Par Dominique Lerouge et Walid Khefif
Durant l’année 2014, le nombre des grèves a augmenté de 13% en comparaison avec 2013. Le nombre annuel de jours de grève a augmenté de 61%. Fin octobre 2014, le nombre total de journées de grève avait dépassé celui de l’année record 2011.
47% des grèves n’ont pas respecté la législation concernant les préavis de grève. 33% des grèves concernaient les salaires, 48% l’amélioration des conditions de travail.
L’exemple de la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG) est significatif. Les arrêts de production ont oscillé entre 42 et 309 jours pour la CPG, selon les sites, tandis que ces arrêts pour le Groupe chimique tunisien (GCT) sont estimés à 76 jours en moyenne, et les unités du groupe n’ont fonctionné qu’à hauteur de 66% de leurs capacités.
Les mobilisations sociales en 2015
L’année 2015 a été inaugurée par une vague de grèves sauvages qui ont concerné plusieurs secteurs d’activités dont certains considérés névralgiques comme les transports publics. De nombreuses grèves ont eu lieu dans l’enseignement secondaire, à la Poste, dans le textile, etc. Le quotidien Le Temps (Tunisie) présente ainsi cette mobilisation. (Dominique Lerouge)
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Les enseignants du secondaire: un préavis de grève
Le syndicat général de l’enseignement secondaire relevant de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) a annoncé, hier, avoir déposé un préavis de grève administrative qui pourrait l’amener à boycotter les examens du deuxième trimestre de l’année scolaire en cours.
«Nous avons déposé un préavis de grève administrative pour protester contre le refus du ministère de l’Education de satisfaire les revendications légitimes des enseignants», a déclaré au Temps le secrétaire général du syndicat, Lassâad Yaâcoubi. «Jusqu’ici le ministère n’a avancé rien de concret, se contentant de réaffirmer ses bonnes intentions et sa prédisposition au dialogue», a-t-il ajouté.
M. Yaâcoubi a également précisé que cette grève administrative intervient après les deux grèves de deux jours réussies observées récemment. Il a aussi indiqué qu’une réunion de la commission administrative du syndicat se réunira demain pour débattre des procédures de la grève administrative qui fait resurgir le spectre de l’année scolaire blanche qui avait déjà longuement plané sur nos établissements éducatifs durant l’année scolaire écoulée.
La grève administrative consiste à ne pas effectuer certaines tâches administratives comprises dans les obligations de sa fonction telles que le boycott total des examens, la rétention des notes ou la non-participation aux conseils de classe.
Les enseignants du secondaire réclament notamment des augmentations salariales de nature à compenser la détérioration remarquable de leur pouvoir d’achat, une révision à la hausse des montants des indemnités qu’ils perçoivent et la possibilité du départ volontaire à la retraite à l’âge de 55 ans au regard du caractère pénible de la profession.
Ils revendiquent aussi l’annulation du prélèvement de jours de travail sur les salaires à titre de contribution au budget de l’Etat décidé par le gouvernement de Mehdi Jomâa, l’ouverture de négociations sur la réforme du système éducatif et la promulgation d’une loi qui incrimine les violences physiques et verbales à l’encontre des enseignants et de l’ensemble du personnel exerçant dans les établissements éducatifs.
Le syndicat appelle, par ailleurs, à la régularisation de la situation des enseignants suppléants, en leur accordant couverture sociale et augmentations salariales.
Outre ces revendications d’ordre matériel, le syndicat réclame une réforme globale et concertée du système éducatif national.
A noter que le ministère de l’Education n’a pas encore réagi au préavis de grève qui lui a été adressé par le syndicat général de l’Enseignement supérieur.
Estimant que les revendications des enseignants du secondaire sont pour la plupart légitimes, le nouveau ministre de l’Education, Néji Jalloul, n’a pas pu convaincre les responsables du syndicat de reporter la grève de deux jours, qui a été finalement observée mardi et mercredi, lors de deux réunions tenues in extremis entre les deux parties.
L’ancien ministre avait précisé avant son départ qu’il n’est pas en mesure de satisfaire les revendications du syndicat ayant des incidences financières, indiquant que cela relève des attributions de la Présidence du gouvernement et du ministère des Finances. Il avait, cependant, indiqué que son département était en train de préparer un projet de loi relatif à la lutte contre la violence à l’encontre des enseignants et l’ensemble du personnel exerçant dans les établissements éducatifs. (Le Temps, 21 janvier 2015, Walid Khefif)
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