) ont toujours refusé de s’allier à Vardon, l’un des représentants les plus sulfureux de la mouvance identitaire.
En novembre 2011 MLP fustigeait le Bloc Identitaire (BI): «Vous savez pourquoi je ne peux pas faire alliance avec le BI? Pour une raison simple c’est qu’ils sont européistes et régionalistes et ils contestent le rôle fondamental que j’accorde à la nation». De plus, MLP n’est pas partisane de la «vision» complotiste du Bloc Identitaire sur la théorie du « Grand Remplacement ».
[Le grand remplacement est une théorie de type conspirationniste, selon laquelle il existerait un processus de substitution de population sur le territoire français métropolitain, dans lequel le peuplement européen serait remplacé par une population non européenne, originaire en premier lieu d’Afrique noire et du Maghreb. Ce changement de population impliquerait un changement de civilisation, et ce processus serait soutenu par une majorité des élites politiques, intellectuelles et médiatiques, soit par idéologie, soit par intérêt. Les principaux arguments de cette thèse, qu’ils soient démographiques ou culturels, sont réfutés par la grande majorité des spécialistes, qui récusent la méthode dont elle émane autant que la logique qui la sous-tend.
Cette thèse a été introduite par l’écrivain français engagé à l’extrême droite Renaud Camus. Elle fut notamment le titre de l’une de ses allocutions publiques, faite en novembre 2010, et de l’un de ses ouvrages, Le Grand Remplacement, publié en 2011. Elle est principalement utilisée en tant que néologisme politique : tout d’abord par son auteur, dans le programme des deux micro-partis nationalistes qu’il fonde, puis de façon plus générale par l’extrême droite française, notamment la mouvance identitaire, tout en étant considérée comme complotiste par certains dirigeants du Front national.]
Philippe Vardon fut évincé du Rassemblement Bleu Marine, sa demande d’adhésion n’a jamais été validée.
Quant à Marion Maréchal Le Pen, elle revient sur son thème favori de l’immigration « c’est un grand remplacement qui s’opère, je vous propose le choix de la sublime résurrection». Les divergences profondes ne semblent donc pas déranger la tête de liste pour la région PACA: « ce qui nous unit, c’est l’amour inconditionnel de la France, de ce qu’elle est et de ce qu’elle sera», lança-t-elle en parlant des ex-identitaires présents sur sa liste. Marion Maréchal Le Pen, qui se revendique catholique pratiquante, participe régulièrement au pèlerinage de Chartres organisé par les catholiques traditionalistes. […]
Après avoir analysé, dans le détail la «fachosphère» entourant le FN et ses «alliés collatéraux», VISA conclut sa feuille d’information ainsi, le 3 décembre 2015:
«Les départements de PACA sont avec ces élections régionales 2015 un vaste laboratoire d’unification des extrêmes droites françaises : Catholiques traditionalistes, identitaires, nationalistes, négationnistes, nostalgiques du Troisième Reich, composent les listes FN pour ces élections.
Au-delà du programme du FN, tournant le dos à une économie solidaire et coopératrice et muselant la culture et les libertés par une saturation du sacré, les candidats frontistes incarnent de façon intrinsèque toutes les notions d’un néo- fascisme. Dans cette période où la haine de l’autre et plus particulièrement celle que subissent les réfugiés, les musulmans et les Roms augmentent de façon alarmante attisée par le FN, MMLP et ses amis sont un véritable danger pour la démocratie et la cohésion sociale de ce pays.» (VISA, 3 décembre 2015)
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