Le Bulletin de Solidaires: La Grève

Etudiants à Marseille

Rédaction

Nous publions ci-dessous les trois premiers numéros du Bulletin quotidien de l’Union syndicale Solidaires portant le titre La Grève. Ces trois bulletins datent du 11, 12 et 13 octobre 2010.

Pour rappel, la mobilisation du 12 octobre est la plus importante depuis quelque 15 ans. Comme nous l’avions indiqué, dès le 8 octobre 2010, une des interrogations portait sur la participation de secteurs de la jeunesse. Elle a été plus que significative. Ont été mises en relation: les difficultés pour trouver un premier emploi, puis un emploi plus ou moins stable et donc les effets sur la prolongation de la «vie professionnelle», jusqu’à 67 ans, pour espérer obtenir la retraite à taux plein. Pour rappel, les universités ayant fait leur rentrée début octobre.

Le ministère de l’intérieur français a compté 1’230’000 manifestants en France. Les syndicats ont annoncé de 3,5 millions de personnes, soit 20% de plus que les journées précédentes.

Le site Mediapart reproduit la parole de Camille, 17 ans, lycéen venu d’Istres (Bouches-du-Rhône)):«Il y en a pas mal qui n’ont pas le droit de venir car les parents ne l’ont pas autorisé et d’autres qui ne veulent pas louper les cours à cause du bac». Largement débattu en famille, le sujet des retraites touche d’abord les lycéens à travers leurs parents. «Ma mère a la quarantaine, elle fait un travail difficile comme infirmière dans un hôpital psychiatrique, tout ça est de plus en plus pourri», hausse des épaules Camille. (Rédaction)

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Bulletin du 11 octobre 2010

Après les journées de grèves et manifestations des 27 mai, 24 juin, 7 septembre, 23 septembre, 2 octobre, nous sommes dans une nouvelle phase, déterminante, de cette lutte sociale. A compter du 12 octobre, c’est un mouvement reconductible qui s’amplifie dans toute la France et va toucher tous les secteurs professionnels.

• L’Union syndicale Solidaires apporte son soutien aux grèves qui sont en cours, et à celles qui seront décidées par les Assemblées Générales de salarié·e·s dès demain CFDT, CFTC, CGT, FSU, UNSA et bien sûr Solidaires se prononcent clairement pour «la tenue d’Assemblées Générales et l’organisation de consultations unitaires des salarié·e·s sur leur lieu de travail» pour «définir démocratiquement le rythme, les formes et les suites de l’action».

• La grève se construit, à la base, dans les secteurs professionnels et les localités Les appels unitaires à un mouvement de grève interprofessionnelle se sont multipliés ces derniers jours, amplifiant considérablement les premières initiatives de l’Union syndicale Solidaires et de secteurs de la CGT.

• Les syndicats Solidaires, CGT, FSU, FO, CFDT, UNSA, … s’engagent dans la grève reconductible dans les raffineries, les Collectivités Territoriales, les transports urbains, aériens et maritimes, à la RATP, à la SNCF, dans l’Education nationale, au Ministère des Finances, au Ministère de la Culture, à La Poste, France Télécom, la Sécurité Sociale, EDF, à GDF/Suez, au Ministère de l’Environnement et de l’Equipement, au Ministère du Travail, au Ministère des Transports, dans les Hôpitaux, l’audio-visuel, les Banques, à la Météo, à Pôle Emploi, dans des entreprises de Métallurgie, Commerces, Services, Chimie, Prévention/Sécurité, Construction, Nettoyage,… De nombreuses Unions Départementales interprofessionnelles appuient ces appels à la grève.

• La priorité: tous et toutes en grève et dans les manifestations, mardi 12 ! La reconduction de la grève et son élargissement seront possibles à partir de la réussite du 12. Des millions de grévistes et de manifestant·e·s partout en France mardi, voilà qui nous permettra dans les Assemblées Générales le jour même et le lendemain de décider la poursuite du mouvement jusqu’au retrait du projet de loi. Chacun·e de nous peut participer à cette lutte sociale: première étape le 12, en participant aux manifestations, ensuite décidons la grève partout où c’est possible, proposons des actions permettant à tous de se retrouver ensemble.

• Pour perdre moins d’argent: la grève reconductible Quelques jours de grève pour ne pas perdre des années de temps libre, ça vaut le coup, non ? La grève, ça coûte de l’argent ; c’est indéniable. Mais la mise en œuvre de ce projet de loi nous en coûtera bien plus ! Directement, à travers les pensions de retraite considérablement réduites et indirectement car une défaite

sociale sur ce dossier serait la porte ouverte à de nouvelles remises en cause. Pour gagner plus, il faut lutter le plus efficacement possible: pour l’Union syndicale Solidaires, l’heure est maintenant à une grève reconductible qui ne reviendra pas plus cher que des grèves isolées et nous permettra de gagner.

• Un mouvement de plus en plus fort: maintenant, on passe un cap et on va gagner ! Les journées d’actions des 7 septembre, 23 septembre, 2 octobre ont chacune rassemblé environ 3 millions de personnes: c’est plus que durant le mouvement de novembre/décembre 1995 ! Et les manifestant·e·s ne sont pas les mêmes d’une manif. à l’autre: il y a un rejet très massif de ce projet de loi, une volonté d’imposer un autre partage des richesses. Maintenant, c’est la grève interprofessionnelle reconductible et on va gagner !

• Faisons circuler l’information Faire circuler l’information vraie est déterminant dans la réussite de la grève. Solidaires s’y emploie à travers une rubrique « Action ! » sur son site: http://www.solidaires.org/rubrique365.html.

Envoyez vos informations sur contact@solidaires.org pour alimenter celle-ci et le présent bulletin quotidien.

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Bulletin du 12 octobre 2010

Journée décisive, ce mardi 12 octobre: l’importance de la grève, le fait qu’elle touche de nombreux secteurs professionnels, la participation massive aux manifestations, vont permettre au mouvement de s’inscrire dans la durée, de s’élargir, de se renforcer, … et de gagner l’abandon de ce projet de loi réactionnaire.

La grève a bien démarré ! Des raffineries, des ports, sont déjà bloqués depuis plusieurs jours. La semaine passée, dans plusieurs entreprises et services, les salarié·e·s ont voté la grève reconductible à partir du 12. Aujourd’hui le mouvement s’annonce fort dans de nombreux secteurs.

Un gouvernement aux abois. Bousculé par les appels à la grève reconductible, le gouvernement enchaîne les messages contradictoires: il y a quelques jours il prétendait avoir «fait des concessions», notamment pour les femmes. Toutes les organisations syndicales ont réaffirmé que les petites modifications apportées au projet de loi ne répondaient absolument pas au problème posé, ne réglaient en rien les inégalités subies par les femmes. Cette diversion ayant échoué, changement de ton ce week-end: «on ne changera rien» … Mais ça, on le sait depuis des semaines que le gouvernement et le patronat n’entendent pas reculer de plein gré, l’enjeu est bien de leur imposer par un mouvement social d’ampleur.

Non, il n’est pas obligatoire de travailler plus ! Durant des mois, la propagande a répété que «comme on vit plus vieux, il est normal de travailler plus longtemps». C’est une affirmation idiote. D’abord parce que si on vit plus longtemps c’est en partie parce que le temps de travail a diminué, un rallongement de celui-ci à travers un report de l’âge de départ en retraite produirait l’effet inverse. Ensuite, la vraie question est de savoir quelle proportion de la richesse collective du pays nous consacrons aux retraites: avec les centaines de milliards donnés aux banquiers, aux actionnaires, aux rentiers (paquet fiscal, niches fiscales, exonérations de cotisations sociales, etc.), il y a largement de quoi revenir sur les contre-réformes de 2007 (Régimes spéciaux), 2003 (Fonction publique) et 1993 (Régime général) et satisfaire les revendications syndicales sur la diminution de la pénibilité du travail, sa compensation, une véritable égalité entre hommes et femmes, etc. !

Nous sommes tous concerné·e·s. La contre-réforme s’applique à tous les salarié·e·s: régime général, régime de la Fonction publique, régimes spéciaux. Il est donc normal de lutter tous ensemble, même si des mesures s’appliquent selon des calendriers un peu différents. Ne renouvelons pas l’erreur de 1993: les salarié·e·s du Privé avaient seul·e·s été attaqué·e·s et l’absence de riposte unitaire avait permis au gouvernement de mettre en œuvre son plan, puis de s’en prendre ensuite à la Fonction publique en 2003, aux régimes spéciaux en 2007.

Nous serons des millions et nous reviendrons si c’est nécessaire ! A n’en pas douter, les manifestations qui auront lieu partout en France aujourd’hui vont rassembler des millions de personnes. Une nouvelle journée de manifestations est d’ores et déjà prévue le samedi 16. D’ici là, la grève va s’enraciner dans le pays. Les secteurs qui décident la reconduction dès aujourd’hui vont permettre à d’autres de rejoindre le mouvement, de l’étendre. Sur une même zone géographique, demain il y aura des entreprises en grève, d’autres pas encore: organisons des discussions ensemble, pour élargir le mouvement !

La grève appartient à celles et ceux qui la font. Les Assemblées Générales représentatives sont le lieu où se discutent les suites du mouvement. Bien sûr, pour être en mesure de décider, il faut être assez nombreux, représentatif des salarié·e·s. Partout où c’est possible, comme le disent les organisations nationales CFDT, CFTC, CGT, FSU, UNSA et bien sûr Solidaires, favorisons «la tenue d’Assemblées Générales et l’organisation de consultations unitaires des salarié·e·s sur leur lieu de travail» pour «définir démocratiquement le rythme, les formes et les suites de l’action».

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Bulletin du 13 octobre 2010

• Plus de trois millions et demi de manifestant·e·s.

C’est encore plus que le 2 octobre ! C’est bien plus qu’au plus fort de la grève de 1995 qui a mis en échec le plan Juppé. Le mouvement engagé depuis six mois dure et s’enracine dans le pays, il est soutenu par une très grande majorité de la population. Chacun voit bien que la contre-réforme gouvernementale ne vise qu’à diminuer les pensions, à répondre aux desiderata du patronat et des marchés ! Le gouvernement enfermé dans sa tour d’ivoire ne veut rien voir, rien entendre de cette colère sociale qui gronde dans tout le pays. Oui, cette réforme, même votée à l’Assemblée nationale et au Sénat, reste profondément injuste: elle doit être retirée !

• La grève reconductible, c’est maintenant !

Ce 12 octobre, le nombre de grévistes était important, dans la Fonction publique, dans le secteur public, dans les entreprises du privé. De nombreuses Assemblées Générales de salarié·e·s ont décidé de reconduire la grève:
> Grèves reconduites dans les raffineries
> Grèves reconduites à la SNCF
> Grèves reconduites dans les transports urbains: RATP, RTM (Marseille), bus de plusieurs villes…
> Grèves reconduites dans des services de plusieurs ministères (Cultures, Finances, etc…)
> Grèves reconduites dans de nombreuses Collectivités Territoriales
> Grèves reconduites à l’Education nationale
> Grèves reconduites dans les terminaux méthaniers des ports, dans les centrales nucléaires, dans la distribution électrique et gazière de plusieurs villes
> Grèves reconduites dans plusieurs services de La Poste
> Grèves reconduites aussi dans d’autres secteurs, de manière inégale selon les départements

• L’Union syndicale Solidaires appelle à élargir et reconduire la grève

Il n’y a plus de temps à perdre: c’est maintenant qu’il faut élargir et durcir le mouvement pour gagner. Pour cela, partout où c’est possible. De nombreux appels unitaires dans des secteurs professionnels et dans des départements ont été lancés en ce sens.

L’union syndicale Solidaires appelle à tenir des assemblées générales, amplifier le mouvement, reconduire partout où c’est possible la grève, développer les liens interprofessionnels et les solidarités entres les salarié·e·s des différents secteurs mobilisés, et à préparer la nouvelle journée nationale de manifestations le samedi 16 octobre pour se retrouver tous ensemble à nouveau des millions dans la rue. C’est le blocage du pays qu’il faut organiser pour imposer le retrait de cette réforme injuste !

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