Economie mondiale. Une guerre des prix du pétrole rencontre COVID-19 (II)

Par Adam Hanieh

Cependant, dans les jours qui ont suivi ce choc massif de l’offre sur les marchés mondiaux du pétrole, il est rapidement devenu évident qu’un coup beaucoup plus important était sur le point d’être porté aux prix du pétrole en raison de la propagation croissante de COVID-19 en dehors de la Chine.

Pour les producteurs de pétrole, le tsunami de la destruction de la demande a considérablement amplifié les effets des annonces saoudiennes et russes, et a poussé les prix du pétrole vers des niveaux abyssaux. Le 29 mars, le prix du pétrole de référence américain, le West Texas Intermediate (WTI), avait chuté de plus de 60% depuis le début de l’année, passant sous les 20 dollars le baril, son plus bas niveau en 18 ans. Le prix de référence international, le Brent, est tombé à 23.03 dollars le baril, son plus bas niveau depuis 2002. Il est important de noter que ces prix de référence ne reflètent souvent pas le prix réel du baril de pétrole sur le marché physique – les négociants signalant que certains types de pétrole se vendent à aussi peu que 8 dollars le baril. Alors que l’on prévoyait un prix de 10 dollars le baril, les compagnies pétrolières ont commencé à réduire leurs dépenses d’exploration, de construction de plateformes et d’investissement.

Face à ces prix extrêmement bas, les producteurs de pétrole ont fait des pieds et des mains pour stocker leur pétrole dans l’espoir de faire un profit lorsque les prix augmenteront à l’avenir. Le problème, cependant, est que l’espace de stockage est très limité (en particulier sur terre) et qu’il y a des coûts logistiques et techniques liés à l’acheminement du pétrole vers un lieu de stockage sûr. Les analystes ont estimé qu’environ trois quarts de la capacité de stockage mondiale sont déjà utilisés, et que les limites seront atteintes d’ici la fin mai.

À la mi-mars, les principales compagnies d’oléoducs aux États-Unis craignaient que les producteurs de pétrole ne tentent d’utiliser leurs infrastructures pour stocker le pétrole plutôt que de le transférer ailleurs. Elles ont donc commencé à insister pour obtenir un accusé de livraison finale avant d’accepter tout nouveau pétrole. Et parce qu’il est coûteux de fermer ou d’arrêter temporairement les puits de pétrole (et les baux fonciers contiennent parfois des clauses qui exigent une production continue), les compagnies pétrolières peuvent préférer «donner» leur produit plutôt que d’arrêter les travaux. En effet, à la mi-mars, les traders ont fait une offre pour le Wyoming Asphalt Sour (utilisé principalement pour produire du bitume) à un prix négatif de 19 cents le baril, demandant en fait aux producteurs de les payer en échange de les débarrasser du pétrole accumulé.

Tout cela présente d’énormes pressions sur l’ensemble de la chaîne de valeur du pétrole: des producteurs de pétrole brut (entreprises et pays) au raffinage et à l’industrie pétrochimique. Les faillites d’entreprises et la fermeture de puits de pétrole sont presque certaines dans les semaines à venir, et se concentreront probablement sur les producteurs qui dépendent des prix relativement élevés du pétrole, par exemple les sociétés étasuniennes et canadiennes actives dans la production de sables et de schistes bitumineux.

En effet, ce pronostic a été confirmé dans l’enquête mensuelle de mars de la Réserve fédérale de Dallas sur le pétrole et le gaz, où les répondants de l’industrie ont déclaré que la perspective de «l’industrie nationale du pétrole et du gaz n’a jamais été aussi sombre» – il s’agissait d’une «tempête parfaite de désastre» et «de la pire réinitialisation des prix de l’énergie de toute une vie».

Pétrole et finances

Mais la cartographie des trajectoires potentielles de ce crash provoqué par la pandémie exige un examen plus approfondi des liens entre l’industrie pétrolière et l’économie au sens large. L’interconnexion profonde entre les entreprises liées à l’énergie et les marchés financiers est cruciale, surtout aux États-Unis, où les entreprises énergétiques sont devenues extrêmement endettées au cours des dernières années.

Une grande partie des émissions de dette (des obligations à haut risque) de ces sociétés – non seulement les producteurs de pétrole brut, mais aussi les sociétés de services sur les champs pétrolifères, les raffineurs et d’autres entreprises «intermédiaires» telles que les sociétés de pipelines – ont été notées en dessous de la catégorie d’obligations de basse qualité.

Il est assez frappant de constater que les sociétés énergétiques ont été les plus gros émetteurs d’obligations de pacotille (junk bonds) aux États-Unis pendant dix des onze dernières années. Ces dernières représentent aujourd’hui plus de 11% de l’ensemble du marché américain des obligations de pacotille. Le problème est aggravé par le montant très important de la dette non garantie (dette qui n’est garantie par aucun collatéral) des entreprises énergétiques américaines. Ce montant a dépassé les niveaux de la dette garantie pour la première fois en 2016, atteignant 70 milliards de dollars en décembre 2019, contre seulement 1 milliard de dollars en 2015.

Avec l’effondrement de la demande dans le sillage du COVID-19 – amplifiée par la décision de la Russie et de l’Arabie saoudite d’augmenter les niveaux de production – de nombreuses entreprises liées à l’énergie sont confrontées à une dégradation imminente de leur notation financière. Le 16 mars, le groupe bancaire UBS a estimé que jusqu’à 140 milliards de dollars d’obligations émises par les entreprises énergétiques américaines risquent de devenir des «anges déchus», c’est-à-dire de perdre leur statut de titre de qualité.

Comme cette dette est déclassée au rang de «junk-bonds», l’augmentation de l’offre fera baisser le prix des obligations tout en augmentant leur rendement (l’intérêt payé sur l’obligation, qui évolue en sens inverse du prix dans le cas des obligations). Une des conséquences possibles est une crise de liquidité où les entreprises énergétiques non seulement ont beaucoup de mal à trouver des acheteurs pour leurs emprunts/dettes – une question critique car beaucoup doivent renégocier leur dette tout au long de 2020 – mais sont également obligées de payer des taux d’intérêt beaucoup plus élevés sur leurs obligations.

Le résultat net sera sans aucun doute une forte augmentation des faillites parmi ces entreprises énergétiques étasuniennes en 2020 et 2021. En effet, la première de ces victimes s’est produite le 1er avril avec la demande de se placer sous le chapitre 11[loi sur les faillites qui pemet de disposer d’un certain temps pour présenter un plan de réorganisation, avant une décision finale] par Whiting Petroluem, la plus grande compagnie pétrolière indépendante du Dakota du Nord (le deuxième plus grand État producteur de pétrole des États-Unis). Whiting Petroleum avait plus de 2,8 milliards de dollars de dettes dans ses livres de compte. Toutefois, quelques jours avant de faire appel au chapitre 11, ses cadres supérieurs se sont octroyé 14,6 millions de dollars de bonus. Le PDG de la société s’en est sorti avec un paiement immédiat de 6,4 millions de dollars, une «chance» bien plus grande que le tiers des effectifs de la société qui avait été licencié en juillet 2019. Whiting Petroleum est presque certainement la première d’une prochaine vague de faillites de sociétés énergétiques. En effet, Rystad Energy a estimé le 3 avril que si le pétrole continue à se situer autour de 20 dollars le baril, plus de 500 entreprises seraient poussées à faire appel au chapitre 11 en 2020-21, le plus grand nombre de dépôts de ce type dans l’histoire moderne.

De telles défaillances pourraient sérieusement déstabiliser d’autres parties du système financier. Les fonds de pension, les compagnies d’assurances, les banques et autres institutions financières détiennent de grandes quantités de dettes du secteur énergétiques et pourraient être mises en danger en cas de vague importante de faillites d’entreprises. Les petites banques régionales américaines, en particulier, sont fortement exposées au secteur du pétrole et du gaz. Ces dernières années, la pratique de la titrisation des prêts d’entreprise à fort effet de levier s’est également répandue, c’est-à-dire le regroupement d’un grand nombre de prêts d’entreprise à risque qui sont ensuite vendus sous forme de titres appelés «Collateralized Loan Obligations» (CLO: obligations structurées adossées à des prêts bancaires). Bien qu’il soit difficile de ventiler les CLO par secteur ou de déterminer avec précision qui les détient, une vague de défaillances parmi les sociétés pétrolières et gazières pourrait se propager sur les marchés financiers, à peu près de la même manière que ce qui s’est passé avec les titres adossés à des créances hypothécaires en 2008.

De telles interdépendances avec les marchés financiers ne sont bien sûr pas propres à l’industrie des combustibles fossiles. Toutefois, ce secteur se distingue particulièrement des autres secteurs où des mines, explosifs potentiels, jonchent aujourd’hui les marchés financiers. Les niveaux très élevés de dettes non garanties, la prédominance des obligations de pacotille (junk bonds) et des dettes fragiles, ainsi que le choc extrême provoqué par le krach pétrolier, font de ce secteur un candidat probable à la propagation de graves tensions financières dans d’autres secteurs de l’économie mondiale (tout comme le secteur immobilier en 2008-2009).

Gagnants, perdants… et le climat

Il est certain que toutes les parties de l’industrie des combustibles fossiles seront confrontées à une crise grave pendant le reste de l’année 2020 et jusqu’en 2021, mais qu’est-ce que cela pourrait signifier pour notre avenir écologique? Malheureusement – à moins que le capital fossile ne puisse être efficacement remis en cause dès maintenant – un scénario probable est qu’une vague importante de faillites dans le secteur de l’énergie accélérera en fait la centralisation accrue du contrôle par les plus grandes compagnies pétrolières. Les «grands pétroliers» – Exxon, Shell, BP et une poignée d’autres – sont bien mieux placés pour survivre à cette crise que les autres petits producteurs. Ils ont tendance à être des entreprises verticalement intégrées, c’est-à-dire qu’ils sont actifs sur toute la chaîne de valeur énergétique, y compris le raffinage. Ils verront donc une partie de leurs pertes de production de brut compensée par le coût inférieur des combustibles utilisés pour leurs opérations en aval. En tant qu’entreprises véritablement mondiales, elles disposent de réserves et d’actifs répartis dans le monde entier, et pas seulement dans les gisements de schiste les plus coûteux des États-Unis. Sur le plan financier, ces entreprises ont également tendance à avoir des «poches beaucoup plus profondes» (des réserves financières), et leurs perspectives sont profondément liées à des marchés financiers plus larges (y compris les fonds de pension). Au Royaume-Uni, par exemple, BP et Shell représentent un remarquable cinquième de tous les dividendes du FTSE (Indice boursier des cent entreprises britanniques les mieux capitalisées cotées à la bourse de Londres).

Ce scénario est précisément celui que les principales sociétés financières s’attendent à voir se réaliser au cours des 12 à 18 prochains mois. Goldman Sachs, par exemple, a récemment fait remarquer que si la crise actuelle va sans aucun doute «changer la donne pour le secteur», le résultat probable est que «les grandes sociétés pétrolières vont consolider les meilleurs actifs du secteur et se débarrasser des pires… lorsque le secteur sortira de cette crise, il y aura moins d’entreprises avec des actifs de meilleure qualité».

Les différends entre les industries concernant le soutien de l’État à l’industrie du schiste en difficulté aux États-Unis reflètent également cette issue possible. Comme Justin Mikulka le documente méticuleusement (Desmog, 27 mars 2020), les grandes compagnies pétrolières telles qu’Exxon ont cherché à accélérer l’effondrement des petits producteurs et se sont vigoureusement opposées à toute aide publique à l’industrie du schiste. Mikulka cite le PDG d’une entreprise de schiste, Pioneer Natural Resources, qui a déclaré à la chaîne CNBC que les efforts pour engager l’administration Trump à soutenir les producteurs de schiste n’allaient pas bon train. En effet, «nous avons fait face à l’opposition d’Exxon qui contrôle l’API [American Petroleum Institute] et la TXOGA [Texas Oil and Gas Association]… ils préfèrent que tous les indépendants fassent faillite et qu’ils ramassent les restes».

C’est pourquoi le moment actuel présente un réel danger pour les campagnes de justice climatique. Aux États-Unis, par exemple, l’administration Trump a accepté d’assouplir les réglementations environnementales pour les centrales électriques, les usines et autres installations industrielles – permettant essentiellement à ces pollueurs de «surveiller eux-mêmes» leurs propres niveaux de pollution, selon un récent rapport du New York Times (26 mars 2020). Cette nouvelle politique a été mise en place par l’Agence de protection de l’environnement dans le cadre de la lutte contre la crise COVID-19, mais, fait révélateur, elle a également été l’une des principales demandes formulées par l’American Petroleum Institute dans une lettre envoyée, le 20 mars, par ses lobbyistes du pétrole à l’administration Trump.

Il n’y a pas que l’industrie des combustibles fossiles qui tente d’utiliser cette crise pour faire reculer les réglementations environnementales. Les grandes banques et les sociétés financières font également pression pour un assouplissement des exigences en matière de «régulations» sur le changement climatique et un report des «tests de résistance» au changement climatique.

Un scénario qui voit l’affaiblissement des réglementations environnementales (déjà inadéquates) et une vague de consolidation de l’industrie place finalement les grandes compagnies pétrolières dans une position plus forte pour tirer profit d’un monde post-COVID-19. Si les prix du pétrole sont aujourd’hui à des niveaux historiquement bas, ils n’y resteront pas à long terme. L’une des conséquences critiques de la destruction massive de la demande de pétrole aujourd’hui est que la plupart des grandes compagnies pétrolières annoncent des réductions sauvages de leurs dépenses d’investissement (capital expenditure:CAPEX) dans l’exploration pétrolière et le développement de projets. Pour les grandes compagnies pétrolières, ces premières réductions se situent, en moyenne, à environ 20% au cours des dernières semaines. Elles sont encore plus importantes dans l’industrie du schiste, où un consultant en énergie prévoit une baisse de 40% des dépenses d’ici fin 2020. Il faut beaucoup de temps et d’argent pour relancer ou mettre en service une nouvelle production de pétrole après l’arrêt des projets ou la fermeture des puits de pétrole. C’est pourquoi les effets des réductions actuelles des dépenses d’investissement se feront sentir dans les contraintes d’approvisionnement pendant un certain temps à l’avenir. C’est pourquoi les effets des réductions actuelles de CAPEX se feront sentir sur les contraintes d’approvisionnement pendant un certain temps.

Cela crée une forte possibilité d’un fort rebond des prix au moment où nous sortons de cette crise – un résultat qui encouragera une nouvelle vague d’investissement et d’expansion dans les combustibles fossiles au niveau mondial (comme cela s’est produit dans l’histoire récente de la production de schiste aux États-Unis).

Comment cela pourrait-il se refléter au-delà des États-Unis et de la fortune des grandes compagnies pétrolières diversifiées à l’échelle mondiale? Ici, nous devons également faire la différence entre les États producteurs de pétrole les plus puissants et les autres exportateurs de pétrole les plus pauvres. Il ne fait aucun doute que des pays comme l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et d’autres États du Golfe connaîtront certainement des déficits croissants et une pression accrue sur les dépenses publiques dans une période prolongée de prix du pétrole bas. Toutefois, ces États ont des niveaux d’endettement relativement faibles et peuvent emprunter à des taux relativement bas sur les marchés internationaux. La structure de classe particulière du Golfe – une dépendance écrasante envers les travailleurs migrants temporaires qui représentent plus de 50% de la population active du Golfe – signifie également que toute contraction économique brutale peut être partiellement déplacée par le simple renvoi de travailleurs migrants chez eux (comme cela s’est produit à Dubaï au lendemain de la crise de 2008).

En effet, à l’instar du renforcement possible du «Big Oil» sous l’effet de cette crise, les États du Golfe pourraient voir leur position encore renforcée si les actifs des pays voisins deviennent moins chers dans un monde post-COVID-19. Un marché important est l’Inde, où les entreprises ayant leur siège dans le Golfe continuent de faire des percées significatives dans l’attente d’un boom de la demande énergétique future. Il est également important de souligner l’insertion stratégique du Golfe dans les réseaux commerciaux et financiers liés à la Chine. Le pétrole brut et les produits pétrochimiques restent au centre de ces connexions, et les travaux sur des projets clés dans ces secteurs se poursuivent tout au long de la crise actuelle (comme la raffinerie Ruwais d’Abu Dhabi, qui sera la plus grande raffinerie et usine pétrochimique intégrée au monde, une fois terminée).

D’autres pays exportateurs de pétrole plus pauvres seront confrontés à des problèmes beaucoup plus graves en raison de la chute actuelle des prix du pétrole. Il s’agit notamment de l’Équateur, du Venezuela et de l’Iran – ces deux derniers pays étant également confrontés à des sanctions sauvages imposées par les États-Unis. Des États comme le Nigeria – qui dépend du pétrole pour 57% des recettes publiques et plus de 90% des recettes en devises – auront beaucoup de mal à satisfaire leurs besoins budgétaires, un problème qui aura des conséquences mortelles au milieu de la pandémie actuelle.

De même, pour l’Irak, où les exportations de pétrole représentent 90% des recettes publiques et où une grande partie de la population dépend du secteur public pour les salaires ou les retraites. Ici, il est difficile de voir comment le déficit de financement prévu sera comblé. Les problèmes auxquels ces pays sont confrontés ne doivent cependant pas être imputés à la faiblesse des prix du pétrole. I

l faut au contraire mettre en avant l’héritage de longue date du colonialisme, les destructions causées par les guerres et l’occupation occidentales, ainsi que les relations de dette et de dépendance qui lient ces pays aux centres de l’économie mondiale, pour lutter contre cette pandémie. Le Nigeria, par exemple, peut dépendre du pétrole pour une grande partie des revenus du gouvernement – mais plus de la moitié de ces revenus sont simplement consacrés au service de la dette extérieure existante. Toute tentative de dépasser la dépendance aux combustibles fossiles au niveau mondial doit remettre en question ce mélange combustible de pétrole, de dette et de finances.

Au moment où nous écrivons ces lignes, il est question d’un éventuel accord entre les États-Unis, l’Arabie Saoudite et la Russie sur les niveaux de production pétrolière, mais il est peu probable qu’un tel accord ait un effet durable sur le prix du pétrole étant donné la réduction massive de la demande qui s’est produite ces dernières semaines.

Certains observateurs ont noté l’ironie de voir des républicains de premier plan, qui avaient auparavant appelé au démantèlement de l’OPEP en raison de son comportement de type «cartel», exiger maintenant une plus grande entente pour contrôler le marché et le prix, avec parmi les acteurs l’Arabie saoudite et la Russie. Il ne fait aucun doute que les crises conjointes de la pandémie COVID-19 et de la récession économique mondiale, qui se renforcent mutuellement, provoquent en effet toute une série de réalignements politiques inattendus, d’étranges «compagnons de lit» (d’étranges tandems) et de nouvelles ouvertures pour le changement politique.

Mais ce moment est aussi celui où les arrangements existants peuvent être retravaillés et consolidés dans l’intérêt des plus puissants – nous sommes confrontés au danger très réel d’une industrie pétrolière enhardie et résurgente, positionnée de plus en plus au centre de nos systèmes politiques et économiques. Une telle éventualité fournirait une issue désastreuse à cette pandémie actuelle. (Publié par le site de Verso, le 8 avril 2020; traduction rédaction A l’Encontre)

Adam Hanieh enseigne au département des études de développement de la SOAS, Université de Londres. Merci beaucoup à Jeffrey R. Webber pour ses suggestions utiles sur cet article.

Post-scriptum

Selon le Financial Times en date du lundi 13 avril 2020: «L’Arabie saoudite et la Russie ont mis fin, dimanche 12 avril, à leur guerre portant sur le prix du pétrole en finalisant un accord pour procéder aux plus importantes réductions de production de pétrole de l’histoire, suite à la pression du président américain Donald Trump pour soutenir un secteur énergétique ravagé par la pandémie de coronavirus.

Les producteurs de l’OPEP ont déclaré que l’accord sur les réductions de production supprimerait au total environ un cinquième de l’offre mondiale de pétrole, bien que cela inclurait les baisses imposées aux autres producteurs, comme ceux du secteur américain du schiste, par le récent effondrement des prix du pétrole.

Même sans les volumes à fournir par ces pays, les réductions annoncées par l’OPEP dimanche soir de 9,7 millions de barils par jour sont plus du double de celles effectuées par le cartel pendant la crise financière mondiale de 2008-2009.»

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