Syrie. Le 21 août 2013: Bachar, les inspecteurs de l’ONU et quelle «ligne rouge» pour qui?

Morgue improvisée, le 21 août 2013, dans la banlieue de Damas

Par Ignace Leverrier et Jean-Pierre Filiu

(Ignace Leverrier) On peut ajouter quelques mots à l’excellente explication proposée par Jean-Pierre Filiu au comportement du régime syrien (voir la reproduction de cet article ci-dessous) au sein duquel le chef de l’Etat et secrétaire régional du Parti Baath se présente comme le détenteur et le lieu d’une autorité en réalité beaucoup plus «partagée» qu’on ne veut bien le dire.

La résistance et le défi constamment mis en avant par le président héritier, à la suite de son père Hafez Al Assad, sont des figures de style obligées. Elles tiennent lieu de satisfactions symboliques. Elles sont proposées comme des compensations aux Syriens qui n’ont pas été totalement négligés dans leurs besoins et attentes matérielles tout au long des décennies de parti unique, mais qui ont été privés en revanche de leurs droits personnels et collectifs les plus fondamentaux.

La théâtralisation du refus des responsables syriens de se plier aux injonctions extérieures et de se satisfaire du rôle dans lequel les puissances souhaitent les voir se cantonner est destinée, dans l’esprit de ces responsables, à enchanter les Syriens, à les remplir de fierté et à les dispenser de réclamer leurs droits à penser librement, à s’exprimer librement, à se rassembler librement, à s’organiser librement, à se déplacer librement à l’intérieur et à l’extérieur de leur pays, etc…

Il va sans dire que, plus qu’une attitude, cette résistance et ce défi ne sont qu’une posture. Attachés coûte que coûte à leur pouvoir, les responsables syriens veillent, tout en se livrant aux provocations que l’on sait à l’extérieur de leurs frontières, à ne pas franchir les limites qui pourraient provoquer les réactions de ces mêmes puissances, ou tout simplement de leurs voisins mieux armés, et qui risqueraient de déboucher sur un conflit militaire dont ils savent ne pas pouvoir sortir vainqueurs. Flirter avec les «lignes rouges» fait partie du jeu. En les testant, ils constatent sans cesse jusqu’où ils peuvent les repousser sans s’exposer outre mesure. Mais ils sont prêts, quand ces limites sont atteintes, à faire machine arrière, à adopter un discours et une attitude plus souples et plus ouvertes, bref à faire – ou à affecter de faire – les concessions momentanées qui préserveront leur survie au pouvoir.

Si elle se traduit dans les faits, l’autorisation finalement donnée dimanche 25 août aux observateurs de l’ONU de se rendre dans les villages de la Ghouta, soumis le 21 août avant l’aube à des bombardements aux gaz et autres produits incapacitants, confirmera que Bachar Al Assad et son entourage, comme jadis Hafez Al Assad et le sien, n’entendent et ne connaissent que le langage de la force. Leur rhétorique de résistance et de défi n’est pas suicidaire. Elle est calibrée en fonction de la volonté de leurs adversaires ou ennemis du moment. Elle ne va pas jusqu’à les exposer à la seule chose qu’ils redoutent: non pas provoquer la mort de centaines de milliers de leurs compatriotes dans des conditions atroces et universellement réprouvées, mais perdre avec le pouvoir la seule chose qui vaille pour eux. [Rappel : les inspecteurs de l’ONU n’ont pas à se prononcer sur la question assez simple, si l’examen est mené à temps et dans de bonnes conditions : qui a utilisé à cette échelle ces gaz neurotoxiques? – Réd. A l’Encontre]

Le problème actuel de la Syrie est que Bachar Al Assad n’est pas Hafez. Le premier, homme d’expérience et habile manœuvrier, ne s’est jamais laissé dicter par quiconque à l’extérieur ce qu’il lui fallait faire. Il savait quand et jusqu’où il pouvait aller trop loin sans se mettre dans un danger extrême. Il avait la capacité de faire machine arrière et de retrouver, par exemple, «caché» dans son pays ou au Liban, le chef terroriste qu’un pays voisin réclamait sans succès depuis des années, mais qu’il menaçait soudain de venir chercher lui-même. Installé au pouvoir sans avoir rien démontrer, grâce à la disparition accidentelle de son frère aîné Basel Al Assad auquel le pouvoir était dévolu, Bachar Al Assad a accumulé gaffes et erreurs, depuis son imposition à une population syrienne privée du droit de dire qui elle voulait pour chef. Surtout, il n’est plus, dans son propre pays et dans son palais présidentiel, le seul et premier décideur. Il est devenu l’otage des Iraniens, que la chute du régime en place priverait de relais vers le Hezbollah libanais, réduisant les vitupérations des Mollahs contre l’Etat hébreu à de simples phénomènes sonores. Il est également l’otage des Russes, qui le soutiennent militairement, politiquement et financièrement, parce que la perpétuation du conflit leur offre l’opportunité de démontrer qu’ils sont de retour sur la scène internationale et qu’il faut compter de nouveau avec les successeurs de l’ex-URSS.

En 2003, au nom de la résistance et du défi, Bachar Al Assad a recruté par centaines des jihadistes désireux d’aller faire le coup de feu en Irak contre les Américains, afin d’empêcher que, ayant gagné la guerre en renversant Saddam Hussein, ceux-ci gagnent aussi la paix et parviennent à imposer autoritairement une démocratie à l’Est de la Syrie. Certes, il est resté en place, mais les sanctions économiques décidées par Washington ont considérablement perturbé ses projets de modernisation. En 2005, au nom de la résistance et du défi, Bachar Al Assad a commandité l’attentat contre l’ancien Premier ministre libanais Rafiq Al Hariri, qu’il tenait pour responsable de la nouvelle volonté internationale de bouter hors du Liban l’armée syrienne. Certes, il est resté en place, mais il a été isolé sur la scène internationale et il a été contraint, pour survivre, de s’appuyer sur un allié beaucoup plus puissant, de tolérer chez lui son activisme militaire, sécuritaire et religieux, et, finalement, de devenir entre les mains des Iraniens un simple instrument.

Depuis l’intronisation du jeune chef de l’Etat syrien, la majorité des présidents alors en place dans les démocraties ont cédé leur siège. Bachar Al Assad, lui, a été «réélu», et il compte bien, au cours de l’année 2014 et tous les sept ans ensuite, se présenter à nouveau au référendum populaire censé traduire l’adhésion de la population à sa personne. Mais, à force de «résister et de défier», à force de refuser le dialogue et les concessions, pour lui synonymes de renoncement à son pouvoir et à son autorité, il règne désormais sur un pays en ruine. Il a provoqué directement ou indirectement la mort de plus de 100’000 Syriens et Syriennes. Il a poussé à la fuite et à l’exil plusieurs centaines de milliers de ses compatriotes. Les infrastructures économiques de la Syrie ont été détruites. Ses systèmes de santé et d’éducation sont entièrement à refaire. Mais, surtout, son attachement criminel à un pouvoir, qu’il ne comprend et qu’il ne veut qu’absolu, est en voie d’aboutir au drame majeur du conflit en cours: l’émiettement de sa population et l’hostilité mutuelle de ses différentes composantes.

Il ne faut se faire aucune illusion. En acquiesçant au déploiement des inspecteurs onusiens sur le terrain, Bachar Al Assad n’a pas renoncé à la manœuvre. Son accord de principe peut et sera certainement contrarié, dès demain, par toutes sortes d’aléas qui «contraindront» les responsables syriens à empêcher ou à ajourner, «pour leur sécurité», la visite des observateurs à la plupart des lieux où ils souhaiteront se rendre. La ficelle est grosse. Mais elle a déjà fonctionné à diverses reprises, que ce soit avec la délégation de la Ligue arabe [décembre 2011] ou avec celle de l’ONU.

Elle permettra, après avoir cédé sur un point, de constater où les adversaires de la Syrie positionnent désormais leur nouvelle ligne rouge. Elle permettra de vérifier le sérieux de leurs nouvelles menaces et la réalité de leurs intentions. Elle permettra enfin au pouvoir syrien, condamné cette fois par ses crimes et provocations à faire montre de prudence et à adopter un profil bas, de manœuvrer encore et toujours pour gagner du temps… (25 août 2013, publié sur le blog d’Ignace Leverrier, Un œil sur la Syrie)

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«La passivité vaut complicité dans le massacre suivant»

Par Jean-Pierre Filiu

J’ai pu, au fil des années, rencontrer à plusieurs reprises Bachar el-Assad. Avant lui, j’avais eu accès à de nombreuses occasions à son père Hafez el-Assad, qui lui a cédé le pouvoir à sa disparition en 2000, après trente années de pouvoir absolu.

J’en ai acquis la conviction que tout, mais littéralement tout est possible de la part de tels despotes. Car, bien plus conscients que les observateurs extérieurs de la fragilité de leur régime, le recours à la terreur jusqu’aux pires extrémités leur paraît un instrument de politique banalisé, voire normal.

« L’Etat de barbarie », comme le décrivait justement Michel Seurat [1947-1985, pris en otage en 1985, il a été tué par le Hezbollah; voir réédition de son ouvrage Michel Seurat, Syrie l’Etat de Barbarie, PUF, 2012] repose sur l’exercice de la violence la plus implacable à l’encontre de la population, qui doit n’avoir de choix qu’entre la soumission et la mort.

Mensonge d’Etat

Pour valider cette impitoyable alternative, Assad père et fils savent que deux conditions doivent impérativement être réunies :

• le territoire syrien doit être interdit à toute catégorie d’information indépendante ;

• l’opposition intérieure doit être systématiquement assimilée à une manipulation extérieure, de préférence Mossad et CIA, sinon Irak, Turquie, Arabie ou Qatar, suivant les périodes.

C’est le huis clos de mars 1982 [l’armée de Hafez, en février 1982, écrase, à Hama, l’insurrection des Frères musulmans] qui permet à Hafez al-Assad d’exterminer une bonne partie de la population de Hama et de détruire le tiers du centre historique de cette ville.

C’est ce huis clos que Bachar rétablit en nos temps de «transparence» supposée, par la liquidation des journalistes étrangers ou syriens. Le libre accès de la presse, pourtant spécifié dans les plans de la Ligue arabe en décembre 2011 et de l’ONU en avril 2012 [résolution du Conseil de sécurité], restera toujours lettre morte.

Une fois ce huis clos garanti, la propagande du régime n’a plus qu’à instiller le doute à chaque affirmation de l’opposition, qui ne pourra effectivement être vérifiée de «sources indépendantes», celles-ci étant bannies de Syrie.

Ce cercle vicieux est poussé à l’extrême depuis quelques jours: les inspecteurs de l’ONU se voient interdire à Damas l’accès aux sites des frappes chimiques, pourtant tout proches de leur hôtel. Cela n’empêche pas la télévision gouvernementale d’accuser l’insurrection des crimes perpétrés par sa propre armée, sans même juger utile de mobiliser les fameux inspecteurs de l’ONU pour conforter ce mensonge d’Etat.

Bachar teste la passivité internationale

L’obsession de Bachar el-Assad, héritée de son père, est la survie du régime coûte que coûte. Le peuple syrien disparaît dans la vision surplombante du despote qui, comme tous les dictateurs de l’Histoire, est en partie acquis à sa propre propagande.

L’essentiel n’est donc pas de ménager, au moins relativement, une population tenue pour quantité négligeable, mais de tester la passivité internationale à chaque degré de l’escalade contre cette population, évidemment accusée de n’être qu’un ramassis de «terroristes», de «djihadistes» et d’«agents» du Mossad, de la CIA ou du Golfe.

Dès le début des manifestations pacifiques, en mars 2011, Bachar el-Assad lâche ses snipers pour abattre des opposants désarmés. Un mois plus tard, ce sont les blindés qui font mouvement dans les zones contestataires. Avec l’été, ces mêmes blindés, cette fois équipés de mitrailleuses lourdes, sèment la terreur dans les villes gagnées à l’opposition. Durant l’hiver suivant, l’artillerie commence à pilonner les quartiers rebelles.

A chaque fois, le dictateur teste la nouvelle escalade sur un terrain limité, mesure l’inanité des «condamnations» internationales purement verbales, avant de généraliser la pratique à l’ensemble du territoire syrien.

Cette épouvantable surenchère se poursuit à l’été 2012, avec la banalisation des raids aériens à l’encontre de zones résidentielles.

Aucune réaction crédible n’intervient face à ces crimes de guerre, hormis quelques communiqués indignés et des reportages effarés. Assad peut dès lors passer au bombardement par des missiles balistiques Scud [voir les multiples reportages datant de décembre 2012], d’une portée de 300 km. Jamais ce type d’armes stratégiques n’avait été utilisé par un régime à l’encontre de sa propre population. Là encore, la passivité prévaut, encourageant naturellement les bourreaux à récidiver et à systématiser leur nouvelle arme de terreur.

Le recours aux armes chimiques est avéré depuis la veille de Noël 2012, dans un quartier de Homs. Soucieux de ne pas défier directement la «ligne rouge» tracée par l’administration Obama, Assad se contente d’utilisations ponctuelles, mixant gaz incapacitants et explosifs classiques. Le bilan de l’ensemble de ces frappes sur plus de six mois est de l’ordre de 150 tués, ce qui paraît bien faible au vu des 100’000 morts de la tragédie syrienne (ce bilan global est d’ailleurs sans doute sous-évalué).

Menacé au cœur de son périmètre de sécurité

La population des zones «libérées», qui a payé le prix fort pour connaître son tyran, est convaincue qu’Assad, s’il n’est pas arrêté, lancera une frappe massive aux armes chimiques. Les hôpitaux révolutionnaires d’Alep, où je me trouvais en juillet 2013, sont désormais équipés d’installations de fortune pour les premiers soins et la décontamination en cas d’attaque chimique [voir article publié sur ce site en date du 7 août 2013].

Le million d’habitants de cette partie «libérée» d’Alep dispose de seize masques à gaz et de 10’000 doses d’atropine, le seul antidote à l’exposition au gaz sarin.

Selon l’opposition, la décision d’une campagne chimique contre les quartiers rebelles de Damas a été prise le 8 août. Bachar el-Assad a échappé ce jour-là à un attentat le visant à proximité de la mosquée Anas Bin Malek, où il devait participer aux prières de la fin du ramadan.

Pour avoir habité de longues années à côté de cette mosquée, je peux affirmer qu’il s’agit du cœur du périmètre de sécurité du régime. Ainsi la dictature Assad, qui doit recourir aux supplétifs libanais du Hezbollah pour reprendre pied à Homs et à Qusseir, est désormais menacée dans sa capitale même.

Bachar en toute impunité

Rescapé d’un attentat en juin 1980, Hafez el-Assad avait ordonné en représailles le massacre de centaines de détenus politiques dans la sinistre prison de Palmyre. Le châtiment du tyrannicide, crime absolu dans le système Assad, doit être aussi aveugle que dissuasif.

C’est peut-être à partir de ce moment qu’ont été planifiés les préparatifs d’une frappe majeure aux armes chimiques, visant à punir la population des quartiers rebelles de Damas, puis à l’en expulser, en vue d’y écraser enfin les unités infiltrées depuis de longs mois.

L’impunité de la junte égyptienne n’a pu qu’encourager Assad à passer à l’acte. Après tout, près d’un millier de personnes ont été massacrées en Egypte, du 14 au 16 août, sans réaction internationale autre que verbale. Si un tel carnage peut se dérouler dans un pays pourtant ouvert à la presse étrangère, alors tout semble possible en Syrie.

L’arrivée des inspecteurs de l’ONU de Damas ne peut que favoriser ce plan: leur mandat, âprement négocié par les diplomates loyalistes, ne concerne que trois sites situés hors de Damas et leur interdit de désigner publiquement les responsables. Cette présence structurellement impuissante, loin de refréner les massacreurs, conforte au contraire leur détermination.

Le 21 août 2013, des dizaines de missiles sont tirées entre 2h30 et 5h30 locales à partir de bases gouvernementales contre la Ghouta, soit la banlieue est et ouest de la capitale. Les hôpitaux de fortune sont vite débordés par l’afflux des victimes. La proportion d’enfants est effroyable, du fait de leur vulnérabilité à l’exposition aux gaz. Des familles entières sont assassinées dans leur sommeil, car les chaleurs estivales les amenaient à dormir la fenêtre ouverte. Le bilan dépasse largement le millier de morts, parmi lesquels Médecins sans frontière (MSF) relève au moins 355 victimes de neurotoxiques [voir l’article publié sur ce site en date du 24 août 2013].

Cela fait quatre jours que ce massacre sans précédent en Syrie a été perpétré et, comme Bachar el-Assad le pariait, rien ne vient une fois de plus remettre en cause son impunité. Il aura ainsi, comme à chaque escalade dans l’horreur, su banaliser l’emploi d’une arme nouvelle à l’encontre de sa population.

Trois scénarios possibles

Après la banlieue de Damas, ce sera Homs ou Deir Ezzor. On ne peut dorénavant plus exclure le tir de missiles Scud, équipés de charges chimiques, à l’encontre d’Alep, ne serait-ce que pour éviter que la deuxième ville du pays ne passe sous contrôle entier de la révolution.

Trois grands types de scénario se profilent à un horizon très proche, du moins au plus plausible:

• L’administration Obama, mesurant enfin l’échec d’une politique qui a renforcé à la fois Bachar al-Assad et les djihadistes, décide avec ses alliés des frappes ponctuelles contre les centres de commandement du régime, avec un accent sur les bases de déclenchement des frappes chimiques. Le déploiement de la marine de guerre en Méditerranée orientale semble plaider en faveur de cette hypothèse.

Mais cette logique de «guerre froide» s’inscrit parfaitement dans le schéma de propagande d’Assad et de son allié Poutine. Et les réticences du président américain à un engagement militaire au Moyen-Orient sont notoires [sans même mentionner les réticences explicites de Dempsey, chef d’état-major interarmées, voir Le Figaro, 21 août 2013]

Enfin, Israël se satisfait toujours de la neutralisation réciproque des miliciens chiites et des radicaux sunnites. Quant à la Turquie, elle est trop absorbée par la crise du système Erdogan pour être à l’initiative.

• La résistance syrienne obtient enfin l’armement anti-aérien et antichar qui lui a été promis depuis un an, sans jamais être livré. Cette posture offre l’avantage de conforter la posture nationaliste de la révolution syrienne, tout en lui permettant de neutraliser à terme la surenchère djihadiste.

Il n’est cependant pas certain que cette option, à la faisabilité garantie à l’automne 2012, soit aujourd’hui à la hauteur d’une bataille qui a banalisé l’utilisation tactique des armes chimiques. Enfin, la CIA ne veut soutenir que des supplétifs, comme ceux qu’elle avait appuyés au Kossovo en 1999, et elle refuse de collaborer avec des commandos syriens à la farouche autonomie.

• Il est donc fort probable qu’il ne se passera rien de notable, hormis une agitation diplomatico-militaire largement déconnectée de l’évolution sur le terrain.

Des «fuites» distillées de manière judicieuse permettront d’accréditer la fable d’une action clandestine des services occidentaux, justifiant ainsi la passivité publique de leurs dirigeants. Et l’interdiction du terrain syrien aux investigations indépendantes fera le lit de toutes les théories de la conspiration. Des Voltaire auto-proclamés se draperont dans leur «liberté de pensée» pour dénier au peuple syrien jusqu’au droit de compter ses propres morts.

Un avant et un après le 21 août 2013

Et le monde continuera de tourner. Du moins le croira-t-il. Car il y aura un avant et un après le 21 août 2013. Bachar el-Assad prépare déjà sa prochaine campagne d’extermination chimique, d’une tout autre ampleur. A bien des égards, il lit en nous comme dans un livre ouvert et il a fort peu de respect pour nos sociétés.

J’ai entendu Hafez el-Assad proclamer que Gorbatchev aurait dû être fusillé comme traître à la patrie soviétique. Bachar et ses complices doivent jubiler face aux contorsions de la «communauté internationale».

La passivité actuelle vaut donc complicité dans le massacre suivant, qui ne saurait trop tarder. Le maître de Damas sèmera la terreur tant qu’il ne sera pas brisé. Et il a l’embarras du choix pour exporter le chaos dans les pays voisins.

Deux ans après l’holocauste chimique d’Halabja contre les Kurdes irakiens, Saddam Hussein, grisé par son impunité, envahissait en 1990 le Koweït. Gageons que Bachar el-Assad n’attendra pas aussi longtemps pour précipiter toute la région dans l’horreur.

En Syrie, il ne s’agit plus de morale élémentaire, mais de sécurité collective. (25 août 2013, publié sur son blog Rue89; les titres sont de la rédaction du site A l’Encontre)

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