Le juriste Fabio Comparato explique dans la publicationd'une organisation
importante «Le cris des exclu·e·s» le sens démocratique du plébiscite
Le plébiscite et la mobilisation populaire
Fernando Silva *
Le Plébiscite Populaire sur la réétatisation de la Compagnie Vale do Rio Doce [qui est la principale firme opérant en Amérique Latine dans le secteur des minerais de fer et de manganèse] s’est déroulé dans tout le pays entre le 1er et le 7 septembre, plébiscite qui inclut également les questions du contrôle du secteur énergétique, des intérêts de la dette publique et de la réforme de la Prévoyance sociale.
La décision de la plus grande partie des organisations issues des mouvements sociaux a été d’organiser le Plébiscite autour d’un ensemble de quatre questions [1]. Premièrement parce que les quatre questions abordent quelques-uns des thèmes les plus cruciaux pour les travailleurs et le peuple brésilien: à savoir la perte de la souveraineté nationale (sur la question de la Vale et de l’Energie), la soumission à l’impérialisme et au capital financier (sur la question de la dette) et les droits de la classe ouvrière (sur la question de la réforme de la Prévoyance sociale). Et deuxièmement parce que le Plébiscite se propose de mettre en discussion au sein de la population un agenda politique qui réponde aux intérêts populaires, indépendamment du gouvernement en place.
C’est un fait qu’à son arrivée le gouvernement Lula n’a même pas envisagé de revenir sur les monstruosités commises par le gouvernement de FHC [dénomination habituelle de Fernando Henrique Cardoso, le prédécesseur du président Lula] avec le bradage et le démontage du patrimoine public et étatique. Tout au contraire.
Le gouvernement FHC a vendu l’entreprise Vale pour des clopinettes et à travers ce cadeau, il a livré le sol brésilien et ses ressources minières aux appétits du capital étranger. En dépit de la propagande des grands médias dans lesquels la Vale est présentée comme une grande entreprise brésilienne, les bénéfices et les dividendes vont en grande partie vers des groupes de capital étranger qui détiennent la majorité des actions préférentielles de la compagnie.
Sous l’ère de FHC il y a encore eu la fin du monopole du pétrole et celui de la Telebrás [compagnie de télécommunications brésilienne], pour ne citer que ces deux exemples.
Mais voilà que sous le gouvernement Lula nous assistons à la poursuite des privatisations par le bradage des bassins de la Petrobrás [la transnationale pétrolière brésilienne] et à l’approbation des Partenariats Public-Privé qui sont maintenant élevés à la dimension de projet national de croissance au travers du PAC [le dit programme du gouvernement Lula d’accélération de la croissance économique]. Projet qui avance dans le sens de livrer encore plus l’infrastructure du pays au capital privé.
En ce qui concerne la dette, le gouvernement Lula n’a pas voulu faire d’audit public. Pire, il a essayé d’être plus réaliste que le roi en augmentant le superavit primaire [excédent budgétaire avant le paiement de la dette interne et externe], et cela dès son premier mandat, au-delà de ce qu’exigeait le FMI lui-même au temps du gouvernement de FHC. Sous le premier mandat de Lula, le pays a payé quelque R$ 590 milliards en intérêts de la dette publique interne et externe. Et pour cette année 2007, ce sont près de R$ 240 milliards qui sont prévus sur le budget de l’Etat pour le paiement d’intérêts et d’amortissements.
Une saignée sans fin
Le troisième aspect assez significatif du Plébiscite Populaire est que celui-ci promeut l’unité pratique des secteurs combatifs de la classe ouvrière avec les mouvements populaires et étudiants pour une action de clarification, d’organisation et de mobilisation aux côtés de la population.
Il est inutile de rappeler qu’il existe une solide unité entre l’agenda du capital et celui des gouvernements. Par exemple, au-delà des thèmes concernés par le Plébiscite (et qui ne sont déjà pas peu nombreux !), il y a une offensive visant à criminaliser les mouvements et à en finir avec le droit de grève dans les services publics. Cette offensive est accompagnée d’une augmentation de la répression policière, avec le cas récent de la grève de la Cosipa [Companhia Siderurgica Paulista] et celui de l’entrée de la troupe de choc de la PM [police militaire] dans la faculté de Droit de São Francisco à São Paulo.
Pour cela, une activité massive et unitaire, telle que le propose le Plébiscite Populaire, peut contribuer à ce que de nouveaux pas soient faits en direction de la consolidation de notre unité. Avec l’idée par exemple de mettre sur pied un Forum National de Mobilisation, une proposition qui a été approuvée lors de la Rencontre du mois de mars mais qui n’a pas encore été concrétisée jusqu’à présent.
Finalement, le Plébiscite Populaire pourra également démontrer une capacité de mobilisation permettant de remettre l’agenda de la classe ouvrière et des mouvements sociaux au centre de la scène nationale.
Pour la réétatisation de la compagnie Vale do Rio Doce !
Contre la Réforme de la Prévoyance sociale et contre le retrait de droits !
Pour la suspension du paiement des intérêts de la dette publique et pour un audit !
Pour la fin de la privatisation de l’énergie électrique !
(Trad. A l’encontre)
* Fernando Silva est membre de l’exécutif du PSOL. Nous informerons sur les résultats de ce Plébiscite et sur les mobilisations prévues.
1. Parmi les 60 organisations sociales, syndicales, populaires, religieuses, il faut cité le MST, la Centrale des Mouvements populairs, Le MST, Via Campesina, les Pastroales sociales, Conlutas…etc.
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