France. Ventes d’armes: le «tuer français»

Eric Trappier, PDG de Dassault Aviation, Jean-Yves Le Drian et Laurent Collet-Billon, DGA, devant le Neuron
Eric Trappier, PDG de Dassault Aviation, Jean-Yves Le Drian
et Laurent Collet-Billon, DGA, devant le Neuron

Par Claude Angeli

L’équipe chargée de superviser les exportations de matériel militaire pour le compte de l’Etat mérite d’être renforcée. Avis aux amateurs: la Direction du développement international recherche, dès cette année, 160 cadres de haut niveau, et les embauches vont se poursuivre d’ici à 2020. Jusqu’à atteindre 500, en principe.

Tout va bien donc, même s’il est toujours un peu gênant de vanter le «tuer français». Mais cette très vaillante industrie a le mérite de contribuer à réduire, un tant soit peu, le nombre de chômeurs. Car, si l’on recherche autant de vendeurs, cela signifie que l’on aura besoin de techniciens et de personnels très qualifiés – entre 20’000 et 40’000 dans l’avenir, dit-on – pour porter secours aux 160’000 salariés qui fabriquent ces beaux Rafale, hélicos, sous-marins et autres merveilles qu’attendent plusieurs armées inquiètes ou ambitieuses…

Records de France battus

En 2015, les ventes d’armes à l’étranger ont battu tous les records de France. A savoir 16 milliards d’euros. Laurent Collet-Billon, directeur général de l’armement, et le ministre de la Défense voulaient, en principe, réserver cette annonce triomphale au rapport qu’ils remettront au Parlement en juin. Mais Collet-Billon, tout à son plaisir, a déjà, en présence de journalistes, qualifié ce chiffre de «résultat exceptionnel [enregistré] par l’équipe de France, que mène Jean-Yves Le Drian». En clair, environ le double des bilans précédents. Et il faut encore ajouter à ce chiffre d’affaires respectable les 11 milliards qui ont permis d’équiper les armées françaises.

Nouveau cocorico de nos vendeurs de «belles armes», selon l’ironique formule d’un ancien fonctionnaire de l’ONU: soit l’année 2016 sera aussi remarquable que 2015, soit un nouveau record de ventes à l’étranger sera battu. Car certains clients se montrent insatiables, malgré leur regrettable tendance à toujours discuter les prix.

Exemple: les Indiens peuvent commander (enfin) 36 Rafale et des dizaines de batteries sol-air. Les Emirats pourraient, eux, acheter 60 Rafale, le Qatar et l’Arabie saoudite des corvettes, des patrouilleurs et d’autres navires, le Brésil et l’Australie des sous-marins, les Polonais des dizaines d’hélicoptères, etc.

Cent ans après Verdun, la technologie et le commerce sont encore en progrès. (Publié dans Le Canard enchaîné, 24 février 2016)

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