Brésil

MST

Campement de paysans

Version imprimable



Les mobilisations en faveur de la réforme agraire ont commencé

Mouvement des Travailleurs Ruraux Sans Terre du Brésil (MST)

Le plébiscite populaire portant sur quatre questions (voir l'article «Le plébiscite et la mobilisation populaire» du 8 septembre 2007) a été un succès. Il a été organisé par le MST, Conlutas, les Pastorales des églises, le Cri des exclus, etc. Une manifestation nationale à Brasilia se prépare pour fin octobre. Le MST affirme de plus en plus son opposition au gouvernement Lula et commence à prendre, dans les faits, les traits d’un mouvement socio-politique. (Réd)

Le Mouvement des Travailleurs Ruraux Sans Terre du Brésil (MST) a entrepris le lundi 24 septembre des actions dans dix Etats pour demander l’installation de 150’000 familles vivant actuellement dans des campements de fortune.

Par ces journées, le MST entend également dénoncer la lenteur avec laquelle la réforme agraire se fait: une «[réforme] qui n’avance pas par manque de ressources disponibles à l’intérieur du modèle économique en vigueur». Le MST dénonce aussi l’appui que le gouvernement fédéral accorde aux grandes entreprises de l’agronégoce.

«La réforme agraire est paralysée dans tout le pays. La politique économique du gouvernement réduit les ressources prévues initialement pour la réforme et ne soutient pas les occupations [de terre], en n’accordant pas de crédits pour la production ou les travaux d’infrastructure tels que le logement ou les écoles», signale Vanderlei Martini, membre de la coordination nationale du MST. Et il ajoute: «D’un autre côté, le gouvernement dépense de l’argent pour la renégociation des dettes des latifundistes et pour les grandes entreprises de l’agronégoce qui concentrent la terre et expulsent les travailleurs de la campagne».

Lundi matin passé, le MST a occupé les bureaux de l’Institut National de la Colonisation et de la Réforme Agraire (INCRA) dans six Etats et a organisé des manifestations de protestation devant des organismes liés au Ministère de l’Economie dans quatre autres Etats.

A São Paulo, par exemple, 500 travailleurs sans terre ont occupé l’INCRA pour réclamer l’installation immédiate des 3000 familles vivant dans des campements au bord des routes de cet Etat.

Toujours à São Paulo, 500 autres travailleurs ruraux ont protesté devant le Secrétariat de Justice de l’Etat contre le projet de loi (PL 578/2007) du gouvernement (de l’Etat de SP) de José Serra (PSDB) [Parti de la social-démocratie brésilienne] qui prétend légaliser l’usurpation de terres dans la région de Puntal de Paranapanema.

A Belo Horizonte, dans l’Etat de Minas Gerais, près de 400 travailleurs ont occupé l’INCRA pour exiger l’installation immédiate des 3200 familles vivant actuellement dans des campements. Les négociations n’ont pas avancé et l’occupation s’est prolongée jusqu’au lendemain.

A São Luiz, dans l’Etat de Maranhão, 400 travailleurs ont occupé la superintendance de l’INCRA pour exiger l’installation immédiate des 4’000 familles qui continuent à devoir camper dans cet Etat.

Dans l’Etat de Santa Catarina, plus de 400 membres du MST ont occupé le siège de l’INCRA à Chapecó, et près de 350 travailleurs se sont réunis devant la Délégation Régionale du Ministère de l’Economie, à Florianópolis [capitale de Santa Catarina]. Dans cet Etat, près de 1.200 familles vivent dans des campements au bord des routes.

Dans l’Etat d’Alagoas, près de 2000 travailleurs sans terre ont installé un campement sur la Place Sinimbu, dans la région centrale de Maceió [capitale de l’Etat d’Alagoas], afin d’exiger la concrétisation du processus de réforme agraire dans cet Etat. L’année passée, l’INCRA avait comme objectif l’installation de 3000 familles, mais seules 500 d’entre elles ont à ce jour reçu leur parcelle de terre.

Plus de 1500 travailleurs du MST ont occupé les quatre étages de l’édifice de la superintendance provinciale de l’ICRA à Fortaleza [capitale de l’Etat du Ceará], pour réclamer l’installation des 1700 familles campant dans cet Etat.

Le Mouvement des Sans-Terre lui-même a conduit des actions devant le siège du Ministère de l’Economie pour dénoncer le fait que le modèle économique en vigueur rende impossible la réalisation de la réforme agraire et encourage l’expansion de l’agronégoce, négoce qui se base sur la concentration des terres destinées à la production de monocultures pour l’exportation.

Les journées de lutte entendent également dénoncer l’état d’abandon dans lequel se trouve l’agriculture familiale, puisque le pouvoir public investit toujours plus d’argent dans l’agronégoce. Pour le budget 2006-2007, ont a alloué 50 milliards de reais (un dollar vaut 1,9 reais) aux grands producteurs, alors que seuls 10 milliards de reais sont restés disponibles pour l’agriculture paysanne-familiale.

Le MST a occupé avec 300 familles l’édifice de la superintendance provinciale de l’INCRA, dans la capitale de Rio de Janeiro, pour exiger l’installation des 1200 familles en train d’y camper. Ensuite, les familles ont marché vers le centre de la ville et ont installé un campement en face de la Banque Nationale de Développement Economique et Social. Là, les familles ont exigé que l’on investisse dans les campements, et elles ont également dénoncé les prêts accordés aux grandes entreprises de l’agronégoce.

Près de 300 membres du MST ont protesté face à la délégation de l’Etat du Ministère de l’Economie, à Cuiabá [Etat du Mato Grosso], afin d’exiger l’installation des 3500 familles qui vivent encore dans des campements dans le Mato Grosso.

Dans l’Etat de Goiás, 300 «sans-terre» ont manifesté devant l’édifice de l’Agence Tributaire, à Goiânia [capitale], et ont demandé que des terres soient données aux 4000 familles y campant.

Ce lundi matin 24 septembre, à João Pessoa [Etat de Paraiba], près de 1000 familles sans terre ont occupé l’édifice du Secrétariat du Ministère de l’Economie afin d’exiger une solution pour les 3700 familles campant à Paraíba ainsi que des changements dans la politique économique.

Dans l’Etat du Rio Grande do Sul, une grande marche de trois colonnes a parcouru une bonne partie de l’Etat au cours de la semaine passée afin de dénoncer l’appropriation des terres par des transnationales pour la plantation d’eucalyptus et dénoncer aussi le désintérêt affiché par le gouvernement de Yeda Crusius (PSDB) à l’égard de la réforme agraire.

Le MST défend un modèle agricole basé sur le principe de petites propriétés produisant des aliments et créant des emplois. Sur la base de ce critère, il revendique l’installation immédiate des 150'000 familles qui continuent à camper. De plus, le MST promeut la «déconcentration» de la terre, ce qui devrait dynamiser l’économie en générant 750’000 emplois directs et plusieurs autres dizaines de milliers d’emplois indirects.

Le MST dénonce également l’achat de terres par des entreprises étrangères qui ne vont que promouvoir un modèle de production arriéré basé sur la monoculture, la destruction de l’environnement et l’exploitation des travailleurs.

Le Mouvement, qui a annoncé qu’au cours de cette semaine il continuerait les occupations et les protestations dans différents Etats, défend un modèle de réforme agraire générant des conditions concrètes permettant au travailleur de produire des aliments sains pour la population. Cela signifie: octroi de crédits, dotation d’infrastructures, conditions de logement décentes, assistance technique, éducation et santé. (Trad. A l’Encontre)

(28 septembre 2007)

Haut de page
Retour


case postale 120, 1000 Lausanne 20
Pour commander des exemplaires d'archive:

Soutien: ccp 10-25669-5

Si vous avez des commentaires, des réactions,
des sujets ou des articles à proposer: