Suisse
 
 

Manifestation de solidarité avec les grévistes de l’ISS, le 19 août à Genève

Depuis, le 30 juin 2010, la firme ISS Aviation opérant à l’aéroport de Genève – firme intégrée à la transnationale ISS – a imposé une baisse salariale à «ses» salarié·e·s. Le salaire maximum a été fixé, sans discussion, à 3500 francs par mois. La perte de salaire, suivant les cas, est de plusieurs centaines de francs.

Un salaire de 3500 francs se situe 300 francs en dessous de ce qui était considéré comme la limite du seuil de pauvreté, en 2007, pour une femme seule devant élever deux enfants. Et ce chiffre était une moyenne à l’échelle suisse. Il est donc est peu conforme aux dépenses nécessaires minimales dans la région genevoise pour une femme dans cette situation. Ce n’est donc pas un hasard si une large majorité des grévistes sont des femmes.

L’ISS pratique donc une politique qui se répand: engager des travailleuses et des travailleurs en utilisant le fort chômage dans le «bassin d’emplois» genevois – qui est transfrontalier – à des salaires inférieurs à ceux convenus dans les CTT. Même si ces dernières sont déjà plus que «maigres». Autrement dit, on assiste ici à une des manifestations de plus du dumping salarial. Nous y reviendrons.

Pour l’heure, nous publions ci-dessous deux messages de solidarité avec les grévistes, messages lus lors de la manifestation qui s’est déroulée le 19 août 2010 à Genève. (Réd.)

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Message de solidarité du comité «Bas les pattes devant les Officine» – ateliers de réparation de CFF Cargo à Bellinzone – envoyé par Gianni Frizzo. Il a été lu lors de la manifestation.

Chères amies et chers amis,

Le comité «Bas les pattes devant les Officine» – les ateliers de réparation de CFF Cargo à Bellinzone – soutient votre lutte et vous encourage à rester fermes dans la défense de vos revendications plus que justifiées.

Défendre avec force et détermination sa dignité de travailleuse et de travailleur est un droit qui vous appartient. L’exploitation de l’être humain par d’autres êtres humains est de plus en plus intense et brutale. Nous pensons que cette situation peut, d’une façon ou d’une autre, être dépassée. Elle peut devenir en quelque sorte un mauvais souvenir.

Mais, pour l’instant, ce n’est pas le cas et de loin ! C’est ce que démontre votre situation concrète, et la nôtre aussi. Des situations qui ressemblent à tellement d’autres expériences difficiles, dans lesquelles on s’affronte à l’arrogance, au dédain et à l’appât du gain de cette minorité qui pense et croit détenir tous les droits. Ce sont ceux qui pensent que la richesse permet d’écraser les droits de la majorité, les droits des salarié·e·s, et d’appauvrir des êtres humains dignes d’être traités de manière totalement différente.

Comme vous en donnez la preuve depuis des semaines, avec un courage inébranlable, il est important que vous traciez le chemin d’un autre avenir pour vous. Nous ne pouvons que vous offrir toute notre solidarité et tout notre appui.

Lutter pour ses propres droits est toujours justifié. Au même titre où il est tout à fait juste de défendre, jusqu’au bout, de manière cohérente, ses propres revendications. Il s’agit pour nous de résister la tête haute, ne serait-ce qu’une minute de plus, face à ceux qui veulent nous mettre à genoux ou, pire encore, qui veulent nous faire plier l’échine.

Le dumping salarial s’étend comme une tache d’huile. Ce qui a été présenté comme de nouveaux droits pour toutes les travailleuses et tous les travailleurs, à l’occasion de la prétendue libre circulation, se révèle être simplement ce que nous avions affirmé alors: une libéralisation sans limites des conditions d’exploitation dans le cadre d’un marché du travail dérégulé.

Dans un tel contexte, résister et réussir à repousser toute tentative de détérioration des conditions de travail, lutter contre des salaires inacceptables ou leur diminution conduit à vous rendre directement justice. Cela contribue aussi à donner du courage et de l’espoir à d’autres travailleuses et travailleurs. Un courage nécessaire pour s’engager sur la voie d’une riposte sans faille. Ce que vous faites et continuerez à faire. Une maxime que nous avons dans notre cœur affirme: «Qui lutte peut perdre, qui renonce à lutter a déjà perdu.»

Recevez, chères amies et chers amis, tout notre soutien et toute notre solidarité.

Pour le comité «Bas les pattes devant les Officine»: Gianni Frizzo, 18 août 2010

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Message de soutien du MPS aux grévistes d’ISS. Ce message a été lu lors de la manifestation du 19 août 2010 à Genève

Le Mouvement pour le socialisme (MPS) apporte son soutien aux grévistes d’ISS. Nous avons participé à toutes les activités de soutien et de popularisation de votre lutte à Genève, à Lausanne, en Suisse alémanique et italienne.

L’enjeu immédiat est d’empêcher la baisse des salaires futurs à travers le maintien de la convention collective (CCT) qui prévalait jusqu'à peu. Et aussi de mettre un terme à la précarité des contrats des auxiliaires, contrats qui sont imposés en majorité à des femmes.

C’est à ce titre que votre lutte est emblématique et exemplaire: contre la baisse des salaires et contre la précarisation croissante des statuts.

Au-delà, on voit clairement qu’il y a une volonté farouche des firmes et des patrons qui travaillent avec l’Aéroport, (Swissport, Gategourmet, ISS etc.) et d’une très large majorité gouvernement du Canton de diviser et de fractionner le plus possible l’ensemble des salarié·e·s qui travaillent sur ce même site.

Le but est clair: mettre en concurrence les salarié·e·s, pousser à la sous-enchère salariale, au dumping salarial. Alors, il faut se poser la question: ou se trouve la promesse faite en 2000, lors de la votation sur les bilatérales, qu’il n’y aura pas de dumping salarial, que le respect des CCT sera assuré, que lesdites mesures d’accompagnement représenteront une avancée pour tous les salarié·e·s, au-delà des CCT?

Evaporée cette promesse. Oubliée ! Passée à la trappe !

Cela ne peut pas marcher de la sorte. C’est pour cela que nous sommes ici, avec les grévistes d’ISS, quand elles demandent que l’Etat doit garantir des conditions de travail digne ! Nous manifestons pour que les promesses officielles soient respectées, et cela par respect pour les salarié·e·s !

En fait, c’est dans l’intérêt de qui de tirer les salaires vers le bas ? A qui cela va-t-il bénéficier? A la population de Genève qui est formellement le propriétaire d’AIG? Sûrement pas !

Cela va profiter et profite aux actionnaires de la transnationale: ISS. Parmi eux, il y a la banque d’affaire Goldmann-Sachs. Une de celles qui a bénéficié, hier, de l’aide de l’Etat américain, au moment de la crise financière et qui, aujourd’hui, s’attaque à la Grèce comme à ses travailleuses et travailleurs pour leur faire payer ses spéculations sur les obligations et autres instruments financiers.

La transnationale ISS prétend perdre de l’argent si elle accepte les revendications des grévistes. Alors pourquoi n’ouvre-t-elle pas ses livres de comptes aux travailleurs et travailleuses, à leurs organisations, au comité de grève!

Ce qui se joue ici c’est non seulement la préservation de certains acquis sociaux, mais aussi le refus de faire payer la crise à ceux et à celles qui sont le plus ouvertement et durement exploités. D’où l’importance que cette grève permette à tous les salarié·e·s du site de faire valoir leurs droits. De gagner.

Vive votre grève ! Élargissons la solidarité et menons une campagne de soutien matériel à l’échelle nationale!

(20 août 2010)