An 1 de la révolution égyptienne

Entretien avec Mostafa Ali

Il y a un an, le 25 janvier 2011, une révolte commençait en Egypte. Le dictateur soutenu par les Etats-Unis, Hosni Moubarak, était renversé en 18 jours, après 30 ans de pouvoir. L’Egypte a été transformée, mais la révolution est toujours confrontée à de nombreux défis. Le Conseil suprême des forces armées (CSFA), qui a gouverné l’Egypte depuis que Moubarak a démissionné, a intensifié la répression contre les organisations de gauche. Le CSFA a aussi de nouveaux alliés: les Frères musulmans et d’autres organisations islamistes qui ont remporté une large majorité dans le nouveau Parlement égyptien. Mostafa Ali, membre des Socialistes Révolutionnaires d’Egypte et journaliste à Ahram Online, parle de la première année de la révolution en Egypte et du proche avenir. Nous reviendrons sur la situation en Egypte suite aux «événements» de Port Saïd, le 1er février 2012: 75 morts, dans la foulée du match entre Al-Masry et à Al-Ahly  et la crise politique ouverte qui s’ensuit. (Rédaction A l’Encontre)

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Le 25 janvier marque le début de la Révolution égyptienne il y a un an. Où en est-on, un an plus tard?

M.A. – La participation aux manifestations pour l’anniversaire de la révolution a été assez massive, beaucoup plus importante que ce qui était attendu par la plupart des gens compte tenu de la position des médias sur l’affaiblissement du soutien à la révolution au sein de la population. Il y a eu au moins un million et demi de personnes sur la place Tahrir. Pas seulement sur la place elle-même, mais les ponts menant à Tahrir étaient bondés. Certaines des marches affluant des quartiers faisaient trois à quatre kilomètres de long. Des personnes dans certains quartiers n’avaient pas encore bougé tandis que ceux et celles en tête de manifestation avaient déjà atteint Tahrir.

Je dis cela parce que, dans les semaines et les mois qui ont précédé le 25 janvier 2012, les médias dominants, ici, ont développé l’idée que la majorité de la population en avait assez de la révolution et des protestations et voulait en revenir à la normale, ils voulaient que «la roue de la production» se remette à tourner.

La participation a donc été un coup terrible pour la propagande du CSFA et des journaux du gouvernement qui, pendant des mois et des mois, ont prétendu que la plupart des gens allait rester loin de Tahrir. En réalité, cette manifestation a été plus importante que toutes les protestations contre Moubarak pendant les 18 jours du soulèvement. Il y a un an, je suis sûr que 99 pour cent des personnes qui sont allées célébrer la chute de Moubarak à Tahrir le 11 février 2011 ont quitté la place en pensant que le CSFA soutenait la révolution. Le slogan répété maintes et maintes fois, c’était que l’armée et le peuple ne faisaient qu’un.

La plupart des gens ne sont pas revenus sur la place après le 11 février parce qu’ils croyaient que le travail était terminé, que l’armée soutenait la révolution et allait faire les réformes qui satisferaient les attentes. Cela a permis au CSFA de donner le ton dans les mois qui ont suivi la révolution.

Un an plus tard, après tout ce qui s’est passé tout au long de cette année, on constate qu’il y a une nouvelle génération, dont beaucoup de jeunes, qui a développé une prise de conscience radicale très élaborée. Comme on peut le constater dans les manifestations anniversaires des événements de l’année dernière, cette nouvelle génération comprend maintenant que le Conseil militaire fait partie de l’ancien régime de Moubarak et s’oppose à la révolution.

A quelles conclusions le peuple est-il arrivé au sujet du Conseil des forces armées ?

M.A. – Il y a  une prise de conscience croissante que le CSFA a agi de cette manière parce qu’il est un élément clé de la classe dirigeante, contrôlant entre 25 % et 40 % de l’économie, que les généraux sont redevables aux intérêts impérialistes états-uniens et aux politiques néolibérales qui ont appauvri le peuple au cours des 30 dernières années

Il a fallu une année entière pour que ce processus de radicalisation se développe. Mais, et c’est le résultat des victoires et des défaites de l’année écoulée, on doit comprendre que cette nouvelle génération est tout à fait convaincue qu’il n’est pas possible de continuer la révolution sans combattre le CSFA et tout l’establishment militaire.

Par contre, une analyse réaliste et sérieuse de la situation montre que le pays est beaucoup plus divisé qu’en janvier 2011. Il y a des millions de personnes qui soutiennent la révolution et qui veulent aller plus loin, mais il y a aussi une partie importante des «classes moyennes» qui soutenait l’éviction de Moubarak l’an dernier, mais qui a déserté le navire et s’est retournée contre la révolution. Les succès remportés par les Frères Musulmans lors des élections en sont l’illustration.

L’an dernier, les Frères ont participé au soulèvement contre Moubarak, leurs dirigeants peuvent avoir hésité, mais l’organisation a été entraînée dans la lutte. Cette année, à Tahrir, les Frères Musulmans étaient dans les manifestations, mais ils se comportaient comme s’ils étaient la branche politique du CSFA.

Si vous venez à Tahrir aujourd’hui, vous trouverez des milliers de partisans des Frères Musulmans qui sont là pour empêcher les manifestations de contester le CSFA. Lors de l’anniversaire du premier vendredi de manifestations, cela a effectivement provoqué des affrontements physiques entre des milliers de manifestants et les Frères.

Les Frères musulmans sont venus à Tahrir pour célébrer le premier anniversaire de la révolution, mais la grande majorité des manifestants qui se trouvaient sur la place et les gens qui soutiennent la révolution refusaient l’idée que ce devait être une fête. Ils ont dit que la révolution n’avait pas atteint ses objectifs et qu’il n’y avait donc rien à fêter. Comme certains journaux l’ont souligné, l’un des slogans les plus populaires de la manifestation était: «C’est une révolution, pas une cérémonie.»

C’est une évolution importante du point de vue de la conscience. L’année dernière, une majorité écrasante du peuple a laissé au Conseil militaire le soin de poursuivre la révolution. Cette année, des millions de personnes, pas une majorité de la population mais une minorité significative, ont acquis la conviction qu’ils doivent s’organiser et prendre les choses en main. Ils comprennent que la seule façon de continuer la révolution est d’organiser des mouvements populaires et de nouer des contacts avec des fractions plus larges de la classe ouvrière des secteurs populaires.

Pourquoi les FM ont-ils ainsi dominé les élections en Egypte?

M.A.- Une des meilleures façons de comprendre les Frères Musulmans (FM) est de penser au Parti démocrate dans ce pays [l’entretien a été accordé aux Etats-Unis]. C’est une organisation qui est perçue comme étant réformiste, mais qui soutient le capitalisme. Il y a des différences importantes, bien sûr, mais c’est une bonne façon de comprendre comment les FM sont considérés par beaucoup de leurs partisans.

Les Frères musulmans ne se sont jamais vraiment opposés, sur le principe, à la politique économique du régime Moubarak au cours des 30 dernières années. Ils ont critiqué certains excès, par exemple les programmes de privatisation de Moubarak qui ont appauvri des millions de personnes. Mais jamais la confrérie n’a été contre le principe de la privatisation.

La confrérie et ses dirigeants soutiennent pleinement le système capitaliste, bien plus même que l’ancien parti dirigeant de Moubarak, le Parti National démocratique (PND). Ils croient encore plus au libre-échange. Mais ils étaient obligés de critiquer les excès les plus flagrants de la politique économique de Moubarak pour maintenir le lien avec leur propre base.

Après le 11 février 2011, il y a eu beaucoup de luttes et de manifestations à Tahrir, de plus en plus dirigées contre le CSFA. Les Frères musulmans ont boycotté 90% de ces manifestations et ont explicitement demandé à leurs partisans de ne pas aller à Tahrir. Ironiquement, et c’était drôle, certains des Frères musulmans qui étaient à Tahrir le 25 janvier 2012 n’avaient pas mis les pieds sur la place depuis le 11 février de l’année dernière.

Maintenant, beaucoup de gens observent les FM et comprennent qu’ils veulent être l’aile politique du CSFA. Pour la classe dirigeante de ce pays, le CSFA est la force qui protège physiquement le système. Maintenant, les Frères musulmans, avec leur parti «Liberté et Justice», le plus grand parti du pays, sont la nouvelle aile politique de la classe dirigeante. Les gens les appellent «le PND avec des longues barbes», adage signifiant que nous avons toujours le PND avec la politique du PND, mais mise en œuvre par un «barbu» avec un Coran dans les mains.

Mais la situation est contradictoire. Incontestablement, des millions de personnes ont voté pour le parti «Liberté et Justice» et soutiennent les Frères musulmans. Toutefois, il y a eu deux types de votes. Il y a certaines personnes qui ont voté pour les Frères musulmans par adhésion idéologique, qui y voient un parti qui défend les valeurs de l’Islam. Mais il y a aussi beaucoup de gens qui ont voté pour les Frères musulmans parce qu’ils croient qu’ils vont amener la justice sociale.

Les Frères ont longtemps été un parti d’opposition. Ils ont été réprimés par Moubarak, des milliers de leurs cadres ont été emprisonnés et torturés et donc beaucoup de gens les regardent comme des combattants et des militants. En outre, les dirigeants de la confrérie sont des islamistes, ils sont donc perçus comme n’étant pas corrompus comme Moubarak et parce qu’ils étaient éloignés du pouvoir, ils ne sont pas impliqués dans la corruption et l’exploitation du régime.

Beaucoup de ceux qui ont voté pour les Frères musulmans et d’autres partis islamistes estiment que ces partis vont redistribuer les richesses, lutter contre la pauvreté, améliorer l’éducation et les soins de santé et poursuivre tous les hommes d’affaires corrompus qui ont détruit ce pays car, après tout, ils sont de bons musulmans respectables. Beaucoup de gens disent : «On a voté pour les Frères musulmans pour leur donner une chance et s’ils ne tiennent pas leurs engagements, on ne les réélira pas, on retournera dans la rue et on poursuivra la lutte pour les exigences de la révolution».

Le vote pour les Frères musulmans n’était donc pas un vote réactionnaire. Beaucoup de personnes qui ont voté pour la confrérie soutiennent la révolution, mais ils n’ont pas encore atteint le niveau de conscience de la jeune génération qui s’est radicalisée au cours de l’année et qui comprend que ce n’est pas le processus parlementaire qui permettra de satisfaire leurs intérêts économiques et sociaux.

C’est très important. Il n’y a pas une ligne de partage entre une partie conservatrice de la population qui suit les Frères musulmans et ceux qui soutiennent la révolution contre les Frères.

Quelles sont les conséquences de cette contradiction au sein de la confrérie ?

M.A.- Maintenant qu’ils sont le principal parti au Parlement, les dirigeants des Frères musulmans sont soumis à une énorme pression pour répondre à un certain nombre de questions. Les attentes sont vraiment assez folles, certains pensent que les Frères musulmans vont vraiment chambouler le système. Les dirigeants comprennent donc, d’une part, qu’ils doivent régler très rapidement un certain nombre de questions mais, d’autre part, ils doivent aussi trouver un moyen de freiner les attentes.

Dans le même temps, beaucoup de jeunes chez les Frères musulmans sont très mécontents de l’alliance manifeste entre la direction de l’organisation et le CSFA. Ce dernier a attaqué tout le monde dans le camp révolutionnaire au cours de l’année écoulée, des militants de gauche aux libéraux et aux travailleurs. Les seuls que l’armée n’a pas attaqués, soit idéologiquement soit physiquement, ce sont les Frères musulmans. Au contraire le CSFA a rencontré la confrérie et lui a permis de prendre facilement le contrôle du Parlement.

Dans les faits, la presse quotidienne des Frères musulmans a attaqué les Socialistes Révolutionnaires et les autres organisations de gauche avec des articles destinés à inciter les gens contre la gauche. Il y avait un titre dans leur quotidien précédant l’anniversaire qui mettait les gens en garde contre les anarchistes qui voulaient réduire l’Égypte en cendres le 25 janvier 2012. Le fait que le journal des Frères musulmans soit similaire à un journal de Moubarak a provoqué un tollé.

De nombreux membres des Frères musulmans sont donc conscients que leur direction a conclu une alliance contre-nature avec cette partie du régime Moubarak qui a longtemps réprimé l’organisation et ils ne sont pas du tout satisfaits. Sur leurs pages Facebook et sur Internet notamment, les jeunes membres des FM disent aux gens qu’ils ont honte de l’attitude de certains dirigeants et prennent leurs distances à l’égard de cette politique purement et simplement réactionnaire.

Les Frères musulmans font donc face à des pressions d’origines diverses. Mais il est clair que les dirigeants de la confrérie vont aller de l’avant dans un sens précis. L’organisation et son parti politique sont contrôlés par un grand nombre d’importants hommes d’affaires qui sont très attachés aux politiques néolibérales. Selon les médias, les millionnaires qui contrôlent la confrérie négocient en ce moment avec les anciens ministres et économistes de Moubarak.

Autrement dit, les Frères musulmans ne sont pas seulement alliés avec le CSFA, mais ils ont aussi mis en place un réseau de communication avec l’ancien PND de Moubarak. Tout ceci va augmenter les tensions et l’opposition, y compris au sein de l’organisation.

Comment cette nouvelle génération dont tu as parlé a-t-elle développé sa prise de conscience des tâches de la révolution ?

M.A.- Je pense que les gens se sont faits les dents à l’occasion de certaines campagnes populaires très importantes au cours de l’été. Ce furent surtout des campagnes défensives. La plus importante a été celle du «Non aux procès militaires» [devant les tribunaux militaires], des milliers de gens se sont organisés dans tout le pays contre le fait que l’armée avait fait passé plus de 12’000 personnes devant ses tribunaux, trois ou quatre fois plus que le nombre de personnes soumises à un procès militaire pendant les 30 ans de règne de Moubarak. Des milliers de personnes ont participé à cette campagne et cela a favorisé leur évolution politique.

Une autre activité a été une campagne populaire de masse appelée «Kazeboon», ce qui signifie «Menteurs». Un court-métrage de 10 ou 11 minutes avait été réalisé quelques mois auparavant sur les crimes du CSFA et certains des militants qui ont acquis beaucoup d’expérience dans la campagne «Non aux procès militaires», ont commencé à apporter des projecteurs et des écrans dans les quartiers ouvriers pour montrer le film.

Des centaines de personnes habitant des dizaines de quartiers pauvres sont venues regarder le film. C’est donc devenu un moyen d’atteindre les pauvres et les travailleurs et d’initier des discussions politiques. Beaucoup de ces projections ont été attaquées par des partisans du CSFA et les gens ont donc appris à défendre les projections de film.

Cela a été vraiment très utile dans la préparation de l’anniversaire de la révolution. Des milliers et des milliers de personnes sont venues voir ce qu’avait fait le CSFA. Ils ont pu voir comment l’armée avait attaqué maintes et maintes fois le peuple place Tahrir et avait notamment choisi d’insulter et harceler les femmes.

Cela a vraiment été une tactique géniale, parce que les médias dominants sont toujours contrôlés par le gouvernement et la même classe dirigeante, crachant en permanence des mensonges contre les révolutionnaires qu’ils diabolisent et nous devons donc sortir de cette situation et créer une nouvelle forme de média révolutionnaire au service du mouvement populaire.

Ces campagnes au cours des derniers mois ont été des campagnes défensives, mais cela a permis à tous ces jeunes de canaliser leur énergie, de développer leurs talents et de rejoindre les communautés de la classe ouvrière, là où il était possible de s’implanter.

Pour une part, nous avons pris conscience que nous ne pouvions pas rester place Tahrir, organiser des sit-in et attendre que l’armée vienne nous massacrer. C’était permettre à l’armée de nous isoler politiquement et idéologiquement. Tahrir est très important comme symbole de la révolution et nous serons toujours prêts à y retourner pour les grands événements, mais il faut amener la révolution dans chaque quartier ouvrier de ce pays.

Qu’en est-il du mouvement ouvrier qui a été si important pour le renversement de Moubarak?

M.A.- Il a sans aucun doute été impacté par la situation politique générale et par les attaques massives du CSFA contre la gauche et contre la résistance ouvrière depuis quatre ou cinq mois. Je crois que cela a amenuisé la confiance de beaucoup de gens. L’action de grève, qui avait atteint un pic juste avant le 11 février et certainement aidé à chasser Moubarak, a beaucoup souffert durant l’automne.

Mais au cours des dernières semaines, un mouvement révolutionnaire plus complexe et plus confiant a commencé à se reconstruire et je crois que cela a eu un impact en donnant aux travailleurs la confiance nécessaire pour reprendre la lutte.

Ainsi, par exemple, dans le sillage des protestations de masse à la fin de janvier 2012, des secteurs du mouvement ouvrier ont annoncé qu’ils prévoyaient d’organiser des grèves le 11 février, coïncidant avec le délai fixé par les organisations de gauche pour que l’armée retourne dans ses casernes. Jusqu’ à maintenant, les travailleurs portuaires d’Ain Sukhna sur la Mer Rouge et les travailleurs du Canal de Suez ont décidé de se joindre à la grève. Les ouvriers du transport au Caire, les ouvriers du textile de Mahalla et les travailleurs portuaires d’Alexandrie discutent également de la possibilité de faire grève.

D’un autre côté, une autre raison du déclin des grèves est identique à ce pourquoi les Frères musulmans ont si bien réussi aux élections, à savoir que beaucoup de travailleurs sont disposés à attendre que le nouveau Parlement réponde à leurs demandes. Il y a encore de nombreuses illusions qui doivent être surmontées. Mais, en conséquence, je crois que nous pouvons attendre des travailleurs qu’ils reprennent leurs protestations pour montrer qu’ils s’attendent à ce que leurs exigences soient satisfaites. Seulement cette fois, ils ne vont pas s’opposer au PND et à Moubarak, mais à un Parlement contrôlé par les Frères musulmans qui poursuit les attaques de l’ancien régime contre la classe ouvrière.

Tout cela participe de la radicalisation de la conscience politique, qui est bien plus avancée chez bon nombre de jeunes qui comprennent maintenant que gagner cette révolution ne va pas être facile. Ils reconnaissent que les manifestations de masse à Tahrir ne peuvent suffire et que la classe dirigeante est beaucoup plus violente et oppressive, prête à faire ce qu’il faut pour conserver le pouvoir.

Je pense que cette prise de conscience est bien ancrée chez un grand nombre de personnes et que ça va les aider à prendre le rythme d’une lutte de longue durée. Ils savent qu’on ne peut pas s’appuyer sur le CSFA ou sur les Frères musulmans et répéter la même erreur que l’an dernier, quand tout le monde a quitté la place et est rentré à la maison en pensant que quelqu’un d’autre allait terminer la révolution. Il y a une nouvelle génération qui sait que la clé pour continuer la lutte est de maintenir sa propre activité. (Transcription par Karen Domínguez Burke and Rebecca Anshell Song et traduction de Pierre-Yves Salingue)

 

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