Réactions
Parti communiste français (PCF): Déclaration de Marie-George Buffet (31 mai 2005)
Attac-Suisse: Une victoire pour les peuples (31 mai 2005)
Au Parti socialiste du NON: communiqué de Marc Dolez, Gérard Filoche, Jacques Genereux (30 mai 2005)
Déclaration de la LCR. Ecrasante victoire du "non" avec 55 % (30 mai 2005)
Attac Deutschland begrüßt französisches Nein zur EU-Verfassung • Neuverhandlung gefordert • Klare Botschaft für ein sozialeres Europa (29 mai 2005)
Attac Belgique: Le ‘non’ a gagné! Un signal pour l’Europe politique (29 mai 2005)
Attac-France: LA VICTOIRE D’UN PEUPLE DEBOUT ET INFORMÉ (29 mai 2005)
Attac-France: A tous les Attac du monde (29 mai 2005)
Communiqué d'Arlette Laguiller (Lutte ouvrière) (29 mai 2005)
Ligue communiste révolutionaire (LCR): Chirac et son Assemblée doivent partir ! (29 mai 2005)
Ligue communiste révolutionaire (LCR): Chirac et son Assemblée doivent partir !
Le NON vient de l’emporter. 55 % des suffrages se sont exprimés pour rejeter la Constitution européenne. C’est un mouvement de fond qui s’oppose à toutes les politiques libérales menées depuis 20 ans en Europe. Ce NON populaire, de gauche, internationaliste, aura un formidable écho social et démocratique chez tous les peuples d’Europe. Ce Non est un encouragement pour le développement des luttes et des mobilisations sociales. C’est aussi une nouvelle sanction contre le pouvoir de Chirac. Rejeté par les mobilisations sociales, désavoué par les électeurs, ce pouvoir est totalement illégitime : Jacques Chirac et son Assemblée doivent partir. Cette campagne du NON de gauche a suscité un immense espoir. Il faut maintenant poursuivre ce mouvement unitaire pour la satisfaction des principales revendications populaires et créer les conditions d’un rassemblement des forces militantes pour une rupture avec le capitalisme libéral. (29 mai 2005)
Communiqué d'Arlette Laguiller (Lutte ouvrière)
Cette victoire du non était espérée et attendue, tous les sondages l’annonçaient et elle n’est que justice.
Il est difficile et inutile de départager dans ce résultat ce qui est un rejet de la Constitution qu’on nous présentait, et ce qui était un rejet de la politique du gouvernement français, qui s’est associé entièrement à cette Constitution et à son contenu.
Les officiels du Parti Socialiste comme François Hollande, Strauss-Kahn et quelques autres vont, là encore, porter le discrédit de s’être associés à une politique de droite, et ce n’est aussi que justice.
Pour l’avenir, ce non ne changera pas grand chose à la situation sociale. Les licenciements, les fermetures d’entreprises continueront, dans la mesure des besoins du marché et du capital, c’est-à-dire de ceux qui possèdent les capitaux. Le chômage continuera soit à progresser, soit à se réduire très peu, toujours en fonction du marché.
Cela n’arrêtera pas le jeu de la course au profit, profit qu’on ira chercher là où on trouvera le profit maximum, que ce soit en Europe ou hors de l’Europe.
A moins que, sur le front social en France, voire en Europe, cette victoire du non, ce rejet de cette Constitution, redonne de l’espoir aux masses populaires et leur donne les moyens de passer à une offensive contre le patronat. (29/05/2005 )
Attac-France: A tous les Attac du monde
Le peuple français vient de dire non au référendum sur la « Constitution » européenne. Cette victoire historique sur le néolibéralisme est aussi une victoire de tous les Attac du monde, et en particulier des Attac d’Europe. Nous vous adressons nos chaleureux remerciements pour la solidarité dont vous avez fait preuve envers Attac France dans ce combat décisif. (29 mai 22h)
Attac-France: LA VICTOIRE D’UN PEUPLE DEBOUT ET INFORMÉ
Selon des résultats provisoires, le « non » aurait gagné avec 55 % des voix contre 45 % au « oui ». Les abstentions ne s’élèveraient qu’à 30 %, chiffre le plus bas de toutes les consultations européennes depuis qu’il en existe.
Le peuple français vient de dire non au traité constitutionnel. Un non très majoritairement démocratique et européen. Ce faisant, les citoyennes et les citoyens ont d’abord dit non au néolibéralisme, dont le texte soumis à référendum constituait une éloquente défense et illustration. Ce non est en même temps un oui à une Europe indépendante, internationaliste, sociale, écologique et féministe ; un oui à une Europe solidaire : solidaire avec le reste du monde, en premier lieu avec le Sud, et avec les générations futures.
Mais c’est aussi un oui à la démocratie, honteusement tournée en dérision par une propagande d’Etat agissant de conserve avec un système médiatique dont la quasi totalité des acteurs a fait preuve d’une partialité inouïe et d’une morgue insultante à l’égard des « moutons noirs » qui avaient l’audace de ne pas prendre pour argent comptant les arguments d’autorité assénés par les partis du « oui ». Les citoyennes et les citoyens ont démontré avec leur bulletin de vote qu’ils étaient allergiques au bourrage de crâne. C’est pourquoi cet événement, par sa valeur d’exemple, a une portée historique, aux très importantes répercussions dans le reste de l’Europe et du monde.
Attac rend hommage aux dizaines et dizaines de milliers de citoyens qui se sont dépensés sans compter dans la bataille du référendum : les membres de ses diverses instances, en premier lieu de ses comités locaux ; les membres des collectifs unitaires ; les membres des autres organisations politiques, syndicales et associatives qui se sont mobilisés avec la même détermination ; et aussi les citoyens isolés ou inorganisés qui ont accompli un travail de proximité particulièrement efficace. Chacun, à sa manière, dans une dynamique unitaire a œuvré, pour expliquer autour de lui les enjeux et le contenu du traité, et donc pour assurer la victoire du non. Cette victoire n’appartient à personne : elle est celle d’un peuple debout et informé. Les fêtes de la victoire du NON seront l’occasion de faire le bilan de la campagne et de débattre des perspectives.
Attac exprime sa profonde gratitude à tous les mouvements Attac du monde, en premier lieu à ceux d’Europe, qui, sous de multiples formes, ont fait preuve d’une solidarité sans faille à l’égard du combat de notre association. Les Volontaires européens pour le non français, venus d’une douzaine de pays, et qui ont sillonné la France de meeting en meeting, méritent notre reconnaissance particulière. Démentant par leur présence fraternelle les allégations calomnieuses des partis du oui, ils ont authentifié le sens de l’engagement d’Attac : non pas contre l’Europe, mais pour une autre Europe à construire ensemble. S’est ainsi renforcé un début d’espace public européen appelé à s’élargir. Dans le cadre des Volontaires européens, Attac France se tient évidemment à la disposition des Attac des pays dans lesquels vont être organisés des référendums, à commencer par le Luxembourg, le Portugal et le Danemark, pour les aider dans leur combat.
La victoire du non place tous ses acteurs devant des responsabilités nouvelles : il leur appartient, chacun avec sa spécificité, d’être à la hauteur de l’immense élan populaire qu’ils ont contribué à faire naître.
Pour sa part, Attac France va immédiatement engager, tant en son sein qu’en liaison avec les collectifs auxquels l’association participe, un travail de définition des politiques européennes répondant aux attentes qui se sont exprimées ce 29 mai. Attac France va également proposer aux autres Attac d’Europe la tenue, au début de l’automne, d’une Convention des Attac d’Europe. Cette Convention pourrait déboucher sur une plate-forme européenne commune, à soumettre à chaque gouvernement. Le Forum social européen 2006 à Athènes prend de ce fait une dimension particulière pour Attac, pour les mouvements sociaux et pour les peuples européens.
Le néolibéralisme qui inspire le traité ne s’arrête pas aux frontières de l’Union européenne. Il est également porté, à un niveau encore plus élevé, et avec une particulière virulence, par les organisations internationales : le G-8, le FMI, la Banque mondiale, l’OCDE et l’OMC. La prise de conscience - grand acquis citoyen du référendum - de la filiation entre les politiques nationales menées en France depuis plus de vingt ans et celles décidées au niveau européen doit maintenant s’étendre au niveau mondial. Deux importants rendez-vous doivent, à cet égard, faire l’objet d’une mobilisation rapide et élargie : la réunion du G-8 en Ecosse en juillet, et celle de l’OMC, à Hongkong en décembre, où la libéralisation supplémentaire de l’agriculture et des services (AGCS) sera à l’ordre du jour. Attac va proposer aux collectifs pour le non français de s’inscrire dans ces deux grands combats, ainsi que dans ceux des taxes internationales, des paradis fiscaux, des OGM et de l’eau, entre autres.
Dans un avenir encore plus immédiat, il nous appartient de répondre au défi, frôlant la provocation, que Tony Blair nous lance en proposant un programme de travail ultralibéral pour la présidence britannique de l’UE du second semestre. Nous devons être nombreux à la manifestation de Bruxelles, les 16 et 17 juin, à l’occasion du dernier Conseil européen de la présidence luxembourgeoise qui passera le relais au fils spirituel de Margaret Thatcher. Il devra donner des signes tangibles que le message des électeurs aura été bien reçu.
Attac demande aux citoyens qui ont voté oui en croyant rapprocher l’heure de l’Europe sociale et combattre le néolibéralisme de se joindre à nous tous pour livrer ces combats. Ils y ont toute leur place.
Attac est un mouvement d’éducation populaire tourné vers l’action, et le restera. Les recompositions politiques ne sont pas de son ressort. En revanche, et en particulier dans l’élaboration des alternatives au néolibéralisme, tant au niveau français et européen qu’international, Attac va renforcer son rôle de proposition et d’aiguillon à partir du chantier que l’association va mettre en route, et qui impliquera toutes ses composantes, tous ses adhérents et ses comités locaux.
Attac appelle à l’organisation d’un tour des pays de l’Union. Attac France sillonnera ces pays pour expliquer le NON français, rassembler des forces à l’échelle européenne, mettre au point des alternatives. Attac France appelle toutes les autres organisations à faire de même. (Paris, 29 mai 2005, 22 h.)
Attac Belgique: Le ‘non’ a gagné! Un signal pour l’Europe politique
Attac Belgique se réjouit de la victoire du ‘non’ en France contre le traité constitutionnel européen.
Attac Belgique félicite les Français et plus particulièrement Attac France du succès de leur campagne. A l’aide d’arguments convaincants et des textes du traité lui-même Attac France a su démontrer le caractère peu démocratique et social de l’Union européenne actuelle et à venir. C’est en connaissance de cause que les Français se sont prononcés clairement contre le néolibéralisme du nouveau traité.
Ce premier vote négatif contre le traité constitutionnel doit être un signal pour les décideurs politiques de l’Union européenne. Désormais, ils devront tenir compte de la volonté des peuples. Les voix du non de gauche étaient explicitement pro-européennes. L’Europe des diplomates libéraux qui veulent faire de la concurrence le principe social dominant est refusée. Il ne s’agit pas d’un vote nationaliste, mais de la traduction d’un réel malaise social. Ce ‘non’ peut préserver l’Europe d’une perte progressive mais sûre de sa cohésion sociale. Il convient maintenant de répondre à ce malaise social persistant et à l’écart qui grandit entre les peuples et les institutions.
Nous demandons qu’en Belgique le processus de ratification soit interrompu pour laisser le temps à un débat mieux informé sur la question.
Enfin, pour Attac Belgique, il ne s’agit pas d’apporter des corrections de détail mais d’assurer le contrôle démocratique réel des décisions prises au niveau européen. Nous devons réfléchir ensemble sur l’Europe que nous voulons, une Europe pacifique, démocratique, sociale et solidaire. Pour nous, cela signifie une Union Européenne sans dumping social et fiscal, qui garantit l’existence de services publics et où toutes les institutions fonctionnent et sont contrôlées de façon démocratique. Cette Union a besoin d’un budget suffisamment important pour manifester une solidarité avec les pays d’Europe centrale. Nous voulons une Europe qui s’efforce de changer la mondialisation, dans l’intérêt de tous et en particulier du tiers-monde. Nous voulons une Europe résolument engagée en faveur de la paix.
Pour Attac Belgique, ce non n’est pas la fin mais le début d’un débat démocratique sur l’Europe politique.
Nous regrettons une fois encore qu’en Belgique certains partis politiques se soient opposés à une consultation populaire.
Une autre Europe est possible
Attac Deutschland, Pressemitteilung
Attac Deutschland begrüßt französisches Nein zur EU-Verfassung • Neuverhandlung gefordert • Klare Botschaft für ein sozialeres Europa
Mit großer Freude hat Attac Deutschland den Ausgang des französischen Referendums über die EU-Verfassung aufgenommen. "Das französische Nein ist eine klare Botschaft: Die Menschen wollen ein sozialeres Europa und ein Ende der neoliberalen Politik", sagte Heike Hänsel, Sprecherin der bundesweiten Attac EU-AG. "Wir gratulieren unseren französichen Freunden und dem progressiven NON- Bündnis!" Jetzt müsse es zu einer Neuausrichtung des europäischen Integrationsprozesses unter breiter Bürgerbeteiligung kommen. In der EU sei bereits zu lange über die Köpfe der betroffenen Menschen hinweg entschieden worden. "Jetzt ist es Zeit für mehr Demokratie."
"Wir fordern, soziale Rechte rechtsverbindlich zu verankern, dem Europäischen Parlament ein Initiativrecht einzuräumen und die Militarisierung zu stoppen", sagte Stephan Lindner, EU-Experte im bundesweiten Koordinierungskreis. Bei der Neuverhandlung dürfe es keine Tabus geben. Auch über Alternativen zum Stabilitäts- und Wachstumspakt, eine soziale und ökologische Ausgestaltung des Binnenmarkts und die Aufgaben der Europäischen Zentralbank müsse jetzt neu nachgedacht werden.
Attac bekräftigt die Ablehnung der EU-Verfassung und fordert die Einstellung des Ratifizierungsprozesses. "Sollten die Abstimmungen in den anderen Ländern weitergehen, werden wir auch dort die 'Nein-Kampagnen' unterstützen, die für ein soziales, demokratisches, friedliches und ökologisches Europa eintreten", sagte Gerold Schwarz, Koordinator der Kampagne "Les faces du Non", in deren Rahmen zahlreiche Attac-AktivistInnen aus Deutschland im Nachbarland aktiv wurden. (Frankfurt, 29. Mai 2005)
Déclaration de la LCR. Ecrasante victoire du "non" avec 55 %
Le non vient donc de l’emporter. C’est une victoire magnifique pour tous ceux qui souffrent depuis de nombreuses années des méfaits des politiques libérales menées avec constance depuis plus de vingt ans. Une victoire pour le monde du travail face à un projet de constitution qui entendait annuler l’ensemble des conquêtes accumulées au XX° siècle. Victoire pour les populations soumis à une marchandisation croissante qui détruit les services publics et les solidarités. Après une campagne ahurissante mobilisant l’ensemble des medias et des élites au service du oui, où le président, le gouvernement, le patronat, les partis institutionnels ont organisé une campagne de la peur n’hésitant sans aucune forme de chantage ou de pression, le non l’a quand même emporté. Quelle défaite pour les forces qui ont tout utilisé : les peurs, les insultes, les amalgames avec l’extrême droite pour masquer les véritables enjeux. Qui ont mobilisé tant de moyens face à ceux dérisoires mais militants du non. On a voulu faire plébisciter une vision désincarnée de l’Europe et voilà que le non censure le libéralisme. C’est une défaite pour celles et ceux qui rêvent d’une société libérale libérée des entraves que représentent les résistances du monde du travail et du peuple de ce pays, mais qui n’ont jamais au court de cette campagne assumée leur projet. Celui d’une société basée sur le profit, la compétition, la concurrence, les inégalités comme forces motrices en lieu et place de l’égalité, de la coopération et de la solidarité. Alors bien sur, ce n’est qu’une victoire qui ne changera pas tout face au rouleau compresseur capitaliste, l’Europe telle qu’elle est va continuer à proposer des directives qui s’attaquent aux droits sociaux, les gouvernements vont poursuivre leurs offensives libérales. Mais dans un contexte différent. Face à un non social et démocratique qui face à l’Europe, aux peuples, aux travailleurs, rejette cette société du profit pour en proposer une autre. Ce non social et démocratique s’adresse à toute l’Europe, aux populations à l’est comme à l’ouest qui subissent de plein fouet la démolition de leurs droits sociaux. C’est un encouragement formidable pour les forces, nombreuses, qui elles aussi pensent qu’une autre Europe est possible à condition de défaire cette Europe libérale et capitaliste. A nous qui venons de refuser cette constitution de proposer des initiatives européennes dessinant une autre Europe. Une Europe qui harmoniserait les droits sociaux et démocratiques par le haut. Une Europe qui ferait des critères de convergences sociaux, de la mise en œuvre d’un SMIC européen, d’une fiscalité commune sur les capitaux, de la création de véritables services publics européens ; de véritables priorités. Une Europe qui étendrait à toutes les femmes le droit à l’avortement, à tous les résidents étrangers l’égalité des droits. Une Europe enfin de la paix, de la coopération, solidaire du Sud de la planète, qui, tournerait le dos à l’OTAN et à la remilitarisation promise par le Traité.
Chirac et Raffarin, qui mènent la politique libérale inscrite dans le marbre du traité, viennent une nouvelle fois d’être lourdement sanctionnés. Ceux qui nous ont promis le chaos, la crise, sont plus que jamais illégitimes. Ils doivent démissionner. Le parlement qui aurait ratifié cette constitution à près de 90% ne représente pas le pays réel. Cette assemblée doit être dissoute, de nouvelles élections convoquées. Laissera-t-on à Chirac le soin de négocier un futur plan B qui volerait la victoire du camp du non social ? Laissera t-on ce gouvernement continuer pendant deux ans à poursuivre cette politique antisociale ? Ce vote montre une crise de la représentation majeure : si le vote n’avait eu lieu au parlement, c’est près de 90% des députés et des sénateurs qui auraient ratifié le traité. C’est à la proportionnelle que doit être élue la prochaine assemblée. Le patronat mobilisé à fond pour un projet qui est fondamentalement le sien vient de subir un revers. A nous de profiter de cet affaiblissement de la droite et du patronat, sans attendre 2007, pour prendre une revanche sociale. Imposer une autre répartition des richesses et du travail, sauver et étendre les services publics, défendre et élargir la protection sociale. De ce point de vue les luttes récentes des travailleurs d’IBM et de Total montrent la voie à suivre. Celle de la généralisation des luttes. A gauche les directions du PS et des verts ont voulu permettre en s’alliant à la droite de faire passer une telle constitution. Eux aussi sont lourdement sanctionnés comme globalement toutes les forces qui assument le bilan de leur participation gouvernementale et de leur politique libérale. Décidemment il y a bien deux gauches dans ce pays. Une gauche libérale qui accepte les contraintes d’un capitalisme de plus en plus brutal et sauvage et qui accompagne les contre-réformes libérales. Celle qui a provoqué le désastre du 21 avril 2002, celle qui ne combat pas les projets de la droite, celle qui finalement a le même projet économique et social que la droite. Mais une autre gauche, un autre camp se sont dégagés dans cette campagne.
Le non social et démocratique a été l’événement de cette campagne. Il a posé les bonnes questions, lutté contre une campagne mensongère, et installé le vrai débat qui traverse le pays : pour ou contre le libéralisme, accepter ou se résigner, face à la brutalité de l’offensive patronale. Des milliers de débats, des centaines de meetings, un millier de collectifs sont venus perturber la belle machine à ratifier sans vague l’escroquerie libérale et antidémocratique que représentait cette constitution. Regroupant tous ceux qui luttent, qui résistent depuis de nombreuses années, le non porte l’espoir d’un autre monde, d’une autre Europe, d’une autre politique. Ce non là est l’avenir. Il est porté par les luttes des jeunes et des travailleurs, il vient des combats des mouvements altermondialistes, il a permis la convergence de militants de la LCR, du PCF, d’écolos et de socialistes pour un non antilibéral ainsi que la rencontre de ces militants politiques avec des syndicalistes, des militants associatifs. Cette convergence de force, ce soulèvement de la France d’en bas, est l’événement majeur de cette campagne. L’engagement de nombreux militants syndicalistes, d’équipes syndicales, d’Attac a été déterminant dans le succès de la campagne. Ce qui a permis de lever de nombreux obstacles à la convergences des forces Elle doit se poursuivre. C’est pourquoi nous proposons une rencontre nationale des 1000 collectifs du non pour décider ensemble de continuer. Agir contre la droite et le patronat. Proposer une alternative au capitalisme libéral en Europe comme en France qui redonne espoir à celles et ceux de plus en plus nombreux qui ne résignent à accepter les lois d’airain de cette société capitaliste. Les forces politiques qui se sont regroupés dans le cadre antilibéral de l’appel dit des 200 doivent également, nous le proposons, se rencontrer rapidement pour encourager et développer de telles perspectives.
Au niveau européen, un Forum social européen doit permettre dans des délais assez rapides de dessiner les contours d’une autre Europe sociale, solidaire et démocratique. Un processus constituant démocratique doit être mis en discussion.
Victoire du Non: Communiqué de Marc Dolez, Gérard Filoche, Jacques Genereux
Ce 29 mai 2005, les Français ont dit « non ». D’aucuns tenteront de brouiller le sens du vote comme ils ont tenté d’occulter la mobilisation citoyenne et populaire inédite qui a permis la victoire du « non ». Certes, des « non » souverainistes ou nationalistes sont mêlés dans les urnes au « non » des pro-européens de gauche, tout comme le « oui » socialiste s’est mêlé au « oui » du patronat et de la droite. Néanmoins, la multitude des enquêtes d’opinion, tout au long de la campagne, ne laisse pas la place à la moindre ambiguïté quant au sens du résultat. Le « non » n’a pu l’emporter qu’en raison du vote majoritaire chez les électeurs de gauche en général et socialistes en particulier ; il a été d’abord porté par la mobilisation contre le traité constitutionnel des ouvriers, des employés, des salariés du secteur public, bref de tous ceux qui sont les plus exposés aux méfaits des politiques néolibérales menées dans ce pays et dans toute l’Europe au nom de l’idéologie du tout marché.
C’est donc, en tout premier lieu, le peuple de gauche qui a remporté cette victoire, à la suite d’une campagne et d’un débat public centré sur la promotion ou la critique des arguments de la gauche pro-européenne qui refuse la constitutionnalisation d’une Europe néolibérale. Mais c’est aussi, plus largement, la victoire des démocrates heurtés par la collusion du pouvoir et des médias pour baillonner ou marginaliser l’expression du « non » pro-européen, pour intimider et effrayer les citoyens portés vers le « non », pour installer l’idée intolérable qu’un seul choix était possible. C’est enfin la victoire de tous les pro-européens convaincus qu’on ne fait pas l’Union des peuples en les livrant à la guerre économique. L’attente majoritaire du peuple français ne fait ainsi point de doute : il exige l’élaboration d’une Constitution vraiment démocratique et la refondation de la construction européenne sur le projet d’une Europe politique au service de la coopération des peuples et du progrès social partagé.
En allant jusqu’au bout de leur conviction, les Français ont donné une magistrale leçon de maturité et de démocratie à tous ceux qui les croyaient trop bêtes pour mériter le respect, la parole et le pouvoir de décider. Ils ont démontré que le mépris ne paye pas, la menace ne paye pas, la censure ne paye pas. Ils se sont réappropriés la question européenne et ont exprimé avec force que, désormais, ils entendent choisir en connaissance de cause et ne se laisser influencer que par de vrais arguments, à l’issue d’un débat pleinement démocratique. Leur « non » rappelle une vérité simple : rien n’est plus fort qu’un peuple en marche et ceux qui prétendent le guider devraient aussi apprendre à le suivre.
C’est à rencontre de ce peuple français que, comme tant d’autres, nous sommes allés, durant un tour de France qui nous a mené dans 20 régions, et fait participer à près de quatre vingt dix réunions, tantôt en trio, tantôt séparément. Nous avons choisi de porter le « non » socialiste en trio, afin de manifester l’unité possible et nécessaire de tous les courants socialistes décidés à ancrer ce parti à gauche : Nouveau monde, Nouveau parti socialiste et Forces militantes. Partis pour informer et convaincre, nous avons aussi beaucoup appris au contact de milliers de militants de toute la gauche qui ont été les vrais artisans de la victoire. Nous avons côtoyé des dizaines de milliers de citoyens informés, texte à la main, résolus cette fois à rester maître de la décision. Nous avons découvert un peuple de citoyens qui a élevé le débat à son plus haut degré. Et, au terme de notre campagne, nous nous sentons grandis de nous être hissés à la hauteur de ce peuple-là.
Alors, ce dimanche soir c’est avec une légitime fierté que le peuple investit les places publiques pour une grande fête joyeuse. Et, vingt-quatre ans après la liesse qui l’envahissait déjà le 10 mai 1981, il fête en réalité la même bonne nouvelle qu’alors, la même nouvelle espérée aussi longtemps, désirée avec autant d’impatience : une autre politique est possible, un autre monde est possible, une autre Europe est possible !
Mais après la fête, le 30 mai au matin, la France et la gauche ont rendez-vous avec l’histoire. Le « non » français crée l’opportunité d’une vraie refondation démocratique de l’Europe. Il manifeste en effet au reste de l’Union que les pro-européens ont le droit de dire « non » sans menacer pour autant la construction européenne. Quand ce « non » aura finalement entraîné la négociation d’un meilleur traité, tous les citoyens européens seront incités à imiter les Français : ils exigeront à leur tour le débat, le référendum et le pouvoir de dire « non » ; ils feront de l’Europe l’affaire des citoyens. Parce que la France est la première à dire « non » et pour les bonnes raisons c’est à elle de donner l’impulsion nécessaire à la reprise des négociations.
Nous devons donc exiger que le Président de la République se soumette à la voix du peuple qu’il a sollicité ou alors qu’il se démette. Le Président ne peut décemment remettre la décision au peuple et ne pas respecter ensuite l’exigence de ce dernier : une nouveau traité. Mais nous savons qu’aucune indécence ne dérange Jacques Chirac. Par deux fois il a fait la sourde oreille à la sanction sans appel infligé par les électeurs aux politiques de casse sociale que son gouvernement conduit. Ne comptons donc pas sur lui pour être le porte-parole de préoccupations qu’il a lui-même reconnu de pas comprendre lors de sa première entreprise de communication à la télévision.
C’est donc sur la gauche que pèse la lourde responsabilité de transformer la victoire du « non » en victoire d’une alternative au néolibéralisme dans l’élaboration du prochain traité constitutionnel et dans l’écriture du prochain programme commun de la gauche. Et le premier pas vers cette victoire a un nom : unité ! Unité à tous les étages de la gauche.
Unité des socialistes sur une nouvelle ligne respectueuse de la volonté exprimée par le peuple. Le PS fut divisé sur le référendum. Mais cette division n’aura plus lieu d’être le 30 mai. Dés lors, qu’il s’agira de négocier un nouveau traité, tous les socialistes peuvent se rassembler puisqu’il partage un même projet européen dont ils ont arrêtés les lignes à l’unanimité dans leur programme pour les élections européennes. Le PS ne peut tout de même pas se retrouver après, comme avant le référendum, du côté de la droite et du patronat pour défendre son projet d’Europe sociale ! Non ! Le parti socialiste n’a désormais d’autre choix décent que de rejoindre son camp, celui de toute la gauche unie contre le projet européen néolibéral.
Mais, comme après le 21 avril, la tentation peut saisir certains de ne pas reconnaître leur défaite dans les urnes et de maintenir le parti sur une ligne inchangée. C’est pour éviter la répétition de cette funeste erreur qu’il faut aussi et d’abord réaliser l’unité des courants minoritaires au sein du PS, puis l’unité de tous les socialistes qui ont pris position pour le « non ». Unis, ils dicteront la ligne du parti. Divisés, ils livreront le parti au grand marchandage des factions. Nous ne pouvons pas décemment dilapider ainsi la grande victoire du peuple de gauche. Nous ne pouvons pas lui voler, lui gâcher sa victoire, et le désespérer en manifestant plus d’intérêt pour le partage des postes que pour la réussite d’une autre politique.
L’unité est tellement la clef de voute de notre succès dans le combat à venir, que, même rassemblés, les socialistes ne sont rien sans l’unité de toute la gauche. La victoire du « non » en fait l’éclatante démonstration : la victoire de la gauche n’est possible que sur une ligne capable de rassembler et de mobiliser des militants de tous les mouvements de gauche. Durant cette campagne, il s’est noué entre tous les militants du « non » quelque chose d’essentiel que nous ne devons plus dénouer. Dans les jours qui viennent, asseyons nous tous autour d’une table pour envisager ensemble la suite. C’est le signe d’espoir qu’attendent des millions de Français. Ces derniers vont encore souffrir encore trop longtemps des politiques de casse sociale. Alors, un signe d’espoir dans une alternative prochaine, c’est quand même le minimum que nous leur devons. (lundi 30 mai 2005)
Attac-Suisse: REFERENDUM FRANCAIS SUR LA « CONSTITUTION » EUROPENNE, UNE VICTOIRE POUR LES PEUPLES
Les électrices et électeurs français-e-s ont eu le courage d'affirmer haut et fort leur désaccord avec le Traité constitutionnel. Attac-Suisse les remercie pour cette leçon de démocratie et soutient ce NON. Un grand merci également à Attac-France dont l'effort, (à travers les débats et les discussions publiques) a contribué à donner les moyens à la population de se faire une opinion et de voter en toute connaissance de cause.
La campagne pour le OUI a utilisé toutes sortes d’arguments. On a essayé d'identifier le NON à un vote anti-européen, de repli sur soi, xénophobe et raciste. On a affirmé que la victoire du NON aurait conduit à la catastrophe, mais on sait que la "Constitution" ne serait pas entrée en vigueur avant 2009 et que l'Union fonctionne et continuera de fonctionner avec les traités existants. On a dit que la "Constitution" aurait rendu l'Union plus démocratique mais le Parlement Européen, seule institution dont les membres sont élu-e-s au suffrage universel, a des pouvoirs très limités. La faiblesse de ces arguments est la preuve de la distance entre celles et ceux qui dirigent la construction européenne et les citoyen-ne-s.
Le mouvement pour le NON a eu une dimension européenne, grâce au soutien de militant-e-s en provenance de nombreux pays d’Europe, dont la Suisse, et a permis l’instauration d’un véritable débat démocratique.
Le soutien d’attac Suisse va au-delà d’une prise position solidaire avec Attac-France. Même si une adhésion formelle de la Suisse à l’UE n’est pas à l’ordre du jour pour l’instant, les politiques économiques et sociales suisses sont intimement liées à la construction néolibérale de l’UE. Par peur de « perdre notre compétitivité » face aux « concurrents » européens, la plupart des mesures de libéralisation prises par l’UE sont adaptées en Suisse sous pression des milieux économiques et financiers. Preuve en sont aussi les accords bilatéraux qui privilégient la défense du secret bancaire au détriment des droits des salarié-e-s et des immigré-e-s. La deuxième université d’été d’attac suisse qui aura lieu du 15 au 18 septembre 2005 aux Rasses près d’Yverdon, aura pour thème principal "Quelle Suisse dans quelle Europe ?". Nous tenterons, avec de nombreux intervenants suisses et européens, de faire le point sur les politiques néolibérales de l’Union européenne, les rapports de la Suisse avec celles-ci et les possibles alternatives de construction d’une Europe sociale et solidaire. Afin de mieux saisir les enjeux actuels dans des secteurs tels que l’agriculture, le commerce, la politique fiscale, les services publics, la sécurité sociale et le marché du travail.
Le résultat du 29 mai, nous offre la possibilité de nous rapprocher de cette Europe sociale et solidaire et de changer d'orientation après 20 ans de suprematie néoliberale. Le contenu de la soi-disant "Constitution Européenne" a été clairement rejeté par les citoyen-n-es français-e-s. Le modèle de societé que le traité propose, basé sur la "concurrence libre et non faussée" et la "libre circulation des personnes, des services, des marchandises et des capitaux" ne jouit plus de l'approbation des citoyen-ne-s, et celles et ceux qui veulent laisser au seul marché le rôle de modeler la societé doivent désormais se résigner à essuyer des revers.
Parti communiste français (PCF): Déclaration de Marie-George Buffet
Un grand espoir se lève aujourd’hui. Mobilisé de façon exceptionnelle, notre peuple a dit non à la déferlante libérale qui ravage l’Europe et le monde depuis vingt ans. C’est un tournant. Cette victoire s’est construite dans le refus des gâchis et des souffrances engendrées par les politiques de casse sociale ; dans les luttes et les mobilisations de ces dernières années ; dans une dynamique de rassemblement populaire qui évoque les grands moments du Front populaire ou de mai 68.
Cette victoire est avant tout celle des ouvriers, des employés, des jeunes, des sans emplois, des militantes et des militants, français et étrangers, qui ont fait un travail remarquable pour permettre à notre peuple de se forger son opinion. Ces femmes et ces hommes se sont emparés du contenu réel du texte qui leur était soumis. Ils, elles se sont ainsi rassemblés jusque dans les urnes pour rejeter cette camisole libérale
Nos gouvernants doivent se soumettre à ce choix, ou se démettre.
La France doit demander la renégociation du traité et exiger l’abandon immédiat des projets ultra-libéraux de Bruxelles : directive Bolkestein et toutes les mesures de libéralisation, de privatisation et de reculs des droits sociaux prévus à l’agenda de Lisbonne. Le Parlement français doit se réunir, avant le Conseil européen de mi-juin, pour tirer toutes les conséquence de ce vote.
Mobilisons-nous en masse lors de ce Conseil pour qu’il entende et respecte la position du peuple français.
Ce non de notre peuple est un non européen, généreux, solidaire. Il invite à ce que s’organisent dans chacun de nos pays, et à l’échelle de l’Europe elle-même, des Assises populaires pour une autre Europe. Donnons nous l’ambition de constituer ainsi une force si puissante qu’elle dictera le sens de la renégociation du traité.
La gauche, de son côté, doit tirer les enseignements de ce scrutin. Après tant de déceptions, la victoire du non appelle un vaste rassemblement politique, capable de battre les politique libérales.
Le peuple exige de la gauche qu’elle ait enfin le courage et la force d’affronter les puissances d’argent et les dogmes du libéralisme. Le Parti communiste appelle toutes les forces de gauche à assumer cette immense responsabilité.
J’appelle à ce que se tiennent dans chaque commune de France, dans les jours qui viennent, des assemblées de celles et ceux, citoyennes et citoyens, élus et responsables politiques, organisations qui ont permis la victoire. J’invite de tout cœur à y prendre toute leur place les femmes et les hommes, les organisations de gauche qui, bien qu’ayant choisi le oui, voudront participer avec nous à l’aventure exaltante de construction d’une autre Europe, et d’une véritable alternative de gauche dans notre pays.
Forgeons ensemble à gauche l’Union populaire pour changer nos vies. (29 mai 2005)
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