Par Reinaldo Gonçalves
Les gouvernements du Parti des Travailleurs (PT) – de Lula en 2003 à Dilma Rousseff depuis 2011 – ont provoqué la démoralisation, l’«atomisation» et la destruction de la gauche brésilienne. Une partie de la gauche, PT inclus, a toujours su que l’option «Lula et ses comparses» (du PMDB, entre autres) était un pari à haut risque. La gauche a perdu son pari. Elle a perdu et perdu encore. Plus qu’une défaite, l’option Lula a été une grave erreur stratégique, dans ce qui était investi comme perspectives laissées à «elles-mêmes». Le processus de reconstruction de la gauche brésilienne n’a pas encore commencé et sera long, très long (deux décennies peut-être). Cet article a pour objet d’apporter une contribution à ce long processus. (Voir le plan en fin de cette première partie de la contribution.)
L’article est également une réaction face aux analyses et aux positionnements politiques au sein de la gauche qui sont défavorables à l’impeachment de Dilma [1]. La position exprimée dans cet article est diamétralement opposée: l’impeachment (ou la destitution) de Dilma est une condition nécessaire au début d’un processus de solution de la crise systémique et à la reconstruction de la gauche brésilienne.
L’article défend le cahier de revendications des protestations effectivement populaires:
1) l’impeachment de Dilma en tant que figurante superflue qui a accompli sa fonction de manière médiocre, qui a eu une conduite grotesque et qui souffre, aujourd’hui, d’une sorte de déficience cognitive;
2) la mise en échec et l’isolement du PT – la démoralisation, le pourrissement et l’«anti-fonctionnalité» pour la gauche brésilienne;
3) le combat frontal contre la corruption, une condition pour la déstabilisation du système patrimonialiste [des élites et des sommets du PT-Etat ou de la CUT], et la réduction du pouvoir des oligarchies politiques et des secteurs dominants (banques, entrepreneurs, agronégoce et entreprises minières);
4) une enquête, un acte d’accusation, un jugement, une condamnation et la prison pour Lula – une condition à la reconstruction des forces politiques de gauche. [N’oublions pas tous les entrepreneurs du BTP et les responsables du PT déjà sous enquête et emprisonnés pour corruption massive, cela dans un pays qui subit, à nouveau, un choc de paupérisation de très larges couches populaires.]
Plus spécifiquement, l’article défend également la thèse selon laquelle la gauche brésilienne a plus de raisons que la droite de participer aux protestations populaires et de lutter pour l’impeachment de Dilma et la condamnation de Lula.
1. La gauche versus la droite
Il ne s’agit pas dans ce texte de mener une discussion sur la dichotomie classique gauche-droite dont l’origine est l’assemblée du 27 août 1789, au début de la Révolution française. Cette discussion nous conduirait dans des labyrinthes philosophiques, politiques et historiques [2]. Cependant, une certaine rigueur conceptuelle est nécessaire pour que l’analyse soit consistante. La précision conceptuelle peut être obtenue, dans une certaine mesure, si nous observons trois procédures et établissons:
1° des hypothèses simplificatrices,
2° un nombre réduit de «marqueurs»,
3° une typologie flexible.
Les hypothèses simplificatrices sont: le régime politique est la démocratie et le mode de production est le capitalisme. Ces deux hypothèses excluent des forces politiques antidémocratiques de gauche (stalinisme) et de droite (fascisme) ainsi que des systèmes économiques dans lesquels la plus grande partie des moyens de production est contrôlée par l’Etat (sous diverses formes). Les institutions clés (Etat et marché) opèrent donc sous le régime politique de la démocratie et sous le mode de production du capitalisme.
Les «marqueurs» utilisés sont: le rôle du marché, le rôle de l’Etat et les fonctions économiques de l’Etat (de stabilisation, de régulation, d’allocation et de distribution des dites ressources). Il y a l’«Etat minimum» des libéraux et l’«Etat fort» des socialistes; il y a le «marché autorégulé» de la droite et le «marché fortement régulé» de la gauche. Sur la question distributive, les socialistes sont des «sanguins» et défendent une forte intervention étatique, alors que, de leur côté, les libéraux défendent bec et ongles une intervention faible ou nulle. Il existe encore un espace pour l’Etat à «taille modérée» et le marché «modérément régulé» des socio-démocrates ou socio-libéraux.
La typologie est flexible et recouvre les champs politiques suivants: gauche, centre-gauche, centre, centre-droit et droite. Les deux premiers peuvent être inclus dans la catégorie des forces progressistes alors que les deux derniers sont dans la catégorie générique des forces conservatrices. Le «centre» est la zone d’ombre entre progressistes et conservateurs. La distinction entre progressistes et conservateurs est définie par la propension aux changements et, principalement, par la nature et la source des changements.
Les principaux «marqueurs» utilisés sont les institutions: marché [qui est une construction] et Etat. Ces institutions sont fondamentales pour que les camps de la gauche et de la droite puissent se configurer. D’un côté, la gauche tend à valoriser davantage l’action de l’Etat; de l’autre, la droite tend à valoriser davantage ledit libre fonctionnement du marché. Le marché est compris comme le locus de rencontre entre l’offre et la demande de biens, services et facteurs de production. L’Etat, à son tour, est l’institution qui a la capacité de réguler la relation entre les hommes et les hommes, les hommes et la nature, les hommes et les «choses» et, en plus, c’est l’institution qui détient le monopole de la force, de la levée des impôts et de la «production» de la monnaie.
En conséquence, l’Etat exerce des fonctions économiques: de stabilisation (stabilisation macroéconomique ; croissance, emploi, inflation, comptes publics et comptes extérieurs), de régulation (régulation des activités économiques, comme les services d’utilité publique), d’allocation (budget public: éducation, santé, défense, transports, etc.) et de distribution (levée des impôts et dépenses budgétaires, financement, prise en compte des classes et des groupes sociaux, etc.).
Le tableau 1 présente une typologie des forces politiques: les camps (gauche, centre et droite); les idéologies (conservatisme, libéralisme, social-libéralisme, socialisme, etc.), les institutions (intensité dans l’action des institutions fondamentales que sont le marché et l’Etat) et l’intensité dans l’utilisation des fonctions économiques de l’Etat (de stabilisation, de régulation, d’allocation et de distribution).
Naturellement, la typologie présentée est très simplificatrice, ce qui implique des risques sérieux. Cette typologie a cependant une fonction didactique permettant de mieux comprendre les concepts clés utilisés dans l’article. Au Brésil, par mauvaise foi ou ignorance, ces concepts sont souvent utilisés pour disqualifier des positions divergentes. Le résultat en est que le débat est médiocre en raison d’une disqualification des personnes, des groupes et des positions, ce qui nous détourne d’une argumentation sur le fond.
Mauvaise foi et ignorance déterminent des arguments du genre: «Cette analyse est de gauche, elle est donc viciée, démodée et doit être déconsidérée», ou, alors « Cette proposition est néolibérale, elle est donc de droite et doit être rejetée». La situation dans un pays «arriéré» comme le Brésil est plus grave, vu qu’en l’absence de risque moral, des acteurs politiques s’identifient comme étant de gauche tout en défendant des idées de droite, et vice versa bien évidemment.
Hors de l’espace de la politique, la situation n’est pas très différente. Pour illustrer cela, il y a le cas de l’entrepreneur qui défend, comme faisant partie de l’idéologie libérale, la réduction du protectionnisme et de la régulation pour l’ensemble de l’économie. Mais lorsqu’il s’agit de son intérêt spécifique, celui-ci se transforme alors en ardent défenseur du protectionnisme et de la régulation qui garantissent ses profits extra. Dans le beau monde des convenances, le conflit valeurs/intérêts est traité à coups d’hypocrisie administrée à des doses de cheval.
En l’absence de risque moral, politiciens, entrepreneurs et intellectuels abusent sans vergogne de la flexibilité de leurs rotules: il y a ceux qui «tètent à la mamelle de l’Etat» en se déclarant des libéraux purs et durs et il y a des socialistes autoproclamés qui sont attachés au service des oligarques politiques et économiques de régions marquées par la grande exploitation de la classe ouvrière.
La classification du champ politique est facilitée par l’évaluation de la nature et de l’intensité des fonctions économiques de l’Etat. Par exemple, des politiques qui effectivement affectent la distribution de la richesse impliquent une forte intervention de l’Etat au travers non seulement de la fiscalité, mais aussi de la punition rigoureuse des fraudeurs. Ce type de politique s’encadre plus précisément dans le camp de la gauche.
D’un autre côté, le programme de transfert du revenu de base, ou revenu dit universel connu mondialement sous le nom de salaire minimum ou de salaire-citoyen (au Brésil il est connu sous le nom de «Bourse famille»: 62 euros mensuels pour une famille en 2014) a à l’origine la vision libérale classique (défendue par la Banque mondiale), qui est favorable à l’«assistantialisme fonctionnel» qui a pour objectif de réduire la violence sociale [et délinquante liée à la pauvreté urbaine extrême, entre autres] et la dislocation du tissu social provoquées par la misère et par l’inégalité. Mais ce type de politique distributive a une portée réduite, vu qu’elle n’affecte ni la distribution fonctionnelle des revenus ni la distribution de la richesse. Les gouvernements de droite comme de gauche utilisent donc ce type de programme social comme «ligne de plus faible résistance».
Il y a en Amérique latine différentes expériences de modèles de développement, avec des idéologies distinctes. En effet, tous les pays adoptent des programmes de transfert de richesse: le Pérou (Juntos), le Chili (Chile Solidario), le Brésil (Bolsa Família); le Honduras (Programa de Asignación Familiar), la Colombie (Famílias en Acción), le Venezuela (Madres del Barrio), etc.
C’est-à-dire que le gouvernement «socialiste» du Venezuela adopte le même type de programme assistantialiste que le gouvernement conservateur de Colombie. La portée des programmes est déterminée, dans une large mesure, par la conjoncture internationale, qui «ralentit» ou restreint les finances publiques [prix du pétrole ou du café]. Dans tous les cas, ce type de mesure assistantialiste, à lui seul, ne permet pas de classer un gouvernement comme étant de droite ou de gauche.
Dans ce sens, le cas du Brésil est curieux. La droite étiquette le gouvernement du PT (Parti des travailleurs) comme étant de gauche parce qu’il adopte le programme «Bourse famille». La gauche, de son côté, estime que ce programme, en plus du fait qu’il contribue à la réduction de la misère dans le pays, est une manière d’éviter l’affrontement des classes et de modifier effectivement la structure de distribution de la richesse, des revenus et du pouvoir. En conséquence, le gouvernement du PT jamais ne pourra être considéré comme de gauche parce que, dans la réalité, la fonction distributive de l’Etat est très limitée: que ce soit le programme «Bourse famille», les aides de type prévoyance sociale ou les autres moyens palliatifs, aucun de ces moyens n’est structurant. Dans la perspective de la gauche les gouvernements du PT sont en train d’appliquer, dans l’hypothèse la plus favorable, une version (tronquée) du social-libéralisme [3].
Ces divergences classificatoires indiquent la nécessité d’une analyse rigoureuse des questions, parfois très spécifiques, afin qu’il y ait une meilleure compréhension de la réalité du camp politique dominant. Ce qui est fondamental, c’est de ne pas tomber dans les pièges créés par la mauvaise foi et par l’ignorance.
Dans le chapitre 1, l’approche simplificatrice met en évidence le rôle de deux institutions, l’Etat et le marché.
La gauche, la droite, le centre, le centre-gauche et le centre-droit valorisent de manière différente le rôle de ces institutions dans la société et dans l’économie. Pour simplifier l’exercice de classification des «camps» politiques et idéologiques, nous adoptons deux hypothèses: l’existence d’un régime politique démocratique et d’un mode de production capitaliste.
Ces hypothèses permettent d’exclure les forces politiques d’extrême gauche (au sens stalinien) et d’extrême droite au sein de la typologie présentée. De manière générale, ces forces nient la démocratie, le capitalisme et le marché et, d’un autre côté, vénèrent l’Etat. On se rappelle immédiatement les régimes stalinien et nazi, au-delà des analogies simplificatrices
L’idéologie des staliniens signifie de multiples rejets: la démocratie, le capitalisme et le marché: d’un autre côté, ils vouent une vénération à l’Etat (sous la direction totale du parti unique). L’idéologie des nazis (national-socialisme) implique une tolérance négative à l’égard de la démocratie, une tolérance qualifiée à l’égard du marché (sous fort contrôle gouvernemental) et du capitalisme (le capitalisme étant considéré comme un mal nécessaire, avec un éventail de positions à ce propos) et une vénération portée à l’Etat (un Etat national sous la direction du parti unique).
L’extrême gauche stalinienne et l’extrême droite ont en commun la négation de la démocratie et la vénération de l’Etat. Pourtant, ces deux composantes se situent hors de notre typologie. Certaines situations concrètes de l’actualité qui sont «hors schéma» ne peuvent pas non plus être placées dans cette typologie: la dictature théocratique en Iran, la monarchie despotique de l’Arabie saoudite ou le communisme totalitaire de la Corée du Nord. La typologie ne sert pas non plus de base pour la classification du capitalisme d’Etat conduit par le Parti communiste (parti unique, régime totalitaire) en Chine.
Ainsi, la typologie peut être utile pour cartographier les camps politiques et les idéologies au Brésil. La mesure utilisée par notre typologie recouvre des cas de capitalisme arriéré, d’Etat patrimonialiste et corrompu, de société invertébrée, de démocratie tronquée et d’institutions fragiles, ce qui est le cas du Brésil.
2. Déstabilisation macroéconomique et problèmes structurels
L’héritage tragique du premier gouvernement Dilma implique une profonde déstabilisation macroéconomique. Cette déstabilisation elle aussi est ample, vu qu’elle recouvre le front [en français dans le texte] interne (récession, augmentation du chômage, écroulement de l’investissement, déficit public et pression inflationniste non négligeable) et le front externe (déficit très élevé du compte de transactions courantes et l’endettement courant en devises élevé et croissant). La question technique pertinente est un ajustement simultané (interne et externe) avec, comme circonstance aggravante, le fait qu’il y a des déséquilibres très forts et que certains présentent même une tendance à l’aggravation (récession, chômage, etc.).
Du côté politique, la question effective est que depuis quelques années nous sommes enlisés dans une crise sérieuse de légitimité de l’Etat (incapacité croissante du gouvernement de Dilma à résoudre les problèmes de court, moyen et long terme). Comme c’est également le cas des protestations populaires de juin 2013, les actuelles protestations découlent, dans une large mesure, de cette crise.
La médiocrité sidérale du gouvernement Dilma a comme résultat le fait qu’il est considéré comme mauvais par les capitalistes comme par les travailleurs, par les riches comme par les pauvres, par la droite comme par la gauche.
La question structurelle relevante est que le pays continue à accepter d’être pris dans le piège du Modèle Libéral Périphérique (ci-dessous MLP), introduit par le gouvernement FHC [Fernando Henrique Cardoso, président de janvier 1995 à janvier 2003, Luiz Inácio Lula da Silva lui succède en janvier 2003] puis élargi et approfondi par les gouvernements de Lula et de Dilma. Ce modèle place le pays sur une trajectoire d’instabilité et de crise qui ne peut que déboucher sur l’instabilité politique et la crise institutionnelle.
La conjoncture internationale exceptionnellement favorable a fonctionné comme «anti-inflammatoire», elle augmente cependant plus encore la vulnérabilité externe structurelle du pays, comme cela s’est produit sous le gouvernement Lula et se manifeste aujourd’hui. Le MLP signifie de graves problèmes structurels: le déplacement de la frontière de production vers le secteur primaire-exportateur, la «re-primarisation» du modèle de commerce extérieur, la dénationalisation de l’appareil productif, le retard du système national d’innovations et l’aggravation de la domination financière.
Des politiques macroéconomiques opportunistes (taux de change real-dollar) irresponsables (type de «maîtrise» des prix des services publics, exonération fiscale de secteurs comme l’automobile) et même criminelles (expansion exponentielle du crédit domestique et surendettement à des taux d’intérêt absurdes) donnent un peu d’air aux gouvernants et sont même déterminants dans les cycles politico-électoraux. Cependant, de telles politiques provoquent l’accumulation de déséquilibres qui génèrent une pression inflationniste, détériorent les finances publiques et les comptes extérieurs, et réduisent la capacité d’expansion des investissements sur une longue période (avec comme conséquence, par exemple, le surendettement de l’Etat, des familles et des entreprises).
La situation s’aggrave en raison des politiques de dépenses publiques qui impliquent une très mauvaise allocation des ressources, la corruption et l’écoulement de la richesse vers l’extérieur [transferts financiers divers vers les Etats-Unis, l’Europe, l’Asie et placements volatils sur le marché financier]. Ce fut le cas pour les dépenses prévues dans le cadre de la Coupe du monde de football (2014) et des Jeux olympiques (d’été à Rio de Janeiro, en 2016), le cas aussi pour les travaux d’infrastructure qui ont une relation bénéfice-coût très douteuse. C’est le cas aussi pour la mégalomanie, l’irresponsabilité, l’incompétence et la corruption régnant dans le secteur public et les entreprises d’Etat; les cas les plus manifestes étant celui du pré-sal [les ressources pétrolières se situant en grandes profondeurs, sous la couche de sel pétrifié vendue sous la houlette Dilma] et de Petrobrás.
Comme si les graves restrictions structurelles ne suffisaient pas, le gouvernement Dilma se caractérise, depuis le début de 2011, par un déficit de «gouvernance». Même quand il a de bonnes idées et des projets, le gouvernement se montre incompétent dans leur exécution. Le déficit de «gouvernance» est patent dans l’actuelle politique d’ajustement macroéconomique. Peu de mois après que l’objectif d’excédent budgétaire primaire [avant le paiement des intérêts de la dette et des prêts arrivant à échéance] a été défini, le gouvernement a dû le redéfinir. Le «mélodrame de l’objectif», qui est sorti d’abord sur Internet, a une forte portée symbolique (selon Dilma, elle ne fixe pas l’objectif, une fois qu’il est fixé par les services des ministères, elle le double!).
Au-delà du déficit de gouvernance, il y a la nullité du leadership de Dilma. Dans la réalité, Dilma est une «figurante superflue» au sein de l’Etat brésilien. La figurante superflue a une manière désastreuse de conduire les affaires publiques, une conduite grotesque et une déficience cognitive. Il n’y a pas moyen de récupérer de la crédibilité pour l’Etat brésilien avec une Dilma à la présidence.
Nous estimons que nous nous trouverons dans une situation pire encore à long terme si nous restons focalisés sur une stabilisation basée sur des politiques budgétaires et des politiques monétaires restrictives. Ces politiques tendent à aggraver les restrictions structurelles qui influencent la stabilisation macroéconomique sur le court terme, la capacité de récupération sur le moyen terme et le développement sur le long terme.
Les déséquilibres macroéconomiques brésiliens, après l’éclosion de la crise globale de 2008, résultent autant des erreurs de politique des gouvernements Lula et Dilma que de la vulnérabilité externe structurelle du pays, qui s’est aggravée au cours des années de ces gouvernements. En fonction des erreurs et des vulnérabilités, la situation d’instabilité et de crise du Brésil ne peut que s’étendre pour longtemps encore. (Fin de la Première partie; article publié dans Correio da Cidadania, 23 décembre 2015; traduction A l’Encontre)
Plan
Introduction
1. La gauche versus la droite
2. La déstabilisation macroéconomique et les problèmes structurels
3. La «non-issue» économique
4. L’issue politique: l’impeachement de Dilma
5. La nécessité de défaire le lulisme
6. Synthèse
___
[1] Il y a certains articles dans le camp progressiste et de la gauche qui sont critiques par rapport au gouvernement, mais ils sont contre l’impeachment de Dilma. Voir, par exemple, les excellentes analyses de Luiz Filgueiras, Notas para a análise de conjuntura (18/08/2015) et d’Eduardo C. Pinto, Dilma: de «coraçao valente» a «presidenta acuada» (16/08/2015). D’un autre côté, il y a des articles analytiquement très fragiles et politiquement contradictoires comme, par exemple, celui de Samuel P. Guimarães, A ofensiva conservadora e as crises (17/08/2015).
[2] Pour un résumé intéressant et actualisé de la dichotomie classique «gauche versus droite», voir Juan J. Sebreli, El Malestar de la Política. Buenos Aires: Sudamericana, 2012, p. 337-355.
[3] Il est également curieux que la droite critique les gouvernements du PT sur le fait d’adopter le modèle national-développementaliste. Dans la réalité, autant les gouvernements Lula que les gouvernements Dilma appliquent le national-développementalisme à rebours, connu comme modèle NADA: Nacional-Desenvolvimentismo às Avessas. Ce modèle constitue, précisément, le négatif du modèle développementiste utilisé dans les pays développés et dans les pays latino-américains (copie infidèle). Voir R. Gonçalves, Desenvolvimento às Avessas (Rio de Janeiro: LTC, 2013).
____
Reinaldo Gonçalves est professeur titulaire à l’Université fédérale de Rio de Janeiro (UFRJ) et auteur du livre Desenvolvimento às Avessas (Rio de Janeiro: LTC, 2013). Durant presque deux décennies, il a été membre du PT. L’auteur se repent de plus en plus de cette filiation qu’il ressent comme honteuse. Il a quitté le parti en février 2005.
Soyez le premier à commenter