Jérusalem en chiffres: la pauvreté, la ségrégation et les discriminations

La conquête de Jérusalem-Est
La conquête de Jérusalem-Est

Par Michael Omer-Man

Voici un recueil de faits et de chiffres sur Jérusalem, rassemblé et publié à l’occasion de la «Journée de Jérusalem». Pour les Israéliens nationalistes, cette journée est fêtée le mercredi 28 mai pour marquer l’anniversaire de la conquête de Jérusalem-Est et de la Vieille Ville en 1967.

Cette célébration inclut la «marche des drapeaux» au cours de laquelle des fêtards juifs traversent des quartiers palestiniens de la Vieille Ville, souvent en scandant des slogans racistes violents et ultranationalistes. Il est rare que la police tolère des contre-protestations de la part des résidents palestiniens de ces quartiers.

Alors que les Juifs israéliens célèbrent la «réunification» de Jérusalem, ces données montrent que la ville est tout sauf unifiée. En effet, même si elles font partie de la même municipalité, Jérusalem-Est et Jérusalem-Ouest sont loin d’être sur pied d’égalité et encore plus loin de constituer une ville unifiée, séparées entre autres par des murs en béton et des budgets discriminatoires.

Jérusalem-Est: 82% des enfants vievent dans la pauvreté
Jérusalem-Est: 82% des enfants vivent dans la pauvreté

Les résidents palestiniens de Jérusalem ne sont que cela: des résidents à peine tolérés. On ne leur accorde pas la citoyenneté israélienne et ils n’ont pas le droit de vote lors des élections nationales, ils n’ont pas de passeports israéliens. Il suffit qu’ils passent quelques années à l’étranger pour qu’on puisse chercher à les empêcher de rentrer chez eux.

Les données ci-dessous proviennent du Bureau central de statistiques israélien (CBS-HEB), de l’Association pour des droits civiques en Israël (ACRI) et de Ir Amin (IA-HEB – structure qui conteste les constructions de résidences pour les Juifs dans Jérusalem-Est et les diverses initiatives discriminatoires du pouvoir sioniste).

  • Les Palestiniens constituent plus d’un tiers – 75.3% – des résidents de Jérusalem (CBS)
  • Dans la Jérusalem-Est palestinienne, 75.3% des résidents – et 82% des enfants – vivaient au-dessous de la ligne de pauvreté en 2012. (ACRI)
  • Seulement 4.4% des budgets sociaux de Jérusalem sont destinés à Jérusalem-Est et dépensés dans ce secteur de la ville. (IR Amim)
  • Plus de 100’000 Palestiniens résidents de Jérusalem vivent derrière le mur de séparation, qui limite de manière drastique leur liberté de mouvement, leurs moyens d’existence et l’accès aux ressources municipales (depuis la collecte des ordures jusqu’à la dénomination légale des rues.) (ACRI)
  • Des données de 2009 montrent que malgré un droit légal théorique de vivre n’importe où dans la ville, 99% des Palestiniens de Jérusalem vivent dans Jérusalem-Est. (IR-Amim)
  • Un tiers de toutes les terres palestiniennes de Jérusalem ont été confisquées depuis 1967. Des logements pour les Juifs ont été construits sur une grande partie de ces terres. (ACRI)
  • Depuis qu’Israël a conquis la ville en 1967 et jusqu’en 2013, l’Etat israélien a révoqué à Jérusalem le droit de séjour de 14’309 résidents palestiniens (un pourcentage de 6 par semaine). (ACRI)
  • Seul 9.5% du budget municipal de Jérusalem est alloué à des projets et des dépenses à Jérusalem-Est. Seuls 2.1% du budget culturel, 4.4% du budget social et 1.1% du budget de développement commercial sont alloués et dépensés à Jérusalem-Est. (Ir Amim)
  • Selon la loi israélienne, les enfants de plus de trois ans ont droit à une éducation gratuite, mais à Jérusalem-Est seulement 6% des enfants âgés entre trois et quatre ans peuvent suivre des écoles maternelles publiques. Il manque quelque 400 classes de maternelles. (ACRI)
  • L’ensemble des étudiant·e·s inscrits dans des écoles primaires ultraorthodoxes à Jérusalem composait 57.3% du total durant l’année scolaire de 2000-2001; leur nombre a augmenté pour atteindre 66.2% en 2011/2012. (CBS)
  • Une grande partie des résidents juifs de Jérusalem se définissent comme étant des ultraorthodoxes ou haredi (35%) [1], 12% en tant que «religieux». 20% se définissent comme étant laïques. (CBS)
  • Le taux de participation de la main-d’œuvre à Jérusalem en 2013 était de 51.3%, soit plus de 10% inférieur au taux à niveau national. (CBS)

(Traduction A l’Encontre; article publié le 28 mai dans la revue en ligne +972)

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[1] Les Haredim, «ultraorthodoxes»: une traduction possible: les «Craignant-Dieu». Ils ne forment pas un ensemble homogène, au-delà d’une très forte pratique religieuse. On y trouve des courants tels que le hassidim (issu de l’Europe de l’Est au XVIIIe siècle), le mizrahim («communauté» venue d’Orient), etc. Depuis la fin du XIXe, ces courants que l’on peut englober dans l’ultra-ortodoxisme rejettent ladite modernité en termes de culture, de mœurs, etc. Ils s’opposent donc aux laïcs. Ils ont leurs propres partis politiques, qui jouent un rôle dans les alliances; leurs rabbins disposent souvent d’une autorité supérieure à l’Etat, d’où divers conflits avec l’Etat sioniste. Parmi eux se trouvent, d’ailleurs, des courants réticents face au sionisme ou même opposés au sionisme. Cela n’est pas en contradiction avec une présence renforcée à Jérusalem envisagé comme un lieu clos, placé sous leurs règles et leur surveillance (par exemple contre l’habillement de femmes juives en robes jugées trop courtes ou montrant la peau). Leur croissance démographique apparaît comme un défi lancé aux laïcs à Jérusalem. (Rédaction A l’Encontre)

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