Etat espagnol. «Le 22 octobre, redescendons dans la rue»

imageManifeste des Marches de la dignité

La dernière statistique produite par l’EPA (Enquête sur la population active) de l’Etat espagnol indique que la baisse du chômage entre juillet et septembre 2015 – soit 298’000 salarié·e·s – est, d’une part, le produit de la hausse du tourisme durant cette période (6% par rapport à la même période de 2014) et, d’autre part, l’effet du nombre de personnes ayant renoncé à chercher un travail. Ils sont 116’000. Le nombre d’emplois liés à l’envol du tourisme (de janvier à septembre 2015 le flux des touristes est estimé à 54,4 millions) est décisif. Cela se repère dans le nombre d’emplois créés entre juillet et septembre, dont l’essentiel sont des emplois précaires, saisonniers.

Le 14% des salarié·e·s disposant d’un emploi ne peuvent faire face aux besoins en termes d’alimentation et de dépenses de chauffage ou d’électricité. Pour ce qui a trait aux impôts les grandes firmes contribuent à hauteur de 2% du total des revenus de l’Etat, alors que 90% de ces derniers sont payés par le biais des impôts indirects (TVA avant tout) et directs. Les ménages ne disposant d’aucun revenu ont passé de 400’000 en 2008 à 770’400 au premier trimestre 2015. Dans une région comme l’Andalousie, le pourcentage de familles qui ne peuvent pas faire face à une dépense imprévue de 650 euros et plus s’élevait, en fin 2014, à 58% (en moyenne, dans l’Etat espagnol: 42,4%). C’est dans un tel contexte, que sont organisées, ce 22 octobre 2015, les actions de la Marche de la dignité. Nous publions, ci-dessous, leur Manifeste intitulé: «Pour le pain, le travail, un toit et la dignité». (Rédaction A l’Encontre)

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Les Marches de la Dignité redescendent [ce 22 octobre] dans les rues pour manifester la force du peuple face au pouvoir économique. En organisant diverses mobilisations et actions dans tout l’Etat espagnol pour rendre visible le vol aux classes populaires de leurs conquêtes sociales. Pour les Marches de la Dignité, la mobilisation est l’action d’unité populaire la plus énergique pour la transformation politique et sociale.

• Depuis les dernières mobilisations, il est temps maintenant de redescendre dans les rues. Rien n’a changé. Les conséquences de la crise continuent de s’aggraver avec les politiques de coupes budgétaires imposées par la troïka contre la majorité sociale laborieuse.

• La propagande portant le message d’une société idyllique que propagent le Parti Populaire (PP) et les pouvoirs économiques et médiatiques qui l’appuient, les défenseurs de ce régime monarchique, n’ont aucun rapport avec notre réalité quotidienne.

• Ils nous laissent sans travail, sans maison, sans santé publique, sans retraites, sans éducation, sans études, sans futur et sans vie.

• Pendant ce temps ce sont des centaines de milliards qui sont donnés aux banques ainsi transformés en dette publique que nous, les classes laborieuses, avons à payer. La réforme de l’article 135 de la Constitution, qui donne la priorité au paiement de la dette en faveur des spéculateurs, aux dépens du bien-être et des droits de la majorité sociale, hypothèque la souveraineté populaire face aux diktats de l’UE (Union européenne), de la BCE (Banque centrale européenne), et au FMI.

• Ils entendent payer leur dette au prix de nos services publics, de nos droits et de notre appauvrissement. La décomposition du régime de 1978 [celui de la transition du franquisme à ladite démocratie et monarchie], et de sa Constitution d’alors, qui ne reconnaît ni les droits des personnes, ni des peuples et des nations de l’Etat espagnol, est aujourd’hui du papier mouillé pour ce qui est des droits et des libertés.

• Ils prétendent nous condamner. La seule perspective qu’ils nous offrent, c’est de continuer à maintenir les profits de ceux-là mêmes qui nous ont conduits au présent état d’exception social au détriment des classes populaires, en fermant des entreprises, en mettant à la rue leurs travailleurs, en s’appropriant de nos logements, et en diminuant nos retraites.

• Les taux de chômage atteignent des hauteurs scandaleuses de plus de 24%, plus fortes encore chez les femmes (la brèche salariale, elle, atteint 24%) et dans la jeunesse où le chômage atteint plus de 50%. Près de trois millions de personnes n’ont aucun revenu, et plus d’un demi-million de foyers. La figure du travailleur pauvre est aujourd’hui déjà une réalité de par la précarité des emplois.

• Personne n’a à accepter des conditions de travail de précarité et d’esclavage. Il est nécessaire que soit reconnu le droit à un niveau de vie suffisant proclamé dans la Déclaration universelle des Droits humains [article 25], et cela par le moyen d’un revenu de base garanti.

• Le logement a été une des principaux biens servant à extraire de la dépendance des travailleuses et travailleurs. On a converti un besoin de base en une marchandise pour commercer et spéculer. La solution au problème ne passe pas par la propriété privée et le commerce, mais par une initiative publique, démocratique et au service du peuple.

• Face à cela, en réponse à la mobilisation sociale contre des criminelles politiques, le gouvernement accroît la répression contre le peuple. Les diverses lois répressives servent à réduire les droits et les libertés. Elles prétendent museler la voix des peuples qui souffrent et de ceux qu’ils ont appauvris afin de dominer et exploiter.

• Les interventions de l’OTAN en divers points du monde sont responsables du drame des réfugié·e·s. En provoquant des guerres impérialistes et en nous rendant complices des massacres infligés à d’autres peuples. Les solutions au phénomène migratoire qui sont mises en œuvre sont strictement répressives, policières, et elles violent les droits humains fondamentaux de la personne.

• Jusqu’à quand allons continuer de subir? C’est le moment de redescendre dans les rues, de se mettre debout et de dire ça suffit, seule l’organisation, la participation et la lutte pourront nous ouvrir les portes d’un lendemain meilleur.

Nous exigeons

• Non au paiement de la dette, illégale, illégitime et odieuse. Non à l’Europe du Capital.
• Pour le travail et un salaire digne, pour l’emploi stable. Nous devons récupérer les droits-sociaux et du travail qui ont été volés à la classe travailleuse.
• Contre la précarisation de l’emploi et sociale. Non aux réformes du Droit du travail.
• Pour le droit au revenu de base.
• Défense des services 100% publics pour tous et toutes (éducation, santé, services de base de l’électricité, du gaz et de l’eau, etc.)
• Pour le droit à décider des personnes, des peuples et des nations de l’Etat espagnol, dans les domaines qui affectent leur vie et leur futur.
• Pour la défense des droits de la femme et pour la lutte contre la violence de genre.
• Pour un futur digne pour la jeunesse qui ne l’oblige pas s’exiler ou à émigrer.
• Contre la répression: abrogation des lois répressives, amnistie et libération de tous celles et ceux qui ont subi des représailles pour raisons politiques.
• Non aux traités entre gouvernements et entreprises transnationales contre les droits sociaux. Non au Partenariat Transatlantique d’investissement et de commerce/TTIP.
• Pour le droit au logement. Pour la garantie des services de base de l’électricité, de l’eau et du gaz.
• Non à l’OTAN.
• Droits pour toutes et tous, aucun être humain n’est illégal.
• Pour les droits environnementaux. Non au Fracking!
• Pour la gestion démocratique et participative de nos vies, contre la corruption du système.

(Traduction Rédaction A l’Encontre)

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