Brésil. Ce samedi 29 mai, la rue s’est exprimée contre le virus Bolsonaro

Editorial de Esquerda online

Du nord au sud, dans plus de deux cents villes, des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue, en pleine pandémie, contre le pire virus, la variante la plus dangereuse au monde: la souche Bolsonaro. Au nom des plus de 450 000 personnes tuées par le covid, les manifestant·e·s, masqué·e·s et gardant leurs distances, ont protesté pour la vie, réclamant un vaccin dans le bras, de la nourriture dans l’assiette et, surtout, Dehors Bolsonaro (Fora Bolsonaro).

Les manifestations ont eu lieu dans pratiquement toutes les capitales, mais aussi dans de nombreuses villes moyennes et petites. Il s’agissait des plus grandes manifestations de rue depuis le tsunami de l’éducation, qui s’est produit en mai 2019, bien avant la pandémie. De nombreux jeunes étaient présents dans les manifestations, ainsi que des femmes et des hommes plus âgés qui ont déjà reçu les deux doses du vaccin. Il y avait des travailleurs et travailleuses du secteur public et du secteur privé, ainsi que des étudiant·e·s et des retraité·e·s. Des professionnels qui sont en première ligne tels que des infirmières, des médecins et des travailleurs du transport, ainsi que des artistes, des enseignants et des ouvriers étaient également présents. Il y avait beaucoup de jeunes noirs et une grande participation de femmes. Ils étaient tous unis dans la diversité, contre l’ennemi commun du peuple et de la vie.

Dans le contexte d’une pandémie dont le taux de contagion et de mortalité est encore élevé, l’idéal serait que personne ne descende dans la rue pour protester. Mais nous ne vivons pas dans une situation normale. Nous vivons dans un pays présidé par un génocidaire, qui a saboté l’achat de vaccins et continue d’agir délibérément – par le biais du négationnisme et du boycott des mesures barrière – pour maximiser la propagation du covid. Le pays est au bord de la troisième vague de covid, et des milliers de Brésiliens, surtout des travailleurs noirs et pauvres, habitants des périphéries brésiliennes, continuent de mourir chaque jour dans des hôpitaux surpeuplés ou à la maison, où la marmite est vide et où les balles de la police continuent de siffler.

Malgré tout cela, Bolsonaro reste au pouvoir. Il est toujours au pouvoir malgré tous les crimes commis, dont les preuves sont exposées par le CPI (Commission d’enquête) du Sénat. Il est toujours au pouvoir parce que la bourgeoisie brésilienne et ses représentants politiques ne veulent pas destituer Bolsonaro de la présidence. Les dizaines de milliers de personnes qui, au péril de leur vie, sont courageusement descendues dans la rue samedi 29 mai, représentant la majorité du peuple brésilien, exigent la destitution du président génocidaire. Le pays ne peut pas vivre avec Bolsonaro jusqu’à la fin de 2022. Nous ne pouvons pas attendre les élections d’octobre 2022. Nous devons arrêter immédiatement le massacre du peuple et la destruction du pays. C’était le message de la rue aujourd’hui.

Le 29 mai (29M) n’a pas été une journée de protestation massive, comme c’est le cas lors de manifestations réunissant des millions ou des centaines de milliers de personnes. Mais le nombre de personnes qui sont descendues dans la rue, compte tenu de la situation critique de la pandémie, est significatif. Cela montre que la volonté de se battre est de plus en plus forte. La répudiation de Bolsonaro, déjà majoritaire dans la société, a trouvé des échos lors de ce 29M. Elle a été le sujet le plus abordé sur les réseaux sociaux du pays et du monde aujourd’hui. Le succès des manifestations de ce samedi est le signe d’un processus croissant de mobilisations au Brésil. Tous les secteurs de la gauche et des mouvements sociaux qui se sont engagés dans la construction du 29M méritent des félicitations. Mais la présence de Lula manquait dans l’acte de São Paulo.

Dans ce scénario, le Front de gauche pour les luttes et les élections est plus nécessaire que jamais. L’unité autour de la campagne Fora Bolsonaro doit être renforcée, en unissant les partis de gauche (PSOL, PT, PCdoB, UP, PCB, PSTU), les fronts de mouvements sociaux (Povo Sem Medo et Brasil Popular), la Coalition noire pour les droits, les syndicats, les collectifs de travailleurs précaires et périphériques, les supporters (de foot) organisés, les mouvements féministes, LGBT, étudiants, les sans-toits et les indigènes.

Les vies perdues par la politique génocidaire de Bolsonaro, toutes, n’ont pas été vaines. Pour la mémoire de ceux qui sont partis et de ceux qui sont encore dans le collimateur du virus, de la faim et des balles de la police, nous sommes présents pour renverser Bolsonaro et ouvrir la voie à l’avenir. (Editorial de Esquerda online, site du courant Resistencia du PSOL, en date du 30 mai; traduction rédaction A l’Encontre)

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