Tunisie

 

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La révolte monte

Solidarité: 6 janvier 2011 à Genève

En Tunisie, le mouvement entamé mi-décembre s'est poursuivi hier, lundi 3 janvier 2011, dans certaines villes du pays avec les lycéens un appel à la grève et à la désobéissance civile avait été lancé sur Facebook, à plus de 10’000 jeunes. La contestation n'a pas été massive, mais plusieurs établissements ont cependant été concernés par le mouvement. Les avocats ont de leur côté décidé de se mettre en grève jeudi 6 janvier.

Les lycéens ont fait parler d'eux hier dans plusieurs villes à Sfax, à Sidi Bouzid, à Tunis, à Grombalia non loin de la capitale et à Bizerte. A Jbeniana deux jeunes auraient été interpellés. A Sousse il y aurait eu des heurts entre les étudiants et les forces de l'ordre. Dans la ville de Thala, la contestation a été plus large et des incidents auraient impliqué des diplômés chômeurs.

De leur côté, les avocats ont décidé ld'une journée de grève générale, le 6 janvier, après une réunion du conseil de l'ordre. Une grève, pour dénoncer l'attitude des autorités à leur égard. En fin de semaine dernière ils avaient exprimé leur solidarité avec le mouvement social en portant un ruban rouge, ils ont été pris à parti et malmenés. Quelques jours plus tôt, deux d'entre eux avaient été interpellés toute une nuit et brutalisés.

La grogne est toujours là également dans le bassin minier de Gafsa où des émeutes sur fond de chômage avaient éclaté, il y a trois ans. Les anciens prisonniers arrêtés après ces événements, puis relâchés un an plus tard, ont lancé lundi un sitting illimité au siège de l'Union générale des travailleurs tunisiens, de Redeyef. Ils réclament leur réintégration dans la fonction publique, des solutions aux problèmes du chômage et surtout dans l'immédiat, la libération des jeunes de la ville arrêtés ces derniers jours. (source RFI)

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HALTE A LA REPRESSION EN TUNISIE

RASSEMBLEMENT DE SOLIDARITE
Place du Molard - GENEVE
JEUDI 6 JANVIER 2011 – 18 h.

Soyons nombreux et nombreuses. Le vendredi 17 décembre 2010 a démarré un mouvement de protestation à Sidi Bouzid dont le déclenchement fut un événement grave: un jeune chômeur qui a eu recours pour faire vivre sa famille à la vente ambulante de fruits et légumes s’est vu interdire cette activité par les autorités et s’est immolé par le feu. Par cet acte de désespoir, il voulait signifier qu’il ne restait aucun espoir pour vivre dans la Tunisie des «miracles» économiques, dont le résultat est un chômage endémique qui touche aujourd’hui en particulier la jeunesse, sans épargner aucunement les titulaires d’un diplôme supérieur.

A partir de ce moment, ce sont d’importantes manifestations de jeunes chômeurs, de précaires et de travailleurs qui sont descendues dans la rue. De nombreuses villes des alentours de Sidi Bouzid ont rejoint le mouvement dans un premier temps, puis des villes du nord au sud du pays jusqu'à la capitale, Tunis, ont donné à ce mouvement un caractère de ras-le-bol généralisé contre le chômage, la cherté de la vie, la corruption, l’injustice des politiques sociales et économiques qui se sont étendues à toutes les régions de la Tunisie.

Les slogans les plus répandus y mettent en cause directement la légitimité du pouvoir et de l’administration. Le régime tunisien dans une attitude caractérisée par l’autisme a refusé d’entendre ces cris de désespoir. Sa seule réponse à ce mouvement pacifique dans un premier temps a été l’utilisation des forces de répression. Il en est résulté la mort par balles d’un jeune de 18 ans, et de nombreux blessés.

Le président Ben Ali s’est adressé à la population, ce mardi 28 décembre, reconnaissant pour la première fois la gravité de la crise et des souffrances qui frappent les couches les plus larges de la population. La manière inédite qu'il a choisie pour répondre aux événements montre clairement que l'ampleur du mouvement ébranle sérieusement le pouvoir. Pourtant, aucune mesure concrète et crédible n'y est annoncée, et – surtout – le Président y formule des mises en garde claires contre les "manipulateurs", les "mercenaires" et les "médias étrangers" qui seraient à l'origine des troubles.

L'élément le plus concret de son discours est une menace inquiétante et à peine voilée aux journalistes et à la presse indépendante, aux associatifs, syndicalistes et militants politiques autonomes engagées dans le soutien à la population. Les arrestations se sont ensuite multipliées. Plusieurs militants de la société civile, des défenseurs des droits humains, des journalistes, des syndicalistes, des membres de partis politiques d’opposition et de simples manifestants ont été arrêtés, molestés et gardés à vue. Certains ont été libérés, d’autres non.

Les autorités tunisiennes n'ont pas hésité comme à l'accoutumée à fermer les derniers espaces de liberté de la presse en empêchant la distribution des seuls journaux indépendants.

Ce mouvement contestataire est soutenu par de nombreux Tunisiennes et Tunisiens, par les partis politiques indépendants du pouvoir par les associations démocratiques; les avocats ont organisé des rassemblements de soutien dans plusieurs villes.

• Nous soutenons ce mouvement populaire contestataire et autonome auquel la jeunesse participe en très grand nombre.
• Nous dénonçons cette attitude qui ne répond pas à la dégradation sans précédent des conditions de vie dans le pays bien loin des «miracles» tant vantés par les officines de la propagande du régime.
• Nous appelons à la libération de tous les emprisonnés de ce mouvement et de ceux qui l’ont précédé
• Nous appelons à une réelle prise en compte de la précarité qui touche des pans entiers de la société.
• Nous réclamons que les responsables de la répression soient traduits en justice.
• Nous demandons aux autorités suisses et européennes de prendre position et de s’exprimer publiquement et promptement sur la répression en cours en Tunisie et de recevoir une délégation du collectif. Leur silence vaudrait complicité voire approbation et chacun saurait s’en souvenir.
• Nous réclamons comme ce fut scandé dans les manifestations: «du travail pour tous», «une répartition des richesses entre tous et toutes», «l’arrêt de la corruption et du népotisme».

Comité de soutien aux manifestants en Tunisie: Jalel Matri, Mohamed Jribi, Ismael Elkout et Anouar Gharbi

(5 janvier 2011)

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