Iran Contre la lapidation, contre la répression des luttes ouvrières Rédaction Le 14 août 2010, le Comité international contre la lapidation publiait une «Lettre ouverte de Sajad Qader Zadeh – le fils de Sakineh Mohammadi Ashtiani – aux Nations Unies». Il y était affirmé : «Pour rendre justice à notre père, notre mère est sur le point d’être exécutée. Notre mère n’est pas une meurtrière. Ne la laissez pas se faire exécuter. Depuis cinq ans, nous avons supporté le cauchemar de notre mère qui allait être lapidée. Dans les nouvelles on parlait du crime de notre mère, l’adultère, partout, et qu’elle serait lapidée. Ce mot glaçant était en permanence répété en lien avec notre mère. Cela nous faisait pleurer jour après jour et nous nous demandions comment nous pourrions vivre sans elle. Avec le temps, nous avons essayé d’aider notre mère. Nous avons cherché différents moyens. Nous avons trouvé des gens qui pourraient être capables de nous aider. Nous avons écrit une lettre qui affirmait : « ne laissez pas la souffrance de la mort de notre mère s’ajouter à nos vies déjà pleines de douleurs ». Je ne sais pas pourquoi personne ne l’a entendu. Peut-être qu’il y a des gens qui ont plaisir à voir notre mère souffrir et nous avoir des sombres cauchemars. Il y a deux mois, nous avons entendu que toutes les possibilités étaient closes et que notre mère pourrait bientôt être lapidée. Notre dernière option fut d’appeler les gens du monde à nous aider. Que de nombreuses personnes à l’échelle internationale parlent de notre mère et de son cas, cela nous a apporté un soutien positif. Soudainement, la situation a changé. Le crime de notre mère est devenu le meurtre et elle est condamnée à mort. Ce n’est pas vrai. Quoiqu’elle dise maintenant [confessions extorquées sur la première télévision d’Etat iranienne le 11 août 2010 pour justifier la pendaison] c’est parce qu’elle a été enfermée dans le cauchemar de la lapidation et de la condamnation à mort. Ce n’est pas acceptable. Nous savons que notre mère n’est pas une meurtrière. L’enquête sur le meurtre de notre père a été menée et quelqu’un d’autre a avoué. Le dossier est fermé maintenant et tout y est et peut être vu. Maintenant, comment se fait-il que des sources gouvernementales veulent ré-ouvrir ce dossier et juger notre mère comme meurtrière ? Ils font comme si pour être équitable avec notre père, ils voudraient tuer notre mère. Quelle est cette sorte de justice ? Afin qu’il y ait un regard impartial dans cette situation, nous demandons aux Nations Unies d’envoyer un comité en Iran pour étudier toutes ces questions. Sajad Qader Zadeh (fils de Sakineh Mohammadi Ashtiani). La campagne contre la lapidation et l’ensemble des mesures répressives contre les femmes – en Iran et dans le monde entier – ainsi que l’exigence de la libération de tous les prisonniers politiques incarcéré·e·s par les pouvoirs de la République islamique doit s’élargir. ***** Simultanément, l’information et la solidarité avec les luttes ouvrières, systématiquement réprimées par le pouvoir islamiste, doivent être une tâche de toutes les organisations se réclamant du socialisme et de tous les syndicats et associations défendant les droits démocratiques et sociaux des salarié·e·s à l’échelle internationale. A cet effet nous publions, ci-dessous, des nouvelles récentes sur les luttes ouvrières en Iran et les «obstacles» auxquels elles se heurtent. Shahroud: Le 25 juillet 2010, environ 100 ouvriers, conducteurs et employés de bureau de la compagnie Namavaran (construction de route) sont descendus dans la rue pour protester contre le non-paiement des salaires depuis neuf mois. Une protestation précédente aux portes de la compagnie avait eu lieu quelques jours auparavant pendant deux heures, et les ouvriers avaient alors reçu la promesse qu’ils recevraient leurs salaires dans les quatre jours, ce qui avait mis fin à la protestation. Lors du rassemblement du 25 juillet, la direction a promis de délivrer des chèques correspondant à deux mois de salaire le 3 août. La société Namaravan participe à la construction de l’autoroute de 130 kilomètres entre les villes de Shahroud (Province de Semnan) et la ville de Sabzevar (Khorasan). Qazvin: Le 24 juillet 2010, environ 350 travailleurs du textile de l’entreprise Farnakh se sont rassemblés aux portes de l’usine de la cité industrielle Alborz à Qazvin. Les travailleurs ont protesté pour n’avoir pas reçu cinq mois de salaires impayés et deux mois de primes et d’allocations à l’occasion du nouvel an iranien. Un travailleur qui protestait a dit à l’Agence Iranienne de Nouvelles Ouvrières (ILNA) : «Nos rassemblements ont à chaque fois été réprimés sous prétexte de rébellion et de subversion. Nous ne demandons pourtant rien d’autre que nos droits et notre dû.» Qom: Le 25 juillet 2010, les opérateurs téléphoniques de la ville de Qom ont coupé les lignes de 16 heures à 21 heures et ont cessé le travail lors d’une deuxième journée consécutive de protestation. Selon ILNA, un des travailleurs, qui souhaite rester anonyme, a déclaré: «Depuis le 23 juillet, un nouvel employeur qui a signé un nouveau contrat avec les autorités de Qom a déclaré que le service d’opérateur téléphonique fonctionnerait avec 35 employés et les dirigeants ont accepté les termes du contrat». Selon ce travailleur, la moitié des opérateurs, qui ont plus de dix ans d’ancienneté dans ce service, devaient alors être licenciés. Après les deux jours de protestation, la direction dit maintenant que 50 des opérateurs sur 70 conserveraient leurs emplois. Selon un autre travailleur : «Le nouvel employeur a déclaré que ceux qui ne seraient pas licenciés devraient travailler 12 heures par jour, c’est ainsi qu’ils essayent de forcer des travailleurs qui ont du mal à supporter le stress pendant huit heures à faire quatre heures supplémentaires chaque jour». Un autre travailleur indique: «Pas un seul des 70 opérateurs ne doit partir, déjà que ce nombre n’est pas suffisant pour répondre à la demande. À cause de la présence des bureaux et des grands Ayatollahs dans la ville, ce ne sont pas seulement les gens de Qom mais aussi d’autres villes qui nous contactent». ***** Campagne pour la libération des travailleurs et travailleuses emprisonnés En Iran, des travailleurs sont régulièrement arrêtés pour s’être mis en grève, pour avoir construit un syndicat ou pour avoir célébré le Premier Mai. C’est ce qui est arrivé aux travailleurs des bus de Téhéran: plus de 700 d’entre eux ont été arrêtés lorsqu’ils se sont mis en grève en 2006. Certains de leurs dirigeants, comme Mansoor Ossanlou, sont toujours en prison, et d’autres ont été licenciés. C’est arrivé aux travailleurs de la canne à sucre lorsqu’ils ont organisé des protestations pour le paiement de leurs salaires impayés et qu’ils ont constitué un syndicat. Leurs dirigeants ont passé des mois en prison et sont harcelés quotidiennement avec des convocations au tribunal et de fortes cautions. Certains ont aussi perdu leurs emplois. Des enseignants qui se sont mis en grève et ont tenu des rassemblements pour leurs salaires et leurs conditions de travail ont aussi été jetés en prison. Année après année, des centaines de travailleurs ont connu la même chose pour avoir exercé leur droit fondamental à s’organiser librement, à faire grève et à se rassembler. Les arrestations et détentions arbitraires, les longues peines de prison, les interrogatoires violents, les coups et même l’utilisation du fouet pour dégrader et briser, le refus de soin médicaux aux prisonniers malades, le harcèlement permanent par des convocations au tribunal, les fortes cautions et les menaces quotidiennes à l’encontre d’ouvriers et de leurs familles, et l’arme ultime de couper aux travailleurs leur moyen de subvenir à leurs besoin en les licenciant, constituent un régime brutal de persécution systématique des militants ouvriers en Iran. En mai cette année 2010, le régime a ajouté à sa liste de 31 ans de violations horribles des droits humains l’exécution du célèbre enseignant et militant ouvrier Farzad Kamangar, avec quatre autres prisonniers politiques. Les syndicats du monde et les organisations pour les droits humains avaient mené depuis des années des campagnes pour la libération de Farzad et ont avec véhémence condamné ces meurtres ignobles. Nous, groupe de militants ouvriers et organisateurs de campagnes en Iran et dans le monde entier, avons mis en place cette campagne pour mettre en lumière la situation des travailleurs actuellement emprisonnés ou sous la menace d’une arrestation ou d’emprisonnement. Le but de la campagne est la libération immédiate et inconditionnelle de tous les militants ouvriers actuellement en prison. Certains d’entre nous sont d’anciens militants de syndicats particulièrement réprimés par le régime en Iran qui continuons la lutte en exil par cette campagne et d’autres campagnes. Notre revendication est claire: il faut mettre fin à la terreur et à la violence contre les travailleurs en Iran ! Les travailleurs d’Iran doivent pouvoir exercer librement leur droit fondamental à constituer leurs propres organisations, à se rencontrer, à se rassembler et à protester comme ils le souhaitent, à faire grève, à organiser et à participer à des manifestations, etc. sans avoir peur d’être arrêtés et jetés en prison. Tous les travailleurs emprisonnés doivent immédiatement et inconditionnellement être libérés ! Les noms suivants sont ceux de travailleurs dont on sait actuellement qu’ils sont emprisonnés dans différentes prisons et centres de détention en Iran. La véritable liste est bien plus longue. Le lieu de détention de certains reste inconnu (cette liste sera régulièrement mis à jour sur nos blogs). Du Syndicat des
Travailleurs de la Compagnie de Bus Unité (Vahed) de Téhéran et
Banlieue: De l’Association
des Enseignants Iraniens: |
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