Palestine

Gaza: une liquidation concertée et programmée

Kharroubi Habib *

L’affaire a été négociée et entérinée de longue date entre le gouvernement israélien, les principales puissances occidentales, des Etats arabes de la région et avec le consentement de l’Autorité palestinienne représentée par Mahmoud Abbas.

La liquidation du Hamas, même au prix du carnage dont la population civile de la bande de Ghaza est la victime, n’a pas été décidée à Tel-Aviv sous le coup de l’émotion qu’auraient soulevée en Israël les tirs de roquettes opérés par les activistes de cette formation, après la rupture de la trêve entre celle-ci et l’Etat sioniste.

L’affaire a été négociée et entérinée de longue date entre le gouvernement israélien, les principales puissances occidentales, des Etats arabes de la région et avec la consentement de l’Autorité palestinienne représentée par Mahmoud Abbas.

Tout ce beau monde a une raison de vouloir en finir avec la formation islamiste ayant pris le contrôle de la bande de Ghaza. Israël, pour ne plus avoir en face de lui, chez les Palestiniens, que des «interlocuteurs» dociles ayant abdiqué toute velléité de confrontation avec lui pour la défense de la cause nationale palestinienne. Les principales puissances occidentales, parce que acquises depuis toujours au rêve du Grand Israël, fondement de la doctrine sioniste, et qui, après avoir contribué au désarmement moral du mouvement national de résistance palestinien symbolisé par le Fatah, ne voient pas d’inconvénient à ce que l’Etat hébreu en termine une bonne fois pour toutes avec la seule faction palestinienne qui n’a pas renoncé à la lutte armée en tant que moyen de résistance à l’occupation et à l’oppression israéliennes.

Des Etats arabes pour qui la cause palestinienne n’est plus la matrice des dangers qui pèsent, selon eux, sur la région actuellement. Leur hantise et leur principale crainte, c’est la montée en puissance de l’ennemi héréditaire perse. A leurs yeux, la priorité de s’assurer des protections contre cette menace perse justifie toutes les compromissions et tous les reniements, fût-ce sur le dos d’un peuple frère. C’est ce qu’ils ont fait en s’intégrant dans une alliance de fait avec Israël et les Etats-Unis. Mais ce bouclier qu’ils pensent avoir trouvé a un coût: le lâchage des Palestiniens.

Il y a enfin Mahmoud Abbas et la volée d’arrivistes corrompus du Fatah qui l’entoure. Pour ceux-ci, la liquidation du Hamas est la seule issue qui leur permettrait de surnager en tant que «représentants du peuple palestinien» et continuer à jouir des bénéfices et avantages que leur procure la fiction d’existence d’un Etat national, même sous la forme d’un bantoustan sous contrôle de l’Etat sioniste.

Quant aux Arabes, les peuples s’entend, ils n’ont que leurs larmes et leur cris d’indignation à offrir en guise de solidarité avec la population martyre de Palestine. Et cela tant qu’ils n’auront pas tiré la conséquence du fait que leurs humiliations, ils les doivent d’abord et avant tout à leurs classes dirigeantes. Une prise de conscience qui leur insufflera alors la nécessité prioritaire d’en finir avec les cause et les agents de leur rabaissement dans le concert des peuples.

* Journaliste au Quotidien d’Oran, 31 décembre 2008

(1 janvîer 2009)


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