Egypte. «Un mois de septembre imprévisible»

Ce dimanche 6 septembre 2015, le Premier ministre Ibrahim Mahlab «a appelé toutes les catégories de la société égyptienne à travailler dur parce qu'il est urgent de bâtir le pays loin de l'organisation de grèves et de sit-in» (Egypt Independent).
Ce dimanche 6 septembre 2015, le Premier ministre Ibrahim Mahlab «a appelé toutes les catégories de la société égyptienne à travailler dur parce qu’il est urgent de bâtir le pays loin de l’organisation de grèves et de sit-in» (Egypt Independent).

Par Jacques Chastaing

Le 22 août 2015, Tadamon (Solidarité), une coalition de 27 organisations et associations ouvrières et syndicales, a lancé un appel à une grève générale de la fonction publique le 12 septembre contre une nouvelle loi sur ce secteur, concernant donc environ de 6 à 7 millions de fonctionnaires, 25% des salarié·e·s d’Egypte. Aujourd’hui, ce sont désormais plus de 50 organisations syndicales et des centaines de militants syndicalistes indépendants rejoints par les confédérations syndicales indépendantes EFITU (Egyptian Federation of Independent Trade Unions) et EDLC Egyptian Democratic Labour Congress (EDLC), qui appellent à faire de cette journée une marche massive contre la loi sur le service public civil.

Cet appel ne sort pas de rien. Il prolonge ce qui est perçu par bien des militants égyptiens comme une nouvelle escalade des protestations ouvrières dans le pays. Pour Fatma Ramadan, dirigeante syndicale radicale courageuse, on pourrait en dater le renouveau en mai 2015 et pour Khaled Ali, avocat défendant les militants ouvriers, candidat aux dernières présidentielles, on pourrait en fixer le début au mois de décembre 2014.

Des luttes ouvrières qui n’ont jamais cessé

En fait, les protestations ouvrières n’ont pas stoppé depuis février 2014 – après 6 mois d’interruption suite au coup d’État de Sissi en juillet 2013 – et, si l’on remonte plus loin, n’ont quasi jamais cessé depuis 2006 (voir article publié sur A l’Encontre, le 17 mai 2015).

Rappelons seulement, pour la dernière période, qu’en février, mars et avril 2014 les grèves quasi généralisées dans la fonction publique – qui touche de nombreux secteurs industriels nationalisés en Égypte – pour une hausse et une généralisation du salaire minimum ont fait tomber le gouvernement de l’époque et ont poussé Sidi à se mettre en avant dans les élections présidentielles pour faire barrage à cette vague de grèves. En effet, ce mouvement de grèves était sans doute en passe de se donner des organes de coordination nationale voire même, peut-être, à travers la coordination des médecins, un embryon de représentation politique des aspirations ouvrières.

L’élection de Sissi a momentanément freiné, de mai à juillet 2014, les protestations et l’émergence cette possible conscience naissante.

Le dictateur a certainement profité des illusions provoquées par sa démagogie nassérienne, bien qu’elles aient été peu profondes dans les milieux jeunes et les plus populaires, ce dont les résultats électoraux ont témoigné. En même temps, pour détourner la colère populaire, Sissi a amplifié à ce moment sa campagne, pourtant déjà intense et féroce, contre le terrorisme islamiste. Cette campagne était accompagnée d’appels permanents, incessants et omniprésents à l’union nationale contre le terrorisme accouplés systématiquement au leitmotiv de retrousser les manches pour sauver l’économie égyptienne et donc de produire plus en évitant de faire grève pendant un an. Parallèlement, le gouvernement multipliait les atteintes à la liberté de manifestation et d’expression tous azimuts touchant en particulier, avec violence, les milieux démocrates les plus sincères mais aussi le droit de grève et de manifestation des travailleurs, en poursuivant, arrêtant et condamnant de nombreux militants syndicalistes ou de «simples» salariés en lutte.

Cette orientation politique, dont le bras armé est la police et l’armée, était bien sûr soutenue par le syndicat ouvrier officiel, véritable organe policier en milieu salarié. Elle l’était aussi par les dirigeants des principaux organes de presse quasi muselés malgré la protestation de certains de leurs journalistes. Elle l’était encore par une grande partie de la gauche la plus timorée qui soutenait ou avait soutenu Sissi depuis son coup d’État. Elle l’était enfin par les dirigeants des principales confédérations syndicales indépendantes nées de la révolution. Ce qui fait beaucoup.

Malgré cela, depuis août 2014, après trois mois d’interruption pour cause de campagne présidentielle, les protestations ouvrières ont repris et n’ont pas cessé.

On notait ainsi 778 grèves et protestations sur les 6 premiers mois de l’année 2015 tout particulièrement dans le privé et chez les travailleurs manuels, ensuite dans le public, enfin dans le médical et l’enseignement, puis les journalistes. Le chiffre est certes bien inférieur à celui du premier semestre 2014 qui avait été de 2245 protestations. C’était le gros mouvement social, quasi généralisé dans la fonction publique, autour du salaire minimum que nous avons signalé plus haut. Si l’on veut donc comparer réellement, il faut le faire entre le premier semestre 2015 et le second semestre 2014 où il y a sensiblement le même nombre de grèves.

Ce mouvement s’explique par une situation sociale catastrophique face à laquelle le gouvernement semble impuissant, et de plus en plus, complice. Les faibles illusions nées des promesses démagogiques ont fait long feu. Les promesses de hausse du salaire minimum au privé sont abandonnées et celles de certains secteurs de la fonction publique ne sont pas appliquées. Les promesses d’un salaire maximum pour les cadres dirigeants ne sont pas non plus mises en route ou alors sont vidées de leur contenu. Les engagements de renationaliser certaines entreprises publiques – récemment privatisées et en difficulté – sont oubliés, avec en même temps l’assurance de faire appliquer les jugements de tribunaux allant dans ce sens. Par contre les baisses des subventions étatiques aux tarifs de l’électricité et du fuel ainsi que des hausses de taxe indirectes sur les produits de consommation ont été mises en route immédiatement. Elles ont eu des conséquences terribles sur la vie de très nombreux Egyptiens avec une hausse des prix d’environ 10%. En septembre 2015, ce sont les tarifs du métro qui devraient à leur tour augmenter.

Ce qui fait qu’avec l’écart bondissant entre les prix et les salaires on assiste à l’affichage de plus en plus visible de la plus grande richesse en même temps que de la plus grande pauvreté… comme à l’époque du gouvernement des milliardaires sous Moubarak dans les années 2004-2005, point de départ de la vague de luttes en Égypte.

Il devient donc toujours plus clair que le gouvernement Sissi est un gouvernement des plus riches et que sa démagogie contre le terrorisme islamiste n’est que poudre aux yeux pour détourner des revendications sociales.

Cela est d’autant plus perceptible que la résistance ouvrière n’a pas cessé mais aussi, sur ce fond social, que la scène politique est en train de changer.

Une répression violente qui en dit long sur les résistances et les radicalités populaires

Ce sont surtout dans les zones à haute densité ouvrière, comme dans les villes industrielles du «6 Octobre» (capitale du gouvernorat du 6 Octobre) et du «10 Ramadan» (ville créée aussi par décret présidentiel la même année, en 1979) que la répression est la plus dure. Les patrons sollicitent fréquemment les forces de l’ordre pour écraser leurs ouvriers… mais pas sans riposte.

Ainsi des employés en lutte d’une cimenterie appartenant à l’armée à Al Arish se sont fait tirer dessus en juin par l’armée qui était entrée dans l’usine, faisant un mort et plusieurs blessés. Mais aussitôt, malgré et contre cette violence, ce sont les 1000 salariés de l’entreprise qui se sont tous mis en grève et ont fait partir l’armée.

En mai et juin, 54 salariés des transports publics sont passés en jugement et ont été condamnés pour fait de grève. Et des dizaines d’autres attendent leur tour. Des salariés du gaz, du pétrole, du textile ont été licenciés ces derniers mois pour fait de grève dont les principaux dirigeants de l’usine textile de Mahalla. Mais la plupart d’entre eux n’hésitent pas à continuer à se faire entendre dans la presse ou dans la rue.

Le 25 juillet des employés municipaux à Alexandrie ont été condamnés et licenciés pour fait de grève, mais aussi pour avoir coupé l’électricité en pleine séance du tribunal qui était en train de les juger.

Le 26 juillet, des salariés de la bibliothèque d’Alexandrie ont été condamnés pour avoir séquestré leur directeur.

Bref, si la violence des forces de répression est extrême, la résistance des salariés est loin d’être éteinte et pourrait trouver dans la situation qui s’ouvre une nouvelle dimension.

Un équilibre de la scène politique perturbé par la quasi-disparition d’un de ses deux pôles

La scène politique a été principalement occupée depuis le renversement de Morsi par l’opposition mutuelle des deux forces de la contre-révolution: l’armée et les Frères Musulmans. De ce fait, la question sociale, pourtant bien présente, était relativement occultée politiquement, sauf par à-coups, par exemple en février-mars 2014. Du coup, la majorité des dirigeants syndicaux ou politiques de gauche, se sont positionnés le plus souvent en soutien critique d’un des deux pôles contre l’autre – l’armée ou la Confrérie. Et bien que les luttes sociales soient assez nombreuses pour tenter de mener une politique indépendante, personne ne cherchait vraiment à définir cette politique s’appuyant sur les luttes sociales et visant à les représenter, ne serait-ce qu’en commençant seulement à tenter de les unifier afin de les rendre plus visibles et efficaces.

Jusqu’à aujourd’hui, en effet, la politique gouvernementale prenait prétexte du terrorisme islamiste pour empêcher toute contestation sociale ou démocratique. La terreur policière était justifiée par le gouvernement par les attentats dont elle amplifiait la portée psychique en confondant les nombreuses manifestations pacifiques des Frères Musulmans et l’activité terroriste de Daesh [«Etat islamique»] au Sinaï ou d’autres groupes ailleurs. La très forte visibilité des manifestations de la Confrérie et les accrochages parfois violents provoqués par la répression policière permettaient aux autorités de confondre les deux violences et d’accuser toute manifestation à but social ou toute grève d’être manipulée par les Frères Musulmans, les terroristes ou au moins de faire leur jeu. En même temps, en exagérant la nocivité de la Confrérie et en la présentant comme son seul adversaire sérieux, l’armée lui donnait en quelque sorte un certain crédit, dont les Frères pouvaient espérer jouer pour apparaître ainsi comme le seul recours possible demain à toutes les colères populaires enfouies. L’émergence de Daesh et de la guerre au Sinaï a probablement perturbé ce jeu infernal.

La voie politique moyenne et légaliste de manifestations pacifiques et d’élections démocratiques, qu’avaient choisie les Frères, se trouvait alors fortement contestée, vu l’énorme répression du pouvoir, de deux côtés. D’une part, par ceux parmi eux qui étaient tentés par la voie violente de l’État Islamique ; de l’autre par ceux qui au contraire voulaient revenir à une activité purement associative, charitable et en dehors du champ politique.

Ainsi les manifestations de rue des Frères Musulmans qu’ils tenaient régulièrement depuis longtemps ont quasi disparu depuis plusieurs mois, un déclin qui était perceptible dés décembre 2014 et encore plus en ce printemps 2015.

Dès lors l’argument gouvernemental principal pour justifier sa lutte antiterroriste et freiner toute lutte sociale a perdu de sa force.

Ainsi s’il n’y a pas quantitativement beaucoup plus de luttes qu’auparavant, une autre ambiance politique les rend plus visibles aux yeux d’un certain nombre de militants et de commentateurs… et en même temps plus politiques, la question sociale prenant peut-être insensiblement à nouveau la place centrale occupée jusque-là par la question religieuse et le terrorisme.

Et aussi paradoxal que cela puisse paraître, c’est le gouvernement qui, avec le vide des Frères Musulmans, prend sa place dans la défense de l’ordre religieux et devient lui-même la cible des mouvements qu’il a mis en route.

Ainsi une récente décision de justice a choqué une bonne partie des Egyptiens. En effet, alors que le gouvernement prétendait lutter contre les excès islamistes et laisse circuler par exemple en ce sens une pétition demandant à interdire tout parti religieux pour ne pas mêler politique et religion, il vient de décider de s’appuyer sur un jugement d’un tribunal au mois d’avril pour condamner toutes les grèves, au prétexte que la grève nuirait à autrui… selon la Sharia, la loi islamique. De même, un copte a été arrêté pour insulte à la religion car il avait plusieurs bibles. Les condamnations de chanteuses et danseuses aux vêtements trop «révélateurs» pour atteinte à la morale apparaissent d’autant plus hypocrites. Et il apparaît que la lutte des autorités contre l’islamisme avait surtout pour but de lutter contre les grèves et la démocratie.

Dès lors, plusieurs choses changent et les grèves sont devenues plus visibles de deux manières.

Des grèves ouvrières émiettées qui pourraient trouver une convergence en septembre
contre une loi qui cristallise toutes les colères

Manifestation, fin août, de journalistes licenciés devant le siège de leur syndicat immobile
Manifestation, fin août, de journalistes licenciés devant le siège de leur syndicat immobile.

Les statistiques décrivent une large majorité de grèves dans le secteur privé et en particulier chez les ouvriers manuels, mais Khaled Ali (juriste et militant connu) dans un interview récent à la presse cite pour sa part des grèves ou des mouvements des fonctionnaires du ministère de la Justice, des vétérinaires du ministère de l’Agriculture, des journalistes et des employés de plusieurs sociétés immobilières… C’est-à-dire des grèves qui se situent essentiellement au Caire et, surtout, des grévistes qui ont manifesté publiquement au vu de tous, en pleine capitale, devant le syndicat des journalistes, le Conseil des ministres ou devant les ministères.

Il y a eu bien d’autres grèves dont certaines un peu plus visibles comme celles des employés des sociétés Gas Misr, des ouvriers du textile à Mahalla ou ceux de Misr Iran à Suez ou enfin de Engineering Projects Company durant 2 mois.

Mais la presse qui en général parle peu des grèves n’en parle quasiment jamais en dehors du Caire ou d’Alexandrie. Ce qui donne l’impression à beaucoup qu’il n’y en a pas. Alors quand soudain des manifestations surgissent en plein cœur du Caire, la presse ne peut guère les occulter (même si Al Ahram, la voix du gouvernement ne parle que de quelques dizaines de manifestants). Dès lors, on a le sentiment, dans l’ambiance générale, qu’il se passe quelque chose de nouveau de ce côté, et surtout, d’un défi résolu au pouvoir, qui paraît d’autant plus massif – et de fait politique – que ces manifestations sont interdites, que la répression est très brutale et que ce défi vient en remplacement de celui des Frères.

Un défi donc qui traduit une nécessité et libère un espoir pour la justice sociale dans de larges couches – bien au-delà des manifestants – dont les sentiments profonds se trouvent soudain représentés par ce qu’expriment ces manifestations publiques.

Ainsi germe lentement dans certains esprits l’idée qu’après des mois où les aspirations populaires ont été refrénées, au prétexte de la lutte contre le terrorisme islamiste, on pourrait assister à une soudaine explosion d’une colère sociale trop longtemps contenue. Et c’est ce qu’exprime la presse titrant souvent «mois de septembre imprévisible» ou «test en septembre pour le gouvernement», ou encore «bras de fer engagé entre le gouvernement et les syndicats» comprenant bien qu’une remise en cause de cette loi ou l’indication d’un nouveau rapport de force ou encore la seule expression publique d’un nouveau courage social pourrait ouvrir des vannes à bien d’autres contestations.

Manifestation des salariés des impôts et des douanes le 10 août 2015 contre la nouvelle loi sur le service public. Sept millions de salariés sont concernés
Manifestation des salariés des impôts et des douanes le 10 août 2015 contre la nouvelle loi sur le service public. Sept millions de salariés sont concernés

L’appel au 12 septembre en unifiant les mécontentements de la plupart des fonctionnaires contre une nouvelle loi sur le service public a donc déjà dépassé le cadre de la fonction publique et celui d’une spécificité sociale pour toucher au politique.

La loi diminue les bonus – un complément de salaire qui pallie leur faiblesse – les faisant passer d’environ 400/500 livres Egyptiennes à seulement 80 (9,15 euros). Elle diminue également les possibilités d’augmentation et de promotion, réduit les compensations en cas de travail pendant les congés, ou en cas de dépassement d’horaires. Elle généralise les 35 heures, mais ne précise pas le maximum d’heures qui peuvent être travaillées. Elle permet de licencier les salariés jugés inefficients, de muter au bon vouloir de l’employeur…. et oblige les stagiaires à éduquer dix Egyptiens analphabètes! Seul point positif, elle étend le congé maternité de 3 à 4 mois.

Bref, selon les salariés, elle donne tous pouvoirs aux cadres dirigeants en matière d’embauche, licenciements, sanctions et salaires. Elle ouvre la voie à une encore plus grande corruption dans les services publics permettant aux dirigeants de se faire leur clientèle dans l’administration en embauchant et licenciant qui ils veulent. Par ailleurs, elle est comprise par beaucoup comme une étape vers la diminution de moitié les effectifs de la fonction publique.

Cette loi cristallise toutes les colères en résumant et symbolisant les évolutions actuelles d’autres lois passées récemment. Par exemple, celles concernant les privatisations, notamment dans les secteurs de l’énergie et de la santé ou de la compagnie holding des industries alimentaires qui englobe 39 entreprises, dont les deux plus grands producteurs de sucre qui garantissaient jusque-là du sucre subventionné pour 20 millions de familles.

Et puis contre des lois qui affectent directement le mouvement ouvrier, comme les articles récemment introduits du code pénal interdisant de critiquer le régime sur les réseaux sociaux, ou la loi de la protection des établissements publics, dont la protection a été confiée à l’armée et qui permet de traduire devant un tribunal militaire les ouvriers manifestant dans ou devant une entreprise publique.

Enfin, contre des lois plus générales qui touchent les salariés en tant que citoyens, notamment celle du 18 août 2015 sur le terrorisme qui qualifie de «terrorisme» tout ce qui porte atteinte au travail dans les hôpitaux, les écoles, les télécommunications, les institutions d’État et d’une manière générale touche à l’économie nationale.

Bref, c’est toute la politique du gouvernement qui peut être rapidement mise en cause et beaucoup le comprennent ou l’espèrent ainsi.

La visibilité nouvelle des manifestations de salariés a occupé le vide politique laissé par l’éclipse des Frères et traduit un besoin social urgent. La manifestation du 12 septembre peut être une étape visant clairement à unifier et centraliser la réponse ouvrière.

Le mouvement contre cette nouvelle loi, décidée en mars et dont les salariés ont commencé à mesurer les effets en matière de salaire en juillet, a en effet commencé par différents mouvements dispersés, notamment des employés du ministère des affaires religieuses le 26 juillet, puis par une première protestation centralisée le 27 juillet qui a été ensuite suivie, le 10 août, par une manifestation au Caire rassemblant plusieurs milliers de manifestants malgré la chaleur étouffante . Dans des médias, certains n’hésitant pas à y voir la plus grosse manifestation depuis 2013.

Au premier plan figuraient des militants et salariés des impôts qui ont joué un rôle important dans le passé pour la constitution des confédérations indépendantes; puis principalement des salariés des transports publics du Caire organisant des grèves partielles ce jour-là sur plusieurs dépôts de bus, des employés du ministère des antiquités et d’autres des douanes. Ils demandaient le retrait ou la suspension de la loi et la démission du ministre des Finances comme du Premier ministre. Parmi les slogans les plus repris, on peut noter ceux parlant «d’illégitimité» de la loi comme de ses promoteurs ou de «départ» pour ces derniers.

Devant le succès de la manifestation, ses organisateurs ont appelé aussitôt à une suite, le 17 août. A cet appel se sont associés des syndicats des instituteurs, des médecins et pharmaciens, des ingénieurs, des vétérinaires ainsi que des salariés du ministère de la planification. Le mouvement semblait s’amplifier immédiatement. Aussi, le gouvernement interdit la manifestation du 17 août.

Dès lors se mit en place une espèce de tête à tête et de bras de fer entre le mouvement et les autorités qui focalise une bonne partie de l’attention publique. Les initiateurs du mouvement répondirent sur-le-champ par une escalade appelant dès lors à une grève générale de la fonction publique le 30 août. Puis, face à une nouvelle menace d’interdiction, ils décidèrent finalement d’avertir le gouvernement par voie judiciaire qu’ils feraient grève et manifesteraient le 12 septembre, appelant à une «marche du million».

Cette fermeté a aussitôt agglutiné autour du syndicat des finances de très nombreux militants et syndicats parmi lesquels ceux des ministères de la Santé, du Commerce, de l’Agriculture, de l’Irrigation, des Chemins de fer, des Transports et des Assurances sociales. Ainsi, se multiplient des initiatives locales, pétitions, pages Facebook ou même grèves et manifestations pour préparer le 12 septembre; comme le 26 août où les salariés des ministères du commerce extérieur et du développement industriel ont manifesté au sein de leurs ministères contre la nouvelle loi.

Une autre étape avec la contestation des officiers de police de bas rang

Mais ce qui est peut-être le plus manifeste du nouveau climat en train peut-être de s’ouvrir est la contestation au sein des rangs des officiers de police de bas rang.

Les 22 et 23 août, on a assisté à des grèves et manifestations d’officiers de police de bas rang dans diverses localités du gouvernorat de Sharqiya dans le Delta du Nil, bien relayés par les médias, notamment aux commissariats de Mina Al-Kanh et Zagazig où ils auraient même tenté d’incendier le commissariat de cette dernière localité avant que les forces antiémeutes ne viennent les disperser par la force et non sans affrontement violents. Ce que toute l’Égypte a vu: des affrontements entre forces de police.

Le 23 août 2015: des sous-officiers manifestent à Sharqiya
Le 23 août 2015: des sous-officiers manifestent à Sharqiya.

Par ailleurs, en même temps. selon la presse, il y aurait eu des protestations de simples soldats-employés et conscrits des forces de répression qui regroupent pour ces derniers les plus pauvres des Egyptiens forcés de faire leur service militaire dans les régiments policiers les plus engagés dans la répression et les plus exposés, par exemple dans le Sinaï.

En outre, un groupe constitué d’officiers de police de bas rang organisé à l’échelle nationale comme de nombreux policiers de commissariats sur tout le territoire ont témoigné dans la presse de leur solidarité à l’égard des manifestants et de leurs revendications.

Enfin, le «Club des officiers de police de bas rang» né de la révolution de 2011 et impliqué dans le mouvement de Sharqiya a décidé d’appeler à un meeting-assemblée générale le 5 septembre au niveau national pour envisager une possibilité d’escalade si le gouvernement ne satisfait pas leurs revendications. Aussitôt, le Premier ministre s’est engagé à satisfaire toutes leurs revendications le 5 septembre, mais parallèlement le gouvernement accusait ces officiers de police d’être manipulés par les Frères Musulmans. En même temps qu’il le démentait, le porte-parole du mouvement déclarait qu’il craignait pour sa vie, ayant reçu des menaces de mort. Il suggérait qu’elles venaient des autorités au pouvoir.

Cette agitation policière n’est pas sans conséquences. Il y a 31 niveaux hiérarchiques dans la police, tous avec des salaires et des privilèges différents. Ce qui implique pas mal de tensions. Les officiers de police de bas-rang, mal considérés et assez mal traités, issus plutôt des milieux populaires, sans grandes possibilités de promotion au-delà d’un certain niveau – car il est difficile de monter dans la hiérarchie policière quand on est de «basse extraction» – sont environ 300’000 et font le «sale boulot», c’est-à-dire, entre autres, la répression des grèves et des manifestations des ouvriers et des plus pauvres. Or ces policiers réclament et crient qu’ils veulent plus de «justice sociale».

Bien que des officiers de police aient déclaré à la presse que leurs salaires ont été multipliés par plus de trois depuis 2011 ils revendiquent pêle-mêle, des augmentations de salaires, des bonus spéciaux pour juin et juillet, des promotions, des droits à la retraite du même type que ceux des officiers supérieurs, une protection santé plus efficace, l’accès aux hôpitaux militaires (les meilleurs), des repas gratuits, etc. mais aussi, et c’est notable – on verra pourquoi – moins de sanctions internes et plus d’impunité.

Quant aux simples soldats et conscrits, ils dénoncent les violences, les mauvais traitements et les discriminations dont ils sont victimes de la part de la haute hiérarchie, ce qui les avait déjà amenés à barrer des routes, notamment les conscrits de Al-Azab en mai 2015, qui avaient bloqué celle de Beni-Suef à Fayoum.

Les officiers de bas rang avaient pour leur part manifesté et bloqué en juillet le commissariat de Giza revendiquant des hausses de salaire et plus d’impunité. En juillet également, ceux de Damanhour dans le delta avaient organisé une grève de la faim contre des sanctions disciplinaires visant certains d’entre eux, notamment un, accusé d’avoir tué un suspect au cours de son audition.

Or, malgré le fossé entre ces policiers et le mouvement social, ce qui est remarquable dans cette agitation c’est qu’elle s’est déclenchée dans l’espace ouvert par les manifestations des fonctionnaires et leur appel au 12 septembre. Cela a été relevé par de nombreux journaux qui, d’une manière ou d’une autre, ont associé le mouvement des officiers de police de bas rang à celui des fonctionnaires en écrivant qu’il s’était déclenché du fait du climat créé par les appels au 12 septembre.

Cela ne veut pas dire que ce soit vrai ni que les officiers de police de bas rang se rapprochent des prolétaires – par qui ils sont haïs – mais pas non plus que ce soit un hasard de calendrier comme voudraient le faire croire des représentants des autorités. En fait, il est plus probable que les officiers utilisent ce climat social parce qu’ils sont proches de certaines préoccupations soulevées par la mise en mouvement, non pas tant des salariés, mais de la bureaucratie d’État. Cependant leur initiative amène beaucoup à se demander si on n’assiste pas au début d’une nouvelle vague de contestation sociale et politique.

Car, en effet, ce qui est grave pour le pouvoir, c’est que ce sont ces officiers de bas rang qui sont au fondement de la répression et qu’une éventuelle défection de ces hommes des basses œuvres pourrait lui être fatale. Par ailleurs, ces mêmes mouvements des officiers de police de bas rang ont été aussi les premiers signes annonciateurs du mouvement qui a fait tomber Morsi en 2013. Enfin ces mouvements ont également accompagné la révolution de 2011 par la création d’une multitude de d’associations syndicales toujours existantes, dont il est difficile de savoir ce qu’elles sont devenues et quelles sont leurs perspectives.

Un appareil d’Etat non homogène et sans espace public possible pour régler ses différends

Contrairement aux apparences, l’appareil d’État est loin d’être homogène. Il y a des guerres terribles entre factions rivales de l’armée, de la police ou de la haute bureaucratie civile et les hommes d’affaires qu’ils essaient de représenter. Cela a bien sûr été de tout temps.

A la périphérie du quartier huppé de Doqqi, au Caire, le 30 août 2015, un bidonville abritant plus de 200 familles est détruit de manière «musclée» par la police. Les familles refusent de partir.
A la périphérie du quartier huppé de Doqqi, au Caire, le 30 août 2015, un bidonville abritant plus de 200 familles est détruit de manière «musclée» par la police. Les familles refusent de partir.

Mais la particularité du régime de Sissi l’a amené à porter certainement au plus haut point les contradictions internes. En effet, le régime de Sissi, commencé comme un semblant de régime bonapartiste, cherchant à imiter Nasser, l’a amené à un dialogue direct avec le «peuple», multipliant les promesses démagogiques pour tenter d’obtenir son soutien. On a vu combien cela lui avait déjà coûté cher en février, mars et avril 2014, lorsqu’il avait dû essuyer un vaste mouvement social dans la fonction publique qui avait essayé de lui faire tenir sa promesse d’augmenter le salaire minimum de manière importante fin janvier 2014.

Or Sissi, en même temps qu’il promettait la hausse du salaire minimum, promettait également de fixer un salaire maximum pour faire cesser le scandale des rémunérations faramineuses de la haute hiérarchie de la bureaucratie d’État. On assiste peut-être dans la contestation actuelle chez les fonctionnaires et les policiers de bas rang aux effets de cette promesse.

En effet, le régime de Sissi évoluant vers une dictature classique, il s’est peu à peu reposé uniquement sur la répression de l’appareil d’État. Et une répression d’autant plus féroce, d’une part, parce qu’il avait beaucoup promis et, d’autre part, parce qu’il n’a pas de parti à lui pour le soutenir, pour l’aider à faire passer ses mesures, comme le PND (Parti national démocratique) de Moubarak ou Sadate.

Il a donc quasi tout interdit: droit de manifester, de grève, d’expression, mais aussi partis, ONG, journaux, représentation religieuse. De plus, l’Égypte n’a pas de Parlement depuis trois ans, pas plus que de municipalités élues. En même temps, les syndicats indépendants nouveaux sont très faibles – soit achetés soit réprimés – et le syndicat officiel ne représente plus rien, sinon une force de police.

Mais l’absence de Parlement comme de toutes autres institutions électorales de ce type rend très difficile la résolution des conflits internes entre factions de l’appareil d’État et des notables sinon quasi impossible. Ils ne peuvent plus se résorber. Ils ne peuvent qu’éclater en utilisant ou en se glissant dans les fractures sociales déjà existantes, risquant de les aggraver par ce fait même. Ce qui peut, à terme, déboucher sur une situation instable sinon révolutionnaire résumée par le fameux «ils ne peuvent plus en haut et ils ne veulent plus en bas».

Un des signes de l’existence manifeste de ces tensions internes est que Sissi, aussitôt après les manifestations des officiers de police de bas rang, a promis… des élections législatives – que les policiers ne réclamaient pourtant pas – qui commenceraient à être organisées, très rapidement en octobre. L’affaire traînait, et tout d’un coup, après ces manifestations policières, le pouvoir s’est précipité… comme s’il répondait à ce qu’il y a de sous-jacent dans cette rébellion policière ou à ceux qui en jouent. Mais Sissi pourrait bien avoir mis le doigt dans un engrenage qui le dépasse.

N’ayant plus l’outil de la démagogie nassérienne, n’ayant pas de parti large pour obtenir un soutien populaire, il doit redéfinir sa relation à un appareil d’État qui n’est pas le sien, mais est issu de Sadate et Moubarak. Or arrivé au pouvoir pour bloquer la révolution en cours, sa démagogie populiste l’a amené à modifier des rapports de force internes à la bureaucratie, mais sans aucune maîtrise du processus.

Ainsi, alors qu’il promettait un salaire maximum, les secteurs les plus forts de la banque, de la justice, de la police et de l’armée obtenaient que cette mesure ne les concerne pas, déconsidérant aux yeux de la population sa démagogie nassérienne, mais irritant aussi profondément les autres sommets de la hiérarchie d’État sur qui cette mesure pourrait s’appliquer.

Aujourd’hui, pour redéfinir sa relation aux hommes d’affaires et à l’appareil d’Etat, le faire sien et en même temps pas cher et au service des patrons, il déclare vouloir rendre la bureaucratie plus efficace en l’accusant d’être inefficiente. Sa loi sur le service public civil sort de cette volonté et signifie cela.

Mais la traduction qui «fuite» dans la presse, probablement à son insu, est qu’il voudrait réduire de moitié les effectifs des fonctionnaires. Ce qui ne peut que soulever une forte émotion populaire. Ainsi, Sissi va se heurter non seulement à toute une série de bureaucrates des secteurs moins «forts» de la haute bureaucratie qui craignent pour leur avenir mais aussi aux salariés qui craignent pour leur travail et que les premiers laisseront probablement manifester, s’ils ne les y encouragent pas.

Or, Sadate et Moubarak s’étaient déjà cassé les dents dans leurs volontés de réforme de la vaste bureaucratie nassérienne pour la mettre sous la pression du marché et de l’insécurité du travail. Ils avaient du reculer.

On voit mal Sissi – plus faible – réussir là où les premiers ont échoué.

C’est à ce moment qu’interviennent les manifestations de policiers de bas rang et la date qu’ils ont choisie pour ce faire.

Lors de la révolution de 2011, on avait vu apparaître toute une série d’associations de policiers dans l’esprit du 25 janvier pour faire de la police un organisme « neutre » et si possible honnête et non pas un outil politique direct du pouvoir en place. Ainsi sont nées des associations de policiers de bas rang aux titres évocateurs: «Policier mais honnête», «Institution nationale pour réformer la police», «Collectif général des officiers de police»…

Après la surprise de la première vague révolutionnaire, deux courants principaux se sont constitués pour redonner tout son poids à la police, l’un qui a donc cherché à réhabiliter l’image du policier en le soustrayant aux influences politiques et en cherchant à le rapprocher de la population, l’autre, qui, au contraire, a tenté de renforcer ses moyens répressifs et son impunité, en mettant la police hors de tout contrôle. Car il ne faut pas oublier qu’une bonne partie des revenus des policiers se fait par l’organisation de rackets sur les plus pauvres. D’où l’importance de l’impunité.

Les mouvements de ce corps qui témoignent de deux orientations pour l’État sont toujours l’expression d’un affrontement au sommet. Et l’affrontement incessant de ces deux factions finit toujours par trouver une expression publique dans les mouvements de colère des plus mal lotis des policiers, ceux de bas rang, affrontement qu’on entend dans les deux revendications des mouvements de policiers, «justice sociale», d’une part, et «impunité», d’autre part.

Or, si les policiers ont choisi les dates de début septembre et les revendications salariales – malgré tout ce qu’ils ont déjà gagné depuis la révolution de 2011 – c’est probablement en toute connaissance de cause.

Dans les conflits actuels, les catégories policières qui veulent une police plus «neutre» ont choisi de s’associer aux secteurs de la haute bureaucratie les plus faibles, et par là au mouvement des salariés eux-mêmes et, sans s’y associer, en donnant toutefois plus de poids à leur appel au 12 septembre.

Les secteurs policiers qui ne veulent aucun contrôle savent pour leur part que dans ce genre de crise, le pouvoir s’est toujours dépêché de céder en leur accordant très rapidement des augmentations de salaire. Les hausses de salaires ont été en effet depuis 2011 le moyen qu’ont trouvé les gouvernements pour tenter de réconcilier les deux catégories et calmer l’ensemble.

On pourrait presque dire que ces policiers de bas rang s’associent, de facto, aux mouvements sociaux émergeant pour leur donner de la force afin de les utiliser comme levier de pression et chantage sur le pouvoir afin d’être mieux payés ensuite… pour les réprimer.

Par contre personne ne peut savoir jusqu’où peut aller la spirale de contestation qu’ils peuvent contribuer à déclencher. Car aujourd’hui, il ne s’agit pas que d’une fronde des policiers mais d’une alliance de fonctionnaires d’Etat et de policiers de bas rang, ce qui supprime ou affaiblit deux des trois piliers sur lesquels Sissi s’appuie pour gouverner et le rend – momentanément – assez fragile.

Aussi s’il ne résout pas le problème rapidement, s’il n’enraye pas la spirale contestatrice, Sissi pourrait bien suivre la voie des Moubarak et Morsi. Et c’est probablement pourquoi il a immédiatement proposé le détournement des colères par l’impasse électorale. La rapidité de réaction doit témoigner de son inquiétude. Sauf que cette même rapidité enlève toute crédibilité à ces élections, qui n’en avaient déjà pas beaucoup.

Pour ne prendre qu’un exemple des emballements rapides possibles, 45’000 mineurs sont en passe d’être jetés à la rue par la fermeture annoncée d’un millier de mines. Une situation semblable avait déjà déclenché de violentes émeutes en 2009. On imagine très facilement ce qui pourrait se passer si le mouvement dans la fonction publique ouvrait un nouvel espoir chez les travailleurs.

En sommes-nous là? Le piège électoral va-t-il donner une issue à Sissi? On ne peut pas encore le savoir, mais les premières semaines de septembre le permettront peut-être. Auquel cas, la question pour le mouvement ouvrier redeviendrait, à nouveau, très rapidement politique.

Depuis 2006 – plus particulièrement bien sûr depuis 2011 – il y a beaucoup de luttes. On assiste à des successions de luttes souvent émiettées, parfois isolées dans une profession ou une localité, s’éteignant même un moment, qui redémarrent brutalement en s’emparant de questions sociétales ou de divisions au sommet ou encore qui reprennent plus lentement en marchant vers leur unification parfois sur un terrain économique, d’autre fois politique, occupant des places, des rues ou des entreprises, gonflant de temps à autre jusqu’à devenir massives. entraînant alors des millions d’hommes et de femmes sur la scène publique, basculant même dans l’insurrection et la révolution, levant des barricades, affrontant sans peur les forces de répression, faisant chuter une dictature et plusieurs gouvernements… et débouchant toujours sur la question de l’orientation politique : quelle politique, quelle société veut le mouvement ouvrier?

Dans ces montages russes des événements quotidiens, avec une répression omniprésente d’une ampleur jamais vue (41’000 personnes condamnées), les hommes et les organisations sont soumis à dure épreuve. La gauche a fait naufrage, mais en même temps les militant·e·s ont acquis une expérience considérable. Toute la question est de savoir quelle conscience les militants politiques et syndicaux ont tiré de toutes ces années ?

En mars et avril 2014, un certain nombre d’entre eux avaient commencé à mettre au point des coordinations pour tenter d’organiser centralement le mouvement social. En même temps, un embryon de programme ouvrier s’adressant à toute la population et reprenant l’essentiel de ses revendications avait été mis en avant. L’élection de Sissi puis son pouvoir fort avaient mis un terme à cette expérience. Un possible affaiblissement de Sissi pourrait-il lui redonner naissance?  La répression est terrible en Egypte mais la colère sociale latente qui est immense peut exploser à nouveau à tout moment. Et peut-être plus expérimentée. (5 septembre 2015)

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