La «fille de 68» qui veut gouverner le Mexique. Qui est Claudia Sheinbaum et que pense-t-elle?

Claudia Sheinbaum au centre, 20 mai 2024.

Par Cecilia González

1er octobre 1991. The Stanford Daily rapporte en première page une manifestation d’étudiants contre Carlos Salinas de Gortari, le président du Mexique [décembre 1988-décembre 1994, membre du Parti révolutionnaire institutionnel-PRI] qui a donné des conférences dans cette université américaine pour promouvoir le néolibéralisme, dont il est l’un des principaux et des plus applaudis représentants latino-américains. L’article est accompagné d’une photographie en noir et blanc des manifestants. Au centre, une jeune femme mexicaine au visage sombre, cheveux en bandeau et chemise à manches courtes, brandit une banderole sur laquelle on peut lire: «Commerce équitable et démocratie maintenant!» A côté d’elle, une autre pancarte suggère la fraude électorale en demandant combien de morts ont voté lors de l’élection présidentielle mexicaine de 1988. Une autre affirme: «Mexique, la dictature parfaite», une phrase devenue un lieu commun qui résume la vie politique d’un pays où le même parti l’emporte depuis des décennies.

La jeune femme s’appelle Claudia Sheinbaum Pardo. C’est une physicienne de 29 ans, diplômée de l’Université nationale autonome du Mexique (UNAM), qui effectue un séjour académique à Stanford. Dans ses bagages transfrontaliers, elle transporte un activisme politique intense qui combine son récent rôle de leader dans une grève universitaire historique et son activisme en faveur des droits de l’homme et de la démocratisation du pays.

Trois décennies plus tard, la scientifique publie sur ses réseaux sociaux la couverture jaunie du Stanford Daily pour rappeler que toute sa vie elle s’est battue contre le néolibéralisme. Qu’elle a toujours été une leader de gauche. Que la constance est l’une de ses valeurs politiques.

«Je conserve le même sentiment et la même aspiration à la justice sociale, pour qu’il y ait une patrie pour les pauvres et une patrie pour les opprimés», écrit-elle à l’aube du lancement d’une longue campagne qui pourrait faire d’elle, le 2 juin, la première femme présidente de l’histoire du Mexique. Et la gardienne de l’héritage que laissera Andrés Manuel López Obrador (AMLO).

Héritière

«Je suis une fille de 68», dit souvent Claudia Sheinbaum. Au Mexique, il ne faut pas beaucoup d’explications pour comprendre les implications politiques de cette définition. L’année 1968 évoque immédiatement la première grande grève universitaire qui culmine avec le massacre de Tlatelolco [sur la place des Trois Cultures dans le quartier de Tlatelolco ] et les centaines d’étudiants sans défense, blessés, arrêtés et exécutés le 2 octobre. C’est à ce moment-là que le pouvoir du PRI, l’oxymore Parti révolutionnaire institutionnel, commence à s’effriter.

Cette douloureuse répression, qui a marqué à jamais la mémoire sociale mexicaine, a été le ferment d’une nouvelle génération politique qui a milité pour un long et laborieux processus de démocratisation. Vingt ans plus tard, l’aile gauche d’un parti qui pouvait contenir des courants idéologiques dissemblables s’est rebellée et a abandonné le PRI. Cuauhtémoc Cárdenas fonde [mai 1989] le Parti de la révolution démocratique (PRD) et prend la tête des dissidents, dont le jeune Andrés Manuel López Obrador.

En 1988, la candidature de Cárdenas à la présidence met pour la première fois le pouvoir du PRI en échec. Bien que Salinas de Gortari soit finalement déclaré vainqueur, les élections traînent l’ombre éternelle de la fraude et le système de parti unique se fissure. C’est alors que survient le changement tant attendu et tardif de 2000, aux mains du Parti d’action nationale (PAN) de droite, représenté par Vicente Fox [décembre 2000-décembre 2006] et son successeur, Felipe Calderón [décembre 2006-décembre 2012]. Entre-temps, le gouvernement de la ville de Mexico a également connu des changements, d’abord sous la direction de Cuauhtémoc Cárdenas (1997-1999), puis sous celle de López Obrador (2000-2005). Enfin, il y a eu le retour du PRI au gouvernement national avec Enrique Peña Nieto [décembre 2012-novembre 2018] et les trois campagnes présidentielles de López Obrador [élu en décembre 2018 après avoir été chef du gouvernement du District fédéral de 2000 à 2005], un homme politique qui n’a jamais semblé perdre patience.

Aujourd’hui, c’est au tour de Claudia Sheinbaum, qui l’a fidèlement accompagné pendant 24 ans.

La candidate en tête des sondages est la fille du chimiste Carlos Sheinbaum Yoselevitz (descendant d’une famille juive lituanienne qui a émigré au Mexique au début du siècle dernier) et de la biologiste Annie Pardo. Tous deux sont diplômés de l’UNAM et ont participé à la résistance étudiante de 1968 qu’elle revendique aujourd’hui.

La science et l’engagement politique de gauche ont habité la ville natale de Sheinbaum. Il n’est donc pas surprenant que cette femme née en 1962 ait décidé d’étudier la physique, ni que, jeune fille, elle ait soutenu Rosario Ibarra de Piedra, la mère d’un jeune homme disparu pendant la sale guerre des années 1970 au Mexique, qui est devenue une légendaire militante des droits de l’homme et, en 1982 [pour le Parti révolutionnaire des travailleurs, elle fut élue députée pour ce parti; elle se représenta en 1988], la première femme candidate à l’élection présidentielle.

De manière encore moins surprenante, au milieu des années 1980, la jeune Sheinbaum a fait partie du Conseil des étudiants de l’université (CEU) qui a mené la deuxième plus grande grève à l’UNAM depuis 1968. La défense de l’autonomie des universités et de la gratuité de l’enseignement universitaire était un principe acquis. Les étudiants ont gagné. Le nom de Claudia Sheinbaum apparaît pour la première fois dans les médias.

Le mouvement étudiant représente le début de sa carrière politique, car les membres de la CEU deviennent le secteur jeune du PRD que Cárdenas et d’autres leaders légendaires ont fondé et qui, depuis 1989, unit la gauche mexicaine.

La fidélité

Au début des années 2000, il semblait que le destin de Claudia Sheinbaum serait le monde universitaire. Pendant des années, elle a alterné son travail de chercheuse à l’UNAM et sa vie de famille avec son mari Carlos Imaz (un autre des leaders étudiants de la grève de 1986 et également fondateur du PRD) et leurs deux enfants.

Cette année-là, López Obrador a remporté le poste de gouverneur de la ville de Mexico et l’a invitée à prendre ses fonctions de secrétaire à l’Environnement. Bien qu’ils se soient à peine rencontrés lors de quelques réunions politiques, Claudia Sheinbaum a accepté le défi. Le premier poste public de la scientifique marque le début d’une relation marquée par la loyauté envers López Obrador et la confiance totale de ce dernier en Sheinbaum. Depuis lors, ils ne se sont jamais quittés.

La relation politique entre les deux s’est renforcée en 2006, lors de la première campagne présidentielle de López Obrador, au cours de laquelle Sheinbaum a été sa porte-parole. Comme l’élection de 1988, celle de 2006 a été entachée d’allégations de fraude. López Obrador a contesté et résisté à la victoire du conservateur Felipe Calderón, il a organisé un sit-in qui a duré des mois dans la ville de Mexico et a mis en place un cabinet fantôme (une sorte de «shadow cabinet») dans lequel Sheinbaum a prêté serment en tant que secrétaire à la Défense du patrimoine national. En vain.

La défaite passée et la mairie déjà quittée, López Obrador consolide sa position de principal leader de l’opposition mexicaine. Toujours avec Sheinbaum à ses côtés. En 2012, l’homme politique joue les vedettes dans sa deuxième campagne présidentielle et la présente comme sa future secrétaire à l’Environnement. Une nouvelle aventure interrompue.

Alors que le PRI revient au pouvoir avec Peña Nieto, López Obrador rompt avec le PRD, englué dans des scandales de corruption et déchiré par des querelles internes, et se lance dans la consolidation du Mouvement de régénération nationale (Morena), qu’il présentera comme le nouveau et unique parti de la gauche mexicaine. Son parti. Une fois de plus, Sheinbaum se comporte en alliée fidèle, en promoteuse et en organisatrice politique.

L’image publique de l’ancienne fonctionnaire gagne de plus en plus de terrain. En 2015, elle s’est présentée pour la première fois à un mandat électif. Sous l’égide de Morena, qui fait son entrée dans le scrutin, elle remporte la mairie de Tlalpan [une des 16 divisions du District fédéral], à Mexico. Quelques années plus tard, elle a annoncé qu’elle briguerait le poste de maire de la capitale. Bien entendu, elle bénéficiait du soutien total de López Obrador, qui menait au même moment sa troisième campagne présidentielle, finalement triomphante.

Le 1er décembre 2018, lors d’une cérémonie qui a couronné des décennies de lutte de la gauche mexicaine, López Obrador a prêté serment en tant que président. Cinq jours plus tard, Claudia Sheinbaum a prêté serment en tant que chef du gouvernement de Mexico. Morena commence à gouverner le pays et la capitale. Il devient le parti le plus puissant du Mexique. Les partis historiques PRI, PAN et PRD sont laissés en lambeaux et ne parviennent pas à se ressaisir, même en s’alliant [ce qu’ils font aujourd’hui].

Dès que Sheinbaum a pris ses fonctions dans le District fédéral, elle est devenue automatiquement pré-candidate à la présidence en 2024. Et dès le premier jour, elle a travaillé dans ce sens.

Dépendance

Le 3 mai 2021, 27 personnes sont tuées par l’effondrement d’un viaduc dans une station du métro de la capitale, l’un des plus grands au monde. Cette tragédie déclenche la pire crise qu’ait connue Claudia Sheinbaum à la tête de la capitale mexicaine. Sa force politique est remise en question mais, contre toute attente, elle s’en sort avec les honneurs.

Malgré les allégations de corruption dans la construction de la ligne 12, les témoignages d’usagers qui énumèrent les lacunes quotidiennes dans le fonctionnement du métro et l’intense campagne médiatique dont elle fait l’objet, Sheinbaum ne perd pas d’appuis de manière significative.

Rien ne semble pouvoir l’ébranler. Pas plus que son affrontement contradictoire avec le mouvement des femmes auquel elle n’adhère pas, elle, la première cheffe de gouvernement élue de Mexico, l’une des politiciennes qui a brisé d’innombrables plafonds de verre. La répression policière des manifestations de rue des femmes à l’époque de Sheinbaum restera dans l’histoire du féminisme mexicain. Aujourd’hui encore, il n’y a pas de réconciliation possible avec une grande partie des collectifs féministes. Sheinbaum n’est pas leur alliée. La relation avec les collectifs de parents de disparus a également été marquée par la tension, la méfiance et, dans certains cas, la déception à l’égard d’une cheffe de gouvernement qui ne s’est pas engagée dans la recherche des victimes.

L’actuelle candidate à la présidence a également dû tirer la sonnette d’alarme lors des élections de mi-mandat de 2021. La prédominance de la gauche dans la capitale depuis 1997 – lorsque la ville a changé de statut politique et a commencé à avoir un chef de gouvernement, son propre pouvoir législatif et des chefs de délégation qui se sont ensuite transformés en maires – a volé en éclats. Bien qu’elle n’ait pas perdu dans toutes les circonscriptions, la débâcle électorale a sapé le pouvoir de Morena dans l’une des circonscriptions les plus stratégiques du pays, un territoire pro-Obrador par excellence.

La responsabilité politique de cette défaite incombant au chef du gouvernement, la viabilité de sa candidature à la présidence a été remise en question. Mais López Obrador l’a protégée.

 «C’est Claudia»

«Claudia est une femme exceptionnelle. Claudia est une travailleuse acharnée. Claudia est honnête. Claudia est une très bonne dirigeante. Claudia est très intelligente. Claudia est très préparée. Claudia est constante. Claudia aime les gens. Claudia est une grande femme. Claudia est de première classe.» Le président flatte en permanence Sheinbaum, même au prix de sanctions répétées de l’Institut national électoral (INE) qui lui rappelle de temps à autre qu’il ne peut intervenir dans la campagne pour ou contre aucune candidature. López Obrador désobéit tout simplement.

Il le fait depuis la tribune politique qu’il a transformée en conférences de presse quotidiennes et approfondies. Dans «las mañaneras» [stratégie de présence médiatique qui implique une sorte de monopolisation de l’agenda politique], López Obrador a promis la neutralité dans la lutte de Morena pour la candidature présidentielle, mais il n’a jamais manqué de montrer son favoritisme à l’égard de l’ancienne cheffe de gouvernement.

Le rôle du président [qui dispose d’une soutien populaire important] a été fondamental pour que Sheinbaum puisse vaincre les cinq adversaires qui lui faisaient face au sein de la coalition Sigamos Haciendo Historia (Nous continuons à faire l’histoire) – coalition composée de Morena, el Partido del Trabajo y el Partido Verde Ecologista de México. Pour cette raison, l’ancien ministre des Affaires étrangères Marcelo Ebrard, son principal adversaire, a réclamé à plusieurs reprises des «règles du jeu équitables». Il a dénoncé la «tricherie» dans les sondages qui ont donné la victoire à Sheinbaum (la sélection était basée sur des enquêtes), évoqué une situation d’«inégalité», critiqué le détournement des ressources publiques en faveur de la candidature de la favorite d’AMLO – acronyme: tout le monde appelle ainsi le président mexicain – et mis l’accent sur les affiches mystérieuses et illégales qui ont été collées dans tout le pays avec le slogan «C’est Claudia». Aujourd’hui encore, on ne sait pas qui a payé cette campagne d’un million de dollars qui a donné une visibilité nationale à une candidate qui n’était pratiquement connue que dans la capitale. Les accusations sont restées sans effet. En septembre dernier, Claudia Sheinbaum a été confirmée comme vainqueuer de l’élection interne et López Obrador lui a remis le «bâton de commandement» («bastón de mando»), symbole indigène du pouvoir suprême.

Lors de cette cérémonie, il l’a nommée son successeur et leader du mouvement «Quatrième Transformation», le «4T», comme Lopez Obrador a baptisé son gouvernement afin de lui donner une aura épique car, selon lui, cette administration symbolise des changements si profonds qu’elle est à l’égal de l’Indépendance de 1810, de la Guerre de Réforme du XIXe siècle [guerre civile entre les «libéraux» et les «conservateurs» qui se déroula de janvier 1858 à janvier 1861] et de la Révolution de 1910.

Claudia Sheinbaum a pleinement relevé le défi, a repris le slogan obradoriste «pour le bien de tous, en premier lieu des pauvres» et s’est engagée à défendre et à approfondir le «4T». Il s’agit de sa principale promesse de campagne, qui fait partie d’une stratégie visant à obtenir un effet de contagion afin de capitaliser sur l’image positive élevée et permanente de López Obrador. C’est AMLO lui-même qui, de temps en temps, montre dans ses «mañaneras» les études de Morning Consult qui affirment qu’il est le deuxième chef d’Etat le plus populaire au monde, seulement dépassé par le Premier ministre de l’Inde, Narendra Modi.

Le soutien affirmé de López Obrador est la principale force de Claudia Sheinbaum et ce qui lui a permis de mener la compétition électorale. Mais c’est aussi son talon d’Achille, en raison des doutes – souvent empreints de machisme – que suscite sa dépendance à l’égard du leader politique le plus important que le pays ait connu au cours des dernières décennies.

Un avantage incontestable

A deux mois de l’élection, les sondages s’accordaient à dire que Claudia Sheinbaum jouit d’une avance incontestable de 20 à 30 points sur sa principale concurrente, la conservatrie Xóchitl Gálvez, qui rappelle souvent qu’elle est en concurrence avec Claudia et avec le président. Le troisième candidat en lice, Jorge Álvarez Máynez (Movimiento Ciudadano), ne dépasse même pas un résultat à un chiffre dans les intentions de vote.

Les résultats des sondages en faveur de la candidate de Morena sont restés stables tout au long de la campagne. Comme lors de son passage à la tête du gouvernement, aucune polémique n’a entaché son image. Elle n’a même pas été affectée par le «fuego amigo» inattendu qu’elle a reçu en janvier dernier, lorsque la journaliste Sanjuana Martínez a dénoncé le financement de la campagne de Claudia Sheinbaum par des pots-de-vin. Sanjuana Martínez, journaliste célèbre et conflictuelle à la carrière entachée de scandales, a été nommée, pendant la première partie du gouvernement de López Obrador, directrice de Notimex, l’agence de presse de l’Etat. Mais sa nomination a déclenché un long conflit syndical que le président a résolu l’année dernière par une décision brutale: il a fermé l’organe de presse de l’Etat et a ordonné le renvoi de son personnel.

Selon la journaliste, plusieurs fonctionnaires ont demandé aux travailleurs et travailleuses de Notimex, et à elle-même, 20% de leurs indemnités de licenciement pour les affecter illégalement à la campagne de la candidate du parti au pouvoir. Pour ne rien arranger, Sanjuana Martínez a publié sa plainte dans La Jornada, un journal traditionnel de gauche, allié inconditionnel de López Obrador. L’opposition en a eu les larmes aux yeux.

Le président avait défendu Sanjuana Martínez avec acharnement, malgré les avertissements incessants sur le fait qu’à un moment donné elle pourrait devenir un casse-tête pour le gouvernement. Les précédents ne manquent pas. Ce jour-là, il l’a finalement abandonnée et a immédiatement défendu avec ferveur Claudia Sheinbaum, qui a nié toute corruption.

Au fil des jours, la tempête politique s’est calmée et Claudia Sheinbaum a poursuivi une campagne qui pourrait la mener au Palais national et dans laquelle, plus que le résultat électoral, les doutes portent sur le respect par López Obrador de son engagement à se retirer de la vie publique une fois son mandat terminé, ce qui génère du scepticisme de la part d’un leader ayant cinq décennies de militantisme et habitué à faire de la politique autant qu’à respirer.

Claudia Sheinbaum pourra-t-elle devenir indépendante de son mentor ou López Obrador continuera-t-il à gouverner dans l’ombre? Que fera Sheinbaum avec les militaires, à qui le président, en contradiction totale avec ses promesses antérieures, a accordé tant de pouvoir au cours de ce gouvernement? Comment sera-t-elle accueillie par un pouvoir militaire machiste par excellence? Que fera-t-elle avec les cartels, avec les narcotrafiquants, avec la violence sans fin, avec la crise humanitaire dans le pays des plus de 100 000 disparus? Si les prévisions des sondages se confirment, nous aurons les réponses dans les prochains mois. (Article publié par Nueva Sociedad, traduction rédaction A l’Encontre – nous publierons demain un article bilan précis et sévère sur la présidence AMLO)

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