France. Du 31 mars au 9 avril: la mobilisation. Et la grève? (I)

860803-manifestation-d-etudiants-contre-la-loi-travail-a-paris-le-17-mars-2016La journée de mobilisation contre la loi El Khomri du 31 mars 2016 a été plus ample que beaucoup d’analystes le prévoyaient. Certes, pour l’heure, le gouvernement Valls-Hollande a réussi à diviser les représentants «au sommet» des syndicats. La CFDT est classifiée par la presse comme «réformiste». Autrement dit, en faveur des contre-réformes qui conviennent, pour l’essentiel, à l’institution patronale centrale, le Medef (Mouvement des entreprises de France).

Il y a une certaine division des tâches au sein des structures patronales. Ainsi, Thibault Lanxade, vice-président du Medef, insiste sur les «reculs» du gouvernement Valls-Hollande. Ce faisant, il caresse dans le sens du poil les organisations représentant les PME et les TPE (très petites entreprises) qui clament que la possibilité de licencier relève d’une question de survie pour ces deux catégories. 

Peut-être plus significative est la déclaration faite par Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force ouvrière (FO), qui a déclaré qu’il fallait «suspendre le projet de loi» – qui est censé être débattu lors d’un marathon parlementaire – et recommencer à négocier. Cette déclaration du 31 mars au matin laisse songeur. La direction de FO était pour le «retrait de la loi travail» et n’a pas participé aux négociations initiales. Ce signal donné le 31 mars au matin se transformera-t-il en orientation après le 31 mars et les deux échéances de mobilisations fixées par les organisations de lycéens et d’étudiants et par les syndicats opposés à cette loi de détricotage du Code du travail, soit le 5 et le 9 avril?

Le gouvernement Valls-Hollande est à la croisée des chemins: après sa déchéance d’autorité qui fait suite à l’abandon de la modification de la Constitution portant sur la déchéance de nationalité, il peut difficilement reculer sur la «loi travail». Certains analystes pensent qu’il peut utiliser l’article 49.3 (vote de confiance, le gouvernement «socialiste» de Michel Rocard l’a utilisé 28 fois de 1988 à 1991) de la Constitution si la majorité parlementaire n’est pas assurée. Le gouvernement Valls ne ferait pas dans l’innovation en la matière au plan quantitatif.

Pour l’heure, si les mobilisations dans leur ampleur et dans le ras-le-bol social qu’elles expriment sont significatives, il semble toutefois que sans un mouvement de grève effectif le retrait de la loi Khomri est peu envisageable. Le gouvernement peut jouer la carte de la division syndicale, des vacances de printemps qui s’étendent, selon les zones a, b c, du 11 au 24 avril, du 4 au 17 avril, du 18 au 1er mai 2016. A cela s’ajoutent les examens partiels dans les universités. La tactique gouvernementale a pour fonction, ici, de faire obstacle à la jonction mouvement des salarié·e·s/mouvement des étudiant·e·s dans son éventail.

Dans ce sens, l’appel d’Union syndicale Solidaires (voir ci-dessous), qui met l’accent sur la nécessité d’une grève, est de prime importance quand bien même des initiatives telles que «Nuit debout» (voir deuxième partie de ce dossier) ont toute leur importance.

Nous publions dans cette première partie de dossier l’appel d’Union syndicale Solidaires et le compte rendu de la mobilisation du 31 mars faite dans le quotidien Libération. (Rédaction A l’Encontre)

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Manifestations du 31 mars: nous étions
deux fois plus que le 9!

Par Union syndicale Solidaires

Plus d’un million de manifestants et manifestantes

100 000 manifestants et manifestantes à Paris, 6000 à Orléans, 100 000 à Toulouse, 2500 à Auch, 850 à Saint-Gaudens, 2000 à Privas, 5 000 à Niort, 1500 à Narbonne, 4000 à Bayonne, 7000 à Pau, 15 000 à Limoges, 30 000 à Nantes, 8000 à Saint-Nazaire, 1200 à Ancenis, 500 à Châteaubriant, 18 000 à Bordeaux, 15 000 à Valence, 1000 à Calais, 4500 au Mans, 4000 à Angers, 7000 à Tarbes, 4000 à Reims, 1 500 à Troyes, 2000 à Epinal, 1000 à Charleville-Mézières, 6000 à Besançon, 8000 à Albi, 3 000 à Belfort, 2 500 à Montbéliard, 3000 à Chalon, 800 à Monceau, 1000 à Mâcon, 30 000 à Grenoble, 5 000 à Chambéry, 5000 à Annecy, 2500 à Carcassonne, 8000 à Toulon, 100 000 à Marseille, 1500 en Arles, 12 000 en Avignon, 10 000 à Valence, 2500 à Montélimar, 10 000 à Saint-Etienne, 1000 à Roanne, 12 000 à Nancy, 12 000 à Strasbourg, 100 à Haguenau, 450 à Colmar, 2000 à Mulhouse, 15 000 au Havre, 25 000 à Rouen, 600 à Eu, 3000 à Dieppe, 700 à Lillebonne, 15 000 à Caen, 450 à Lisieux, 12 000 à Montpellier, 2000 à Alès, 10 000 à Nîmes, 8000 à Tours, 25 000 à Clermont-Ferrand, 400 à Issoire, 30 000 à Lyon, 10 000 à Rennes, 4000 à Amiens, 7000 à Rodez, 4000 à Saint Brieuc, 1500 à Lannion, 700 à Dinan, 400 à Guingamp, 8000 à Cherbourg, 800 à St Lô, 500 à Granville, 500 à Avranches, 8000 à Toulon, 700 à Draguignan, 400 à Brignoles, 2500 à Montluçon, 2000 à Moulins, 1500 à Vichy, 30 000 à Bordeaux, 15 000 à Lille, 4 000 à Valenciennes, 2 000 à Douai, 2000 à Dunkerque, 5000 à Metz, 1500 à Epinal, 300 à Langres, 700 à Chaumont, 2500 à Périgueux, 6500 à Angoulême, 5000 à La Rochelle, 1500 à Albi, 8000 à Brest, 10 000 à Nice, 3000 à Dijon, 5800 à Besançon, 1500 à Tulle, 7000 à Perpignan, etc.

Il y a eu des manifestations dans plus de 260 villes. Le mouvement s’enracine à travers tout le pays. Malgré cela, le gouvernement continue à défendre le projet de loi patronal. De manifestation en manifestation, on constate une montée des violences policières. Elles ne nous feront pas reculer ; au contraire, cet un aveu d’impuissance face à la colère populaire.

Les organisations de jeunesse organisent
une journée d’actions le 5 avril: nous y serons!

Mardi 5 avril, comme les fois précédentes, nous serons aux côtés des jeunes qui appellent à de nouvelles manifestations et à la grève dans les universités et lycées. Le rôle du mouvement syndical est d’appuyer ces initiatives ; la place des travailleurs et des travailleuses est aux côtés de la jeunesse.

Samedi 9 avril: manifestations unitaires et grève!

CGT, FO, Solidaires et FSU appellent ensemble à une journée de manifestation et de grève, le samedi 9 avril. Cette unité des organisations syndicales qui exigent le retrait du projet de loi Travail et revendiquent de nouveaux droits sociaux, est importante ; d’autant que d’autres forces syndicales soutiennent aussi le mouvement : CNT-SO, CNT, LAB, mais aussi des syndicats CFDT ou UNSA.

Maintenant, il faut franchir une nouvelle étape

9 mars, 31 mars, 9 avril : les manifestations sont importantes. Tout comme les autres moments qui ont rythmé la mobilisation (17 et 24 mars, 5 avril). Dans plusieurs secteurs professionnels, ce furent aussi des journées de grève. Le 9, nous serons encore très nombreux et nombreuses dans les rues, il y aura grève dans certaines branches professionnelles. Mais c’est par la généralisation du mouvement de grève, par la grève nationale interprofessionnelle que nous gagnerons. Organisons-nous pour cela : plus vite nous frapperons fort et bloquerons l’économie et les profits des patrons et actionnaires, plus vite nous gagnerons ! (1er avril 2016)

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Près de 400 000 personnes ont défilé, jeudi 31 mars, soit presque deux fois plus que le 9 mars

Par Luc Peillom, Jean-Manuel Escarnot, Célian Macé, Sylvain Mouillard, Amandine Cailhol, Guillaume Frouin

Place de la République, Paris, 31 mars 2016
Place de la République, Paris, 31 mars 2016

Un coup de sabre dans les mesures les plus controversées, une météo à enrhumer un ours blanc et la moitié des organisations syndicales («réformistes») qui ont rallié le gouvernement entre-temps : tout annonçait un reflux de la mobilisation, jeudi, contre le projet de loi travail. Tout… sauf la détermination des opposants.

Trois semaines après le lancement du mouvement, et malgré un essoufflement les 17 et 24 mars, 390’000 personnes dans toute la France, dont près de 30 000 dans la capitale, selon le ministère de l’Intérieur, sont à nouveau descendues dans la rue pour cette quatrième journée d’action. Soit près du double de la première journée de contestation, le 9 mars (224’000). De Paris à Toulouse en passant par Nantes, une constante : la volonté de rester mobilisé jusqu’au retrait complet du texte. Dès jeudi soir, la CGT annonçait deux nouvelles manifestations : les 5 et 9 avril.

8 heures, Paris

Pour couper l’herbe sous le pied des lycéens, une vingtaine de proviseurs avaient eux-mêmes décidé de fermer leur établissement. L’empilement de poubelles devant la porte du bahut devenant un exercice vain, l’ambiance est donc étonnamment morne, ce jeudi à 8 heures, devant les lycées Dorian, Arago et Ravel, près de la place de la Nation. Seul le lycée Hélène-Boucher a reproduit le blocus des semaines passées. Les élèves sont rodés: chaussettes doublées d’une couche de plastique contre l’infiltration de la pluie, pancartes rédigées à l’avance et trajet du cortège échangé par SMS. «On apprend vite, et on a aussi prévu des kits médicaux, explique Juliette, élève de première L. Dans mon sac, j’ai du «sérum physiologique [pour nettoyer des yeux aux gaz lacrymogènes], des bandages, du désinfectant…»

Car les lycéens ont surtout retenu de la semaine dernière qu’ils pouvaient être frappés par la police. La vidéo d’un élève de Bergson cogné par un agent, notamment, a été visionnée plus de 2 millions de fois. Dans ces conditions, la défense du code du travail est remplacée, dans les discussions, par la dénonciation des violences policières. Sur la place de la Nation, un peu plus tard, les élèves du lycée Henri-Bergson sont les héros du rassemblement. Leur arrivée est saluée par un hourra général. Environ 3000 jeunes composent le cortège qui doit rejoindre «la manifestation des adultes, place d’Italie». La marche est encadrée au plus près par des CRS et des hommes de la BAC, matraque télescopique à la main. Au centre du cortège, les plus bagarreurs – une quinzaine de personnes – s’équipent discrètement de gants, de protège-tibia, et relèvent leurs écharpes. Il faudra moins de dix minutes pour que les premiers affrontements éclatent. Les lycéens mettent deux heures pour rejoindre la place d’Italie.

11 heures, Toulouse

Les allées Jean-Jaurès, noires de monde, attestent de l’importance de la mobilisation : 20 000 personnes selon la police – cinq fois plus selon les organisateurs – ont répondu à l’appel. «Il y a quelque chose qui se passe, la proportion de salariés augmente», souligne Bernard Dedeban, secrétaire de la FSU 31. Dans un roulement de tambour, un slogan – «Ni amendable ni négociable» – lance le départ. «C’est parti pour durer le temps qu’il faudra pour obtenir le retrait total de la loi», pronostique Abdallah, 47 ans, prof dans un lycée. Ce dernier «sent» une détermination forte autour de lui, avec un mouvement qui «s’organise». «La suite, c’est demain avec des AG dans des entreprises et dans les établissements scolaires pour préparer des blocages et se retrouver à nouveau dans la rue mardi, ajoute-t-il. L’exaspération est là, attisée par la déclaration de Valls sur la bonne tenue du Smic français. Mais s’est-il demandé comment on vit à Toulouse avec 1100 euros net par mois et un loyer de 600 euros pour un T2 ?»

Nez rouge, maquillage blanc, pantalon bouffant et grosses pompes délacées : Quentin, 21 ans, et Dorian, 20 ans, étudiants déguisés, voient un «mouvement qui prend de l’ampleur dans une société empreinte d’une violence latente». Sourires affichés malgré la bruine qui commence à tomber, Franck, 24 ans, Paul, 26 ans, et Thibaut, 25 ans, ingénieurs, pensent «que ça peut changer si les manifestations continuent à grossir». Ils sont toutefois les seuls de leurs labos respectifs à avoir décidé de faire grève. Amanda, 30 ans, aide-soignante et militante de Voie prolétarienne, tracte à mi-parcours : «Cette manif n’est ni un point d’orgue ni la fin, c’est le commencement avec le mouvement étudiant et les grèves qui s’annoncent.» Plus offensive, la deuxième partie du cortège menée par les jeunes et un groupe d’intermittents manifeste bruyamment son rejet «total» de la loi travail. «Il y a plus de lycéens que dans la première manif, constate Laure, une étudiante de 20 ans. C’est bien de s’unir avec les travailleurs, sinon on ne s’en sortira pas.» Entamée dans le calme, la manif se disperse dans de violentes échauffourées avec la police.

12h30, Paris

Le cortège des lycéens et étudiants traverse la Seine et entame la remontée du boulevard de l’Hôpital, qui mène à la place d’Italie. La scène est inhabituelle : la tête de cortège est précédée par de très nombreux CRS, qui progressent à reculons. Même dispositif sur les côtés : les forces de l’ordre encadrent la foule de manière très resserrée. L’atmosphère se relâche à l’approche de la place d’Italie, quand les jeunes commencent à faire la jonction avec les syndicats. Les sonos crachent les tubes habituels : On lâche rien, Bella Ciao, l’Internationale… Francis, 50 ans, veut croire qu’avec le retour des beaux jours, la mobilisation va encore croître. Ce fonctionnaire détaché chez Orange, syndiqué FO, a «confiance» : «On l’a vu avec la déchéance de nationalité, ce gouvernement peut reculer.» Il espère que la société civile va continuer à «se mobiliser à tous les échelons», par des manifs et des grèves. Francis compte notamment sur les jeunes pour «entretenir la dynamique», car «les salariés perdent de l’argent quand ils font grève». «Mais on sera là pour les suivre», ajoute-t-il. Patricia, salariée dans le secteur de la petite enfance, manifeste pour la seconde fois contre le projet de loi. Tout en reconnaissant des difficultés à mobiliser ses collègues, elle ne désespère pas : «Il faut des manifs plus régulières pour mettre la pression.»

13 heures, Nantes

Selon la CGT, 30 000 manifestants, dont un tiers de lycéens et d’étudiants, 12 000 d’après la préfecture. Les Nantais, réunis dans le centre, étaient au moins deux fois plus nombreux que la semaine précédente, selon les autorités. Valérie Olivier, déléguée syndicale dans une maison de retraite, s’est arrêtée en marge du cortège pour se faire prendre en photo par un de ses camarades de FO. Histoire de marquer cette journée d’une pierre blanche. «On reviendra tant que cette loi ne sera pas intégralement retirée, prévient cette femme de 43 ans. Ce texte, c’est une honte… Ça se voit que Hollande n’a jamais travaillé de sa vie.» Un peu plus loin, d’autres manifestants rêvent d’envoyer «El Khomri à l’usine, Valls à Cayenne, Hollande à Sainte-Hélène». «Si on avait voulu se faire baiser par le gouvernement, on aurait élu Brad Pitt», ajoute une pancarte tenue par une jeune fille, tout sourire. Antoine, lui, tient dans ses bras son fils de 4 ans. Cet enseignant de 39 ans en est à sa troisième mobilisation contre la loi travail. «Aujourd’hui, cette manif, c’est tout sauf un baroud d’honneur : chaque jeudi, il y a de plus en plus de monde, relève-t-il. Après, c’est sûr que, samedi, c’est les vacances scolaires… Les lycéens vont donc disparaître des cortèges, qui vont perdre la moitié des effectifs. Mais ils vont revenir : d’autres mobilisations sont déjà prévues pour la rentrée.» L’enseignant nantais regrette surtout le mode opératoire retenu jusque-là par les syndicats. «Je préférerais qu’on décide d’une grève reconductible : on n’a jamais rien obtenu, par le passé, en faisant des grèves d’une journée. C’est pourtant le moment d’en profiter, car le gouvernement est affaibli… Sarkozy a eu la réforme des retraites, Hollande aura sa loi travail.» En marge du cortège, plusieurs heurts opposent les forces de l’ordre à près de 200 casseurs.

13h30, Paris

A Paris, sur le boulevard de l’Hôpital, les militants de Lutte ouvrière montent leur stand. La manif suffira-t-elle à faire plier le gouvernement ? «Pourquoi pas, vu qu’on est proche des élections présidentielles, c’est un enjeu pour les gens au pouvoir, analyse une militante. C’est mieux d’être dans la rue que de signer des pétitions sur Internet, c’est plus efficace.» Même optimisme de Julien, trentenaire et professeur de collège à Paris : «Le retrait est possible», mais passe par des «manifs plus nombreuses, plus de manifestants et plus de grévistes». Car «l’arme des travailleurs, ça reste la grève». David, postier à Paris et syndicaliste SUD, pousse son vélo, un drapeau accroché au porte-bagages. Ce mois-ci, il en est à six jours de grève au compteur. «Chaque jour de grève, c’est 75 euros. C’est un effort, c’est sûr. Mais je ne comprends pas tous ces gens qui ne font pas grève, car tout le monde est concerné par cette loi qui aura des effets sur toutes nos vies», explique-t-il. Mais le trentenaire, qui explique sortir d’un burn-out, appelle aussi à d’autres types de mobilisation: «Si ça ne tenait qu’à moi, on mettrait le feu partout, on ferait des occupations, on irait à l’Assemblée pour tout bousiller. Mais je dis ça à titre personnel.» Avant d’étaler sa colère contre «ces ordures qui bousillent tous les services publics et qui ont un mandat pour le Medef» ou encore ces «patrons du CAC 40 qui font des milliards sur le dos des travailleurs». Du côté des jeunes écolos, le ton est plus nuancé. «Aujourd’hui, c’est une grosse journée, il y a beaucoup plus de monde et cela va avoir de gros impacts. Mais cela ne suffira pas. Ce qui va peser, c’est la convergence des luttes et les alternatives concrètes. Ce soir, en assemblées citoyennes, nous allons voir comment nous mettre d’accord entre écolos, jeunes précaires, intermittents et autres. Il faut dépasser le cadre des organisations», explique Léa, la vingtaine, en recherche d’emploi et dans la «galère». La suite ? «Il y aura des occupations sans doute», prédit-elle. Vers 16 heures, le boulevard de l’Hôpital ne désemplit pas. Derrière une grande banderole «Ils ont des milliards, nous sommes des millions», des manifestants, intermittents en tête, scandent : «De l’argent, il y en a, dans les caisses du patronat.» La sono de FO Ile-de-France crache du «tous ensemble, tous ensemble jusqu’au retrait». A quelques mètres, le camion CGT prend le relais : «De cette loi-là, on n’en veut pas, on la combat. Des accords d’entreprises, nous faire payer leur crise, des prud’hommes isolés, pour nous licencier. On n’en veut pas.» Casquette rouge sur la tête, deux militantes CGT proches de la retraite font entendre leur détermination. «Si manifester ne suffit pas, on passera à la vitesse supérieure», lance l’une.«Les gens sont à bout, les jeunes n’ont pas de travail, on demande aux vieux de travailler toujours plus. Si le gouvernement n’écoute pas le peuple, on va vers un nouveau Mai 68.» (Publié dans le quotidien Libération du 1er avril 2016)

Voir la deuxième partie

 

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