Environnement. Dans 50 ans, une chaleur invivable pour 3,5 milliards de personnes. Des migrations, des murs, la mort…

Par Ian Angus

Quel est le danger du réchauffement climatique? D’ici à 2070, jusqu’à 30% de la population mondiale pourrait être confrontée à des températures littéralement invivables.

Les études sur le climat prévoient une augmentation de la température mondiale de 2 ou 3 degrés dans le scénario du statu quo. Toutefois ces moyennes incluent les océans plus frais. Or, ils couvrent 70% de la planète. L’augmentation de la température sur terre sera plus importante, et les températures dans les zones déjà chaudes seront encore plus élevées.

Si la moyenne mondiale augmente de 3 degrés, les régions où les gens vivent réellement seront au moins 6 degrés plus chauds qu’aujourd’hui. Dès lors, de vastes régions seront trop chaudes pour y vivre.

«Future of the human climate niche», une étude publiée le 4 mai 2020 sur le site du Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), révèle que depuis au moins 6000 ans, presque tous les humains vivent dans des régions où la température annuelle moyenne se situe entre 11 et 25 degrés. C’est la «niche climatique» humaine, la plage de température dans laquelle le travail à l’extérieur n’est pas mortel et dans laquelle nous avons pu produire suffisamment de nourriture pour survivre.

Les auteurs de l’étude, basés en Chine, au Danemark, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis [Chi Xu, Timothy A. Kohler, Timothy M. Lenton, Jens-Christian Svenning, and Marten Scheffer], affirment que chaque degré de réchauffement climatique poussera un milliard de personnes hors de cette zone de survie.

Aujourd’hui, moins de 1% de la surface terrestre de la planète a une température annuelle moyenne supérieure à 29°C, et presque toute cette surface se trouve dans le désert du Sahara. Si les émissions de gaz à effet de serre ne sont pas réduites rapidement, jusqu’à 19% des terres, qui abritent 3,5 milliards de personnes, auront une température annuelle moyenne supérieure à 29 °C.

Comme l’un des principaux auteurs de l’étude du PNAS l’a déclaré au Guardian ce 5 mai 2020, «les températures moyennes supérieures à 29°C sont invivables».

Même avec une forte atténuation du climat – un passage du scénario extrême RPC8,5 du GIEC à la RPC2,6 plus contrôlée – 1,5 milliard de personnes seront toujours confrontées à des températures non supportables. Ceux qui travaillent à l’intérieur et qui peuvent se payer la climatisation s’adapteront, mais pour la plupart la seule option sera la migration. Les pays qui construisent des murs aux frontières condamneront des centaines de millions de personnes à la mort. (Article publié sur le site Climate&Capitalism, le 9 mai 2020; traduction rédaction A l’Encontre)

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