France

 

Version imprimable



Une journée de mobilisation le 28 octobre
et l’opération Chérèque-Medef-Fillon

Rédaction

Deux processus, parmi d’autres, sont à l’œuvre en France. D’un côté, l’opération «Chérèque» – avec Thibault de la CGT en embuscade; de l’autre, un processus de mobilisation syndicale, sociale, associative protéiforme, sur l’ensemble du territoire, avec une première échéance nationale le jeudi 28 octobre et une autre le samedi 6 novembre.

Ci-dessous, nous établissions une petite chronologie sur «l’opération Chérèque-Parisot» et Lagarde-Fillon, comme figures politiques centrales du gouvernement Sarkozy.

Par la suite, nous publions les Bulletins d’informations et de mobilisation de Solidaires (N°15 et 16), ce que nous avons fait depuis le numéro 1.

*****

Le Journal du dimanche du 21 octobre, en une, annonce : «Sur proposition des élus centristes, les sénateurs ont adopté, dans la nuit de mercredi à jeudi, deux amendements issus de propositions syndicales. L'un d'entre eux, longtemps réclamé par la CFDT, prévoit l'ouverture d'un débat en 2013 sur un régime universel, autrement dit une retraite par points.»

• Le 25 octobre 2010, François Chérèque, en lien avec les sénateurs, lors de l’émission politique «Mots croisés» demande au patronat d'ouvrir une «négociation sur l'emploi des jeunes et des seniors». Son intervention est reprise sur le site de la CFDT. L’offre de négociation du dirigeant a été reprise au vol par Laurence Parisot su MEDEF. Pleine d'enthousiasme, elle a répondu: «Je voudrais dire à François Chérèque que je suis d'accord", qualifiant cette proposition de "scoop"… / ... Je suis d'accord pour qu'on ouvre une délibération sociale, pour voir si on peut, sur ces sujets évoqués par François Chérèque commencer à travailler ensemble"… / ... Elle a ajouté que «ce serait une bonne façon de passer à autre chose».

• Le mardi 26 octobre 2010, Christine Lagarde, ministre des Finances, semble bien informée, puisqu'elle a estimé sur Radio Classique «que le conflit sur les retraites était à un "tournant", ajoutant que le «retour au dialogue» était «une très bonne chose» et de lancer: «Je pense que l'expression est en train de changer et je salue à la fois le retour de la raison et du dialogue».

• Le quotidien économique La Tribune, en date du 26 octobre 2010, le scénario se précise. Ainsi, écrit La Tribune : «Le ministre du Travail, Eric Woerth a en fait saisi au bond la perche que lui a tendu le secrétaire général de la CFDT. François Chérèque souhaitait l'ouverture de négociation sur l'emploi des seniors et des jeunes. Le ministre a annoncé ce mardi qu'il approuvait cette demande, comme l'avait fait la veille la présidente du Medef.

• François Fillon, le 27 octobre 2010, selon l’hebdomadaire Le Point (édition électronique) affirme le mardi 26 octobre : «Le mouvement de contestation de la réforme des retraites n'a plus de sens maintenant que le projet de loi est en passe d'être adopté au Parlement» Il ajoute. «La phase de démocratie politique [adoption de la loi dans les deux instances législatives»] est achevée, le mouvement n'a plus de sens», a-t-il dit lors d'une réunion devant les députés UMP. La fermeté politique sans dialogue social, c'est une faute, mais le dialogue social sans fermeté politique est une erreur» a-t-il ajouté. Il faisait référence à la tentative d’ouverture de négociation, à la Chérèque et Parisot.

• Or, deux nouvelles journées de grève et de manifestations sont prévues jeudi 28 octobre 2010 et le 6 novembre 2010 par l'Intersyndicale.

*****

Bulletin de Solidaires N° 15 - 26 octobre 2010

Manifestations partout en France

Jeudi 28 octobre aura lieu la neuvième journée nationale de grève et manifestations, contre le projet de loi gouvernemental sur les retraites; et c’est la septième en moins de deux mois. Et nous serons encore des millions à exiger l’abandon de ce projet !

Députés et sénateurs ont voté. Et alors ? Est-ce que cela rend ce texte moins scandaleux ? Bien sûr que non, l’accentuation des inégalités, l’allongement du temps de travail pour continuer d’enrichir patrons, banquiers et rentiers, cela demeure inacceptable.

La loi n’est pas encore en vigueur: le Conseil Constitutionnel va être saisi, et après il y a la promulgation par N. Sarkozy. Il est donc encore possible de faire en sorte qu’elle ne voit pas le jour. Et même promulguée, elle peut ne jamais s’appliquer, comme on l’a vu par exemple pour le Contrat Première Embauche en 2006.

Notre participation aux manifestations de demain est nécessaire et utile. Au-delà des effets médiatiques, le gouvernement et le patronat ne sont pas à leur avantage après la succession de manifestations réunissant des millions de personnes, et dans ce contexte de grève nationale interprofessionnelle entamée le 12 octobre.

Issue de secours ?

Les salarié·e·s toujours en grève exigent le retrait de ce texte, parce que c’est une condition impérative pour négocier sur la base des revendications portées par le mouvement syndical (retraite et notamment abrogation des contre-réformes de 1993, 2003, 2007, diminution et compensation de la pénibilité, amélioration des conditions de travail, etc.). C’est aussi ce que réclame celles et ceux qui ont suspendu le mouvement faute de soutien syndical national suffisant mais qui seront de nouveau dans la lutte jeudi.

Et face à cela, que proposent la CFDT et le patronat avec l’appui du gouvernement ? «une négociation sur l’emploi des jeunes et l’emploi des séniors»... Voilà une formulation bien creuse, sans aucun objectif, et dont la motivation principale est de faire croire que le dossier Retraite est clos.

Avec toutes celles et tous ceux qui luttent pour une autre répartition des richesses, contre la régression sociale pour les générations futures, nous refusons de chercher aujourd’hui une issue de secours pour s’y engouffrer avec le patronat, comme si nous étions coresponsables de la situation !

L’Union syndicale Solidaires est disponible pour négocier sur la base des revendications des grévistes, pas pour des réunions destinées à enterrer le mouvement populaire en cours. C’est ce que défendent de nombreuses équipes syndicales, à la base, dans l’unité !

• Maintien des âges actuels de départ en retraite ? Départ anticipé pour les travaux pénibles à 37,5 annuités de cotisation pour une retraite entière et à taux plein
• Suppression de la décote
• 
Maintien des régimes spéciaux
• 
Indexation des pensions sur les salaires
• Pas de retraite inférieure au SMIC

C’est possible !

• 212 milliards d’euros de bénéfices pour les entreprises françaises du CAC 40 entre 2007 et 2009.
• 
3 milliards par an de «niches fiscales» réservées aux 1% plus riches
• 
32 milliards d’exonérations de cotisations sociales (stock-options, intéressement, mesures «pour l’emploi»)
• 
36 milliards de dividendes distribués aux actionnaires des entreprises du CAC 40 en 2009; et le chiffre a presque doublé au 1er semestre 2010 par rapport à 2009
• 
Entre 2004 et 2007, les 0,01% les mieux payé·e·s ont gagné 40% de plus.

*****

Bulletin de Solidaires N° 16 - 27 octobre 2010

On ne lâche rien !

Entamer une 3e semaine de grève interprofessionnelle, c’est forcément difficile; d’autant que nous sommes en période de vacances scolaires. L’Union syndicale Solidaires s’efforce depuis des semaines de donner les informations vraies sur la réalité du mouvement, des informations non diffusées par beaucoup lorsqu’elles montrent la force et la capacité de notre lutte. Aujourd’hui, il faut le dire, la grève a baissé d’un cran. Plusieurs Assemblées Générales ont suspendu le mouvement jusqu’à la journée nationale de jeudi 28 octobre, en constatant et déplorant l’insuffisance du soutien nationale à la grève.

Mais des centaines d’actions se sont encore déroulées ce lundi: tout d’abord, il reste des secteurs en grève dans tout le pays; et puis il y a ces nombreuses actions collectives décidées unitairement, dans beaucoup de villes: blocages, manifestations, aide aux piquets de grève, etc. Demain, les organisations de jeunes organisent des manifestations.

Nous aurions été en meilleure position si Solidaires et FSU avaient été suivis par l'intersyndicale dans nos demandes de soutien des actions en cours et d'une journée plus proche pour les étendre, mais il se passe encore beaucoup d'initiatives au plan local, le rapport de forces s'organise dans l'unité dans une majorité de localités.

La solidarité

La solidarité intergénérationnelle s’exprime à travers l’implication dans le mouvement des lycéen·ne·s par exemple, mais aussi par les participations aux manifestations des retraité·e·s. C’est toute la population qui est concernée par les choix pour l’avenir, et c’est dans toute la population que le rejet de cette loi injuste est massif.

La solidarité, c’est aussi les nombreuses initiatives de soutien financier. Là encore, il s’agit pour des dizaines de milliers de personnes de marquer leur appui aux grévistes. Pour autant, il est de notre responsabilité de dire que ces gestes solidaires ne peuvent remplacer l’engagement concret dans le mouvement, à travers la grève, les manifestations. Bien sûr, nous savons que beaucoup ne sont pas en situation de faire grève par exemple (chômeurs·euses, retraité·e·s, jeunes en formation) et nous saluons leur engagement !

La solidarité interprofessionnelle est aussi une caractéristique forte de ce mouvement. Localement, au plus près du terrain, les militant·e·s de diverses organisations syndicales se retrouvent ensemble, pour décider et agir en commun. Le syndicalisme interprofessionnel montre là toute son utilité, et aussi ses faiblesses, conséquences de trop d’années où il a été un peu trop oublié au profit des réunions «institutionnelles» dans les entreprises. Mais le travail effectué à la base durant ce mouvement va permettre d’être plus forts dans la durée.

Tiens, revoilà le MEDEF !

Le projet de loi du gouvernement sur les retraites ne fait que répondre aux desiderata du patronat: faire travailler plus les salarié·e·s, ne pas toucher et même augmenter les profits de celles et ceux qui s’enrichissent de notre travail. Durant des mois, après avoir écrit le texte du gouvernement, le MEDEF s’est fait très discret. Mais depuis quelques jours, la grève et le mouvement social en cours l’obligent à sortir de son silence: Mme Parisot court de média en média pour dire à quel point tout ça coûte cher. Oui, notre action a des répercussions sur les marges de profit du patronat et, ça, il n’aime pas ! Que le MEDEF demande donc à ses amis de tirer le bilan de la révolte sociale en cours en abandonnant ce projet de loi !

Journée nationale de manifestations, jeudi 28 octobre. Uni·e·s, dans la rue, nous montrerons que la lutte continue !

(27 octobre 2010)

Haut de page
Retour


case postale 120, 1000 Lausanne 20
Pour commander des exemplaires d'archive:

Soutien: ccp 10-25669-5

Si vous avez des commentaires, des réactions,
des sujets ou des articles à proposer: