Air France: «Annonce du plan B… Diminution des effectifs. Des dirigeants s’enfuient…»

Manifestation devant le siège de la compagnie Air France à Roissy, le 5 octobre
Manifestation devant le siège de la compagnie Air France à Roissy, le 5 octobre

Par Sud-aérien

En première de la presse mondiale: la photo d’un dirigeant sans chemise. Et des exclamations d’horreur. La violence contre les salarié·e·s que traduit mal le terme «plan social» passe à la trappe. En «restructuration permanente», les salarié·e·s d’Air-France, toutes professions confondues, se défendent. Jean Jaurès, en 1906, écrivait: «Le patronat n’a pas besoin, lui, pour exercer une action violente, de gestes désordonnés et de paroles tumultueuses. Quelques hommes se rassemblent à huis clos, dans l’intimité d’un conseil d’administration, et à quelques-uns, sans violence, sans gestes désordonnés (…) ils décident que les ouvriers qui continuent la lutte seront exclus, seront chassés, seront désignés à l’universelle vindicte patronale. Ainsi, tandis que l’acte de violence de l’ouvrier apparaît toujours, la responsabilité profonde et meurtrière des grands patrons se dérobe, s’évanouit dans une sorte d’obscurité.» Les membres du gouvernement Valls, qui l’ont cité, devraient s’en souvenir.

Et Le Canard enchaîné du 7 octobre 2015 d’annoncer la suite si un coup d’arrêt n’est pas mis: «Après le plan B se profile un plan C, une fois la présidentielle passée. Le plan de 2900 départs volontaires, sans exclure des licenciements secs, est juste un hors-d’œuvre pré-électoral censé tenir les comptes et une explosion sociale jusqu’en 2017. Ensuite, c’est 5000 personnes au bas mot qu’il est envisagé de rayer des effectifs.»

Nous publions ci-dessous le texte d’explication de Sud-Aérien, l’organisation syndicale présente dans tous les secteurs de la compagnie Air France. Une approche syndicale qui devrait faire réfléchir. (Rédaction A l’Encontre)

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CCE AIR FRANCE du 5 octobre 2015

Annonce du Plan B… Diminution des effectifs
Nos dirigeants s’enfuient devant les salariés

La réunion du CCE (Comité central d’entreprise est l’institution représentative des salarié·e·s dans une entreprise à établissements multiples) a commencé à 9h30. La disposition de la salle était aujourd’hui inhabituelle, la direction s’étant mise juste à côté de la sortie… une petite porte dérobée juste derrière eux.

La direction s’attendant sûrement à une interruption du CCE par des salariés.

Mr Gagey, PDG d’Air France, commence son allocution devant les élus du CCE sur les avancées de Perform: «En 2015 on s’attend à un résultat d’exploitation très positif, supérieur à 123 M€… mais dans la continuité de notre plan, nous allons sortir 14 avions Long Courrier (LC) de la flotte. Ce qui donnera au total pour le LC: 107 avions en 2015, 102 en 2016 et 93 en 2017. Une activité Long Courrier en baisse de 10 %.»

SKO

 

Mr Gagey: «La baisse d’activité va générer du sureffectif que nous avons déjà identifié : 1700 salariés pour le Personnel au Sol, 900 PNC (Contact, hôtesse de l’air, steward) et 300 Pilotes. Si à l’issue des négociations, il n’y a pas assez de départs volontaires, alors nous aurons recours aux départs contraints dans les secteurs visés

Pour Sud Aérien: La Direction d’Air France vient d’annoncer une nouvelle série d’attaques contre les salariés de la Compagnie dans le cadre de son plan «Perform 2020». Il vise à obtenir 1 milliard d’économie par an pour le Groupe AF/KLM.

Fait unique dans son histoire, la direction promet 10 % de baisse de l’activité vols long-courriers et des licenciements secs en cas d’échec des négociations.

EBITDAPour arriver à ses fins, la Direction fait mentir de manière éhontée les chiffres des résultats économiques pour répéter la même information: «Air France va mal». Litanie que l’on entend depuis plusieurs années. Or AF/KLM a déjà réalisé 20% de gains de productivité en deux ans, supprimé 8000 emplois et cassé tous les accords pour les remplacer par d’autres largement revus à la baisse avec des salaires bloqués depuis trois ans, un EBITDA (Earnings before interest, taxes, depreciation and amortization) qui augmente encore de 300 millions d’euros rien qu’au premier semestre. L’été a été très bon et la recette est restée élevée, permettant d’engranger de forts gains avec la baisse du pétrole. Mais les actionnaires en veulent plus, cela ne suffit pas aux appétits capitalistes qui veulent une rentabilité à deux chiffres

Avec 8000 emplois déjà supprimés, la direction veut se débarrasser de 2900 emplois supplémentaires et menace de faire des licenciements secs!

• Nos dirigeants, qui sont à court d’idées, ont toujours la même rengaine: taper sur la masse salariale.
• Aucun projet novateur.
• Aucune mesure pour capter la croissance du transport aérien.
• Un dialogue social inexistant où la direction ne veut rien négocier.

Après 5 années de mesures Transform 2015, l’annonce d’un énième plan de départs a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Environ 3000 agents grévistes se sont réunis à 10h00 devant le Siège d’Air France. Ils voulaient dialoguer directement avec le PDG. Ils sont donc entrés dans le Siège de CDG pour s’inviter au CCE.

Lorsqu’il a appris que des agents étaient entrés à l’intérieur du Siège, Mr Gagey s’est rapidement enfui de la salle du CCE. Le «capitaine» quitte le navire! Il est donc parti avant que les salariés arrivent, laissant à Mr Broseta (DRH AF) la charge de recevoir les agents en colère. 3 minutes après la fuite du PDG, la salle s’est rapidement remplie de salariés de tous métiers confondus : Personnels au Sol, PNC (Contact, hôtesse de l’air, steward), PNT (Personnel naviguant technique)… tous voulaient voir le PDG et lui demander des explications sur ses annonces et menaces de licenciements.

Or le PDG s’étant enfui, il n’y a pas eu dialogue. Mr Broseta s’est entouré de vigiles et a voulu sortir rapidement de la salle du CCE. Les salariés déçus n’ont pas compris cette attitude! Aucune explication de la part de leurs dirigeants ! Beaucoup d’exaspération des salariés face à une direction qui fait planer la peur et s’enfuit quand les salariés arrivent.

Mr de Juniac n’a, lui, même pas osé venir au CCE pour annoncer qu’il veut supprimer 2900 emplois à Air France. Bel exemple de courage!

Hier, il y a eu une démonstration de cohésion inter-catégorielle : agents d’escale, mécaniciens, PNC, bagagistes, agents du fret, passage, ASC, pilotes, logistique…Tous unis en grève pour dire à nos dirigeants que des licenciements sont inacceptables! Nous ne les laisserons pas nous mettre à la porte de NOTRE entreprise sans réagir.

La manifestation s’est ensuite poursuivie unitairement jusqu’à l’aérogare avant de revenir au Siège vers 14h30. Le CCE, qui devait reprendre à 14h30, a été annulé par la direction.

Une intersyndicale a eu lieu à 15h30 avec l’ensemble des syndicats présents lors de cette journée. Toutes les organisations présentes se sont réjouies devant la mobilisation d’ampleur qui a eu lieu ce 5 octobre, réunissant ensemble PS, PNC et PNT. Pour toutes il ne peut s’agir que du début d’un mouvement d’ampleur, qui devra encore grossir pour regrouper l’ensemble des personnels. C’est la condition nécessaire pour préserver nos emplois et nos conditions de travail. Ces organisations font le même constat : Air France est une entreprise rentable dans un secteur d’activité en forte croissance. Dans ces conditions le plan d’attrition engagé par la direction est collectivement rejeté.

Si l’intersyndicale n’a pas encore confirmé la date de la prochaine mobilisation, le 22 octobre 2015, date du prochain CCE, a été évoqué.

Tous ensemble poursuivons la mobilisation!

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