Uruguay

Les orientations de «la gauche»

Ernesto Herrera *

La thèse selon laquelle existeraitent encore des «dissensions» concernant l'«orientation» au sein du gouvernement présidé par le «socialiste» Tabaré Vazquez en Uruguay cache deux faits politiques irréfutables et liés entre eux. D'une part, au cours de ces deux années et demie, toutes les questions qui donnaient encore lieu à des «dissensions» se sont pour ainsi dire résolues d'elles-mêmes, en faveur de l'ordre capitaliste. D'autre part, le programme du «progressisme» confirme, de manière inexorable, la conversion sociale-libérale de la couche dirigeante du Frente Amplio.

Le «camp majoritaire» du Frente Amplio (composé par les tupamaros (MLN), socialistes, partisans de Vertiente Artiguista, communistes (1), a recommencé à alimenter la thèse selon laquelle qu'il existerait «des dissensions» dans l'aile «orthodoxe» (Danilo Astori et son équipe du ministère de l'Economie et des Finances (2). Autrement dit, il existerait une «guerre de mouvement» pour distordre, «depuis l'intérieur», les "rigidités néolibérales" qui restent ancrées dans la politique économique. Pour cela, disent-ils, il ne serait pas nécessaire de marquer une orientation aiguisée dont le ton serait d'opposition, et encore moins s'afficher avec «l'ultragauche», qui a déjà fait le pas d'une rupture politique avec le gouvernement et avec le parti qui le soutient. Il suffirait d’opérer une sorte de tournant pour modifier l'«orientation». Autrement dit, il faudrait «accélérer» la mise en œuvre de quelques concessions «redistributrices» pour assurer une répartition plus «équitable» du gâteau, en profitant de l'embellie que révèlent les indicateurs macroéconomiques.

A aucun moment, les «dissensions» du «camp majoritaire» n'ont suffi à susciter des mesures qui auraient effectivement mis la main dans la poche des gains capitalistes au bénéfice des revenus des salariés. A aucun moment on n'a entrepris de resserrer le scandaleux écart entre riches et pauvres, et ce pour deux raisons simples. Premièrement, parce qu'ils adhèrent, de manière disciplinée, à l'idée que le «modèle économique» qu'applique le gouvernement est une «politique d'Etat». Deuxièmement, parce qu'ils sont d'accord sur le fait que n'importe quel «tournant radical» pourrait ouvrir un «scénario de conflits» avec le patronat et les institutions financières internationales.

La prétendue «dissension» n'en est donc pas une. Car le «camp majoritaire» ne propose pas d'autre programme, même un programme minimum, prévoyant, par exemple, un ajustement salarial qui permette de récupérer ce qui a été perdu et un plan immédiat de travaux publics pour diminuer le chômage. Au contraire, ce «camp majoritaire» – aussi bien le cabinet des ministres que le Parlement – ont soutenu sans tiquer toutes les mesures économiques antipopulaires, depuis le paiement à l'avance du FMI jusqu'à la réforme fiscale. Ce camp défend également avec acharnement non seulement les plans assistentialistes «se focalisant sur les poches de pauvreté» en provenance de la Banque Mondiale, mais également la politique d'«ouverture» aux investissements étrangers qui sont la meilleure garantie des multinationales de fabrication de papier comme la finlandaise Botnia et l'espagnole Ence.

Un bilan lamentable

Les espoirs tombent en miettes. Le regard de larges couches de la classe travailleuse commence à se faire plus interpellateur. Elles perçoivent très clairement qu'elles ne sont pas les principales bénéficiaires du "changement possible", et se rendent compte que la pauvreté est venue pour rester. Mais en plus «elles observent comment le gouvernement continue à repousser à plus tard ses exigences et ses nécessités les plus urgentes, alors qu'il donne la priorité au maintien d'un "bon climat d'affaires" pour les entrepreneurs, et paie à l'avance ses créditeurs internationaux.» (3)

C'est dans ce «nouveau moment politique, où se mêlent protestations et lutte, repli et désenchantement»,(4) que le «camp majoritaire» revient avec sa thèse des «dissensions» concernant l'«orientation politique» du gouvernement. Il est évident que la manœuvre venue d'en haut répond au désenchantement venu d'en bas. Un désenchantement qui peut avoir des conséquences fatales pour le Frente Amplio lors des élections nationales de 2009. C'est ce que dit le député de la Vertiente Artiguista, Edgardo Ortuño: «Si nous ne faisons pas ce que nous avons promis, aucun candidat ne pourra nous sauver».(5)

Tous les indicateurs de la «réalité» sont éloquents: salaires comprimés, revenus des foyers diminués, chômage, sous-emploi et pauvreté de masse. Alors que de l'autre côté de la médaille, on trouve une concentration accrue de la richesse, une surexploitation accrue de la force de travail (déguisée sous l'euphémisme «augmentation de la productivité») et des gains patronaux qui n'arrêtent pas de grandir. (6) A la moitié du mandat «progressiste», la brèche entre riches et pauvres n'a cessé de s'élargir. Les riches sont des plus en plus riches, et les pauvres de plus en plus pauvres. Et ce ne sont pas uniquement des «ultragauchistes» agités qui l'affirment, mais aussi l'insoupçonnable Institut d'Economie: pour la deuxième année consécutive, les riches ont engrangé des revenus plus élevés, alors que ceux des pauvres ont encore diminué. (7)

A cette carte de la «géographie socio-économique», ou plutôt à cette écrasante crise sociale, il faut ajouter l'impact qu'aura la récente réforme fiscale, entrée en vigueur le 1er juillet 2007 (élaborée sous la supervision de fonctionnaires de la Banque Interaméricaine de Développement, et qui est), avec son corrélat d'injustices sociales, dont les salariés et les retraités subiront les effets directs sur les salaires, les retraites, les loyers et le prix du «panier de consommation familial». Alors que les patrons et les «investisseurs» profiteront d'exonérations fiscales accrues.

Même des déclarations provenant du «camp majoritaire» confirment le bilan pénible (pour la classe travailleuse) de ces deux années et demie de gouvernement «progressiste». Elles montrent en même temps que le «modèle de pays productif» ne va pas plus loin qu'un spot publicitaire. Pour Héctor Tajam, député du MPP [organisation des ex-tupamaros]: «il n'a pas été possible de briser le modèle de pays producteur de matières premières. La plupart des postes de travail crées sont de médiocre qualité, très souvent précaires (62% du total), et peu rémunérés (une moyenne de 4'000 pesos nominaux.»(8) Pour Eduardo Lorier, sénateur du PCU: «nous continuons soumis à la logique du néolibéralisme. Nous avons des accords avec le Fonds Monétaire International, et les objectifs n'ont pas changé (...) nous sommes conditionnés car nous sommes dans la logique du capital imposée par ce pari tellement important que mise toute l'équipe économique sur l'investissement étranger. (9)

En résumé, les traits de continuité (néolibérale) ont été imposés par des buts qui s’opposent aux promesses de changement. Parce qu'il a été clairement démontré qu'il était incompatible de tenir compte des intérêts capitalistes d'un côté, et de l'autre côté d’assumer les intérêts de la classe travailleuse. Le gouvernement auquel est associé – et que défend – le «camp majoritaire» a opté pour la première alternative. Ce qui signifie que la «dissension» a déjà trouvé un dénouement.

Les «préoccupations» actuelles des dirigeants et des forces politiques qui composent le «camp majoritaire» ne visent pas à «briser le modèle d'un pays producteur de matières premières». Bien au contraire, ils le renforcent. Il suffirait de se limiter au blocage des prix du panier familial (viande, pain, riz, légumes, fruits, etc.) – sans même décréter un gel de l'ensemble des prix – pour éviter l'inflation galopante (8,3% par an, alors qu'on annonçait moins de 6%). Mais le gouvernement, sur l'initiative du ministre de l'Agriculture et de la Pêche, le tupamaro José Mujica, a choisi de ne pas affronter ce «modèle d'accumulation» fondé sur les exportations. Il a préféré adopter une ligne de moindre résistance face au patronat (principalement les entreprises exportatrices et les chaînes de supermarchés qui fixent les prix), baissant à peine (et seulement durant 60 jours) la TVA sur les deux produits carnés qui représentent 15% de la consommation populaire de viande.

Devant l'évidente crise sociale et la croissance exponentielle du désenchantement, la stratégie du «camp majoritaire» est de s'arranger pour que le moins possible de travailleurs réagissent, protestent, luttent, se mobilisent. Ils voudraient que la majorité du «peuple progressiste» finisse par digérer la thèse de la fameuse «dissension», et se calme jusqu'à ce qu'apparaisse une autre orientation économique, ce qui pourrait bien arriver lors d'un «deuxième gouvernement progressiste». Ou pire, que les luttes des travailleurs soient bâillonnées par les syndicats «qui se régulent et s’occupent moins de certaines affaires» et par des mécanismes comme les Consejos de Salarios (Conseils de réglementation salariale) qui, selon du ministre du Travail et de la Sécurité Sociale, le tupamaro Eduardo Bonomi, ont contribué, de manière substantielle, à l'établissement de «grandes conditions pour la tranquillité sociale».(10)

Désormais , nous assisterons à émulation pour des simulacres de position «à gauche» au sommet du «progressisme». Il faut en effet envoyer des «messages encourageants» aux militants du Frente Amplio, aussi mécontents que surpris. Et parce que les échéances électorales s'approchent, aussi bien celles, internes, du parti de gouvernement (à cause des candidatures), que la lutte de vote à vote (qui sera maison par maison), avec les partis traditionnels de la bourgeoisie.

Néanmoins, rien de tout cela ne modifiera, substantiellement, le ;programme de gouvernement». Tout au plus, y aura-t-il une répétition de la maxime de Giuseppe Tomasi di Lampedusa: «Il faut que tout change pour que tout reste reste en place». C'est ce qu'annonce le député Roberto Conde, l'un des principaux dirigeants du PS, lorsqu'il résume la «dissension» avec les «excès d'orthodoxie», dans les termes suivants: «L'objectif central dans la tête doit être celui-ci: améliorer la performance de l'application du programme et assurer des résultats qui permettront d'arriver à 2009 avec un scénario favorable à la continuité du projet». (11) Tout cela aboutit à une conclusion: toute attente par rapport à ce «camp majoritaire» ne peut que conduire à davantage de confusions et de reculs – sinon à la paralysie – de la classe travailleuse et des organisations populaires.

Un parti du régime dominant

Le bilan désolant du «progressisme» gouvernemental et la responsabilité du «camp majoritaire» dans cette affaire ne doivent pas occulter une autre question tout aussi décisive, sinon plus.

Depuis le dernier Congrès du Frente Amplio, en décembre 2003, le «camp majoritaire» (qui en son temps a également été rejoint par Astori et son groupe politique), a défendu comme étant le sien le «programme de gouvernement» qui est appliqué actuellement. Autrement dit, il a été une composante décisive de cette couche dirigeante (conduite par Tabaré Vazquez et, auparavant, par Liber Seregni, décédé depuis) qui s'est définitivement convertie au social libéralisme. Il s'agit donc d'une force ayant une tradition de gauche mais mettant en œuvre un programme néolibéral, une force adaptée à la logique du «marché» et aux impératifs de la «globalisation capitaliste» et soumise aux «valeurs démocratiques et universelles» qui garantissent la «gouvernabilité».

Evidemment, cette conversion sociale libérale de la couche dirigeante du Frente Amplio n'est pas un saut abrupt qui se produit à partir de l'arrivée à l'édifice Libertad (12). Elle est le résultat d'un long processus sociopolitique qui a démarré dans les années 90 (le moment le plus critique de l'offensive du capital contre la classe travailleuse). En même temps, ce «tournant vers le pragmatisme» coïncide avec les modifications programmatiques et stratégiques adoptées par la gauche «officielle» latino-américaine après la chute des régimes staliniens en Europe de l'Est, la clôture du cycle révolutionnaire en Amérique Centrale (Nicaragua, El Salvador, Guatemala) et les impasses politiques et socio-économiques du «modèle» cubain. Ce tournant a été associé au «tournant vers la social-démocratie» (en réalité, décomposition politique et capitulation programmatique), des grands partis qui participent au Foro de Sao Paulo, en particulier le PT (Brésil), le PRD (Mexique) et le FSLN (Nicaragua).

Les alliances avec des fractions décisives de la bourgeoisie, les pactes programmatiques et la subordination à la «gouvernabilité démocratique» du Frente Amplio, ont peu à peu donné corps à cette conversion social-libérale. Jusqu'à le transformer en gérant gouvernemental de l'accumulation et de la reproduction capitalistes sous la direction de l'Etat bourgeois. Son passage à un parti de régime de domination – de l'ordre capitaliste, de son architecture institutionnelle-étatique, de ses appareils politiques – sur les pans politique, idéologique, juridique et répressif, l'ont invalidé en tant que force stratégique, porteuse d'un projet d'hégémonie populaire. Dans ce sens, le Frente Amplio a cessé d'être un instrument de changement et un levier de lutte, Il s'agit d'une modification qualitative de sa nature politique et du contenu social qu'il représentait.

Sa couche dirigeante est, essentiellement, un groupe de fonctionnaires et de parlementaires qui vivent de charges publiques et de nominations électorales; qui négocie à l'intérieur de l'appareil d'Etat dans un groupe d'ennemis des travailleurs (avec la droite politique, avec les corporations patronales, avec les institutions financières internationales, avec les gouvernements impérialistes). Il s'agit d'un groupe conservateur, à tel point que la plupart de ceux qui en font partie mènent campagne contre la dépénalisation de l'avortement et promeuvent une main lourde contre les «séditieux» qui s'attaquent à la propriété privée. Au-delà de ses contorsions rhétoriques et ses spasmodiques «tournants vers la gauche», ce groupe est irrécupérable, même pour une lutte plus ou moins «réformiste». Son horizon stratégique est le pouvoir pour le pouvoir (le gouvernement pour le gouvernement), son programme est dépourvu d'un projet de «nation souveraine» et orphelin de toute notion de société égalitaire.

Il est évident que rien de ce qui précède ne prétend sous-estimer le Frente Amplio en tant que machinerie électorale. Il continuera à graviter sur ce terrain-là et à exercer son indiscutable capacité à se remettre à recruter des votes et des volontés. Il ne faut pas non plus sous-estimer cette idée, qui a été incorporée dans l'imaginaire de secteurs populaires, selon laquelle il serait «moins pire» et préférable à un retour de la droite (blancos ou colorados, soit les deux partis bouregois traditionnels) au gouvernement du pays.

Par contre, ailleurs, il existe de réelles dissensions

La victoire de Tabaré Vazquez en octobre 2004 était l'expression d'un long cheminement d'accumulation populaire et a représenté un ensemble de luttes historiques des travailleurs, en plus d'un net refus du «modèle néolibéral» appliqué par les partis bourgeois traditionnels. Cette victoire a «symbolisé» l'espoir – et la capacité – de la classe travailleuse et de ses alliés, de devenir protagonistes d'un processus politique de «changement», non seulement sur le plan électoral mais aussi comme le produit d'une longue période de luttes et de résistances défensives depuis l'"ouverture démocratique" en 1985.

Mais l'espoir a été escamoté et la capacité obstruée. L'arrivée au gouvernement du Frente Amplio n'a pas entraîné la mise en pratique d'un programme «anti-néolibéral», et encore moins le développement d'un projet hégémonique populaire opposé au régime politique de domination. Car malgré la façade d'un «nouvel ordre» politique caractérisé comme «gouvernement progressiste», où règnent les apparences – les dominés ont l'air de dominer, de contrôler, d'être écoutés, de participer, d'obtenir ce qu'ils revendiquent – la domination incontestée des classes propriétaires se poursuit.

De fait, dans des secteurs militants du Frente Amplio et dans quelques courants classistes et révolutionnaires, l'idée a prévalu que le gouvernement de Tabaré Vazquez impliquait une modification – même si elle était insuffisante et partielle – du rapport de forces au profit de la gauche et de la classe travailleuse, qui permettait de mener un combat politique avec les classes dominantes.

Cette évaluation, erronée au vu de l'approfondissement du régime néolibéral de domination, a débouché sur un renforcement de la crise et de la défaite de la gauche d'une part, et sur une fragmentation et affaiblissement des luttes sociales de résistance et d'autre part. C'est ainsi que la re-construction (ou la refondation, si l'on préfère) d'une force stratégique des travailleurs, avec une perspective socialiste, s'impose de manière urgente. Une urgence à la mesure des défis qu'elle affrontera.

C'est là le véritable débat d'orientation. Le débat pour la construction d'une nouvelle force stratégique de la gauche. La «réimplantation» de cette perspective dans la conscience et dans les luttes organisées de la classe travailleuse, acquiert une dimension fondamentale. C'est une tâche que la gauche révolutionnaire ne peut remettre à plus tard. Si la fonction du «progressisme» est de limiter le potentiel classiste et anticapitaliste des travailleurs, le défi pour les socialistes révolutionnaires est de forger ce lien programmatique avec les luttes sociales, opposé au pouvoir d'Etat et à l'ensemble des institutions qui dessinent le régime de domination.

En définitive, il s'agit de s'engager, inconditionnellement, dans les résistances quotidiennes, qui concernent aussi bien à ceux qui se situent à la gauche du Frente Amplio que ceux qui restent encore fidèles aux «bases fondatrices» de ce même Frente Amplio, avec lequel ils ne rompent pas ni politiquement ni organiquement. Ces résistances regroupent des militants syndicaux dans des groupement antibureaucratiques (comme la Tendance Classiste et Combative dans le mouvement syndical) et dans les diverses coordinations et assemblées populaires de la gauche radicale. Elles se développent aussi bien dans les luttes actuelles des syndicats (entre autres celles des travailleurs de la santé, des enseignants, des professeurs, des employés municipaux) que dans le combat des coopératives de logements, les manifestations contre la répression et l'impunité du terrorisme d'Etat, les marches anti-impérialistes, les revendications de quartier, celles des associations de retraités, etc.

Le projet révolutionnaire se construit dans le processus même de la lutte des classes et dans la rupture avec la couche dirigeante du «progressisme». Mais également dans une délimitation politique claire par rapport aux diverses versions d'un «horizontalisme» qui nie la nécessité de l'organisation politique et confond, dans la plupart des cas, «visibilité» et «actions directes», avec une implantation sociale (réelle), avec son accumulation d'expérience et de projet politique.

Si la fonction du «progressisme»est celle d'être une barrière au potentiel anticapitaliste de la classe travailleuse et de ses alliés populaires, la tâche de la gauche révolutionnaire est de forger un instrument programmatique et stratégique pour s'opposer au pouvoir d'Etat et à l'ensemble de son architecture institutionnelle. Cet effort de re-construction de cette force stratégique, qui doit avoir une composition de masse, implique d'éviter non seulement les tentations d'emboîter les nouveaux évènements politiques dans de vieux schémas sectaires, mais aussi les illusions de re-éditer l'origine du cycle du Frente Amplio commencé en 1971. Ces deux alternatives sont épuisées pour une perspective socialiste révolutionnaire. Il faudrait se rappeler, enfin, que la tâche de reconstruire une force stratégique, avec une dimension refondatrice, est un défi beaucoup plus important que celui de créer une option électorale avec un sceau de gauche. (Trad. A l’Encontre)

* Membre du Colectivo Militante. Rédacteur de Construyendo, mensuel de la Coordinatora de Unidad Revolucionaria (CUR). Editeur de Correspondencia de Prensa (bulletin informatif - réseau solidaire): germain5@chasque.net

1. Ce «camp majoritaire» est un hybride comprenant le Movimiento de Participacion Popular (MPP, tupamaros et leurs alliés), le Parti Socialiste (PS), Vertiente Artiguista (VA – par référence à G. Artigas qui anima la révolte contre les royaliste au début du XXIe siècle)) et le Parti Communiste de l'Uruguay (PCU). Ils sont d'accord sur certains points, mais ils ne forment en aucun cas un bloc stable et cohérent. Ce «camp majoritaire» compte sur la fraction parlementaire la plus importnate du Frente Amplio, et dispose de la majorité du Conseil des Ministres.

2. L'aile la «plus néolibérale» s’identife aussi bien avec l’économiste (ex-marxiste d’appelation) Danilo Astori qu'avec son groupe politique, Asamblea Uruguay (la troisième force électorale du Frente Amplio).

3. Organizar la lucha, superar la fragmentación. Editorial de Construyendo Nº 25, mensuel de la Coordinadora de Unidad Revolucionaria (CUR, juillet-août 2007.

4. Idem.

5. Cité par Víctor H. Abelando dans la note «El rumbo cuestionado de la economía progresista», dans l’hebdomadaire Brecha, 27-7-2007.

6. Voir éditorial de Construyendo.

7. Rapport de l'Institut d'Economie Evolución de la pobreza en el Uruguay 2001-2006, elaboré par Verónica Amarante et Andrea Vigorito

8. Note de Brecha déjà citée. 4.000 pesos uruguayens correspondent à environ 160 dollars. Le salaire minimum national est de 3'140 pesos  (125 dollars); el salaire moyen national se situe autour des 8'300 pesos (330 dollars environ); y le panier familial mensuel (pour deux personnes adultes et un enfant) est estimée à 30'000 pesos (1'200 dollars).

9. Interview dans le journal Ultimas Noticias, reprise dans le bulletin Comcosur, 30.7.2007.

10. Interview dans le journal El País, 31.7.2007.

11. Interview dans l'hebdomadaire Brecha, 27.7.2007.

12. Maison du Gouvernement

(12 août 2007)


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