France. Des syndicats face au deuxième tour de la présidentielle

Voter Macron ou ne pas voter Macron au second tour de l’élection présidentielle, face à Marine Le Pen, quand on est syndicaliste, en France. Le débat sur l’attitude à adopter face à l’échéance du 7 mai est vif.

Nous portons à connaissance de nos lectrices et lecteurs, dans un premier temps, les prises de position de divers syndicats. Pour rappel, les élections législatives, dont l’importance institutionnelle est évidente dans le contexte de crise de régime propre, entre autres, à la situation française, ne doivent pas être oubliées: elles se dérouleront les 11 et 18 juin. Nous y ajoutons l’appel internationaliste au 1er mai lancé par le réseau qu’animent, parmi d’autres, SUD-Solidaires, CSP-Conlutas (Brésil), CGT (Etat espagnol), etc. (Réd. A l’Encontre)

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Pas une voix ne doit aller au FN

Par SUD-Solidaires

Dans la continuité de la lutte quotidienne qu’elle mène depuis des années contre l’extrême droite, Solidaires réaffirme que pas une voix ne doit aller au FN. Ce parti base sa politique sur la «préférence nationale», le racisme et le repli nationaliste, incompatibles avec nos valeurs.

Marine Le Pen se présente comme la candidate «antisystème», en défense du «peuple» et des «laissés-pour-compte» de la crise, mais le projet politique qu’elle incarne est avant tout celui d’un nationalisme exacerbé qui ne remet en cause ni le capitalisme, ni le libéralisme qui alimentent depuis des années les inégalités et la précarité.

Pas de soutien à une politique libérale et répressive

L’alternative n’est pas la continuité avec les politiques des précédents gouvernements qui ont conduit à l’exaspération sociale et au renforcement de l’extrême droite: remises en cause du droit du travail avec le passage en force de la «loi Travail», attaques contre la protection sociale et les services publics, poursuite des politiques européennes d’austérité et de libre-échange, etc.

Lutter avant, pendant, et après les élections

Nos revendications restent entières et nous sommes dans la lutte aux côtés des travailleuses et travailleurs quel que soit le gouvernement. C’est la valeur de notre indépendance par rapport aux partis politiques et aux pouvoirs. C’est le sens aussi de notre engagement dans la campagne

«nos droits contre leurs privilèges» où, avec d’autres mouvements sociaux, nous voulons construire une société plus juste, égalitaire, débarrassée des oppressions et des discriminations et respectueuse de la planète.

Quand nous luttons pour l’égalité des droits et au côté des sans-papiers et demandeur-ses d’asile, contre l’injustice, pour la sécurité et la santé au travail, pour une amélioration concrète de nos droits et une meilleure répartition des richesses, nous luttons réellement contre la montée du fascisme et l’instrumentalisation de la misère sociale. Et c’est cela que nous allons continuer.

C’est tout le sens de notre appel à faire du 1er mai un moment fort de rassemblements et de manifestation. (24 avril 2017)

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Faire barrage à l’extrême droite et lutter pour le progrès social et la démocratie

Commission exécutive confédérale (CGT)

Les résultats du premier tour des élections présidentielles françaises confirment les risques pour la démocratie, les droits des salariés et des citoyens.

Ils sont les résultats des politiques libérales, des lois régressives, des remises en cause des droits, comme des renoncements des gouvernements successifs à œuvrer véritablement pour la justice sociale et la réponse aux besoins sociaux et environnementaux. Pour autant, depuis des mois, de nombreux salariés et citoyens contestent ces choix, s’opposent aux mauvais coups, tels la loi travail et la loi Macron et se mobilisent avec leurs organisations syndicales, notamment la CGT.

Pour la deuxième fois dans le pays, sous la Ve République, une candidature d’extrême droite, représentée par le front national, sera présente au second tour des élections présidentielles. C’est un danger pour la démocratie, la cohésion sociale et le monde du travail. Les gouvernements, qui depuis 2002 se sont succédé sans jamais répondre aux aspirations légitimes à plus de justice sociale, sans ouvrir de perspectives d’avenir meilleur, en portent une lourde responsabilité !

La CGT ne se résoudra jamais à accepter un tel scénario. Elle affirme que les salariés doivent, plus nombreux et plus fort, exprimer leurs attentes et leurs exigences revendicatives, faire grandir des mobilisations convergentes capables d’imposer un rapport de force pour gagner de nouveaux droits. Seul le progrès social favorise les solidarités, participe à combattre l’exclusion, les stigmatisations, les mises en concurrence.

L’utilisation des peurs, du terrorisme, les amalgames éhontés entendus lors de la campagne, la xénophobie, le racisme, le sexisme et l’homophobie, la préférence nationale ne résoudront pas les inégalités, le chômage et les bas salaires.

La CGT les combat et les combattra sans relâche ! Elle n’aura de cesse de faire barrage à l’extrême droite ! Pas une voix ne doit se porter sur sa candidate !

L’autoritarisme des gouvernements successifs, les engagements non tenus ou les reniements, le renoncement à une Europe sociale, les dénis de démocratie, l’utilisation à répétition du 49.3 et les politiques menées ont cultivé la désespérance et le fatalisme d’une partie de la population. Cela est renforcé par la casse de l’industrie et des services publics, la montée du chômage et de la précarité, l’abandon des zones rurales et périurbaines.

La CGT ne croit pas en l’Homme providentiel et c’est la raison pour laquelle, elle revendique une véritable démocratie et de véritables droits d’expression et d’intervention dans toutes les entreprises et les services. Elle propose des alternatives sociales comme, par exemple, l’augmentation des salaires, des pensions et minima sociaux, les 32 heures pour travailler toutes et tous, travailler mieux et moins.

La CGT appelle l’ensemble des salariés et des organisations syndicales à faire du 1er mai une journée de mobilisation, de lutte et d’expression revendicative exceptionnelle, une journée de rassemblement pour les droits des travailleurs, le progrès social, la liberté, l’égalité, la justice, la fraternité, la paix, la démocratie et la solidarité internationale. (Montreuil, le 25 avril 2017)

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Elections présidentielles: pas une voix pour le Front national!

Fédération syndicale unitaire (FSU)

Les résultats du premier tour de l’élection présidentielle indiquent que la représentante du Front national est qualifiée pour le second tour.

La FSU [implanté dans l’enseignement et un secteur de la fonction publique] considère avec une extrême gravité la montée de l’extrême droite dans notre pays.

Depuis des années, la FSU prend une part active pour la combattre. .Elle s’est encore récemment adressée à toutes et tous les agent-es de la Fonction publique pour les alerter sur la dangerosité du Front national pour notre démocratie.

Une arrivée au pouvoir du Front national est inenvisageable pour la FSU.

Outre les replis nationalistes, les discours de haine et de racisme, le programme du Front National est contraire aux objectifs et valeurs de solidarité, justice sociale, égalité et de paix que porte la FSU. Compte tenu des pouvoirs octroyés au président de la Ve République, la prise de pouvoir du Front national serait une catastrophe pour notre pays: préférence nationale et racisme d’État aggraveraient encore les fractures de notre société. Les plus fragiles de nos concitoyens seraient les plus touchés. La FSU ne peut l’envisager.

Contrairement à un affichage anti-système, là où il est en responsabilité, le Front national déploie une organisation clientéliste et discriminatoire. Il dit parler «au nom du peuple» et des «petits», mais brise les solidarités en s’attaquant par exemple au milieu associatif et culturel. Pour réduire les impôts, il fragilise le service public. Et il n’hésite pas à exercer des pressions sur les agent-es, en utilisant honteusement les réseaux sociaux comme moyen d’intimidation.

Mais lutter contre les idées d’extrême droite implique de lutter contre les inégalités et les injustices, les politiques libérales en œuvre qui font le lit de l’extrême-droite depuis des années. Il s’agit de les combattre et de faire avancer nos revendications.

Continuer sur la voie des politiques libérales ne fera qu’aggraver le chômage et la précarité, fragiliser les services publics et la protection sociale, amenuiser l’égalité de toutes et tous face aux droits élémentaires, renforcer les inégalités sociales…

La FSU porte et continue de porter des propositions alternatives pour une société plus juste et plus solidaire: partage du temps de travail, autre répartition des richesses et réforme fiscale, mesures pour une transition écologique pour préparer l’avenir, renforcement des services publics et de la protection sociale pour lutter contre les inégalités, réussite scolaire et élévation d’un niveau de qualification pour tous les jeunes… Elle les portera également lors de la campagne des élections législatives et au-delà.

C’est cette orientation qu’elle continuera de porter et de défendre avec les personnels. Elle construira, chaque fois que nécessaire, avec les salariés, les mobilisations dans l’unité la plus large.

La FSU s’y emploie dès aujourd’hui en appelant à faire du 1er mai un grand rassemblement revendicatif, dans l’unité la plus large, pour une société plus juste, plus égalitaire et plus solidaire, et pour dénoncer l’idéologie du Front National présent au second tour des élections.

Le vote Front national n’est pas la solution pour répondre aux crises et difficultés que connaît notre société. Nous sommes toutes et tous concerné-es. Pas de vote pour le Front national! (25 avril 2017)

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1er mai: journée internationale de luttes!

Réseau syndical international de solidarité et de luttes

Tout comme le 8 mars n’est pas «la journée de la femme» mais un moment de convergence internationale de la lutte des femmes pour leurs droits et pour l’égalité, le 1er mai n’est pas «la fête du travail». C’est une journée internationale de manifestations, parfois de grèves, des travailleurs et des travailleuses. Dans certains pays, les acquis du mouvement ouvrier font que cela se passe dans un cadre légal… qui n’exclue pas la répression gouvernementale et patronale; ailleurs, c’est dans l’illégalité que nos camarades agissent; la solidarité internationale n’en n’est que plus nécessaire!

D’une région du monde à une autre, les situations sociales, économiques et politiques ne sont pas rigoureusement identiques. Les inégalités entre les femmes et les hommes peuvent être différentes; les discriminations racistes ou sexistes se portent d’abord sur telle ou telle catégorie de la population; le désastre écologique est plus ou moins avancé; le fascisme est un danger toujours présent ou il est encore à l’œuvre; le fait colonial est prégnant ou caché; celles et ceux qui produisent les richesses collectives s’en font voler une grande partie ou encore plus, par une petite minorité qui les accaparent… Mais il y a un point commun, fondamental: le capitalisme.

Patronat et gouvernements nous parlent de «crise»: mais ce n’est pas la nôtre et nous n’avons pas à en payer les conséquences! C’est pourtant ce qu’ils essaient de faire avec l’aide, notamment, de leurs institutions internationales et nationales. La corruption est leur règle de vie, c’est un de leurs outils de domination sur les clans politiciens qui sont totalement en dehors du monde des travailleurs et des travailleuses. Les migrants et migrantes sont victimes de préjugés entretenus et sont, dans leur immense majorité, particulièrement exploités. Le chômage, la précarité, la misère, la faim, tous ces fléaux se développent alors que nous n’avons jamais produit autant de richesses. Leur répartition extraordinairement inégale est la raison de cette situation. C’est la règle du système capitaliste: c’est à cela que nous devons nous affronter.

Il ne s’agit pas d’incantations, mais de construire à travers nos luttes d’aujourd’hui, la société que nous voulons pour demain. Notre syndicalisme allie la défense des intérêts immédiats des travailleurs et travailleuses, et la volonté de changement social profond. Il ne se limite pas au champ revendicatif économique, il englobe des sujets comme le droit au logement, à la terre, l’égalité entre hommes et femmes, l’antiracisme, la lutte contre l’homophobie et la xénophobie, l’écologie, l’anticolonialisme, etc., et prend ses racines dans ce qui se passe dans les entreprises et les quartiers.

Le Réseau syndical international de solidarité et de luttes est un outil au service de celles et ceux qui veulent développer le syndicalisme de luttes, anticapitaliste, autogestionnaire, démocratique, écologiste, indépendant des patrons et des gouvernements, internationaliste, et agissant contre toutes formes d’oppression (machisme, racisme, homophobie, xénophobie). (25 avril 2017)

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